mercredi 17 décembre 2008

Victime d'intéressite aigüe ?

Je me fais rare, depuis quelques temps, en Cybérie. Je préparais consciencieusement la mise en place d'un site présentant mon travail en vers, en vue de la recherche d'une maison d'édition. Je suis assez content du résultat, et vous invite cordialement à la visite. N'hésitez pas à en parler autour de vous (si toutefois cela vous a plu), et laissez-vous aller à ces petits voyages qui résument l'ensemble de recueils que j'aimerais voir paraître :
 

lundi 8 décembre 2008

Ecrire



A Maître François Villon,
 
 
Si écrire est le seul artéfact qui m’arrête,
Que ma cour d’un miracle, est au creux d’internet,
J’ai de François Villon, le dit vilain poète,
Ses envies d’être auteur, à défaut d’interprète.
 
Ces vers qui rongent tant la main que je vous tends,
Je veux m’y appliquer, ces pommades d’antan
Sont faites pour soigner, poser en même temps,
Un peu de ma musique au fond du cœur des gens.
 
Si quelqu’un peut s’offrir aux autres par ses mots,
Vivre et s’ouvrir plus riche de leur vibrato,
Et de peu se nourrir, d’un rire ou d’un sanglot,
Il ne peut bouder lyre à tous leurs trémolos.
 
De tous ces violoneux jouant leur partition,
Formant la mélodie d’un monde à l’unisson,
Il faut savoir mener la subtile audition
De qui entend serein, de chacun la chanson.
 
Ainsi qu’un grand orchestre, orné de chœurs avides,
De faibles joies, de peurs, qui dépeuplent le vide,
Dresser des matins blêmes et des nuits sordides,
L’écho du court moment de nos vies insipides.
 
Le vrai Paris,
des parisiens,
estudiantins,
quartier latin,
des bars à vin,
de l’hypo-crasse,
bien dégueulasse,
et des poufiasses
si loin d’Hassas,
lui qui survit,
à nos débâcles amoureuses,
à nos suicidaires quêteuses,
à la brisure de nos boules de cristal,
nos bijoux de famille en vrac, où l’étal est létal.
Ah !
Les marchés parisiens…
Les manifs étudiantes…
Les vingt ans et quarante…
Les passés dionysiens…
Ah !
Ecrire à n’avoir plus qui forge les repères,
Perdu, comme un bateau navigue sans amers,
Sentir l’accélération, malgré la misère !
Pour des larcins, pour un outrage ou pour des vers,
L’adrénaline qui fustige dans les tempes,
Là, au milieu du crâne, entre Senlis, Etampes !
Paris !
Pas Pris !
Pas vu !
Pas mu
par autre chose que la nuit,
par autre larme que la pluie.
Et se détruire en souriant,
comme un damné,
trompe-la-mort,
pendant que l’en-dessous, priant,
vous a aimé
pour un grand tort…
Mauvais garçon ! Mauvais garçon ! Mauvais garçon !
Ecrire un vers n’est pas un jeu de charançon,
Pas un plaisir facile où la masturbation
S’invente en quelques mots ou manipulations…
Là,
Il n’y a pas de foi,
Il n’y a pas de loi,
Il n’y a pas d’endroit
Où l’on se sente soi.
Là,
Il n’y a qu’une geôle
Où, des bandits, des drôles,
Rassemblent dans sa peine,
La plume par les pênes.
 
Aussi, est-ce pour tous que le forçat écrit,
Pour la sœur esseulée (son ventre tressaillit),
Pour le frère espéré, ses doigts, avec envie,
Effleurent cet espace aux mots si plein de vie.
 
Ainsi, est-ce pour tous que s’élèvent ces cris,
Ces jets d’encre en fuyant, par le poulpe éconduit,
Que la vie passagère aura toujours conduit
A rendre par l’image, un écran aux envies.
 
Mais dans le brouhaha du bruit de ces passions,
Il contribue au chant de ces populations,
Qui prouve que le cœur du monde a ses raisons,
De feindre d’ignorer, parfois, la déraison.
 
Si je calque à ces mots, Villon, ma maladie,
Qui de n’être pour vous qu’une ombre de celui,
Dont la rime légère et le vers impoli,
Ne sont que les reflets où le grain de faux luit,
 
Il me reste si peu de temps pour les bien dire,
Une seule existence, oh, ne saurait suffire,
Alors, ce texte obscur, s’il parfois s’en inspire,
Ne saurait tant les peindre, et en vain les décrire.
 
Pourtant, folies d’amour, souvent folies furieuses,
Qui font foudres d’un jour et liaisons dangereuses,
Puiseront de ces sangs, de la source ombrageuse
Coulant au carrefour de nos intraveineuses.
 
Or, de ces chemins creux qui se seront croisés,
Des brins d’éternité un instant partagés,
Je voudrais rendre ici, l’accident entaché
De notre prosodie qui leur reste attachée.


Découvrez Dead Can Dance!

vendredi 28 novembre 2008

Raids de corps

Les centurions cloutés d’un régime en cadence,
Flagellaient les esprits de nos brouillons vécus ;
Que l’on ploie, que l’on prie, l’on est proie dans la danse
Où l’on est entraîné par les bras et les culs.

Les jattes assoiffées des fétides aigreurs,
Contiennent bien des cris qu’un honnête bâillon,
Sur un baiser repris, ô mortelle maigreur,
Fort, fait taire enchaînés, dont on sait les maillons.

Oh ! L’impassible mue des couloirs de l’autrui
Ne fait que dure Terre aux conquérants crédules,
Qui regardent émus les pourceaux et les truies…

Alors, voie délétère (on s’oriente au pendule),
Ils suivent des rébus dont le sens est construit
De suites de chimères, en flots qui ondulent.


Découvrez Carl Orff!

vendredi 21 novembre 2008

A nos cybériennes années

A nos cybériennes années
Dont on paie enfin la patente,
A tous nos mots entremêlés
Comme deux langues haletantes,
Je lève mes vers corrompus
Aux tessons des cordes vocales,
Qui m’ont laissé le corps rompu
Et l’âme ou le cœur en escale.

A cet écran dépeint total
Par les pains sots de chaque claque,
Par la piqûre au choix létal
D’avoir ses Rome en quelques flaques,
Je veux laisser succédané
De pisse au lit dans son silo,
D’avoir assez sucé d’années,
De pissenlits et de stylos.

Aux runes en ruine et aux mots,
Coalisés dans ce grand cirque,
Où tigres et fumeux pavots,
S’affrontent en cris cathartiques,
Je me relis, homotextuel,
A la limite, en autarcique,
Oubliant l’aspect contextuel,
De mes bêtises sémantiques.

A nos années en Cybérie
Dont on ne retient que le froid,
Dont on peut pleurer, dont on rit
De tout ce temps que l’on se doit,
Je lève une armée de zéros,
De uns, de touches et de doigts,
Regroupés dans le brasero
Des illusions et de l’effroi.

mardi 18 novembre 2008

A Olivier

Si les textes maudits sont au nombre de sept,
Ci-dessous celui-ci, s’ils le suivent du reste,
Mes mémoires brûlées de la rade de Brest,
Sont ces vers égarés à ta trace secrète.

Emu dépositaire en si pesantes années,
D’eux tu me libéras en me les remettant.
Symboles que j'enterre, ayant passés tant ans,
Qui de tes noces furent leg empoisonné.

Je sais que tu y tiens, peut-être plus que moi,
Comme je tiens à ceux que tu m'avais laissés,
Comme l'on tient l'un à l'autre et sans bien le montrer,
Je prends tes mots, tu en parles si mieux, si Toi :

"Les perceptions enfouies d'une vie antalgique,
Qui feraient oublier les fers chauds des passions,
Et témoins de nos peurs mêlées d'admiration,
Nous poussent à construire éloignés, nostalgiques."

Quelle corde et quelle vibration plus intime,
Sauraient à nos doigts qui écrivent, composer
Les partitions cardiaques et les notes nées
Des instruments bornés de nos quêtes infirmes ?

Quelle négritude saurait mieux enchaîner
Les compagnons de route, à leurs verves bancales,
Les compagnons de doute au fin fond de leurs cales,
Les compagnons du verbe à leurs mots échangés ?

Alors, vieux, n'oublie pas qu'aux confins du ponant,
Il y a moi qui, de ces rimes embrassées,
Te serre sur son coeur de profonde amitié,
Rentrant dans leurs mondes, deux amis s'embrassant.

vendredi 24 octobre 2008

Manifeste cybérien pour un nouvel état des lettres

Nous tous écrivons ici, et pour la plupart, depuis l’explosion du WEB 2.0, liée à la naissance des espaces MSN, début 2005.
Jamais ce qui fut qualifié de blogosphère, n’a plus mérité son surnom québécois de Cybérie. Nombreux sont ceux qui se sont essayés à l’écriture sur cette interface, avec leurs moyens et leurs envies de communiquer. J’aime à me répandre sur ce que fut la naissance de cette Cybérie, de cette efflorescence de proses et de vers qui, peu à peu, eut tendance à s’amortir.
Il n’en reste pas moins que cette démocratisation brutale de la communication par l’écrit, ouverte au monde, posa les bases et les définitions de l’usage du média qui la véhiculait.
Avec le weblog, est né, ou plutôt re-né (chateaubriantesque expression), le concept de billet d’humeur, forme condensée de la littérature, s’il en est de certains styles l’y rattachant. Ce concept, sous toutes ses formes (prosaïque, versifiée, librement ou non), sur tous ses fonds (politique, sportif, nouvelliste, critique, poétique, égotique), a accouché d’une multitude de « produits » d’écriture.
Sans nul doute, ni plus préjuger des qualités de ce qui fut fait, on peut être amené à penser que dans ce « fatras » en forme de bouillon de culture, résident quelques perles rares destinées à attirer l’attention d’un éditeur sensé.
Toutefois, le propre de la création qui se fit ici, sous les formes susmentionnées, est de s’être adaptée au support de sa diffusion, à savoir le WEB. Il est trivial de rappeler à quel point ce dernier est l’expression achevée du zapping, de par sa spécificité même d’endroit où l’on surfe d’une page à l’autre, sans s’offrir le temps de la concentration, ni de la continuité dans l’effort de lecture qu’il ne sollicite qu’exceptionnellement. Du fait du format proposé (celui de l’écran), de l’éprouvant rayonnement qu’il impose, mais du fait aussi de la culture et des habitudes qui lui sont liées, l’Internet interactif a imposé la concision en valeur commune de la rédaction virtuelle, mais également, et ceci est primordial à souligner, en condition sine qua non de la lecture virtuelle !
Il nous est simple de nous arrêter dans nos errances cybériennes, qui sur un sonnet délicieux, qui sur une rapide polémique bien tournée ou sur un billet humoristique.
L’internet du WEB 2.0 a réveillé des formes d’expression littéraire négligées depuis 150 ans par l’édition, tant dans sa création que dans son lectorat.
Comme il y a toujours des printemps aux peuples, il y en a aussi pour ses émanations culturelles.
Le renouveau de la poésie, de la micro-nouvelle, n’est à mon sens pas une vaine espérance. Les conditions dans lesquelles les nouvelles technologies de l’information et de la communication se sont imposées au monde, ont porté les fruits d’un changement de paradigme littéraire. Le monde de l’édition ne pourra définitivement plus se passer de la réalité d’un existant, parfois d’une qualité supérieure à ce qui la fait s’engager dans l’impression papier d’exemplaires finissant au pilon.
Cependant, nous tous cybériens, qui faisons de notre diversité et de l’engagement dans notre sacerdoce verbeux, une raison d’être et de continuer, ne pouvons consciemment scier la branche sur laquelle nous sommes assis : notre support premier est celui des nouvelles technologies !
Outre qu’il soit notre fantasme commun de s’imaginer publiés sous forme papier, nous nous devons d’intégrer prioritairement l’idée de publication virtuelle, dans le simple prolongement de ces efforts que la gratuité porta un temps, mais que l’édition se doit à son tour de promouvoir.
Demain sort le livre électronique de Sony. Rien ne dit que l’approche hyper-papier de cet outil garantira la lisibilité de ce que le vrai livre apporte. Au contraire, il est plaisant de penser que ce joujou prolongera les habitudes cybériennes, les ancrant plus encore dans leur systématique de la lecture morcelée, sous-produit de la vie moderne.
Des solutions sont à imaginer, entre auteurs, éditeurs et concepteurs technologiques.
A ce titre, je m’engage à diffuser le plus largement possible ce manifeste (sur les blogs des grands journaux, notamment), à promouvoir les sites collectifs de diffusion de nos œuvres, à prendre les contacts les plus pertinents avec les acteurs de l’adaptation à ce bouleversement gutembergien, et bien évidemment, à accueillir vos efforts et soutiens dans cette démarche qui n’aura d’aboutissement, que par notre prise de conscience de l’union sacrée qui est à sceller.

mercredi 22 octobre 2008

Le veilleur d'ennui


Découvrez François Roubaix!



Je fais des pieds, je fais demain,
et quelques rimes de misère,
en train d’épier de mon prochain
et d’icelle qui s’est mise hère,
les routes nues et creux chemins,
les lassitudes de l’hier,
et d’aujourd’hui, les jeux machins,
dont on se fait le corps de lierre.

Je guette tous ces feux éteints
aux flaques des passions guerrières,
tous ces radeaux naviguant vains
d’une habitude marinière,
dont le phare a perdu le tain
du miroir des cœurs à l’envers,
je scrute l’horizon lointain
de l’ennui, pour tirer des vers.

Parfois, sur mon divan divin,
se pose un voleur de lumière,
la chapardeuse de bon teint,
pensant tricher de ses paupières,
mais le seul vice qui m’atteint,
quand dans l’écrit, je persévère,
c’est le secret des vrais matins
dans la tiédeur de tes ovaires.

François Villon, mon bon copain,
langue fourchue, patibulaire,
m’a soufflé comme on dit mot « pain »,
comme on arrache des molaires,
tous ces mensonges sacristains
de confessions épistolaires,
qu’on retranscrit en bon crétin,
ne gardant plus que des mots, l’air.

Foin des miracles de lapin
et des chapeaux à des sorcières !
Faire la cour à l’écrivain
ressemble à une souricière,
quatre belles planches de pin
en écritoire pour l’enfer,
et quelques bouts baveux, bovins,
dont on ne sait plus rien qu’en faire…

Veilleur d’ennui transcybérien,
j’ai mis la balle au revolver
des grands touts et des petits riens,
auxquels encor, je lèv’ haut l’verre,
pour que se recréent les parfums
exotiques de Baudelaire,
et pour qu’en guise de mot « fin »,
de mon job soient vos cieux plus clairs.

mardi 30 septembre 2008

Le rémouleur de l'âme

« Ils sont infinis tes e-mots,
dans leur berceau de silicone »,
me dit, de légers ris, cerveau,
d’un clignement de cil, icône,
celui ou celle qui, passant
à la meule de mes poèmes,
s’en retournait le cœur patient,
réitérer d’autres « je t’aime ».

J’en sais de drôles de couteaux,
à jouer le rémouleur de l’âme,
dans ces contrées où les coteaux
sont faits d’impassions qu’on affame,
quand on a homme ou qu’on a femme,
collimatés dans les viseurs,
qu’il faut garder bien fine l’âme,
et colmater du duel, les heurts...

Crrrrrrrrrrr !
Crrrrrrrrrrr !
Crrrrrrrrrrr !

Tourne moulin de mes paroles !
Clique clavier reclus des clefs
que je dispense aux barcarolles,
dans ces Venise aux pieds mouillés
d’une eau si lourde de regrets,
que les seconds couteaux subissent
le raclement de leurs passés,
le curetage de leurs vices.

L’âme de fond, l’âme de forme,
venez étinceler ma pierre,
dans vos faiblesses si énormes,
et dans vos éclats de colère,
si je suis rémouleur de l’âme,
c’est pour guérir de mes douleurs,
en soignant la blessure infâme
qui nous ôte un jour nos couleurs.

mardi 2 septembre 2008

Vingt-cinq mois, et moi, et moi, émoi...

Ce n'est pas vraiment dans mes habitudes de fêter les anniversaires virtuels, mais voici vingt-cinq mois que cet espace existe, et ça, ça me troue un peu l'c...
J'ai dynamité tant de wagons en Cybérie, que je me sens soudain envahi d'une ineffable vague de nostalgie à la pensée de la perdurance de ce blog. Comme quoi, certaines choses durent...
La raison ?
Je l'ignore.
Cet espace n'était pourtant pas fait pour durer.
Mais qu'en sait-on, en fait, de la durabilité des choses et des gens ?
Seul le recul, l'expérience, permettent de juger de leur viabilité.
J'ai laissé ici, pour l'essentiel, la plupart de mes derniers textes en vers, mais je sais aussi m'exprimer en prose. Ma finalité n'est nulle part ailleurs, et la poésie est une étape.
Dans la durabilité se créent les sentiments, y compris lorsque les relations ne sont que virtuelles. Mais la maintenance des liens, la fidélité dans la lecture, l'échange, le partage, l'engueulade parfois, sont les ingrédients fondamentaux à la génèse des liens humains.
Aussi, voulais-je vous parler de vous, de vous qui me lisez encore, ou peut-être plus, mais qui reviendrez sûrement. Je me suis reconstruit dans mon écriture, et mon écriture s'est construite de vos lectures, de vos encouragements, et des lectures qu'à mon tour je fis de ce que vous m'offrîtes (ça fait belge, cet accord).
Lorsque je reste trainer à contempler le boulot, j'éprouve une certaine fierté, même si tout n'est pas terminé. Je la dois à vous que j'appelle mes amis, sans ambage, et à moi, un peu, aussi.

mercredi 20 août 2008

Le chancre littéraire

La Noyée by Yann Tiersen on Grooveshark

« Le poëte Ponge. Pauvre homme déjà ravagé par le chancre littéraire, il a l'air d'une expérience d'inoculation. »

Journal de Jules Renard, 31 Mars 1902.



Alors, ainsi, n’écrirais-je plus de poèmes ?
Et l’or brûlant,liquide que l’on coule en bouche,
ne vous trahirait plus un seul de mes « je t’aime » ?
D’une rivière, on fait le lit comme on se couche…

J’écartèle les tons de chaque partition,
Afin de retrouver la note la meilleure,
Et que de mes zéros conduits à l’audition,
Eclosent de jolis globules de saveur !

Non, rien ne justifie l’arrêt de l’écriture !
Ni les graffiti qui hantent les parois des cœurs,
Ni les fresques sures de nos âges mûrs,
Ni les puits, ni les peurs, ni les pluies, ni les pleurs.

Non, rien ne garantit la fin des temps verbeux !
Pas même la morsure au sang qu’un chien décrive,
Pas même la mort sûre au bout d’un lien taiseux,
Qui nous lie à la vie, car nos stylos écrivent.

Jamais ne se tarit le courant que l’on veut
Entretenir, flambant, de phrases rédemptrices ;
Jamais ne se tarit l’amour quand tous nos vœux,
Sont pareils à l’airain des plumes dictatrices.

Or, pareille à tes reins, sous ma main caressante,
La page s’endocile à mon long serpent d’encre,
au poids d’une mesure, à son tour consentante,
elle offre sa peau glabre à l’insertion d’un chancre.

La belle maladie à la veine aérienne !
Elle couve en nos cerveaux comme en un saint sépulcre,
Puis s’envole à nouveau, en ouvrant ses persiennes,
ces ailes sur les yeux, papillon sur un sucre.

Qui prétend qu’aujourd’hui, les passions s’effilochent ?
Que les déliés et les pleins avalés sont perdus ?
Que le fleuve ne coule aux métaux que des cloches,
Qui sonnent enrhumées de leurs glas éperdus ?

La phrase a le pouvoir de transformer le monde,
D’envelopper un cœur, une bouche, cerise
Gouttant de tous ses jus, chassant la bête immonde,
La phrase a le pouvoir de changer l’aube grise.

Si un jour je me tais, si ma voix sédimente,
Qu’en matière de ligne, il n’y ait qu’épitaphe,
Que de mon souvenir, se berce mon amante,
Conscient d’avoir vécu pour quelques paragraphes.

mercredi 11 juin 2008

Les fleurs de l'impatient


Découvrez Portishead!





Or donc, qu'innocente comme un souffle d'enfant,

une brise marine fracasse mes nerfs

de bœufs, que l'on attelle aux marraines de sang,

pour un plâtre essuyé sous des embruns divers !

Que les jardins fleuris d'une acmé juvénile,

où les seigneurs de guerre ont toujours dix-sept ans,

resplendissent aux tons des brillants campaniles,

campanules, corolles qu'enrôlent sextants !

Et qu'un peu plus à l'ouest des limites du monde,

et qu'un peu plus profond dans nos veines ceignant

les forteresses nues, où l'on puise nos frondes,

s'épanouissent enfin les fleurs de l'impatient !

Que l'épouse fidèle et le mari volage,

dans cet ordre ou dans l'autre, en l'inverse évident,

fassent d'eux les deux dieux comme on fait un saccage

de ces temples païens que bouscule le temps !

Et qu'alors, épuisé de longues cavalcades,

le cheval de Gradlon s'engloutisse vraiment,

dans ce gouffre où l'arcane est gravé sur l'arcade

des cités submergées par les flux sourcillant !

vendredi 30 mai 2008

Marchand d'age

free music

Je m'octroie, d'un seul clac, le porte-containers
qui coulait en mon sang, globule entre mes tempes,
jusqu'à ce chapeau, claque où siffleurs contraignèrent
le saoul rire indécent de l'acier que l'on trempe.

Il charriait, épicées, les musiques d'hier,
et les puants engrais de nos espoirs déçus,
comme mes reins brisés, de sa coque égoutière,
des cargaisons fuyaient, qu'on ramasse au chalut.

Pourtant, de Capricorne en tropique éphémère,
maïeutiques cancers tatoués à nos peaux,
bien plus loin que l'Elorn, Brest et son Finistère,
j'ai vogué de concert avec d'autres bateaux.

J'ai vendu pour deux fous, la détresse ordinaire,
et troqué baladins pour le prix d'une lampe,
quoi qu'éclaire le mou dans le poids d'une aussière,
les amarres sont loin quand on est sur un tramp !

La fortune imprévue, qu'on dit "gentilhommière",
a brassé mon mektoub d'opulents oripeaux,
m'excusant d'être nu d'usage et de manières,
mais laissant à mon trouble un commerce nouveau :

distribuant à chacun longitude et frontière,
et selon lattitude, lorsque l'aplasie mue,
au nadir de leur sein, l'age de leurs artères,
j'ai rompu corps de rude à grand vers de cigüe !

Marchand d'age et d'histoire, aux comptoirs des yeux verts,
apatride de coeur, cambrioleur d'estampes,
regarder n'est pas voir, la leçon n'est amère
qu'à l'aorte en douleur, qu'au vaisseau que l'on clampe.

Mais au cargo fantôme où mon âme s'enferre,
jusque dans sa machine étouffante et déchue,
il n'est pas un atome embastillé d'enfer,
que ta main ne dessine à tes heures perdues.

Et, voguant au hasard de capricieuses mers,
d'incontinents courants qui m'édictent leurs mots,
je médite au sonar des pensées baleinières :
d'un maudit bic, j'épands celles de mon cerveau...

Ne sont que paquebots, minéraliers, minéralières,
à ne pouvoir rêver des libertés des tramps,
puis un jour, deux hublots, sur l'eau couleur vipère,
font choix d'abandonner les positions qu'ils campent.

vendredi 23 mai 2008

Fleur de pavé

free music


Coquelicots au vent, mes secondes s'effeuillent,
et mes lettres d'amant, en mots dits, s'emmerveillent,
lorsque ta main se pose ainsi sur mon cercueil,
et que ma quille explose en ta bouche vermeille.

De la pointe d'un sein comme il est d'un pistil,
d'étamines enceint par la douce aréole,
j'effleure le parfum que ta peau me distille,
quand de tes bras, enfin, je ressens la corolle.

Et la rue, salissure, au doux soleil de mai,
seule issue, s'il est sûr que poussent dans la merde
les idées et les plants, dont elle est seul engrais,
nous a faits survivants pour autant qu'on s'y perde.

De nos corps allongés, nous faisons barricades,
révolutions manquées de nos deux dictatures,
nous n'avons que baisers et fébriles saccades,
pour nous mettre en danger de ce que rien ne dure.

Si, de mes poésies, en nos beaux draps froissés,
tout comme l'est le lit où je lui lis les lais,
nous croquons la cerise de lèvres blessées,
nos belles aubes grises, Verlaine m'en parlait...

Mais le rêve, aux fluxions de nos intimités,
me laisse l'émotion de ma fleur de pavot,
de ma fleur de pavé, de ma fleur pavacée,
la rue qu'on pave assez m'en a fait le cadeau !

mardi 20 mai 2008

Orphelins

Nous naissons pour finir tous, un jour, orphelins,
d'une mère ou d'un père, ayant lâché la main,
ou bien même des deux, c'est dans l'ordre des choses,
puisque la vie ne dure un rien plus que les roses.




Mais certains que le sort, en coquin, vient frapper,
voient le doigt de la mort, avant l'heure arriver
sur le front de celui qu'on croyait protecteur,
ou de celle où nos nuits s'emberçaient dans nos pleurs.




Oh ! Bien sûr, pour partir, il est toujours trop tôt !
Mais avouez, sans mentir, être enfant ou ado,
ou même jeune adulte, au monde on ne sait rien,
on part vite en culbute hors l'amour qui nous tient.




C'est le début de deux des romans de Dickens,
des sombres odyssées d'un penny ou deux pence,
perdu comme on l'est là, dans les forêts obscures,
chaperons rouges de honte et dont nul n'a cure...




Ils en font des erreurs sur leur pauvre chemin,
oubliant leur douleur pour y penser demain,
mais jamais n'est pansée cette plaie suppurante
qu'ils cherchent à cacher à la vie soupirante.




Bâtissant des châteaux en pays de Cocagne,
puisque nul n'indiquait que suffisait l'Espagne,
ils s'exposent aux vents des soufflets qui écartent
les remparts vacillant de leurs châteaux de cartes.




Alors, si tout retombe, et que diable l'emporte,
oh, jusque dans la tombe où sont ceux qui importent,
on retiendra leçon d'un échec évitable,
car tout choît dans le son de deux poings sur la table !



Ce sont des gens que la fragilité rend durs,
il faut savoir qu'eux seuls savent ce qu'ils endurent ;
ce sont des gens perdus, mais trop fiers pour crier
"au secours, que l'on m'aide ou je vais me noyer !"




Et leur carte du tendre est pétrie de montagnes,
d'infranchissables cols et d'innombrables bagnes,
c'est pour ça qu'on découvre souvent un matin,
une orpheline au bras de son bel orphelin.


free music

dimanche 11 mai 2008

la faim du tigre




Je vois briller

des constellations de miroirs

dans les yeux

ténébreux,

prédateurs,

du chasseur

à la recherche du grand soir

éparpillé.

Et parmi ces myriades,

ces éclats de cristaux,

d'opaline ou de jade,

plantés, tels des poteaux,

des totems funéraires,

--------------------------dans son iris, ô fleur

---------------------------------------------------de la pupille ouverte,

les flambées délétères

---------------------de l'envie où l'on pleure

------------------------------------------de larmes bleues ou vertes.

Le fauve est arpenteur,

---------------------------que sa faim justifie,

----------------------------------------------même faim que l'agneau,

dans ce bois constricteur,

-----------------------------que l'on y sacrifie,

----------------------------------------------soucieux de son cerveau.

Les fleuves sont foison,

--------------------------------fourmillant dans la jungle

------------------------------------------------------------------des remords,

rendant l'écho de sons,

-------------------------------tas de têtes d'épingles

-------------------------------------------------------------ou de mort.

Et le rugissement,

----------lentement,

------------------------se répand à l'aurore

d'un boréal horaire,

---------dont l'araire

-------------------------laboure le décor.

Lacéré

---------comme un frêre,

------------------------------le tigre (et ses zébrures)

s'est terré

------------comme il erre

------------------------------entre les conjectures :

il est nanti

--------------de cette absurde vanité

---------------------------------------------d'être capable

de jouer sa vie

d'un coup de sang, d'un coup de dé

-----------------------------------------------inexorable !

Dans l'incapacité des sens,

---------------------------non pas ce qu'ils procurent,

---------------------------------------------------------------mais limitent,

le tigre cède à l'indécence,

-----------------------------------et simple déchirure :

--------------------------------------------------------------il s'imite !

Il reproduit ses chasses et les mêmes erreurs,

provoque, endure et perdure aux pires douleurs !

Filles d'Eve et garçons d'Adam,

------------------------------------------êtes-vous donc,

vous aussi, ces tigres-enfants,

-----------------------------------------dont le seul don

n'est que de s'enchairir sans chêrir et sans noms ?

Etes-vous le creuset des pauvres religions ?

Celui où l'on recueille, ô scarification,

le sang des vierges maculées d'un chorion ?

Faites-vous de vos beautés, l'abandon

mélodique, et la tragédie pour diapason ?

La quête vraie n'appartient pas à nos réels,

pas à nos goûts,

----------------------ce qu'enveloppent, corporels,

ces fins dégoûts

----------------------que nos babines détroussèrent ;

repus, les crocs, de tous ces sexes qu'ils troussèrent,

n'ont jamais su saisir l'instant de l'éphémère,

ni plus qu'un enfant ne saurait vider la mer.
free music

mercredi 7 mai 2008

Les amours inconstantes


Noir Desir - A L'Arrière Des Taxis par larsen42


Il y eut Lili Brik,

-----------------------et quelques autres,

--------------------------------------------------ensuite...

Mais de ce qu'on fabrique,

-------------------------des soucis nôtres

--------------------------------------------------en fuite

en avant, en arrière-

----------------------------plan de l'amour

--------------------------------------------------qui hante,

nous gardons marque au fer

-------------------------de quelques jours :

---------------------------------------------------l'Amante.

Tatiana Alekseïevna Yakovleva

n'y put rien :

------------------son mariage

-----------------------------------aux orties,

--------------------------------------------------tout sombra !

Lili, tiens !

---------------Sans ambages,

------------------------------------vilénie,

-----------------------------------------------l'empècha !

Finir avec Veronika Polonskaïa...

Mais ne jamais

---------------------se départir

------------------------------------de ce fantôme,

--------------------------------------------------------ô spectre doux,

qu'on parcourait

---------comme on peut lire,

-----------------------------en pusieurs tomes,

-------------------------------------------------des doigts, du bout,

le braille épidermique et criard de l'horizon d'un corps,

dont on voudrait ne plus jamais vouloir encore.

Et les caveaux,

les caniveaux,

--------------------sur le chemin,

-----------------coulent sans fin

---------------------------------------vers les abysses

-------------------------------------d'un entre-cuisse

qui n'a plus de saveur

-----------------ni d'odeur,

--------------------------------ni d'ego,

ni plus d'archi-texture

----------qu'aux lectures

--------------------------------de ces mots.

Pourvu qu'aucunement, las, on ne se contente

de cette succession qui nous met balle au coeur ;

sans l'oubli, nous vivrons des amours inconstantes,

tandis qu'à nos levants, sont des soleils meilleurs.

lundi 21 avril 2008

Le sacré feu des sacrifiés...




Dix huit cent quarante huit en sonna le clairon,
Cinglait le martinet des mots de Lamartine,
et de ce Février, doux de révolution,
d’ombres années, ensuite, en guerres intestines…

La France était bancale et s’empressait la poire,
Quand Sándor Petöfi sonnait l’hymne inutile
du peuple de Hongrie. Les mots sont des mouroirs,
lorsqu’ils s’en vont en cale d’encre indélébile.

Sa couleur est le rouge, au sceau d’Adolphe Thiers,
Des préfets revanchards, des chefs dont la folie,
Tout comme aux communards, fit payer prix d’hiers.

Prend garde au chœur qui bouge, à ces chopineries,
qui là, t’entraineraient à n’user que prières,
Car, c’est au mois de Mai, que l’on meure à Paris…

http://www.deezer.com/track/154309

vendredi 18 avril 2008

Lorsque la mer t'hûme...



free music



Les navires voguaient dans de curieux estuaires,
pour s'en frapper le flanc, le sceau et la truelle,
sur ces voiles, flottant comme de vivants suaires,
tel un son s'abbatait la règle menstruelle :


En ses mâts dressés comme des doigts qu'on foudroie,
passaient les cordes d'instruments pour naviguer,
quand l'on joue en soufflant, du vent dans un hautbois,
qui, des brumes, perdait les cornes harassées.


Vaine houle ennivrante, où es-tu à present ?
Maelström addictif où se vidait mon vit,
ton étreinte pregnante est un trou lactescent...


En noir et blanc, l'esquif sombre en d'autres Hongrie,
de l'image imprégnante, oui, l'empire autrichiant
de ton corps aux sonnets de Sándor Petöfi.


Quelques points de repère :

Sándor Petöfi était un grand poète romantique hongrois, héros de la révolution magyare, mort en 1848, à 26 ans, lors de la bataille de Segesvár. C'est sa photo qui est affichée ici. Il était, entre autres, un ami de Franz Liszt, compositeur de la musique que vous écoutez. Ce dernier réchappa à la répression autrichienne, parce que grand talent reconnu, mais aussi parce que rejoignant les ordres... La Hongrie est un pays sans mer, que je ne connais pas. Pour le reste, ce ne sont pas même des souvenirs, mais quelques images qui se précipitent encore parfois, kaléidoscopiques, et pardon à ceux que la crudité de certains mots employés ici aurait choqué.

mercredi 9 avril 2008

L'an dernier à Landerneau

free music


Parlera-t-on de l'an dernier à Landerneau,
quand son pont habité coulera sous des eaux,
que l'encorbellement de mes landernéennes
ira, mêlant deniers et lanterne à Verlaine ?

La cascade miroite auprès des vieilles maisons,
et s'enfourche l'Elorn, aux arches du vieux pont,
s'il m'en reste moins moîte impression qu'en amour,
c'est que l'eau que l'on lorgne, est d'un flux sans retour.

A deux pas, la maison de la sénéchaussée,
fière, exhibe ses saints, dont je me souviens Georges,
qui, même sans niche, ont, dans le temps des marées,
pris, au "Réveil-matin", leurs cafés dans la gorge.

Parlera-t-on de l'an dernier à Landerneau,
comme de celui qui me conduit au caveau,
ou comme d'un passant des rues landernéennes,
laissant filer mes nuits pour l'aube de Verlaine ?

lundi 7 avril 2008

Faut sonner ! (le réveil des morts)



free music

Parfois, lorsque les jours ressemblent aux secondes
d'une montre affolée d'aiguilles rubicondes,
dévoreuses d'amour et de sensations rances,
je me prends à voler des instants d'espérance.

Mais le temps, assassin, que j'égorge à son tour,
file, et fol, à son train, sur ses cadrans détours,
que l'on porte à la main, aux poignets que l'on tranche,
qui de Jean Guillotin, gardent la coupe franche.

Et les mois, les années, se bousculent ensemble,
au portillon des vies, bien plus courtes qu'il semble,
et les pommes, ridées, font tomber le rideau,
comme des fruits qu'on fit, sans avoir lu au dos...

Le sourire a creusé, laissant couler la larme,
les rigoles des ans pour seul signal d'alarme,
tant viennent à peser les réveils disjoncteurs.

Jeunes gens insouciants pour qui sonne cette heure,
quand, à minuit passée, s'ensommeillent les autres,
pensez, dorénavant, à nos vers plus qu'aux vôtres !

mercredi 2 avril 2008

Landevennec




A Brigitte,
Tant j'ai trié les vieilles pierres,
tant j'ai prié loin de mon fief,
tant j'étrillais mon coeur de lierre,
à m'en ruiner sur vos reliefs,
temps, j'ai perdu dans les endroits,
qui parcourus du bout des doigts,
restent écrus et maladroits
de m'avoir cru, comme à des lois.

Des sons du fond des temps anciens
sont aux tréfonds de l'abbaye,
et les plafonds d'un ciel marin,
parfois, nous font l'oeil ébahi,
lorsqu'un rayon de soleil clair,
comme un haillon d'été lavé,
que nous n'aurions pas vu l'hiver,
vient, en crayon, tracer ses rets.

Pris au filet des ages mûrs,
se faufiler entre les restes,
en défilés, levés de murs,
les affleurer d'un simple geste,
et contempler dans l'oeuvre humaine,
nos pauvretés individuelles,
puis s'oublier dans de moins vaines
éternités, si consensuelles...

C'était un beau jour de Janvier,
c'est toujours beau, Landevennec,
comme un corbeau vient y planer,
la plume d'eau, la flotte à bec,
mais en lumière, on voit briller
les jours d'hier, et irlandaise,
son âme austère en peurs pliées,
se fait prière en pierre et glaise.

Qu'est le passé à nos échelles ?
Seul doit compter notre objectif !
Les trépassés sont à la pelle,
à ressasser leurs voeux rétifs...
Landevennec témoigne à tous,
de son ton sec et immuable,
qu'aucune Mecque, et quoiqu'on tousse,
ne se dissèque en tas de sable.

mardi 1 avril 2008

Léhon






C'est aux pieds de Dinan, du canal d'Ille et Rance,
que repose un gisant, qui, de l'histoire en France,
en Bretagne, en géant, fait encor résonnance,
comme au cor d'olifant, sa trouble existence.

Qu'en est-il de Léhon, ce village paisible,
quand, endormis, les sons des leçons impassibles
s'imposent aux canons des combats irascibles,
que menèrent de front ces fantômes fiscibles ?

De Jean de Beaumanoir que je regarde ici,
figé dans son histoire, et dans ces quelques récits,
je voudrais l'abreuvoir de ses soifs infinies,
et quelques mots pour le soir à conter comme ainsi.

Aux landes de Mie-voie, Josselin, Ploërmel,
est la romaine voie où fut l'affront cruel,
dont n'est pas demi-voix qui ne chantât l'appel
de ces soudards anglois périssant à la pelle.

Ce fut trente au combat, et pour chaque partie,
De Penthièvre et de Blois, de Monfort l'Amaury,
des bretons aux anglois, nul ne fit la prairie,
champ d'horreur à l'endroit qui leur fut apparti.

Bois ton sang, Beaumanoir, te passera la soif !
C'est ainsi, qu'en le soir, Geoffroy du Bois s'esclaffe !
Et que les corps, billards, où ricochent les baffes
les heurts, les morts, l'amarre à la vie, se falstaffent !

Bois ton sang, Beaumanoir ! Bien sûr, tu fus vainqueur...
Mais en vain, triste soir... Blois plia sa rancoeur.
Bois ton sang Beaumanoir ! Puisque tu as deux coeurs !
L'un est blanc, l'autre noir, l'hermine au cri moqueur.

L'église est templière, et sous ses croix pattées,
je te contemple hier, dans ta grandeur passée,
tes deux mains en prière, en un autodafé,
s'il faut aller en bière, au moins, faut-il prier !

Bois ton sang, Beaumanoir ! Tu es encor capable
de nous refaire croire aux combats désirables !
Bois ton sang, Beaumanoir ! Sur ta statue de sable,
je pose l'ostensoir de larmes misérables.

Mais je suis en Léhon, le canal coule encore...
Et sur ma partition, sieur Beaumanoir est mort.
J'aime Jehan, Léhon, et mes quelques remords,
si près de l'eau, l'est-on, à ces derniers raccords ?

dimanche 30 mars 2008

Samarkand




free music


La main de Roxane aux yeux pers,
et l'or d'Alexandre où se perd
la tête, aux vapeurs des hashishins,
perdus dans leurs paradis lointains,
là-haut, chez le vieux de la montagne,
où l'indou-kouch-toi-là castagne,
Samarkand,
ça me scande,
--------------------analyse
--------------------à valises,
---------------------------------et voyages,
---------------------------------et volage,
embouché de Roxane aux yeux pers,
quand, de sa beauté, je désespère,
lascive, à l'enzyme en sa salive,
je suis glouton-laveur, permissive,
tu rhapsodies mon rêve en toastant
Vladivostok, Irkoutsk ou Lorient,
Samarkand !
Sa marque end-
----------------------imanchée,
----------------------emmanchée,
----------------------------------------sous les voiles
----------------------------------------de mes toiles,
de mes portraits de celle aux yeux pers,
Roxane, qui m'a collé aux ptères,
puisque tu m'as dessoudé les ailes,
d'un fracas de braguette irréelle,
dans les dessous des villes sans chics,
où la valeur de l'or est anarchique.
Samarkand,
ça marque "end" !
-------------------------L'arrièr' train,
-------------------------posé bien,
--------------------------------------------Callipyge,
--------------------------------------------Cali pige,
Les cris des venaisons pourrissantes,
de la corde à leur pied, languissantes,
des amours frelatées par nos soins,
par notre orgasme en mode disjoint,
mais par la saveur inimitable
de l'un à l'autre, en riches tables.

A Lorient, exprès, pour qu'on le vende,
Le collier de perles, Samarkand,
en mes doigts glissent les chapelets
des boutons de roses oubliées.

samedi 29 mars 2008

La Guimorais

free music



















































N'est-ce que le sel au coin des yeux
qui restât de La Guimorais ?
Ou de son eau, de son ciel, bleus,
dessous sa dune des chevrêts,
ce qui perlait de nos aveux,
tant qu'à confesse on s'ignorait ?

Lorsque l'hiver eut pris le pas
sur ces étés apoplectiques,
que l'ouragan blessa le bât
sur tes deux cuisses faméliques,
La Guimorais me restait là,
avec son sable pour relique...

L'écho des rires des enfants
dans un écrin de coquillage,
malgré la tempête et le vent,
tout ce qui nous fait changer d'age,
cinglait comme un son d'olifant,
comme un ultime appareillage.

La Guimorais m'est attachée
depuis l'enfance, où cette dame
crût un jour bon m'y emmener,
avant que vous ne m'entrainâmes,
les B, les C, les alphabets,
tout près de chez mon frêre d'âme...

La Guimorais, c'est mon Mektoub,
ma destinée en sable fin,
et puis ce temps dont on s'adoube,
entre morues et églefins,
ces souvenirs que l'on radoube
à coups de règle sur les mains.

La Guimorais, c'est mon présent,
entre Cancale et Saint Malo,
à mi-chemin de ce Rouen,
où, quoi qu'on cale en ses marmots,
le pays de Châteaubriand
est une halte à ces gros maux.

Ce fut l'effluve d'un poison,
et puis les fleuves de ses courbes,
et cette averse à l'horizon,
puisqu'au passé, futur est fourbe;
La Guimorais a ses raisons :
son sable enfouit comme la tourbe !

vendredi 21 mars 2008

Oh, prin-ton-temps !

Le bois sans soif est né des saisons à rosée,
débutant à l'orée des étés érodant
la pierre blanche de tant de belles années,
à ranger d'une raie de lumière en peignant.

La ronce est fidèle, et ses épines dressées,
jaillissant d'un hiver engraissé de ses pluies,
et toute la nature se trouve engrossée,
hâtive d'accoucher de ces multiples fruits.

Attendant qu'on les voit, qu'on les goutte ou les cueille,
les ventres arrondis se cultivent en lots,
toute écume s'accroche à chacun des eccueils...

Toujours le printemps, qui nous revient, penaud,
encore le Printemps, pour déplier nos feuilles
en taches de douceur, en tant que points finauds.

dimanche 9 mars 2008

Les soleils verts

Ignorant les matins où s'allume l'aurore,

et le noir crépuscule aux musiques geignantes,

j'empoignais, en mâtin d'une horde sonore,

l'expression ridicule des phrases génantes.


En fourbissant la plume à la meule des doutes,

fourmillante des sons, formariage des mots,

je plaçais sur l'enclume, où s'affrontent en joutes

des quatrains, les leçons que j'ai serties d'émaux.


Et je vis se lever comme un verre qui trinque,

les douze soleils verts des prisons de l'absinthe,

dont les barreaux dorés sont au nombre de cinq

aux fenêtres des vers de l'écriture sainte.


Une drôle de Mecque, en étant infidèle,

m'a tourné vers Lorient, et la brise en Larmor,

vers la statue olmèque où s'écrit aux bords d'elle,

d'un accent souriant, le phrasé de nos morts.


Nul jour ni nulle nuit, n'a d'astre plus brillant

que ceux, tombant en pluie, les pieds, aux pas, laissant...

vendredi 7 mars 2008

Himalayaque

Il y a l'Himalaya.
Il y a des chaînes à nos cous, nos pieds, nos coups de pieds, nos coups de coeurs.
Il y a Elle et moi,
Il y a les vrais amants, et l'Everest, en nage de fontes trop lourdes, qu'on effleure.
Il y a les lianes,
Il y a des végétaux qui nous lient, des vergers, tôt, qui fleurissent.
Il y a les Diane,
Il y a des déesses chasseresses et pêcheresses entre six troênes et deux narcisses...
Il y a l'halleluyah,
Il y a le Kirie Eleïson, qui rit à chaque rime qui nous sonne;
Il y a l'oeil, le sable et l'oyat,
Il y a les plages de sel, et quelques mots faits entre voyelles et consomnes.

Jusant

free music


La
marée
descendante
s'immobilise
impénitemment,
inexorablement,
inéluctablement,
désappareillant
l'unicité
rocailleuse
d'ultimes
rives.

lundi 3 mars 2008

La petite mort

free music


De peur que leurs méats coul' pas,

femmes et hommes et cynismes,

ont fait des franges et des pas,

le long d'un canal qui signe isthme !



Que sommes-nous à mesurer

des sexes dont on eut pouvoir,

la langueur qui put en entrer,

sans que rien ne sut s'émouvoir.



Des libertés qu'on s'arrachait,

reste le geste à plus vouloir,

et quelque sexe en fit retrait,

en toi, moi je sus me mouvoir.



Souviens-toi des jours innocents,

des arbres morts qu'on regardait,

sans se sentir jamais pensant

que notre mort y résidait.

vendredi 29 février 2008

Correspondances en papier de vers



Dedicated to an improbable Sinéad O'Connor,


D'une photo, de quelques mots d'une inconnue,

j'ai dé-tressé des nids, là-haut, tout près des nues.

Des nids de papier, et de phrases sybillines,

où les vers de cristal se brisent sur leurs lignes.

Des nids dénués de haine et faits de longs cils,

où traine encor, sessile, le prénom de Cécile...

Lorsque s'en iront d'Elle, en quelque froissement

d'aile, ou en un clin d'oeil, sans même un croassement,

mais juste un croisement de plumes et d'épées,

les feulements de page, incidemment gravés,

comme à l'auxiliaire s'ajoute l'épithète,

les "je" d'égo ne seront plus que maux de tête.

A reconnaître mon image en ce miroir,

touchant du doigt le tain, liquide à la mémoire,

nous déformant de ronds dans l'eau, tout concentriques,

J'ouvrai la porte de citadelles toriques :

--------------------------------------------------------de l'eau secrète !

--------------------------------------------------------De la salée !

Des vasques de larmes enfouies,

----------------------------------------------en fuite perpétuelle,

-----------------------------------transies...

--------------------------------------------Mais tellement belles !

-----------------------------------La nuit,

lorsque le reflet des astres rayonne,

--------------------------un autre bruit

que celui de nos âmes qui crayonnent.

J'ai suivi la main de Camille

sur les muscles de ses statues,

laissé mon coeur partir en vrille,

lorsque mari fut mon statut...

Mais les maris, Cécile,

---------------------------------vibrionnent !

les fleurs et les idylles,

-----------------potentilles

---------------tormentilles,

-------------------------s'embrouillonnent

en dehors de l'hermétisme de nos poèmes,

de nos correspondances en papier de vers,

et que, mêmes de papier, ta peau, ma peau, aiment,

sur les bordures, les borders, et leurs dévers...

Dans une vie passée, j'ai rêvé de Rimbaud,

et de ses verts tilleuls, je fis l'infusion,

mais, jamais d'autres mots, émasculant le "beau",

ne me concédèrent, de l'autre à l'un, fusion.


Tout mirage est un miracle à nos horizons,

car de nos soifs, il fait couler les oraisons.


free music

samedi 23 février 2008

Suis un cap sizun !

J'ai le souvenir d'une église,
le croassement des corbeaux freux,
sur la pierre où l'on mit en guise
de duc, l'effraie au cri affreux.

Oiseaux de jour, oiseaux de nuit,
à l'oiseau-lyre est malheur bon,
car dans ce qui, parfois, nous nuit,
nait l'instrument d'où sort le son...

La larme à l'oeil est alarmiste :
les mimosas peuplent d'odeurs
les frais vrillés jardins capistes,
qui n'en ont cure, du malheur...

Ne coule en moi que la rivière,
plongeant mes doigts comme les branches
d'un vieux chêne enserré de lierre,
dans l'onde lente qui l'épanche.

Tantôt si fou, tantôt si calme,
Il est tant enserré de mers,
que lui poussent aussi des palmes,
frondaisons inaccoutumières,

le Cap est un pays d'extrêmes,
entre sa lande et ses bruyères,
ses bois profonds, ses plages blêmes,
en secret, coule son estuaire.

Qui saura un jour nos mystères ?
qui s'intéressera enfin ?
Les vies écrites dans la pierre,
Oh ! Seule Toi en sait la fin !

vendredi 22 février 2008

Tendresse

Je me rends compte que cet endroit est le weblog qui dure : bientôt deux ans.
Il s'en est passé des choses, durant tout ce temps.
Lui, m'a surtout servi de grenier à grains.
Je l'avais créé lorsque les pubs ont débarquées sur MSN.
Je l'ai souvent délaissé.
Mais je n'ai jamais songé à le supprimer.
C'est peut-être lui mon "jardin secret pas si secret puisque public"...
Je l'avais créé sous l'emprise d'une drogue dure, 1m61, brune aux yeux "menthe à l'eau".
Comme quoi, on peut survivre à l'opalescence de l'absinthe et de l'absente !
J'ai de la tendresse pour cet endroit. Il est un refuge. Peu nombreux sont ceux à le visiter. Peu importe !
C'est mon antre !
C'est moi le patron ici ! Et je sers la limonade ! Et même les bocks ! Et ses bords sont verts comme les tilleuls !

Gardien de soirs

J'entendais rêver si fort un gardien de square,
le pauvre, enchainé aux arènes de Lutèce,
qu'à vouloir enfin devenir gardien de phare,
il perdait les notions de parisienne adresse...

Timbré, sous les lilas, sans être poinçonneur,
il ne percevait plus que lumières de nuit,
et ne s'imaginait pas mieux qu'en ce sauveur,
pour lutter, en lutin, contre ses insomnies.

Mais dans sa tour d'ivoire, il était solitude,
et ses fantasmes d'y voir des mers déchainées,
n'étaient que ces lumières qu'on tente à dresser,
comme des naufrageurs dont les feus sont Bermudes.