Quand au creux de ses vers un peu de ton essence
a d'un calice ouvert extrait la renaissance
on voit son cœur offert en guise de trophée
Quant à remettre aux fers une âme apostrophée
laisse au choix l'enfer ou l'infâme esclavage
et le chant possédé de la femme au rivage
Épanche aussi sec une intarissable soif
étanche à ce sexe inexpressif et rugueux
que ta beauté remplace irriguant de son bief
un moulin sur parole et mes mots de guingois
Vide enfin de la place un obscur importun
que déesse adorée tu n'aies plus qu'un seul homme
effeuillant ta corolle en te parlant d'amour
et des grains mordorés de ce sable incertain
L'éclair griffait la nuit de ses doigts affectueux
mais l'accélération de sa lacération
te scarifiait la peau de son métal onctueux
Que l'orage à présent dépèce à l’hallali
le corps de notre amour et sa déréliction
mon cœur est en grisaille un nuage sali
Nous randonnions en rang d'oignons dans les égouts
de luxe où confinés les raffinements crûrent
infiniment plus vite et bien qu'un champignon
qui t'hallucine à t'incarner en ce qu'ils crurent
Et transpirant la terre exorcise une ondée
rigole un nom de ru dont je repars empli
dévale et puis démonte un plateau sans pignon
déchaîne et montre enfin tout mon retard en pluie
Damnée somme d'années nos saisons se bousculent
empruntant vers l'hiver une route trop courte
allant de notre aurore à notre crépuscule
Entre les deux le corps balance et s'évertue
d'aimer trop aimant mal émancipé du temps
qui pourtant le rattrape autant que ces vers tuent
Vicieusement le jour avance en faux-fuyant
grattant les arpégés de son compte-à-rebours
au gré des traits tirés par l'archet de nos rides
et par l'épuisement des printemps s'effeuillant
Mais dans les moissons drues blondissant au soleil
il faut du coquelicot les tâches de sang
les floraisons d'été sont des cœurs endettés
le cri de désespoir et l'agonie d'amour
Fleur de pavot fleur de pavé fleur de pas vu
pas pris par la patrouille on te renifle on flaire
en ton parfum le doux poison de l'imprévu
Sur les chemins de croix sur les chemins de fer
et les décorations de ces apparats chics
on décalcomanie le verbe à peine offert
En le cueillant rosé sur ta bouche grenat
j'ai pu décomposer ton numéro d'artiste
et retirer la chevrotine et la grenaille
incrustées dans tes yeux comme des améthystes
En vérité je t'enlaidis tu es ma belle
expulsée de mes visions tu me descends balle
antimoine excommunié je t'ai rêvée svelte
en ce trèfle où butine un papillon d'asphalte
J'aime embrasser la nuit sur les Bouches du rêve
embarrasser d'idées le delta du désir
et bâtir un barrage aux confins de l'envie
Dans ces baisers de plomb le poison sert d’appât
ta langue est de mer et tes petits seins deux îles
ignorant d'un trait ce que ma pointe dura
Du pays de ta peau j'ai défait tout empire
étirant mes déliés sur ce doux palimpseste
évitant du bélier qui confine à l'inceste
une identité qui n'est que geôle où croupir
Aujourd'hui libéré de la carte en bataille
où sommeil est angoisse où la veille est défi
je m'inscris lentement dans ta ligne de cœur
Écrivain, ma plume est le fruit de vos entailles
Maxime Sacchetto
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