lundi 29 février 2016

Clandestins




Puisque l'on n'est pas sage et que l'on est passager
de cette vie mutine où l'Amour est un leurre,
il me faut propager les mots des messagers,
les cruelles vérités qui vont à mille à l'heure.

Puisque l'on est mortel et faillible d'essence,
aucun des jugements pouvant être portés
sur l'Art de ce voyage à la belle indécence
évidemment ne peut froidement s'accepter.

Les tristes bourgeoisies bâtissent leurs frontières
et s'inventent des camps, des Jungles et des murs
embarbelant nos vies et les zones côtières,
interdisant l'Espoir derrière ces armures.

Mais plus fortes seront nos transgressions intimes
lavant de l'amidon ceux qui bouclant Destin
– l'avant de l'ami donc qui fit leur clan d'estime –
auront nos billets doux, passagers clandestins.

jeudi 25 février 2016

Harbor essence




J'ai pour les végétaux, quand on est soi-même arbre
une passion bizarre dont l'Art s'enracine
ainsi que les versets déversés par Molière
et gravés à jamais dans ces pommes de marbre
– ô beaux fruits dépendus par Monsieur Jean Racine –
enveloppées de fait par mes aigres mots-lierre.

J'ai gêné au logis mes généalogies,
semé le germe absent qui pourtant poursuivait
l'absurdité de moi voulant qu'on en fit l'homme
à cette écoute absconse issue d'astrologies
dont l'âme frauduleuse à nos yeux décrivait
l'apparente évidence inscrite en ce phylum.

Je n'ai donc plus l'écho des poètes mes frères,
abrutis par la mort m'approchant à son tour,
que l'éclat de leurs vers dans un miroir sans tain
m'éprouvant à l'endroit de leurs mots à l'envers,
et à la rutilance aveuglante à l'entour
de nos soleils abstrus que la bêtise éteint.

lundi 22 février 2016

La Pieuvre




Enflée de sa spartiate élite
(qui se mêle au cul l'air)
qui l'a mise sur orbite
aveuglément s'étend l'emprise inique et pernicieuse
à vau l'eau de la Pieuvre financière
aux racines de ces plaies d'heures
et de ses traders
autant t'accule un système aux fondations vicieuses
édifié sur un péché
KAPITAL
celui de l'Usure et du Profit
dont tout le Monde ne profite pas
celui du mensonge et de l'exploitation
celui des marchands du Temple moderne
– où la Bourse ou l'avis ne changent
à hauteur que de quelques taux de change –
celui qui dresse le prochain contre son prochain
grand Rouage de la Guerre
OUI (depuis « Jadis et naguère »)
celui qui fait des religions l'outil abstrus de la pensée
dont plus personne ne se soucie plus que de l'hydre de Lerne
et dont la barbarie se nourrit avec délectation
scindant l'engeance en camps distincts
que leur fatalisme fit
tant oublieux des premiers pas
de l'Homme sur son satellite
et dont les armées militent
tuent
fabriquent les clandestins
qui s'évertuent
sur les frontières de l'argent que l'on ne peut pas toujours franchir
comme on ne peut toujours pas s'affranchir
du KAPITAL
et des sirènes de Wall Street
hurlant sur des lieues à la ronde
comme les foudres des STUKA
de leur plainte horrible et lancinante et souscrite
à toutes ces obligations
à ces jeux de fonds de pension
qui sont des pierres à la fronde
avec laquelle on crève l'œil des borgnes qui s'en font cas
comme des bulles de chewing-gum
gonflées jusqu'à l'éclatement
du système inepte appelé de « réserve fractionnelle »
auquel les banques centrales
ôtent tout crédit
puisque l'argent créé d'un coup de gomme
est l'effet du remboursement de toute dette
et que de ce non-dit
de ce péché originel
on a bâti des cathédrales
et des châteaux de cartes
et d'insondables casse-tête
où les vertus de l'hermétisme
ouvertement racolent
un max' des vices du capitalisme
écrit sur la blancheur des cols
de ces banquiers triomphalistes
osant poser au bout de chacune de leurs listes
une estimation de la valeur du travail de l'Homme
en devises
en mauvais proverbes
(il n'est rien avant le Verbe
et rien avant que l'on ne vise
à l'atteinte d'un summum
pourtant bien plus projet de vie
que simple ligne d'un devis).
Le capitalisme est né d'un commerce de dupes
où les valeurs sont fiduciaires
et les acteurs indignes de confiance
auxquels on a cédé la gestion de notre Monde
un concentré de narcissisme égocentrique
au sein d'un système où le fric héliocentrique
attire avec gravité les instincts le plus immondes
et tous les cygnes de méfiance
– ô vilains petits canards boiteux des ouailles financières –
avec lesquels on plumera les peuples nus
uniquement vêtus de leurs voix ingénues
des oripeaux sociaux dont aucun ne s'occupe...
Je voudrais tracer cette voie
avec le trait cursif des lignes
et le rasoir au fil des paumes
ô belle vie redessinée
de par des maladies malignes
évitées dans le Maelström
où toute économie dévoie
le sens intime du devoir
et sa capacité de voir
où mènent ses abominables constructions
cette Babel aux fissures ataviques
où toute ouvrage amène à sa démolition
dans une étrange récurrence maléfique
inepte
hors de contrôle
soumise à des adeptes
assujettie aux long cours du pétrole
et des sangs d'une Terre à ressource épuisable
essoufflée par les dents de ces vampires
et par leurs odieuses machoires
où soufflent des vents pires
à l'Art de choir
au creux du sablier qui fit de nous son sable.
Aussi, cessons ainsi d'être aussitôt si sots !
D'être encamisolés par ces illusionnistes
et pantins mus par ces prestidigitateurs
maniant l'Usure à l'usure
et les Arts d'un laser dont l'azur hédoniste
accorde un air dévastateur
à ces tristes désirs de notre démesure
où des orgueilleux se maquillent
se jonquaillent
allongeant la liste
et les biens endettés dont on est débiteur
et tous les faits divers dont on est la racaille
et les putes mondaines qui s'offrent aux plus offrant
et le taux de l'Euro
du Dollar
et la disparition du Franc
qui n'a plus de Hérault
que dans l'Art
et dans l'inflexible volonté de convertir
toutes ces devises à d'autres religions
qui n'ont sans cesse d'investir
sur des pseudo-marchés dont on nourrit légions
fondant lingot par lingot
le mur doré d'un sordide ostracisme
abruti par la quête obsédée d'un magot
que ce système enfin porte à son paroxysme !
Et si la grande Angoisse emplie des dents de Laws
celle de la Banqueroute
et de retraits instantanés
de l'exigence des valeurs
et coûte que coûte
(un nœud m'est à l'écoute
un nœud gordien
le nœud d'un indien
qui joue les voleurs
sur les succédanés
des véritables biens de l'univers réel
et des baisers volés
par des impairs Noëls).
De la vidange des réserves
(elles n'auront rien recouvert)
je veux savoir de quels volets
– ni trou béant, ni pot-aux-roses –
on sera l'esclave et quoi qu'on observe
(ô barque vomitive qui se met au vert)
enchaînant notre peuple à coups de découverts
et l'aliénant aux pieds que brisent mes vers
en chaque succursale
où se blanchirait l'argent sale
en un songe hypnotique
en un délire un brin psychédélique
en un oubli de qui nous sommes
et de l'obscénité de tant de sommes
acquises sur la misère inexprimable
affectant la plupart des plus petits hommes
et sur la traîtrise ineffable
à laquelle une bourgeoisie si bien pensante
accorde un blanc-seing d'une teneur indécente
afin de s'y construire un petit nid merdeux
fait d'une maison neuve
et de biens périssables
et de châteaux de sable
et de manques de preuves
et de sombres subprimes
de virus et de miasmes
qui pourriront leurs existences
et me feront poser ces stances
afin que mes ancêtres
aient de mon geste de révolte
un peu de ce qui fut leur être
et beaucoup plus de mes enfants
qui par-delà les perpétuent
comme ce blé que l'on récolte
en luttant contre ce qui tue.

jeudi 18 février 2016

TANGO (republication d'un texte arraché au mois de mars 2009)






Couleur rouge-orangée vive, comme les feux de la vie que j'ai brûlée, elle me ressemble, surtout sertie de ce noir d'encre d'antisèches que je n'ai su qu'écrire.
TANGO, c'est aussi le nom de l'album de Corto que je préfère. L'action se déroule à Buenos-Aires.
Dans cet album, il y a une planche unique.
Pas de bulles ! Pas de paroles sommaires, juste les yeux, les regards des danseurs, pas plus !
Cette planche ressemble à un extrait d'un film de Sergio Leone; il est vrai qu'Hugo Pratt était italien, lui aussi.
Si...
Si j'avais eu des cheveux, ils auraient été gominés comme ceux de Corto.
Si j'avais eu de la chance, j'aurais aussi été dans la planche, avec ces plans sur les regards, ces plans sur les pieds, ces plans en plongées et contre-plongées.
Si j'avais eu une oreille à laquelle une orpheline du quartier de San Isidro, sœur féline de l'armée du salut qui vient tanguer aux bras musclés des joueurs de rugby, loin de la Bocca, du football, si j'avais eu cette oreille durant cette danse ensablée, dans les méandres de leur beauté, de la splendeur des orphelines que Corto m'a volée, cette oreille, moi aussi je me la serais faite percer !
Je voudrais connaître l'Argentine !
Rien que ce nom semble promesse d'Eldorado.
Avant moi, avant Corto, Butch Cassidy et Sundance Kid l'ont énamourée.
Et Corto a retrouvé Butch...
Quelle doléance !
Les passés ne sont à nos présents que des souffrances...
Il parait que la famille dont je porte les armes a des branches en Argentine. Ils y fabriquent l'un de ses vins magnifiques dont le goût ne s'imite nulle part ! Fait avec un cépage dont seuls les gens de Cahors et de la Bourgogne s'enorgueillissent.
Malbec l'auxerrois...
Il saoule ce vin...
Comme la musique qui l'accompagne : C'est du vin couleur TANGO.
Des légendes disent que le TANGO, ce combat, est né dans les rad' de la Bocca, sur le port, de marins qui sans femmes, s'affrontaient dans une danse entre hommes... Jusqu'à ce que les putes de la Bocca se l'approprient.
Elles doivent être si belles les putes de la Bocca !
Hugo Pratt m'a dit que dans cet improbable mélange de sangs qu'est l'Argentine, espagnol, gallois, italien, allemand, français, suisse, américain, indien, il y a la quintessence de la beauté de la femme terrestre; l'argentine n'est pas un pays, c'est une femme terrienne qui sublime la femme par son universalité, par sa sensualité, par son aptitude à voler la danse des hommes pour en faire un cri de sa sexualité :
TANGO.
Pour l'Argentine où je voudrais aller et l'Argentine qui saura m'aimer.
Cet espace sera le lieu de Carlos Gardel, cet espace sera pour elle...
Ecoutez !
Ecoutez Carlos Gardel !
Le monde dans ses champs a fait des chants qui vous sont incrustés.

mercredi 17 février 2016

Out of Africa





J'ai ta lèvre en miroir sur l'étendue lacustre
aperçue vers Dakar au missel de l'avis
contradictoire en vain depuis les vagues lustres
de ta beauté qu'enfin tu me voues à la vie.

Le Rose est masculin mais ta rose est limpide
et le lac alcalin me soude à ton image
aussi certainement qu'une alliance insipide
entre ce qui nous ment mais qui te rend l'hommage.

Es-tu mon continent dont je n'ai rien connu
sinon l'impertinent mouvement de tes hanches
imprimant sur tes flancs la beauté de tes nues ?

Je sais l'époustouflant vertige qui s'épanche
à force de rêver d'un repas sans menu
paraissant arriver d'un regard qui se penche.

mercredi 10 février 2016

Clair-obscur



J'éclaterai ma peau, la partie déhiscente
à mon être, enveloppe insoumise et rebelle
et que tes yeux - velours, pot de péchés, descente -
inonderont de l'onde inconnue des si belles
hiérarchies qu'on en vide un trop plein (l'indécente
arrogance où j'épuise un sot Do, deux poubelles).

Tandis que l'Ut éreinte alors ma partition,
je devise un quartier de ma ville et des cibles
hachées, machées en mots comme une punition,
pour bouillir d'impatience en mon verbe irrascible
à ne plus te revoir, hanté de permissions
durant d'Alfortville à mon Cap impassible.

Et je rêve à nouveau d'impossibles rivages
où se déverseraient les tiroirs de mes nuits,
ta beauté lancinante et ses odieux ravages,
où es-tu Melody qui me laisse à l'ennui ?
Je me transforme en "clair-obscur" du Caravage
en oubliant que ma mue qui te sert moi me nuit.

mardi 9 février 2016

A une actrice





Je me suis égaré dans le vert irlandais
des prairies d'un regard que mon champ de vision
ne pouvait éviter, quand mon chant baladait
des notes sur les mots que nous nous redisions.

Car c'était ceux de cette existence antérieure
à laquelle un aîné nous fit la référence
absolue du poème, une voie supérieure
à suivre en élevant la voix du rêve, errance.

Nageant dans l'extraordinarité des limbes
et dans les coloris changeant de vos iris,
il m'a fallu les tons que ces nuages nimbent,

afin de m'en extraire en ces vers qui murissent
- étonnants fruits d'un vert dont les pieds se regimbent -
un peu des noms doux qui sur vos lèvres périssent.

lundi 1 février 2016

Némésis






Si je me suis enfui dans des sables d'oubli
– ceux qui content des temps les heures apocryphes –
est-ce afin de forger sur des feux anoblis
par l'humain sacrifice, un diamant dans tes griffes ?

Est-ce enfin dans l'absence où brûlent tes baisers,
pour souffrir de la soif en cet endroit torride ?
Sur les braises du reg une marche apaisée
m'a cuit le cuir à point, puis en effet mes rides.

Les jours qui passent sont la longue traversée
des déserts de l'affect ; et truffés d'oasis,
ils ne gardent que l'eau de nos sanglots versés,
tant notre adoration s'achève en Némésis.

Le pauvre cœur de l'Homme est comme un dromadaire :
il erre en l'océan d'impropres sécheresses,
et se maraboutant, se donnant un peu d'air,
il vit sur sa réserve et sa lente paresse.