lundi 18 mars 2024

Le concert des nations

 


Si la beauté se cueille à la main du regard

elle est le fruit charnu de l'imagination

d’un cerveau qui mûrit sans trucage et sans fard


Et l’écriture inclut dans sa pagination

les notes de musique alimentant le phare

illuminé guidant le concert des nations


J'écris sans fin j'écris sans faim j'écris sans feindre

il y a mon amoureuse au bout de ma ligne

et par ces mots je veux parvenir à la peindre

elle est ce dont je ne sais pas me montrer digne


En pêcheur éternel on joint son humble chant

méthodique aux papiers des autres partitions

les portraits d’inconnues au miracle alléchant

d’une ultime rencontre en pleine inanition

samedi 16 mars 2024

Un autre monde

 


L'amour est l'illusion dont nous nous nourrissons

la glu dont nous collons la source et son empois

qui nous appesantisse et dont nous nous passons


Le présent fou nous conduira quoi qu'il en soit

jusqu'aux extrémités que nous anticipons

la Terre est morte et son fantôme est dans la soie


Parfois nous restons à ce point coupés du monde

exclus que nous rêvons d'en inventer un autre

éloigné de sa boue qui nous le rend immonde

en oubliant parfois qu’il est pourtant le nôtre


Embrasse moi sans cesse au creux de ma faiblesse

à chaque escale on est des bateaux-mouche à merde

essayant de chasser les scories qui nous blessent

et les humiliations s’il fallait qu’on en perde

vendredi 15 mars 2024

Cet instant d'impatience

 


L'existence est un brin d'espoir offert au vent

l’écho de la mémoire où sont nos vieux ébats

de ces passions dont nous rêvions auparavant


La nuit le désert est froid comme un célibat

tant la rose du sable inscrite au paravent

de notre nudité s’acharne à ces combats


Bien trop souvent l'amour est un balbutiement

sa fourrure arrachée comme au loup dépecé

ce présent que l’on fait comme un remerciement

l'avenir est un pointillé sur le passé


Le désir est en nous comme un instant passager

qui nous enrhume aussi — dis-moi pourquoi tu tousses —

il nous reste une trace un témoin messager

cet instant d'impatience où nous nous perdons tous

dimanche 10 mars 2024

Déchu de lit



Un ange énamouré m'a fait don de sa plume

il est tombé très bas le vol est un délit

c’était un ange inné mais c’était une enclume


Il volait dans ma tête en ma terre Adélie

sur ce pôle opposé que sans cesse on allume

à sa face caché j’étais déchu de lit


J'ai lu son beau visage et ses courbes sublimes

en écrivant son nom par dépit d'être aimé

mais dans ma Poésie les barreaux on les lime

on écrit en prison pour mieux se sublimer


Je m'interroge à son propos plus de cent fois

n'étant qu'un mécréant suis-je à ce point mauvais

je n'ai plus de croyance et n'ai plus ni loi sans foi

ni dix commandements que je puisse observer

vendredi 8 mars 2024

Navalny



Tout est la fabrication de l'Imaginaire

y compris dans le cœur au pouvoir au départ

une réécriture et qui joue sur nos nerfs


une Histoire inventée qu’un seul geste accapare

afin de nous conduire un peu plus à la guerre

afin d’orner d’un Z un anti-Léopard


On cessera d'écrire en quittant vos lectures

on cessera d’aimer sous le joug du Kremlin

la mort est bien le sceau de cette dictature

et son vampire et ses faucons sont ses Gremlins


Notre destin se livre à la puissance d'état

comme un cou condamné par une lame experte

et des têtes tranchées tout en faisant des tas

nous calculons en vain le bilan de nos pertes

mardi 5 mars 2024

Ressemblances

 


Laisse-moi t’épouser des courbes que je touche

et marier tes couleurs à ma grisaille unie

la nuit se pose ici comme un doigt sur la bouche


On est dans des états si souvent démunis

que trop tard on s’éprend que trop vite on se couche

on est bien trop naïf et si souvent puni


La nuit n'est qu'un écran qui projette nos rêves

— en esprit le désir est une interjection —

mais ou et donc or ni car au point qu’on en crève

en voulant exister de nos interactions


Ne rien dire est une façon de s'exprimer

le parti-pris de l'émotion c'est l'attirance

alors je te l’écris sur un miroir imprimé

le souvenir est fait de douces ressemblances

lundi 26 février 2024

Les âmes solitaires

 


Dites-moi l'entendue de ce que je fis mal

on dressera sa carte afin de la brûler

de couper tous les liens comme on castre les mâles


En chemin vers autrui je n’avais qu’un aller

mais qui vivra verrat ne sera qu’animal

un cochon s’en dédie qu’on ne peut qu’inhaler


Dites-moi le salut que l’on trouve en ces ports

où l’on balance au gré des vents contradictoires

où la parole est lourde aux sous-entendus forts

exultant à demi tout en criant victoire


Un chemin s’est ouvert au milieu de ces temps

perturbés engraissés de passions délétères

en sa douceur ta peau n'est pas neutre et pourtant

la nuit n'appartient plus qu'aux âmes solitaires

samedi 24 février 2024

Jo

 





« J’avais des visions brûlantes

au point d’en avoir mal aux yeux

car elles n’allaient pas de l’extérieur à mon cerveau

mais en sens inverse »

Jo venait baigner son front fiévreux

d’un linge ayant la douceur

à la fois de son regard et de ses gestes

elle était attentive attentionnée.


« Des soleils inondaient mon crâne éperdus

tourbillonnant comme des feux follets

dans un cagibi sombre et renfermé

ma tête où je me sentais perdu »

Jo prenait également soin de ses passions

les toiles étaient entassées face au lit

chacune était recouverte d’un délicat tissu

pareil à celui dont elle épongeait les suées.


« Je viens d'écrire une longue lettre

et parfois ça vous mange le croissant d'une nuit

j’y raconte un peu mes envies de créations

mes idées qui dérangent et ma lumière en pluie »

Jo venait d’accoucher d’un petit Vincent

dont elle avait voulu le prénom de son beau-frère

alors elle aimait le bercer d’un tendresse en miroir

et prendre un soin particulier de son être et de son art.


« Il a plané comme un grand oiseau cul-d'jatte

au dessus des rêves irréalisables sur lesquels nul ne peut atterrir

on ne peut pas atterrir en s’envolant plus loin

c’est pour cela que je dois maintenant mourir »

Elle était amoureuse en vérité de ce garçon

Jo que son frère épousa se réalisait dans son génie

Théo n’aimait que par épisodes

ainsi qu’un marchand de tableaux qui défilent.


« L'ignorance est un puits terrible

auquel s'abreuvent les théories qui font sombrer le monde en son cœur abyssal et noir et profond

mes beautés quotidiennes se sont égarées sur des chemins de traverse

et mes couleurs aussi s’y sont délavées »

Jo le fait taire en son délire hypnotique

elle est au courant que c’est un accident

qu’il ne s’est pas suicidé

mais qu’il est parvenu jusqu’au summum esthétique.


« Un baiser c'est deux tranchées dont les lèvres signent l'armistice

et je suis resté seul avec un tas de pinceaux

seul avec une obsession que toi-même et ton époux ne pouvaient comprendre

une obsession que je ne comprends pas »

Jo lui sourit

Vincent meurt il le sait

Vincent meurt elle le sait

la tranchée de la guerre à venir est dans ce dernier sourire.


Auvers-sur-Oise a rendu sa sentence

et l’église emblématique a sonné les matines

un peintre a décédé cédant au Monde un tas de toiles

une araignée délicieuse habitant au plafond de l’église

unissant les doigts de l’Homme et d’un Dieu

dans un poème universel

et Jo passa sa main sur ses yeux

son regard ardent s’était éteint

Jo se sauva de Théo

qui mourut dans les six mois

d’un mal absolu dont elle ne fut pas atteinte

— un don de la prostitution dans les maisons closes —

en se retrouvant propriétaire ainsi d’une immense incomprise inouïe collection.


« Qui cherche à s'interroger n'est qu'une île inconnue dans un océan d'angoisses

il y avait dans les lignes des traits de son visage

un fulgurant résumé de ce qu'est la beauté

Je meure au bonheur infini de ce qu’elle aura fait de moi »

Jo retourne aux Pays-Bas

sa famille ainsi l’aide en assurant la collection

la première exposition n’est qu’un triomphe

et Paris de nouveau lui tend les bras.


« Le bien peu de choses que l'on est

s'invite aussi parfois à leur partage avec les jolies choses que vous êtes

une fable est toujours une vérité cachée

que personne n'est prêt à recevoir en tant que vérité pure »

elle s'inscrit en 1894 au parti travailliste

en 1914 elle fait transférer la dépouille de Théo près de la tombe de Vincent

le lierre unit dans l’éternité les deux frères.


(Une union de deux amours).


« On en voudrait toujours plus

mais au final on en a toujours moins

l'amour est un ogre anorexique

et sa rançon n’est qu’un moyen »

Sans Jo pas de Van Gogh

elle a fait de lui celui que nous connaissons

sa vie lui fut dédiée dans son intégralité

je ne connais pas plus beau sacrifice.




jeudi 22 février 2024

Jeux du cirque

 


La beauté d'une femme est le seul abandon

qui nous soit impossible ensuite à relever

nous marchons à genou sur les pas de nos dons


La trace de nos sangs facile à prélever

s’étale en flaque rouge au cœur en myrmidon

l'amour est un enjeu pénible à révéler


Nous nous évanouissons de notre propre angoisse

envers un sentiment qui parfois tient du jeu

mais quoi que nous fassions le seul fait c’est qu’il croisse

et des corbeaux de lui font un ciel orageux


L'instrument du désir est un tranchant scalpel

il oscille en sourdine entre en champs sémantiques

entre un cirque espérance et douloureux rappels

on est pris tout d’un coup d’un élan romantique

mardi 20 février 2024

Résistance

 


Scélérat me secoue mon tourment d’un clapot

les rats de moscou nous ont savonné la planche

en nous volant la bouée qui nous sauvait la peau


L'envie vin se répand sur une nappe blanche

et vainement tâche de sang sur un drapeau

l’évènement violeur aux libertés qui flanchent


Un silence est le bruit de la vie qui commence

il est aussi celui de la vie qui finit

dans le tumulte honni lorsque la guerre avance

et que les partitions ne sont qu’entre pays


Tout souvenir est lendemain potentiel

il nous fait résister nous battre et réclamer

l’or éclatant des champs de blé le bleu du ciel

Les chants des partisans qu’il faudrait acclamer

dimanche 18 février 2024

Galathée

 


La chaleur de ton corps engendrait mon climat

la couleur de ta peau conditionnait ma langue

un tropique exaltant fleurissait mon coma


Créer c'est accoucher d'un rêve hors de sa gangue

arraché de la terre en Galathée karma

Pygmalion je t’essuie je te suis anti-gang


Et si l'invention de la vie passait par des mots

la clarté de tes yeux m'enivrant de lumières

il me faudrait écrire à quel point comme émaux

j'espérais deux baisers au dos de tes paupières


Il y a le secret d'une emprise absolue

dans l'hypnotique articulation de ton corps

et quoique dans tes baisers jamais je ne l’eus

l'amour est une idée qui passée dure encore

vendredi 9 février 2024

Soudeur

 


J’observais ta beauté de mes grands yeux brouillés

nous étions différents nous étions deux jumeaux

la nuit se tend sur nos peaux comme un drap mouillé


J'écrirai sur ta bouche un maquillage en mots

qui raconte en son lit nos deux langues rouillées

que je redresserai du feu d’un chalumeau


Le désir est la lente agonie de l'espoir

entre dans chaque nuit comme une exploratrice

où ton sourire inouï qui forge ma mémoire

effacera d’un doigt mes grandes cicatrices


Si l'amour est un don je suis caritatif

et ton envie me soigne à grands coups de consoude

un onguent s’est issu de ton mérite hâtif

un médicament né des fantasmes qu’on soude

dimanche 4 février 2024

Hétéronyme

 


Camille est le prénom Bergman est à la suite

et s'inventer un nom pour survivre au marasme

en justifiant de fuir est sa façon de fuite


— En crachant dans la toux l’atout d’un amer asthme

et des mots de papier que l’on regrette ensuite

à sa lecture inouïe lorsque l’on aime Érasme —


Un philosophe ancien ma confié sa vision

Fernando Pessoa m’a prêté sa folie

l’alcool est un désinfectant de l’excision

de l’âme exorcisée quand on meurt en son lit


La plus petite pluie peut s’aplatir en plaie

d’un coffre sort un nom qui nous ferait dire Oui

mais c’était le courant d’un froid qui se déplie

dans cet hétéronyme aux sons dont je m’enrouais

samedi 3 février 2024

Pagaille

 


J'ai pêché sur ta lèvre un goût de liberté

j'aime la nuit car elle insinue mes mensonges

et tout se juge ainsi sans sa sévérité


Ces petits mots d’un petit singe (un petit songe)

un instant cependant disaient ses vérités

qui comme un acide ou le temps souvent nous rongent


Ils m’ont rendu bien fou m’ont rendu vert de rage

ils m’ont parfois décrit dans ce que j’écrivais

nous nous semons de grains pareils à des orages

et nous germons de feux n’étant pas de forêt


D'aimer l'espoir est un désir inassouvi

car aujourd’hui je me sens bien abandonné

pourtant je le concède aucun n’a vu sa vie

le désir est un jeu de pagaille ordonnée

mardi 30 janvier 2024

Les tristes solitudes

 


Il fait froid dans le creux des tristes solitudes

à la fin de la musique on veut toujours aller plus loin

mais la hauteur est aux sommets de l’attitude


On prend la mer en vain comme un marin malouin

qui tangue à ce tango de nos incertitudes

un amour est oscillation du Mal au Bien


Ta beauté m’est un baume au feu de la souffrance

il me faut m’en nourrir afin d’écrire enfin

ma Poésie du vent qui n’est jamais sous France

un Cinéma devant qui porte le mot « FIN »


J'ai déposé des miettes de faim dans nos mains

de l’Ouest à l’Est un vide entre nous s’est tendu

le manque de chaque autre est un piège inhumain

la rencontre n'est qu'un passage inattendu

mardi 23 janvier 2024

Le chant de la pluie

 


Le désir est une composition défunte

un bouquet en couronne et célébrant la mort

et mon vers solitaire un odieux plathelminthe


En pondant les suivants mais sans le moindre effort

en les attirant nous ne faisons que des feintes

un silence imparable est l'arme des gens forts


On peut être amoureux de très grands petits peu

puis céder à l'envie de céder à la vie

mais la vie qui décède un espoir adipeux

le gras qui nous attache et nous guide à l’envi


Tant qu'il pleut dans la nuit je flotte au gré du vent

chaque pas que je fais sonne en allant vers toi

chaque goutte a la note exacte et dérivant

mon piano littéraire a l’ardoise et sont toit

vendredi 19 janvier 2024

Brasiers

 


Dans un baiser soudain désir envahissant

l'idée d'un possible autre en embrassant la femme

— un vrai brasier chauffant son ventre incandescent —


S’est imposé tranquille en traversant les flammes

et l’attirance abstruse et son charme indécent

sont revenus voler tous les joyaux de l’âme


Écrivons du bonheur en chantant notre peine

en penchant du regard au-dessus du système

il ne reste plus rien de nos envies humaines

à moins qu'en toute faim nous nous disions "je t'aime"


Et puisant l'eau de son regard au plus profond

bien fol il s'y est fié quand sa femme a varié

se retrouvant tout seul un poète est au fond

la solitude est un bout de viande avariée

dimanche 14 janvier 2024

Comportement

 


Vivre est un exercice et son dépassement

des humbles perceptions de Lviv à Petrograd

on n’est que le produit de nos comportements


La solitude est un sentiment rétrograde

échec et puis naufrage à chaque embarquement

nous sommes repliés comme des tardigrades


À tous ces fous qui voudraient nous "dénazifier"

l’Europe est issue de très nombreux bains de sang

sa très longue histoire est là pour le signifier

dans le passé se trouve un avenir puissant


Les enfants décapités par la guerre immonde

ont l'aspect de trophées tendus par des mains sales

et le kremlin sordide en s’emparant du monde

à la chine est soumis n’en est que le vassal

vendredi 12 janvier 2024

Rêver (4)

 


Rêver c'est s'extirper d'une vie décevante

exister sans l’appui de la réalité

dans un monde idéal où nos idées s’éventent


Un monde où l’intérieur est notre identité

dont la tripe est l’essence où nos règles s’inventent

où la cible est le cœur et sa vaine entité


Vivons avec passion pour ne rien regretter

j'essaie d'inventer des combinaisons de mots

mais au creux des mains c’est comme un poil à gratter

chaque émotion faisant que nous scions des émaux


J'ai pleuré comme un druide un tas de hallebardes

aimer c'est si facile et se laisser aimer

c’est comme s’accrocher à l’ultime rambarde

aux anciens parapets de Rimbaud décimés

mardi 9 janvier 2024

Rester secret

 



L'amour a commencé sur une montre au bras

que le tic-tac aigu ne pouvait arrêter

ne cessant de répéter « abracadabra »


Nul n'entend vraiment qui n'est prêt à écouter

nous nous retrouvons à la fin dans de beaux draps

tout est si bête et faux qu'on noie la vérité


Si Paris centrifuge aussi bien l'existence

épargne-moi ta pulpe et redeviens plus belle

emmène-moi l’amie loin de mon inconstance

il y a l’avancée que tes seins encorbellent


Il y a ce vieux décor en papier-mâché

qui nous ramène aussi dans un monde concret

souvenons-nous « pour être heureux restons cachés »

le secret de l'amour est de rester secret

dimanche 7 janvier 2024

Déversoir

 



Je puise en vos beautés l'inflexion de mes mots

j’en sertis l’authentique et mon envie de vous

je cisèle un bijou dont je parsème émaux


Dans ces éclats de voies pour vous je me dévoue

je ne suis pas pourtant du signe du gémeau

je n’étais pas partant mais à vous je l’avoue


Je veux toujours écrire afin de conquérir

un poète est démuni sans quoi l'inspirer

le désespoir est la dépression du désir

et la beauté des yeux l’envie de respirer


Rien n'est vrai de ce rêve omettant la passion

néanmoins j’en survis comme on aime une averse

aimer n'est pas penser c'est une conviction

puis d'un sourire immense en pluie je me déverse

dimanche 31 décembre 2023

Vivre en paix

 



Je m’offre à la peinture afin de vivre en paix

(vos créations amies sont de vrais mécanos)

m’abreuvant comme un chat du bon lait qu’il lapait


La vie commence et l'eau circule en des canaux

que l’amertume honore et que le dédain paie

que la beauté perdue transporte en vieux canots


Ne me réveillez pas je rêve un nouveau texte

aimer c'est résister à l'échec annoncé

tout dépend du danger tout dépend du contexte

en tout effondrement fragilité cassée


De travaux souterrains parfois la nuit m'emploie

je purifie mes mots en renouant des tresses

aux cheveux de la vie sans en faire un exploit

la nuit se tâche d'huile et dilue nos détresses

Rêver (3)

 



Rêver sert à survivre et dormir sert à vivre

afin de voir il faut monter dans la mâture

en se couchant il faut regarder dans les livres


Un accident pâlit mais salit tes ratures

un petit bout de crayon mais ce reste m’enivre

Il faut répondre à ça par la littérature


En goûtant un baiser chacun trouve un empire

il est bâti de nos projections malhonnêtes

à chaque fois ce monstre est notre clone en pire

à chaque humiliation son profil est plus net


Ta bouche est la fontaine où ma soif est penchée

si ma mémoire oublie la saison des labours

assaisonnée d’un geste et de ton déhanché

l'illusion de l'amour est déjà de l'amour

Rêver (2)




Rêver c'est vivre un peu plus loin que la limite

écrire en prédateur affamé d’infinis

penser sa vie sans que jamais rien ne l’imite


À l’entrée du sommeil est posté l’impuni

du manteau d’un récit dépecé par les mythes

et dévêtu de force à force de déni


La voix de mon amour est un essaim d'idées

mêlant luxure orgueil attirance et plaisir

et mes alexandrins je te les sais dédiés

chaque phrase est un pont franchissant nos désirs


Rien ne dira plus rien de l'espoir avorté

qui comme un fruit grossit mais se refuse en bouche

au contraire un beau songe inventif à porter

bourdonne sagement comme les bateaux-mouches 

samedi 30 décembre 2023

Célibataire

 



Lorsque la solitude est une garantie

l'amour est un désir absolu mais freiné

c’est l’extinction programmée du moindre appétit


L’envie s’éteint sans feu qui n’est plus bien frais né

mais pépie ma pépite un soleil irradie

quand survient sous ma plume un sens irréfréné


Bon j'aime écrire en alexandrins mes pensées

je pourrais les écrire autrement mais ça vient

comme un torrent sauvage et qui s'est dépensé

dans les pas de Racine où mon verbe revient


Ce que j'écris ici se rapporte sans cesse

et l'ondulation vague à laquelle on s'accroche

est comme issue d'un célibat sans confesse

où l'on attrape en vrac et la note et sa croche