jeudi 31 décembre 2015

L'Eclipse




Je n'ai jamais bien su si ce que j'aime rode
aux creux des courbes-fleuve où règne Loreleï,
dans ses chutes d'un Rhin auquel mon envol aille,
ou dans des yeux brûlants, couleur de l'émeraude.

Quoiqu'il en soit des faces cachées qui les clipsent
au revers des vestons, les femmes sont lunaires
et domptent le savoir de lacérer les nerfs,
et montrant leur beauté, conduisent à l'éclipse.

Je n'ai jamais bien su ce que le cœur pompait :
un indécent liquide ourlant les lèvres rouges ?
Un poison délicieux pour les moins infarouches ?

Quoiqu'il en soit, masquée, ma forme s'estompait :
ce clair-obscur effacerait mon cas, ravage,
et je me diluerais sous sa langue bravache.

mercredi 30 décembre 2015

De l'écriture poétique

L'écriture poétique, lorsqu'elle parle d'une femme, n'en décrit pas une spécifiquement, mais toutes celles qui veulent bien s'y reconnaître.

MP

dimanche 27 décembre 2015

Utopie




J'ai vécu des instants d'une intense Utopie
dans un Eldorado de fausse mise en pièces
et quelque mise en scène issue du mal au pis,
ce que par la racine un puissant lit rapièce.

J'ai survécu dans l'air vicié des néons blêmes
en espérant trouver les solutions magiques,
incidemment troublées par les sels des problèmes
où nulle épaule émue n'attend nos fins tragiques.

Et pourtant, parmi vous, j'ai su les horizons
dessinés par vos mues de petites chenilles
et sous leur carapace – à tort ou à raison,

J'ai su le destin sang des pauvres cochenilles
et l'éclatement gras de ta bouche carmine
où je trouve aujourd'hui les couleurs de mes mines.

samedi 26 décembre 2015

Le Bout du Monde






Tout Bout du Monde est une envie,
ce désir fou qu'on désespère
à force de ce qu'on y vît
de nos espoirs si délétères.
Tout Bout du Monde est bout de vie,
l'ultime endroit, l'ultime terre
où l'on s'installe et d'où sévit
ce vent retard qu'on vitupère.

Mon Bout du Monde est dans mes bras,
en Finistère, en Cotentin,
de Gibraltar à l'Alhambra,
c'est une grenade, on l'atteint
par un bel abracadabra,
par un chemin bien incertain
que l'orage en éclairs zébra
sur l'eau de mon miroir sans tain.

Ton Bout du Monde est là peut-être,
au bout de chacun de tes choix,
de ceux qui font plus qu'avoir être
et qu'un yacht-ivre alors t'échoie,
lorsque tu vois tout disparaître
à ces flux et reflux manchois,
c'est en un mot pour te permettre
de réussir où l'autre échoua.

Nos Bouts du Monde ont en commun
l'espace d'infinis possibles,
le fait que tu tiennes ma main,
que tu aies pris mon cœur pour cible ;
et quand je pense à ces demains
près des rivages impassibles,
c'est à l'éclatement carmin
de tes baisers imputrescibles.

Le Bout du Monde est l'azimut
envers lequel on a la Foi
quand l'Âme mue, quand l'Or transmute
et le Plomb fond de l'Eau parfois.
En forteresse d'Alamut
(pareil à l'uppercut au foie,
tel l'Arsenic ou le Bismuth)
le Bout du Monde emporte voix.

mercredi 23 décembre 2015

L'épreuve de l'air




Faut-il de nos amours toujours chercher les preuves ?
Faut-il à mon instar menacer les étoiles
et jurer à la Lune, en mesurant l'épreuve
où je me jette enfin comme une encre sur la toile ?

Faut-il que mes gros maux deviennent mélodie,
que les mélancolies se muent en romantisme,
pour que soudain
                         cet air vicié
                                           qui m'a maudit
pauvre Aladin,
                      faux souricier
                                            sans érotisme,
s'ouvre à moi
               comme un livre
                                où les pages
                                               en décollent
dans l'émoi
                    que je livre
                                   à la plage
                                                  où l'école
est buissonnière,
                        et ton regard,
                                              et ta beauté
si familière,
                     gardent en gare
                                          un globe étreint
par ses pôles scalpés – cheveux d'éphèbe ôtés –
par le réchauffement de l'air qui est en train ?...

Et dans cette vapeur un peu trop éthérée,
dont l'air mine un peu tout de nos vrais sentiments,
je survis de musique où le DO était RÉ,
où notre vérité n'est que Comme on se ment.

Je palpe l'irréel
                         dans l'air du temps
                                                       présent,
le vent du Cap Fréhel
                              m'en offre autant
                                                      que Toi,
mais de ton beau reflet qui m'est omniprésent,
l'épreuve est parfaite et ton bel air me nettoie.

lundi 21 décembre 2015

Glasgow




Dedicated to Ian Curtis,

We found the darkness of the coal
and the blindness of sorority
in the vapours of alcohol
and in the sex priority

We graved on the face of the ground
another sign of love suicide
another gift, another round
another brilliant heart to hide

Then we began to search the rest
of the credence in the churches
and however our interest
we found only three poor ashes


Chorus :
Here in the flames of burning brains
we fell the ways always to go
and even through the scottish rains
we feel the substance of Glasgow
and even through the scottish rains
we feel the substance of Glasgow


We found in your smile the whiteness
who could change us until the end
making killer as true witness
and Love for you as I pretend

We swam in the lights of winter
between the candles of the death
but your life is so strong after
that I'm still surviving beneath

So, in Christmas apology,
while are murders and loose of souls
I think of your biology
You, so alone within the fouls


Chorus x 1

Chorus x 2

samedi 19 décembre 2015

L'amérindienne




Dans notre atmosphère obstruée,
nulle issue ne t'était possible ;
dès lors, de l'or, la seule ruée
m'était portée sur l'indicible,
à cette clef pour une porte
où tu saurais me retrouver
en me disant « moi, peu m'importe,
tu m'as cherchée, tu m'as trouvée. »

J'ai brisé le plafond du ciel
en millions d'éclats de Soleil,
afin d'en puiser l'essentiel
(ce que les comètes balayent
en parfumerait tes épaules),
et suivant le seul méridien
de ton corps, je m'offre à tes pôles
où vogue un cygne amérindien...

Or, sur ce continent nouveau
dont tu ne fais pas de quartiers,
j'irai – banlieusard, têt' de veau –
peupler les îles au mortier
déjà Cité, déjà Sans-Lui
– ce canon qui te sert de peau
sur laquelle un bel astre luit :
celui des mots mis en dépôt.

vendredi 18 décembre 2015

D'éclats ration



J'ai posté ton sourire au timbre de ma voix
décrivant l'arc-en-ciel dont m'as inondé,
et les cordes rompues de ces corps dévidés
dont tu m'as abreuvé sans qu'aucun ne l'avoua :

J'ai récité les mélodies de tes attentes
et de leurs frustrations ton désir incongru,
je referais pour toi le premier pied de grue,
si jamais je savais que t'en sois là contente.

Je poserais mon doigt sur ta lèvre inférieure,
afin de juguler les débits indécents
des flux de ta beauté dont mon pauvre art descend.

J'apposerais la clause aux défis intérieurs
de se revendiquer autrement qu'à toi même,
et son sens interdit sans jamais que tu m'aimes.

mercredi 16 décembre 2015

Les mots, fil de l'onde



Des points de vue du bout du monde,
on cherche mes contradictions,
des prés que mes notes inondent,
on vend le sel de ma diction,
mais de tes yeux que ma vue sonde,
il est en moi la réfraction
de ta lumière, où qu'on me fonde,
où que me soit raréfaction
de ton soleil et de sa fronde,
et de Monet ces impressions
dont ta beauté – qu'on s'y confonde –
offre au voleur des effractions,
je cède à tes hanches girondes,
à mon estuaire, à l'attraction,
aux océans tous à la ronde,
à l'ineffable, à l'abstraction,
ma passion folle et sa faconde,
l'arithmétique et ses fractions,
tes traits si purs – t'es très Joconde –
dont j'ai trouvé la conjonction
sur ces rochers que la Mer gronde,
épuisée de leur inaction,
puisqu'elle te sait mots fil de l'onde
et notre Amour ma conviction.

vendredi 11 décembre 2015

J'erre, manie...




à ma très chère Alexandra,

A force de flâner sur les berges du Rhin,
depuis les quais de l'Ill et celui dit de la Bruche,
j'entends mon souffle au cœur bruisser comme une ruche
et des Amours éperdues perdurer l'airain.

Les fleuves et canaux, s'ils sont parfois sans gain,
conduisent aux raisons du soi par leurs péniches,
et s'ils sont la frontière en laquelle se niche
un peu de ton Strasbourg, un peu de ton Kehl sanguins,

c'est afin d'éveiller la beauté des deux rives
au reflet de tes yeux à la couleur des eaux,
à ces deux relations qui nous lient en réseau.

Et si mon inconstance aggrave mes dérives,
il m'arrive en Konstanz de me poser au port
d'un empereur ne régnant pas sur nos rapports.

mercredi 9 décembre 2015

Anarcisse




Fouettant des chats la crème en ignorant des chiens
deux fusils sur mes tempes grisonnant aux feux
de la Saint-Jean – né « rien-à-foutre » - aux doigts baveux,
je résiste aux assassins qui se croient chirurgiens.

Je résiste à l'absurde innocuité des lâches,
au manque de saveur de l'humanité,
pour enfin m'adonner au plaisir de goûter
à la chère espérance en l'amie sans relâche.

Un visage est dépeint sur la grève, un mirage,
et moi, bouchon flotteur mettant point à ma ligne,
on me pense en Narcisse à son ombre maligne.

S'il fallait que je t'aime, aurais-tu de ma rage
un peu de mon désir de noirceur absolue ?
Aurais-tu dans ton ciel le bleu qui la dilue ?

lundi 7 décembre 2015

Sur si



Sur ta tiédeur coulent des charbons en spirale
aux creux desquels mes doigts attiseront la braise,
afin que du grand Feu de nos vendredis treize
éclose un incongru rêve entre Amour et râles.

Sur ta bouche sanguine où les enfants martyrs
empruntent de leur ombre une forme à tes mots
– chinoiseries à tant de rites animaux –
j'écris la balistique en courbe de ton tir.

Si j'inscris en ces vers un étonnant hommage
excluant notre angoisse avilie du présent,
c'est pour te célébrer, nos serments s'embrasant.

Si j'ai soufflé ta flamme au point de jouer le mage,
ignore et ma laideur et sa forme antalgique :
nul désir n'est plus fort qu'en sa trame tragique.

samedi 5 décembre 2015

Dans la Manche



Dimanche à lundi dans la Manche
est une nuit sans un atout,
sans un indien, sans un commanche,
et sans Orangina du tout,
sans île Grenadine au ranch
où vont les troupeaux des peaux-rouges
et la remontée d'iode d'Avranches
au flux de ces marées qui bougent.

Dimanche à lundi dans la Manche,
et le constat dit "du miroir",
de quarante ans face Arromanches
où la poussière offre aux mouroirs
les cendres de nos vieilles branches
et quelques cèdres du Liban
s'étant ouvert des coudées franches
afin d'offrir leur ombre aux bancs.

Parfois l'appel en tend dix manches,
et la téléphonie putride
entend dans la nuit du dimanche
un peu de ces cris apatrides
hurlés en faibles avalanches,
hurlés à faibles voix d'allo,
l'écho des vies qui là calanchent
et dans l'amer s'en vont à l'eau.

Dimanche à lundi dans la Manche
est une épreuve sans cadeaux,
un marathon d'où l'on s'emmanche
un peu de tous les mikados
dont on a pu toucher les hanches
au hasard du geste félin
d'un tigre dans la neige blanche
et de celui qui m'en file un.

mercredi 2 décembre 2015

Révolutions




Que sont ces tristes circonstances
au regard bleu de l'horizon,
et les nuages sur Coutances
aux plafonds blancs de nos maisons ?

La Roue qui tourne est capricieuse
et dans le ventre de la Vie,
la position plus judicieuse
est celle de l'idiot ravi :

souris aux mauvaises fortunes,
accueille à bras ouverts le sort,
si ta route est inopportune,
une autre prendra son essor.

Et sous le grand hasard des vents,
le Destin du peu qu'il dévoile,
aura pour prendre les devants,
confié ses secrets à tes voiles.

S'il faut finir en port d'échouage
en un estuaire en Cotentin,
c'est au moins preuve de courage
au sablier des baratins,

face à l'horloge inassouvie
des gaspilleurs du temps précieux,
des exploiteurs de nos survies
dans leurs contextes pernicieux.

Un jour on fait Révolutions
se retournant sur ses orbites,
refusant les compromissions
et tous les maux qui les habitent.

On fait Révolutions autour
d'un astre au cœur brûlant,
d'une étoile au bout d'une tour,
d'une Babel déambulant.

Alors, la clef des cathédrales
perçant le gris des dépressions,
s'envoute en forme de Saint-Graal :
ainsi vont nos Révolutions.

mardi 1 décembre 2015

Le Blé en p'louse




 Stade Francis Le Blé - Brest (29)

J'ai traîné tant de maudits blues
dans cette ville aux traits tirés,
que de revoir Le Blé en p'louse
est un renvoi des soutirés
six maîtres revêtus des blouses,
et des vieux maillots déchirés,
des palimpsestes de ma loose,
de mon âme en Brest hachurée.

J'ai, comme les maillots rayés,
fait des nœuds à mon cœur marin,
de carabines enrayées,
de très vieux chants de carabins,
et Brest – où nul n'est égayé
sinon que par l'effet du vin –
toute saoulée, toute effrayée,
se penche au bord de son ravin.

La tenue rouge est de rigueur
comme la pluie sur les gradins,
puisqu'en elles est la vigueur,
celle à laquelle on consent gain,
celle à laquelle on rend honneur,
et le Tonnerre a son regain
dans le ciel saoul d'accords mineurs,
de doigts sur son vertugadin.

Si j'ai pêché dans ta rousseur
un peu des tâches de mon vain
sacerdoce, en toute douceur,
ce n'était pas pour un Grévin :
c'était pour que l'Orange ait sœur
avec la verte en ce bassin.
Le Blé en p'louse est repousseur
et Brest a couvé ses poussins.

dimanche 29 novembre 2015

Enceinte




Quand j'ai croisé le fer, Dinan,
avec les chemins de traverse
auxquels tu vouas d'éminents
distillateurs nés de l'averse
éruptive où vont dandinant
les prosélytes de l'inverse,
j'ai marché tout en déminant
tous tes remparts qui me renversent.

J'ai grimpé sur tes rues, Salope !
Et fauconnier des mots de passe
et des ruelles interlopes,
ai mu concert de mes rapaces
à l'œil arraché du cyclope,
ému, perdant ma carapace,
aimant les cendres de mes clopes
et les numéros des impasses.

Toi belle fille, ô toi Dinan,
ceinturée de chasteté rance,
j'irai toujours de toi dînant
vomir de ma désespérance
issue de ces mœurs badinant
avec leur propre incohérence,
hauts fonds des yeux incontinents
qui de pleurer m'ont fait la Rance.

Et dans le cercle enfin magique
où Dinan me tient déjà lié,
j'aimerais être ce moujik
dont Tolstoï dit qu'il est allié
des forces des lieux telluriques
où camisole aux fous à lier
m'est l'instrument périphérique :
aux vacuités il faut pallier !

mardi 24 novembre 2015

Foudres



L'homme est angle et la femme est courbe,
et de la sangle autour du cou,
extraits des gangues de la tourbe,
ils sont d'un gang bang assez fou
                        bien assez fourbe
assez lutin pour pas un sou,
assez mutin pour qu'on m'embourbe
                  en tes yeux doux.

Ô Muse, ô femme simplissime,
éclat dépourvu d'apparats,
diamant détaillant les décimes
issus de mes restes de rat,
                      j'aime les cimes
à tes épaules en tes bras,
qui des derniers remparts déciment
                 mon embarras.

Je décris sur ta clavicule
une rondeur imaginée,
ce joli cercle qui m'accule
à penser que ma belle est née
                           même cadette,
et que ton enchantement inné
n'est que fruit de mes tristes dettes
                           à me damner.

J'ai tenu la beauté du Diable
à portée de fusible ému,
infiniment belle et désirable,
hors de portée de ma mue,
                   statue de sable,
cherchant à porter sur sa main
le testament incontestable
                         à tout humain.

dimanche 22 novembre 2015

Le Scrabble




Jouer avec les mots comme enfilant des mailles
à l'envers, à l'endroit, le long de chaque case
où l'on se perd au fil issu de nos marmailles,
à notre transmission, ce marché de l'occase...

Jongler avec la lettre afin d'en être au pied,
survivre aussi quand sonne en ceux qui voient Yaël,
le K désespéré de ceux qui sont épiés,
le W de son sourire en arc-en-ciel.

Et mourir lentement de la sève éclairée
par la littérature incidemment vomie
de nos textes menus sur un plateau géré
par une règle inepte à tout bon insoumis.

Oui, croiser ma passante au creux d'un triple compte,
où je peux de mon double exiger vie d'ascète,
où d'un simple exercice à ce que je raconte
en mes lettres d'amour – je n'ai le droit qu'à sept !

Or, corvéables à merci, mes beaux enfants
se sont soumis au tripalium de l'exécrable
instrument qui foudroie les biches et les faons,
les éléphants et la mémoire, ah, c'est le Scrabble !

lundi 16 novembre 2015

Pariphérique



Vendredi 13
s'en vient saigner incontinent
sur nos détresses
comme un tampon des continents
qui font des guerres à distance
et saupoudrées de l'inconstance
où notre humaine condition
s'en va droit vers la perdition.
J'ai détrôné des dents couronnes
menteur comme un arracheur
mais l'assassin de Courcouronnes
lui s'est calé sur la lâche heure.
Et les idiots
surfant sur la piste de ski
de la Radio
ne sont pas des Dostoïevski.

Si notre cri de colère, ah !
Parsème la peste à Ferré,
c'est que d'arobase un bel @
je ferai de mon pire, hé !
Si notre cri de colère, ah !
Parsème la peste à Ferré,
c'est que d'arobase un bel @
je ferai de mon pire, hé !
Si notre cri de colère, ah !
Parsème la peste à Ferré,
c'est que d'arobase un bel @
je ferai de mon pire, hé !

Et de la liberté laïque
où l'Homme fume au narguilé
le Dieu qu'il prie, l'odieux qu'il nique,
et les faux prophètes exilés,
je ferai des tranches de lard,
puisque nous aimons tant lard pour l'art !
Je t'embraserai sur la bouche
avec mon beau chardon ardent,
car je ne suis pas Ammenouche
et Courcouronnes dans ma pauvre brosse Adam !
Aime-moi, toi,
Ève angélique aimée des monts,
Seins, miche et moi,
pose, nous aimons...

Si notre cri de colère, ah !
Parsème la peste à Ferré,
c'est que d'arobase un bel @
je ferai de mon pire, hé !
Si notre cri de colère, ah !
Parsème la peste à Ferré,
c'est que d'arobase un bel @
je ferai de mon pire, hé !
Si notre cri de colère, ah !
Parsème la peste à Ferré,
c'est que d'arobase un bel @
je ferai de mon pire, hé !

La Seine est une aorte ouverte
aux trous de balle;
et que soit pas mûre ou pas verte
une caballe,
y stick(ent) ici jusqu'à la perte
les héros de la Capitale,
les chevaliers de la Commune
sans que jamais ne Capitule
la beauté d'Anne, ô ma sœur Anne.

Si notre cri de colère, ah !
Parsème la peste à Ferré,
c'est que d'arobase un bel @
je ferai de mon pire, hé !
Si notre cri de colère, ah !
Parsème la peste à Ferré,
c'est que d'arobase un bel @
je ferai de mon pire, hé !
Si notre cri de colère, ah !
Parsème la peste à Ferré,
c'est que d'arobase un bel @
je ferai de mon pire, hé !

Paris a son cœur !
Paris a son sang !
Paris a son âme !
Paris a son histoire et ses déchirures mais
Paris ne s'agenouillera jamais
devant des tortionnaires
pas plus que devant les versaillais
Paris solidifie ses nerfs
afin que vous en ayez
Paris qui s'écœure
à ces gestes indécents
sait bien porter ses blâmes
sait bien porter ses drames
sait bien porter ses âmes

samedi 14 novembre 2015

La Nuit




C'est la peur de la Nuit qui toujours terrorise
un enfant resté là, dans le cœur d'un adulte,
tandis qu'ailleurs, œuvrant aux chaos du tumulte
un grand froid vespéral à l'Horreur s'autorise.

Cet hiver qui s'approche aux jours qui raccourcissent,
nous rappelle à la mort comme une cave obscure,
et cet obscurantisme est une sinécure
à des soldats du mal dont les rangs s'épaississent.

Les enfants ne sont plus dans ces muscles sanguins
actionnant des corps sourds à leur propre souffrance
et semant le cristal qui égorgea la France.

Mais jamais rien ne dure et la Nuit t'es sans gain,
Bête Immonde aux martyrs qui te feront chuter,
car le propre des peurs est toujours de lutter.

vendredi 13 novembre 2015

La ballade du Big Lebowski



J'en ai bavé pendant des lustres
à barboter près des trottoirs,
à m'emmerder avec des rustres
qui vivaient pas la même histoire.
J'en ai bavé tu sais sans toi,
sans ton regard imaginé,
un peu nomade et puis sans toit,
sans me poser quelques années.

Puisque je vis au ciel des lunes
et mon espoir vers les étoiles
que la bruyère et la callune
posées sur une immense toile
posées sur une immense dune
sont sur ton corps immense voile
attendant cette heure opportune
où le clodo mettra les voiles

J'en ai sucé des pissenlits
sans jamais goûter leur racine,
mais la corneille au saut du lit
de mousse, est venue l'assassine
ôter le goût des vers de terre
à votre poète aérien,
tu sais, lui qu'on dit délétère,
aux fachos c'est un bon à rien.

Puisque je vis au ciel des lunes
et mon espoir vers les étoiles
que la bruyère et la callune
posées sur une immense toile
posées sur une immense dune
sont sur ton corps immense voile
attendant cette heure opportune
où le clodo mettra les voiles

J'en ai croisé des affreux tafs,
des intellos endimanchés,
des cons et des gentils matafs
et des menteurs, dents arrachées...
J'ai décroisé des djihadistes
qui se prenaient pour des élus,
et débouté l'élu des listes
où ta beauté m'était mieux lue.


Puisque je vis au ciel des lunes
et mon espoir vers les étoiles
que la bruyère et la callune
posées sur une immense toile
posées sur une immense dune
sont sur ton corps immense voile
attendant cette heure opportune
où le clodo mettra les voiles

jeudi 12 novembre 2015

Hanté



Si vole au vent la vile envie dont l'on dévisse,
un parfum fou de l'infraction là diffractée
dans des millions – l'imaginaire est d'affre(s) acté –
de tes reflets dans l'onde où se mirait Narcisse,

alors, poupée gonflée par l'air de mes sévices,
on trouvera l'autre miroir pour s'épouser,
celui sans le fantôme avec lequel poser,
sinon Villon, Rimbaud, Verlaine, eux rois du vice.

On trouvera – je sais – l'image renversée
que nous renvoie le Cinéma dans ses prémisses,
dans cette chambre noire aux champs controversés.

Et le Génie pelliculaire emportera l'esquisse
au bord des lèvres du tableau d'abord bercé
par l'étendue des mers portées par ton French Kiss.

mercredi 11 novembre 2015

Emprise




À Alexandra

En prise avec mon temps, j'étais qui s'ignorait,
lutin de mes lubies surannées, désuètes,
en pris(e) de rôle obscène, en chanteur qu'on aurait
fait maître en un instant de ses langue et luette.

En pris(e) directe avec l'absurdité des vies,
de notre société, crue sur le bon chemin
dont – pris(e) de tête – on sait bien qu'il dévie,
j'appose avec mes mots d'improbables demains.

En prise en charge, excluons les remords
à ce qui nous permet de comprendre une femme,
en pris(e) d'otage ou de judo, tout ce qui mord :

l'intelligence et la beauté qui nous affament,
Emprise en moi vitesse est l'accélération
de l'écriture et d'une Dame interaction.

mardi 10 novembre 2015

Saline



J'ai du sel de ta lèvre un goût de commissure,
et des marées d'ici toute la mescaline :
cette force indomptable et qui se répand sur
la route submersible à côté Des Salines.

Mon doigt cueillait ta larme ainsi qu'un fruit descend,
et ta décence ôtait la main d'Hermès, câline,
à l'ombre du visage offert et déhiscent
où je traçais pourtant la beauté de sa ligne.

TRÈS PORTRAIT
TRAITS POUR TRAITS

J'ai goûté ton essence, et de cet arbre rare,
en puisant dans l'histoire où j'ai vu Messaline
extrayant de ses sels ce qui fait le curare,
je me pris au poison de ta beauté maligne.

Je peignis des tableaux à en perdre l'esprit :
de ces œuvres au noir dans des eaux alcalines
où l'on se dissout pour dix sous, mais que l'on prie
d'être cette potion si sucrée mais saline.

lundi 9 novembre 2015

Maritime





Tu t'es rêvée debout, de retour sur les mers,
sur ton port d'échouage où sont les mésestimes,
ton regard se posait sur de tristes amers
qui pourtant relevaient tes scories maritimes.

Et tu t'es reconstruite en morceaux de musique,
un peu comme un biscuit à la cuillère estime
en vain de ses fragments, la part métaphysique
issue de cet émiettement tout maritime.

Mais que m'importe peu qu'un pauvre mari t'aime !
Tes mots d'amour sont plus purs qu'un affreux verbatim,
ils sont en ton calice un heureux anathème,
et dans ta bouche ouverte, un accent maritime.

Alors, sortie des eaux, ma pénible péniche,
ma Beauté dont je suis l'idéale victime,
je te sacrifierai sur les laides corniches
dont l'amour absolu nous fait la mare ultime.

Puis je t'habillerai d'un drapeau Gwen-ha-du,
pour passer mes mains sur tes courbes intimes,
comme les voiles et gréement des trois mâts du
Marité, si tant est que tu m'es maritime.

J'habiterai ton corps – court de sève en coursives –
et plomberai la ligne infime, adamantine,
où je me pends à toi de façon discursive,
à l'infinie beauté de ton air maritime.

dimanche 1 novembre 2015

Mais aux peaux d'ami(e)s




Promenade au petit matin d'été indien,
au bord de mer, au changement de méridien,
et promenade au petit soir d'automne en r'tard,
sous son couchant lorsque l'étoile a régné d'Art.

Lorsque la toile – araignée-ville – a tissé d'or
les filaments des bateaux-ivres au mouillage,
et l'effilée beauté dans ce château qui dort,
puisque le bois dormant n'a jamais compté l'âge.

Les photos forent dans le bleu ton ciel d'azur,
et l'habitude est à l'oubli tant de marées
que de peaux dont la plage est la belle embrasure.

J'y vois au grain, le sable à présent démarré
de l'isthme pur du rêve où nous ne sommes rien,
et les fleuves remplis des mythes sumériens.

Bruno Sulak (Texte totalement réécrit à partir d'un original soumis en février 1986 à Renaud Séchan)






La vieille dans son vieux taudis,
si vieille et sans maternité,
aussitôt fait, aussitôt dit,
est poussée vers l'éternité.

Tant étouffées qu'ou bien flinguées,
parfois les mémés disparaissent,
et les minots qu'aux déglingués
tout laisse aux flots de ma tristesse.

J'ai des mémoires d'outre-tombe
attachés à de sombres tomes,
et des histoires et des bombes
me restant en tant qu'hématomes.

De voir des odieux incapables
s'en prendre au faible impunément,
me rend amer, ils sont coupables
lorsque je sais ton châtiment.


Eh, Bruno !
T'en vas pas,
reste là
dans mes mots.
Eh, Bruno,
Sulak de l'âme artiste,
ton écho
dans ma cellule autiste,
témoigne un peu pour moi
que ce n'est pas en tuant
pas plus qu'en s'évertuant
à provoquer l'émoi,
qu'on force la légende ;
témoigne un peu pour nous
– et que le ciel t'entende –
d'un monde offert aux fous.


Avec leurs joujoux dangereux,
ils entretiennent une guerre
d'un ridicule présomptueux,
Inacceptable et meurtrière.

Du laid dealer le plus minable
aux mafiosi qui t'étaient tiers,
pour moi tu restais admirable
quoique ce fut ton cimetière.

Le cœur de la Cour des Miracles
pas plus qu'à moi n'était le tien,
mais au moulin de la débâcle,
t'as voulu jouer les arlésiens.

Et dans la lettre d'un malaise
où j'attends quelque part ta voix,
je suis la voie de la falaise,
ultime mur d'où tu sautas

Eh, Bruno !
T'en vas pas,
reste là
dans mes mots.
Eh, Bruno,
Sulak de l'âme artiste,
ton écho
dans ma cellule autiste,
témoigne un peu pour moi
que ce n'est pas en tuant
pas plus qu'en s'évertuant
à provoquer l'émoi,
qu'on force la légende ;
témoigne un peu pour nous
– et que le ciel t'entende –
que notre corde au cou se noue...

Sans toi.

samedi 31 octobre 2015

Du Poème absolu



Lorsque l'on vit d'avides frondes
où Goliath est un Minotaure,
et que ligués sont ceux qui grondent
– quand on sait que la ligue à tort –
on peut pleurer, on peut gémir
d'avoir un jour perdu le fil
du labyrinthe où peu se mirent
en quête inquiète et ludophile.

On peut se perdre aussi parfois
dans les méandres des neurones,
y laisser la part de sa foi
qui fait choir des plus prudents trônes,
y perdre son identité
dans d'infinies compromissions,
et finir d'un prémédité
meurtre accompli comme mission.

Lorsque l'on selle un destrier
qui n'est pas apte à ses montures,
on aura beau trier, trier,
les vers seront de la torture,
et la lunette ouverte au Monde
aura le goût de ne s'y fier
pas plus qu'aux illusions immondes
où l'on se trouve pétrifié.

Puisqu'il faut vivre et non survivre,
puisqu'il faut cesser de souffrir,
faire enfin provision de vivres
pour avoir un truc à s'offrir,
jetons nos peaux au pied du mur
– ce sont des parchemins trop lus –
et dans le souffle d'un murmure
un peu du Poème absolu.

mardi 27 octobre 2015

L'esthète de l'Art



Pour peu qu'on fut nourri sans mâle aux seins des Muses
et que leurs laits nous rient sous cape en s'essoufflant,
on prendrait sans répit ces airs époustouflants,
puisque de mal en pis sont ceux qu'un rien amuse !

On pendrait haut et court – Césaire m'en soit témoin –
ces êtres sans secours ne comprenant rien à l'Art,
rien de rien à l'Amour et tout à ses dollars,
On rendrait bien Zeymour à quelque rien que moins.

Mais ta lividité bénie par mes phalanges,
fait des divinités des souffles pernicieux,
dont la faiblesse innée s'ensouffre dans les cieux.

Et la roue moulinée par d'yeux le plus bel ange,
cligne autant qu'en tournée du tour des clavicules
d'épaules contournées que ton air véhicule.

dimanche 25 octobre 2015

Fond de tain



Si quelques étoiles obscures
sur la voie lactée de ton bras,
rendent à ce point insécure
un chemin vers ton Wonderbra,
si toute goutte de rousseur
dessine un secret labyrinthe
inscrit sur ta peau tout en sueur,
dont je me suis tagué l'empreinte,
emprunte alors tel un bel astre,
les rues de la carte du Tendre,
dont je te ferai le cadastre
en faisant semblant de t'attendre.

Or, ton sang ne faisant qu'un tour,
j'emplumerai d'un paon total,
ton sommeil des plus beaux atours
et ta beauté folle et létale
avec l'écorce ignifugée
des arbrisseaux aux cent écus,
puisque tu n'es que ce sujet
sortant enfin des sentis culs,
et balayant devant sa porte
les prétendants inopportuns,
à ta beauté rien ne s'apporte
– sinon mon miroir et son tain.

vendredi 23 octobre 2015

Sans retour




J'ai rêvé votre beauté lactescente
en un sirop de mots
si dilué qu'à ce point indécente
on soit au chalumeau
pour la forger de ces longues descentes
à vos courbes d'émaux,
puis de vos déliées incandescentes
en nos peaux d'animaux.

J'ai rêvé votre regard menthe-à-l'eau
pour me servir d'absinthe,
et les soudures en bon métallo',
de vos lèvres de sainte,
pour y sertir – comme on la met à l'eau –
la gemme offerte enceinte
aux féminités d'un bel étal haut
par ces phrases succinctes.

J'ai rêvé de vos prisons délicieuses
en votre pur ovale,
du visage aux expressions malicieuses
où les impairs se valent,
mais où le manque – en cigüe pernicieuse –
est un vide qu'avale
une rousseur automnale et précieuse
aux dormeurs de ton Val.

mardi 20 octobre 2015

L'Âme




L'âme-sœur, l'Âme, ne me vois-tu point venir ?
Je ne vois moi que le vain devin qui rougeoie,
mais ne vint point à l'heure éditée pour la Joie,
sur la route enfumée de nos absents avenirs.

L'âme-sœur, l'Âme dont l'éclaircie m'éblouit,
des fins, de fond, l'Âme es-tu hors de cause, ailleurs,
afin de nous transformer tous deux en meilleurs
nobles, lorsque le sang de la Terre a bleui ?

Je te cherche au gré du bruit liquide des eaux,
je te cherche avec la septième clef tâchée
par le raisin foulé des amours entachées

du bris du cœur, du bruit du vent dans les roseaux ;
l'âme-sœur, l'Âme, ne vois-tu rien me punir
à l'instar d'une étoile en Nova devenir ?

lundi 19 octobre 2015

Sey tout



Qui sait ce que c'est qu'enlacer
loin de Sées, sécession passée
des cécités embarrassées
de sentiments doux désossés ?

Moi, je ne sais quel gynécée
– loin des décès des bouts d'essai –
nécessitait jambe harassée
pour d'épicés vers qu'on pissait.

Quand tu m'adressais tes pensées,
j'esquissais incessant un sourire hérissé
d'en-dedans agacés par tes airs compassés,
et je laissais l'assaut des jument dépecées.

Je me lassais de mes lacets au cou passés ;
je repassais d'un fer rougi des tas d'abcès
j'avançais dans ces écrits crissés qu'embrassaient
les dévissés de mes demis-mots devisés,
pareils aux pales d'un moulin qui ravissait
les yeux qu'on crève en pal, jusqu'à celui de Sey.

samedi 17 octobre 2015

Miroir, ô mon beau miroir



Les poètes ne sont que des miroirs polis
reflétant la beauté si tant est qu'il y en ait,
avec leur langue acerbe et leur verbe impoli,
ils peuplent un grand vide en mots que tu connais.

Et si tu les connais, c'est parce qu'ils décrivent
ta silhouette ou ton geste, un tout de toi l'unique
individu soumis aux phrases qu'ils écrivent,
à l'onde dont Narcisse endossa la tunique.

Le poète est l'allégorie des frères Grimm :
comme eux il invente un conte et s'endort debout,
et chacun l'aime aussi pour ce dont il nous grime.

Le poète se cache en empruntant deux bouts,
et derrière le masque où fond le tain d'Alice,
il entonne à merveille un chant plein de malices.

jeudi 15 octobre 2015

Le cinquième Elément



à Ragnhild


Délus-je dans vos yeux quelques secrets aztèques ?
Ou transfuge, fus-je à ce point tourne-dos
que d'être retourné sur une grille à steack,
je cuisis à long feu sous un tel astre ado' ?

J'ai vos soleils marins comme ligne de fuite
et vos lignes de main pour parfait horizon,
j'ai l'eau de vos regards pour me servir de cuite,
qui maligne dévie vers cette humble oraison.

J'assemble en éléments l'ensemble qu'elle aimant,
fit de vous l'avatar de la Déesse-mer,
l'avatar que jamais à son laquais Léman,
le divin Océan n'associa à l'amer.

Dans les fluides splendeurs de votre atlante acmé,
j'ai vu luire et vouloir un désir insoumis,
j'ai su la croix portée par votre épaule, mais
de vos légèretés, le profond sens omis.

Et de votre embrasure où le Feu se complaît,
où l'Air et l'Eau mêlés à la Terre s'ajoutent,
j'enflerais volontiers votre orchestre complet
de nos doigts luttant pour le plaisir de leurs joutes.

jeudi 8 octobre 2015

Lis, rêve, erre anxieuse




À une normande passante,


Qui que tu sois, sois quitte d'écoute et tais-toi :
les collocations d'écholocation sont mues
par le hasard diffus que nos ondes nettoient.

Et nos carrefours sont aux paupières émues,
les larmes que la pluie pianote sur nos toits,
l'air pur qui guide le destin vers nos vraies mues.

Des rêves éveillés qui, quand on dort y sont,
rabotant de ma déraison l'indécent,
je garderai ton regard en tant qu'horizon,
je choisirai pour toi, des raisins l'un des sangs.

Sang coquin qui, coula d'un sunset oléin
sur la toile ayant vu tant de différents cieux,
sans qu'aucun ne brillât du bleu céruléen
de tes irrévérencieux indifférents yeux.

vendredi 2 octobre 2015

Encore un bel Orage (republication d'un texte de 2006)




À Arthur Rimbaud…

J'en ai ouvert des bateaux-livres,
                                           Bien démarrés...
Puisque chacun des bateaux livre
                                         Bien des marées,
Des passions, des envies de vivre,
                                          Des vers fumés...
De larmes, sans son bateau ivre,
                                             J'aurais coulé.

Que reste-t-il de nous après ?
                                            Posez-la vous
Cette question qui, à jamais,
                                       Nous rendra fous,
Comme de Verlaine il semblait...
                                           Tristes dégoûts
Que tous ces mots enchevêtraient
                                     Dans l'eau d'égouts.

Depuis vingt ans,
                  Que je n'ai plus dix-sept années,
La fleur aux dents,
                Ni plus le blond cheveux des blés,
Je fus mourant,
                             Et je voudrais ressusciter,
Rien qu'un instant,
                             Pour des tilleuls imaginés.

À ton roman !
                       À des dormeurs décérébrés !
Au val dormant...
                     L'herbe menue va s'en froisser,
Comme le vent
                  De tes grands souffles sur papier,
Toujours coulants
             Comme un bateau dans l'eau fermée.

La peur d'écrire un texte comme celui-ci
Est manifeste. Aux larmes, citoyens d'ici !
A ce seigneur, trafiquant d'arme en Éthiopie !
A ce seigneur, saignant des encres de nos vies !

A ce génie ultime et grand de poésie !
A ce profond abîme et à ce cœur meurtri !
A cet écho infime qu'il reste de lui,
Mais dont le son sublime est tout à l'infini.

Oh... Sont des promenades !
                                 Au pays de l'absente...
De tristes escalades
                             Qui se font en descente,
Nul mot n'est la parade,
                               A ces chutes bruyantes,
Mais juste l'estocade
                             Aux passions dévorantes.

Alors... Les bateaux sages...
                                  On n'en a rien à faire !
Et pour les vrais voyages,
                               C'est lui que je préfère !
Encore un bel orage !
                                     Encore un bel éclair !
Encore un beau naufrage !
                         En corps Rimbaud, ses vers.