jeudi 29 mars 2018

Échos

La mort et son creux écho des descendances, est le toboggan nataliste où s'oublient les nombres éhontés des indigences expressionnistes.
Alors que Toi, je t'aime : un baiser soufflé sur la main, c'est un millier d'années d'études sur un corps damné.
Soufflons fort !

mardi 27 mars 2018

"Ce qui rend contre" — extrait


"La machine de mon corps est un rouage usé par tous les suremplois dont j'ai défié les règles."

D'Arthur Rimbaud à la jeune Camille Claudel

samedi 24 mars 2018

Aphorisme existentiel


La nature de poète est propre à de nombreux enfants, mais la presque intégralité la perdent en grandissant.

Le moi de Mai laid — Republication de mai 2007

Début mai 2007, dès le soir de son élection, la pluie s'abattit deux mois durant sur mon Finistère. Il ne m'en fallut pas moins pour écrire un poème pamphlétaire absolument révolté que voici. Le futur antérieur actuel aurait pour idée de me donner raison quant à l'ignominie présumée du personnage.


Je ne me souviens pas, oh non, de Mai plus triste
Qui ait perdu son charme d'antan, ses musiques,
Sous les vagues de larmes de pluies sarkozistes,
Et l'absence, au-delà, d'un soleil aphasique.

Or, quand moi, de mêlées amoureuses fictives,
Je me suis bercé debout de mes deux illusions,
Je n'ai joint qu'en deux bouts ces calendes rétives
Que le mois de Mai laid laisse à la désillusion.

On le dit mois d'amour aux premières chaleurs,
Mais des juments sans guide ont montré la cadence
A des rideaux rigides de pluies antérieures
Moisissant tous ses jours d'exhalaisons rances.

Alors, faut-il ranger le joli mois de Mai
Sur les rayons fangeux des passés embourbés,
Ou plutôt jouer franc-jeu, faire ce qu'il nous plait,
Sans ces « Je » sans danger des printemps avortés ?

Le Mai laid, c'est foutu, reste Juin pour renaître,
Pour mûrir, un été, comme les blés tardifs,
Comme ces treilles-clefs accrochées aux fenêtres,
Dont les raisins font jus de bons vins laxatifs.

lundi 19 mars 2018

Tanka du soir



L'encrier des nues
Qui de pluies mouille mes terres
Affirme un modèle
Aux syllabes ingénues
Que je lance dans l'éther.

dimanche 18 mars 2018

Vitruve




Longtemps, j'ai défriché des broussailles nerveuses
et restauré le meuble objet de vos cerveaux,
dont les bleues propensions aux dérives rêveuses
ont quitté les hauts quais démarrés par niveaux.

Mais si l'heure est venue d'oublier les amers
et les points de repère où l'on fixait son cap,
il me faut louvoyer à l'exemple d'Homère,
auprès des odyssées farcies de handicaps.

Il me faut squeletter l'image de la Mort
et réorganiser celle aussi de la Vie,
sans souci ni des voix, ni d'eux, ni des remords.

Il me faut composer un hymne assez déconfit
pour passer pâle, enfin pour passer en dehors
ainsi du cercle inscrit d'un sourire ébahi.

https://soundcloud.com/annaondu/vitruve



mercredi 14 mars 2018

En nos nuits quotidiennes




C'est le tapis violent de nos projets déchus,
qui nous conduit tout rouge aux accès indécents
de colères rentrées et d'idées moustachues
qui nous barbent, fleuries de remords incessants.

C'est l'idée de la mort où s'enferme la vie
trop souvent balbutiante à l'aurore avortée,
qui supplante en un sens ce qu'on peut à l'envi,
désirer de meilleur en n'étant pas tenté.

Nous nous perdons sans cesse en de faux labyrinthes,
où la passion s'estompe et se perdent les dons,
nous figeons dans la cire où le talent s'éreinte
un meilleur de nous, même en demandant pardon.

Nous sommes des vagabonds aux mains du destin
dont l'amour à ce point sommaire est un mirage,
et dont le grand désert en forme d'intestin
sans cesse nous digère et nous renvoie notre âge.

Alors, inlassablement battus par les ans,
les écueils aiguisés de nos cœurs endurcis
tranchent de l'art brutal aux ciseaux méprisants
de la rancœur adulte et des rêves rancis.

Pourtant, si tu tailles profond, l'ami sculpteur
qui fraise de tes mots nos ego d'obsidienne,
il t'adviendra peut-être en tapant par erreur,
d'écorcher un soleil en nos nuits quotidiennes.

https://soundcloud.com/annaondu/en-nos-nuits-quotidiennes

samedi 10 mars 2018

120 BPM




S'il en faut cent-vingt par minute
et que du cœur un battement
n'est qu'écho d'amours que vous n'eûtes,
alors dites-moi qui nous ment.

Dites-moi le vrai qui du faux
triera l'ivraie du mauvais grain,
qui dira — comme on porte à faux —
la vérité des grands chagrins.

Dites-moi la raison de vivre
et l'absurdité du désir
absolu dont l'eau nous enivre.

À chaque marée de plaisir
on croit qu'un instant nous délivre,
or un instinct vient nous saisir.

https://soundcloud.com/annaondu/120-bpm

vendredi 9 mars 2018

Le cœur des ténèbres




Nous pataugeons dans le chaos
de notre empire en décadence,
et les prémices du K-O
décorés d'odieux pas de danse,
ont les relents des vents macabres
auxquels un pendu se balance,
auxquels un étalon se cabre,
au mètre, à l'or et leurs silences.

Il n'est plus temps pour les palabres,
il n'est plus l'heure aux componctions :
si le cou plie de coups de sabre,
on se dira l'extrême-onction,
mais le moment des jeux funèbres
est encor loin des injonctions
me guidant au cœur des ténèbres
et mon poème à l'extorsion.

Car comment devenir célèbre
en soutirant à vos pâleurs
un sang d'égratignure en zèbre
et coulant d'encre au premier pleur ?
On dit que l'on porta très haut
ce que Vaudou disait des fleurs,
et que poussant dans son préau

mardi 6 mars 2018

La gravité quantique à boucle




Nous croyons voir le temps passer
tandis qu'on passe avec le temps,
que la croyance à dépasser
c'est d'être au cœur de l'existant ;
nous nous berçons de l'illusion
selon laquelle un ordre existe,
où nos futurs à profusion
face aux passés présents résistent.

En pensant mesurer les heures,
on observait changer les choses,
alors qu'en fait d'analyseur
il faut admettre — on le suppose —
une autre entrée dans nos secondes,
où ce sont nos évolutions,
nos changements, nos mues fécondes
accouchant de leurs solutions.

Ce n'est pas le temps qui nous fait :
c'est nous qui fabriquons le temps,
et ce qu'on croit de ses effets
n'est qu'un reflet déconcertant
de mouvements, d'interactions
de la matière en quantité
qui constitue par effraction
la boucle à notre gravité.

dimanche 4 mars 2018

Honte



Et nous nous complaisons
dans notre déraison,
car nous stabylotons
rouge un odieux téléthon
vers les disparitions
des moindres émotions...

Quelle honte !

Un monde aussi pourri
des puissants qu'il nourrit,
peut-il encor donner
l'abscisse et l'ordonnée
des lois, de la morale
aux miséreux qui râlent ?

Honte à vous !

Rejetons de l'échec
assourdis par les chèques
en blanc des œufs cassés
sur l'or dédicacé
de vos comptoirs de banques
où l'impair passe et manque.

Honte à vous !

Financiers indigestes
éliminant d'un geste
un Tiers-Monde éreinté,
deux Tiers-Monde exploités,
l'humaine condition
dans vos compromissions...

Quelle honte !

Ôtons à ces saigneurs
en étant bons cogneurs,
un peu de l'arrogance
et de la suffisance
où ces gens se repaissent
au sang d'la foule épaisse.