mercredi 30 janvier 2008

Les baux de l'ère

S'il faut que nous louions les heures que nous prîmes,
en vagues trublions, volant le temps louable,
et en cambrioleurs pour le chasseur des primes,
ne resteraient douleurs que d'encre et de cartables.

S'il ne restait que gris de ces tendres couleurs,
de ces deux coeurs épris, qu'en vers et contre tout,
la plume raconta, futaie des rémouleurs,
du bois dont on chauffa, la fûmée ferait toux.

Mais rien n'est éternel, ni les gens ni les choix,
ni la fibre charnelle, où sombrent nos désirs,
L'appétit insatiable est sans festin de roi.

De rester associable, en étant triste sire,
il faut comprendre enfin, qu'on n'est propriétaire,
que des vents où l'on vint, signer les baux de l'ère.

samedi 26 janvier 2008

Ex-Sud

Je ne suis pas un homme bon,
et quels que fussent nos empires,
au prix d'une seule chanson,
n'en resterait que souvenirs...

J'entendais les sons délaissés,
dont on se souvient par moment,
laisser glisser les mots pressés,
comme des citrons émollients.

Nous parcheminons des sentiers
faits de jolis petits cailloux,
que l'on pend aux gorges des belles,
sans pouvoir se pendre à leur cou.

Et des Samaries, capitaine,
magasinant les souvenirs,
point n'est la femme en tant qu'Eden,
juste vestiges de soupirs...

Dans ma Louisiane est un ex-sud,
des lianes m'y relient encore,
des Louises dont mon corps exsude,
des fièvres dont d'autres sont morts.

dimanche 20 janvier 2008

Les cercles de feu

Texte inédit non publié lors de sa rédaction

Lorsque les soirs d'été brûleront des aveux,
Que les cerveaux blessés sembleront déjà vieux,
Je resterai figé dans un rond, désireux
De boucles emmêlées en doux cercles de feu.

Lorsque les nuits d'étoiles m'auront rattrapé,
Que le bateau sans voiles viendra m'embarquer,
Je pâlirai d'un mal que le sextant froissé
Redressera, draps sales en des mers salées.

Des mers de lait d'ânesse où je serai féal
Aux sirènes, princesses d'aubes boréales,
Pharaonne maîtresse ou muse ou bien vestale,
Je tisserai sa tresse en phrases verticales.

J'adresserai des mots en signe de promesses
Que de profonds échos ramèneront en messes,
En sombre oratorio que l'on donne en confesse
Lorsque l'archet sangle eaux du con jusqu'à la fesse.

J'aborderai la terre, alors, en son sein chaud
D'où le puissant cratère évacue les manchots,
Montrant du doigt l'artère où coule vive chaux,
Acide et délétère et tremblante au cachot.

Je ferai des moissons de flores vivrières,
Et de fortes boissons de Malte imaginaire,
Sur son île sans fond, sa ruche carnassière
D'abeilles qui s'en font de n'être qu'ouvrières.

Je ferai ces grands feux qui soignent les poisons,
Cautérisant au mieux les plaies de la raison,
Fertilisant les lieux que l'on couvre à foison,
Pour un instant le dieu qui couvre sa toison.

Viendront les soirs d'été, brûleront les aveux
Que, parfois, l'on se fait comme on fait des adieux,
Et des cheveux défaits entre des doigts envieux
De boucles emmêlées en doux cercles de feu.

mercredi 9 janvier 2008

Sexe faible ?

Elles sont sous brumes ou voilettes,
inconscientes des mauvais temps,
et parapluies comme toilettes,
leur font visage de printemps.

Bruines, ruines, écroulements,
à vider des bourses remplies,
voleuses, comme l'est le vent,
violeuses comme sont les pies.

Qu'elles soient encor blé en herbe
ou séduites de mal en pis,
Leurs traines trainent tant de gerbes,
qu'on en serait encor épris...

C'est un sillon que Dieu leur fit,
pour ramender leurs pieux hymens,
qui restent comme un fruit confit,
des rois fit-on fêtes de reines ?

samedi 5 janvier 2008

Coutances


Si l'horizon, entre ses draps
a pris Coutances
-----------------en un ciel bas,
c'est qu'aux va-et-vient en voiture,
à prix coûtant, soyons-en sûrs,
on met sutures aux enchères,
et quelque roublardise amère,
----------------monnaie de singe ou bien du pape,
------------------------------qu'on garde en tour-lanterne aussi,
le clocher, content, tinte aux mers
----------------qui de si près toujours s'attrapent,
------------------------------comme un bouquet de nos vessies.
Ici, le vert bocage a retroussé ses manches,
route par route, l'humide asphalte de Janvier
fait ressembler ces premiers jours à des dimanches,
qu'on passe au coin du feu où brûlent les pommiers.
Les ombres linéaires
---------------de ces couchers précoces
----------------------------en ces veillées tardives
----------------------------------------suivent deux doigts d'édit,
les deux flêches de pierre,
--------------deux arbres sans écorce,
---------------------------de deux lignes cursives.
---------------------------------------Mais dit ? Le nord ment, dit ?
Et de Coutances,
-----------l'écho transi
-------------------par les frimas
---------------------------d'un nouvel an,
---------------------------------des cloches denses
----------------------------------------------de Villedieu,
-----------------------------------------------------se met à poêle
-------------------------------------------------------------et à vapeurs,
des cloches, danse,
---------la côte aussi,
-----------------sous le verglas
--------------------------des sentiments
---------------------------------que l'on condense
--------------------------------------------sous les frileux
---------------------------------------------------chants de Noël
----------------------------------------------------------en Chandeleur.
Paisiblement, vaquent les vaches
en d'autres champs; croisant, croassant,
quelques corbeaux un peu bravaches,
des étourneaux étonnamment
re-dispersés, libres et laches,
et le vol d'un couple de buses,
près d'arbres d'où ne se détachent
que, sous quelques bruits d'arquebuses,
tout ce gui qui danse en leur sein,
je m'imprègne d'un vert d'espoir,
sans boules qui soient aux sapins,
ni semblants qui soient aux miroirs.
Le printemps revient à Coutances,
chaque fois que l'hiver s'en va,
en attendant, avec outrance,
on se répète que ça va...
Loin sont les enfants de Saint-Lô,
et roués Rohans de Rouen,
bretons qui, en normand allo,
changent chacun de mes enfants.
Comme une étape à moitié Ouest,
------------------------le hâvre de paix en chemin,
-----------------------------------près de la baie du Mont-Saint-moi,
je prends d'envie ce qu'il me reste,
-------------------------pour bâtir un beau destin,
-----------------------------------------négligeant mes anciens émois.
J'aime, là, le vent doux qui souffle sur Coutances,
depuis presque douze ans que j'y ai mis les pieds,
et lorsque j'aurai Mai pour belle recouvrance,
les souvenirs de Brest, oh, s'y sauront noyés.
Un jeune chêne y pousse en bordure d'un pré,
à quelques kilomètres des flêches de pierre,
car quoi que nous semions, ça finit par pousser,
dressant vers des demains, ce qu'on y mit hier.