mercredi 31 décembre 2014

De l'un désossé an


Pink Floyd - One Of These Days (Official Music Video) from BigDaddyAEL1964 on Vimeo.



Loin de la saint-Valentin, le désossé an
laisse la place au vide agendaire à remplir
comme une chambre à eau, comme un vaste océan,
comme un an de survie de plus à s'accomplir.

Et les lambeaux de poète en voile et en gréement,
flottent sur l'onde hertzienne et sur le numérique
où sans cesse s'empile – odieux désagrément –
une illusion de plus à d'autres chimériques.

Le compas des trois-cent-soixante-cinq degrés
de nos vies décomptées sur un cadran solaire,
nous conduit à fêter ça, de force ou de gré.

Mais la boussole et son Nord au froid si polaire,
n'indique pas l'amer de bien des océans :
Ce temps qui de l'autre a de l'un désossé an.

Amoureuse

Amoureuse by Veronique Sanson on Grooveshark


Intimement me ment mutine
la moue matutinale où t'aime
infiniment le poète In'
portraitisant ton chrysanthème.

Ô fleur d'automne atone aux tonnes,
déleste en mes versets l'averse
inouïe des poids monotones
et des compliments à l'inverse.

Je ne suis qu'un vélin moyen
des papiers que les félins veulent,
mais des traits, qu'on m'en envoie un,
j'aurai ton portrait sur ma meule.

Et, l'accent du temps défaisant,
je saurai porter le poids mort
d'écrire en plume de faisan
à défaut de paon matamore.

J'aurai le bout du bout du doigt
sur ton sourire musicien
et l'étendue que tu lui dois
à l'Avenir que l'on fait sien.

Et j'aurai tant de confessions
qu'à des fessées même en dentelles,
je n'aurai nulle concession
ni sucrerie sacramentelle.

Notre amour est une douceur,
l'image d'un joli dessert,
religieuse ou mue d'une sœur,
ce lien sans cesse nous dessert.

vendredi 26 décembre 2014

Labyrinthe

Avatar by Dead Can Dance on Grooveshark



S'il a fallu qu'un jour m'exauce
en quelques mots dits de ta bouche,
l'ardent charbon de Lymessos
que sont tes lèvres où je couche
un peu d'Homère et de Cnossos,
un peu d'amertume où se touchent
un laurier dont j'ai pris la sauce
et Toi loin dont j'ai pris la douche,
alors, ô Muse, on me désosse
à tes yeux sourds quoique infarouches,
à ton regard que tes cils haussent
lorsque l'iris est ton feu rouge.

S'il a fallu qu'on mine – oh, tort ! –
un peu des ailes d'albatros
au mythe du brillant Hector,
qu'on Andromaque un Levi-Strauss
avec la peau d'un bleu retors
dont le ciel garde un galbe atroce,
alors, à l'argent qui nous tord
dans les méandres d'une crosse,
j'attacherai tel un butor
les vertus qu'une vierge engrosse
et ce sourire en semi tore
où l'équation n'est pas de Gauss.

J'ai brisé Ys d'un Tsunami
puisque je suis le Diable en noir
et qu'il ne m'est aucune amie,
j'ai Briséis en ma mémoire
ainsi qu'un parpaing dont la mie,
ni négatif, ni dérisoire,
ourdit le complot d'infamie
dont je fus vulgaire arrosoir ;
entend mon chant qu'en cale a mis
la marée basse au laminoir
de ton sourire au doux tamis
qui m'est un serpentin de moire.

Et sur le rasoir de ton fil,
Ariane, on égraine les perles
à rebours d'une tige aphylle,
des héritages qui déferlent
en avatars qui se défilent,
en réincarnations qui hurlent
un métal fondu qui nous fêle
en clochards foutus qui nous parlent
de nos amours thanatophiles
comme au chant d'un toujours beau merle
et de mon naufrage hémophile
à ta bouche où le sang s'emperle.

Et si la larme en ta beauté
coula sur ta joue, cil ici,
je n'ai de fleuve au débotté
qui n'égale ainsi Cilicie ;
je n'ai de Troie qu'arabe ôté
d'un Proche-Orient qu'il peuple aussi,
je n'ai sirène emmaillotée
qui ne soit mienne et sans souci ;
Tes siens s'ils sont d'éternité
et les miens sans leur gras farci
pleurent aux laideurs émiettées
pied-bot de ma triste autarcie.

vendredi 19 décembre 2014

Fombeure

Let's Fall in Love by Diana Krall on Grooveshark

Maurice Fombeure, Chez Lipp avec Aline Wacrenier, poétesse désespérée...


Sur la plaque chaude à poèmes
entartinée d'un dur labeur,
tombée de son arbre à monèmes,
la noisette avait fait Fombeure.

C'était du temps des culot'courtes,
du temps des cours à Lavoisier,
Paris déclinait en yaourt
le noyau dur des cerisiers.

C'était la pluie des blancs pétales
où s'enneigeaient les joies de vivre
en tours de France à la pédale
et pour l'amour de belle Ève ivre.

C'était la terrasse à Maubert,
à l'Odéon ou Saint-Germain,
le vers de trop petit Robert,
qu'on fait à l'Académie sien.

C'était le temps de mon Pater,
le temps de sa protée jeunesse
qu'embellissait de caractères
un prof' aux proses en prouesses.

C'était le Paname à Doisneau,
aux fabricants de Poésie
qui, dans les rues petits moineaux
usinaient du Maïakovski !

À quand le retour de Villon ?
des malandrins pillant Nothomb ?
En ce temps-là nous surveillions
de leurs concerts les pluies qui tombent.

En ce temps-là vivait Fombeure
et les chanteurs de mots français ;
et si ça compte pour du beurre,
aujourd'hui faut-il dégraisser ?

Sur la plaque chaude à poèmes
entartinée d'un dur labeur,
tombée de son arbre à monèmes,
la noisette avait fait Fombeure.

Entre la poêle et le poète
il n'est qu'un trait horizontal,
un petit trait tout isohyète,
qui passe du cul au frontal.

samedi 13 décembre 2014

Femalware

The Promised Womb by Dead Can Dance on Grooveshark



I wrote among the worlds one who looked like your smile,
A river was growing, your mouth is the last mile,
I drew the dream of you more than a cloud could rain,
And you're still showering poor part of flowered brain.

In the garden's corner of your lovely look
Is a tree I've never climbed except in a book ;
I just have seen the little curve under your nose,
It told me so much things that here nobody knows.

It told me lot of legends on the finger tip
I put here for your words above your sweety lip,
It told me that I met this love in a long past.

I'm sure I was the first, I'm sure I'll be the last,
Your face is credence against all odds in chance,
And we're two boats on sea just overlinked by chains.

mercredi 10 décembre 2014

Yggdrasil



Épuisez les possibilités d'un exil,
et puisez l'eau de ce moulin sur ma parole,
et puis c'est de ce jet poussé tout en corolle
que jaillira l'idée de mon arbre Yggdrasil.

Dans son tronc sera mon Présent calaminé
par mon Passé dont s'entrelacent ses racines,
au point de rejoindre en descente de sa cime
les trois branches qu'en Avenir il a mimé.

Changer c'est se recommencer sans cesser d'être,
c'est renaître de sa propre sève à l'inverse ;
c'est usiner son univers d'un bois de hêtre.

Muer c'est se défaire enfin des fouets, des chaînes,
c'est se laver comme mon arbre d'une averse,
et grandir en notre terre comme un chêne.


dimanche 7 décembre 2014

Big Love




Des éclats d'horizons brisés comme des planches,
j'ai les échardes du couchant sanguinolent
plantées dans mon péricarde – air au piano lent –
dont les disharmonies sont plus noires que blanches.

L'Avenir est mensonge et sa perspective use,
au seul Présent reviennent les secondes mortes
qui comme les peaux de la Mue peu m'importent,
mais me guident – qui sait ? – vers quelque dive Muse.

Et quand bien j'en serais la folle incarnation,
je me suis écorché de ce Grand Amour mûr
qui ne répond jamais à nos incantations.

Je me suis faufilé dans les toiles de Maîtres
afin d'y retrouver cette amie qu'on emmure.
Je n'y ai décelé que mon meurtre à commettre.

dimanche 23 novembre 2014

L'Apo' mira beau

Sour Times by Portishead on Grooveshark



Passent les siècles et les millénaires
Et nos fantômes
Écrivent-ils binaire
sous la peau mi-rabots coulent les nerfs

Vienne l'ennui sombre horreur
S'écoule en nuit mon humeur

De nous j'ai bu le Spleen adoucissant
Pendant l'orage
où turbulait l'encens
de tes parfums battus évanescents

Vienne l'ennui sombre horreur
S'écoule en nuit mon humeur

L'odeur s'en va de ta fleur assassine
Le cœur d'Eva
Browning et Josacine
et ce cyanure où mort eut pris Racine

Vienne l'ennui sombre horreur
S'écoule en nuit mon humeur

Passent les siècles et les millénaires
L'entrain de mon
fantôme en caténaire
sous la peau mi-rabots coulent les nerfs

Vienne l'ennui sombre horreur
S'écoule en nuit mon humeur

vendredi 21 novembre 2014

Automne au bord de mer

Everybody's Gotta Learn Sometime by Beck on Grooveshark



L'été – comme en soins palliatifs –
meurt lentement en fin d'octobre.
On repousse un hiver hâtif
à coups de soirées si peu sobres...
On se laisse transir enfin
des dernières tiédeurs marines,
tant l'automne est dur à leurs faims,
tant ma tonne au vau s'amarine.

Ce qui me décale un peu sèche
et mon architecture est morte
autant que l'est un os de seiche :
mon gynécée sans cesse avorte !
Ni clef de Sol, ni clef de voûte,
d'essai sont mes coups dans la gueule,
des saisons ton parfum m'envoute :
ma plume enfin de Toi dégueule.

J'ai voulu dire un Océan
que ton iris en bleu décèle,
que ton regard déstructurant
habille avec sa bleue vaisselle,
j'ai voulu mordre en ton artère
un sang-réal et disloqué
qu'en vain empire et brûlée terre,
tu me vendis comme un hoquet.

D'étés égarés en novembre,
on garde le brin de chaleur
d'une maîtresse qui se cambre
afin de nuire à nos froideurs.
On garde en bouche ses baisers
et son Arctique œil que les Huns
diraient dévaster sans biaiser
les prés des cieux céruléens.

lundi 27 octobre 2014

Kaleidoscope

Shine On You Crazy Diamond (Parts 1-5) by Juli4ns Pink Floyd on Grooveshark



À Pascale,

Je vécus ta Jeunesse, emballé par ton pouls,
par l'élan de promesse où nos mots s'emmêlaient,
où nos corps virginaux que nos deux sangs mêlaient,
se prirent au panneau d'improbables époux.

Toutefois m'est l'image en multiples tessons
de ce passé, dommage, on l'eut dit de cristal,
qui naquit dans le sable avant que ne s'installe
une optique infaisable, or nous rapetissons.

J'ai deux nuits d'Occident pour mémoire éraflée,
j'ai des nuées d'accidents, ricochets d'une entaille
dans les blancs cerisiers des printemps en bataille,
en plein cœur du brasier qui nous prit pour reflet.

Ainsi va de deux Astres qui se télescopent,
ainsi vont les désastres comme des suicides
où l'amour sacrifié n'est plus que Pomme acide
et Tableau scarifié d'un Kaléidoscope.

mardi 21 octobre 2014

Bleu-fontaine


On s'en peignait les yeux, des fenêtres les paupières,
nous les logis des cieux humides et celtiques,
on s'en baisait volets sous les pluies de Saint Pierre
avec un ton marine aux thons apoplectiques.

On s'en peignait les cheveux d'ange et le goémon,
on s'en payait bien peu, rien que le fond des pots
dont on bleutait la ventre à nos Lautréamont,
à nos bateaux saoulés par le sel en dépôt.

De ce lavis, la vie qui protégeait les coques,
était aussi le fard à phare et à bicoques,
et ressemblait au bleu des vierges aux fontaines.

J'ai vécu dans un corps de ferme en Cap Sizun,
lors d'une incarnation précédente, incertaine,
et j'en garde le souvenir d'un bleu raisin.

Songe d'une nuit d'automne


« Je vivrais des hivers sans espoir d'agonir »
me chantait immortelle une fée nostalgique,
rien n'est à regretter s'il n'est rien à venir,
mes esprits ont besoin d'un bon vieil antalgique !

« Mais si tu m'aimais, poète, en me donnant la vie
de tes vers embaumés, tu ferais dégriffage ! »
Si je réveille mes fantômes à l'envi,
ce n'est pas pour qu'ils couchent dans mon sarcophage.

« Petit-fils de Villon, j'ai besoin de ton corps
de texte, afin de jouir d'une existence incluse
en celui d'une Gorgone et d'une Méduse. »

Je te laisse ce Graal en guise d'un accord,
et le vin qu'il contient : de Guise il fit trancher
le cou, haineux coulant de l'encre des tranchées.

Diérèse, diurèse


J'ai pondu des euphémismes tonitruant
dans l'espoir de t'amadouer sans l'être moi-même
- en effet : d'amant doué n'étais-je que truand -
les rançons sont faussées si tu dis que tu m'aimes...

J'ai porté le chapeau des affaires de cœur,
supporté l'ineptie de celle où sombre Eros,
j'en garde à mon visage un sourire moqueur,
aux lèvres de ton sexe un appétit féroce.

Nous frottons le génie de la lampe éclectique
depuis les décennies flétries des dix-sept ans
fossilisés par la vieillesse qui s'étend.

Nous arborons le badge honni de nos viatiques
à l'existence en survivance, en haut du front,
comme le troisième œil dont l'airain fut néphron.

Enfantillage

− Caitlin Triall by Alan Stivell on Grooveshark



Comment s'est-on perdu en croyant perdre l'autre ?
Comment s'est-on soi-même illusionné d'un dû
qui n'est pas vraiment nôtre et nous mène en bohème ?
Puis quelle âme éperdue pour laquelle on se vautre,
amputée du « je m'aime » et des sursis indus,
fit que « Je » fut un autre et la vie son poème ?

On parcourut l'inverse allant à l'aiguillage,
en se les écorchant, nos « Je-Nous » de traverse,
abus de babillage aussi prêchi-prêchant,
mais tissant notre herse en un ténu maillage.
Dupont le vit touchant, Durant une autre averse :
le Graal - Enfantillage – est notre être attachant.

samedi 18 octobre 2014

Paris Indien (republication d'un texte d'octobre 2005)

Radiohead - Creep (Version Animada) from Steven Ortiz on Vimeo.


Le joli mois d'Octobre quand il fait beau,
Quand il fait chaud,
Quand dans la rousseur des arbres parisiens,
Le soleil tâche d'or d'été indien
Les couleurs passantes de nos peaux.
D'inappropriées tenues ressortent
Avec les filles du quartier latin,
Et de leur décolletés sortent
Des canicules déjà loin...
Sur l'île Saint Louis, sur celle de la Cité,
L'accordéon aussi survit à son été.
Je regarde avec envie les amoureux,
Par la chaleur unis dans leurs bateaux de feu ;
Les squares baptismaux leurs sont dévolus,
Et les amours font mouche à chaque coin de rue !
Elle est belle la fontaine Saint Michel !
Tu trouves pas ?
Je voudrais que tu l'appelles
La fontaine Saint Moi !
En souvenir de tout ça,
En souvenir de nos Sahel,
De nos déserts qui n'ont entendu d'appel
Que les échos lointains qui m'éloignent de Toi...
Mais quelle tristesse résiste à ces jours ?
Lorsque le ciel clément nous remplit d'alentours,
De bruits de voitures, de bousculades heureuses,
Qui peuplent mes mots de vitalité rieuse.
Elle est la ville-lumière naturelle,
Quand Notre-Dame rougeoyante au couchant,
Renvoie à nos yeux dans sa teinte pastel
Celui qui dans la Seine la noie doucement.
Paris, d'une couleur Orangina-grenadine,
Dans les bistrots, ça s'appelle bien un indien !
Paris-cigale, avant l'hiver se dandine,
Moi, je l'appelle Paris-Indien !
Le pont des arts est surpeuplé...
Et j'en grille une et je m'assieds.
Une jolie fille est concentrée,
Car elle dessine et s'y croirait.
Il y a ses rêves dans ses traits
De tant de beauté reflétée,
Laissons l'artiste imaginée
Baigner dans l'onde de clarté.
Pas un nuage sur Paris,
Les vers de Vladimir Maïakovski,
Et peu à peu s'étend la nuit,
Et peu à peu je me revis,
Et pas à pas ma poésie,
Avance comme dans Paris,
Avance comme dans ce train,
Puisqu'en Bretagne je reviens,
Laissant les quais, les bouquinistes,
Laissant le Louvre et les artistes,
Laissant la fontaine et mon Saint,
Laissant aussi Paris-Indien.

samedi 4 octobre 2014

As trop logique



On My Shoulders by The Dø on Grooveshark


Elle était écrite comme un roman-photo,
comme un hypocrite écho mis sur sa beauté,
tandis qu'aucune tare ayant fait défaut tôt
ne vint souiller l'hectare à la cour qu'elle m'ôtait.

C'était un océan dans un jardin anglais,
une sphère au séant qui l'embroche et l'égorge,
une planète entière où j'étais déréglé
de cet écart en tiers dont mes phrases regorgent.

Elle était sculptée dans le marbre de mes mots
- ma Galatée m'aidant pour mordre mieux la mort
du taureau de la vie que mate un matamore.

Elle était à l'envi l'été des gémeaux
qu'on défonce au bélier à défaut de poison,
que je ne peux délier de ce fuyant poisson.

dimanche 28 septembre 2014

Crépuscule marin

Colours in the Clouds by Alexandre Desplat on Grooveshark



La rose heure attendue du marin crépuscule
a le teint haletant de ta peau palpitante
et finement tendue dans le temps de l'attente
où se pose hésitant tout baiser minuscule.

Puis d'un zeste orangé, l'Azur hyalin bascule
en un chaos coloré cumulant cent pourpres
tel un geste haut rangé lorsque tes joues s'empourprent,
tant l'astre racole en raies, la mer l'émascule.

Et dans l'obscurité que tes cheveux bousculent,
dans cette nuit de sable aux armoiries obscures,
je lis l'ordre hérité de longues sinécures ;

oui, gêné, ah, je lis – céleste corpuscule -
un passage passable enivré de l'étoile
où tu brilles, Folie déposée sur ma toile.

dimanche 21 septembre 2014

Dépendre

Você abusou by Vinícius de Moraes on Grooveshark



J'aérostate un peu du bleu de tes grands yeux
pour chasser les spectres pourchassés par mes soins,
et les divinités mineures, Ô grands Dieux,
ouverts sur ta nuit blanche où j'épuise un besoin

De Toi
Sans toit
Pourquoi ?
Pour qu'oient
Ma Foi
(ma foi)
Les mécréants
Le baiser de ta bouche sur mes créances
Le goût de ton sein par-dessus mes croyances
Et m'écrivant
La plume de ton envol
Vers mes Vers que ta beauté me vole.

Je caresse à l'index, les lignes et les traits
infiniment lissés de ton visage offert
aux vindictes de l'ombre où n'est plus l'attrait
de la lumière issue d'un paradis d'enfer.

M'aimes-tu ?
C'est fort peu possible
C'est fort peu plausible
Même têtu
Il ne sert à rien d'aimer en contrefaçon
Ni de tordre son palpitant dans un colimaçon
Où résonneraient
De mon cœur les arrêts
Pour tes hésitations
Sur nos hémi-stations.

Mon joli guide a la main sur les brûlants rênes
avec lesquels – la corde au cou – je suis pendu
comme un verbe à sa lèvre et mon chant à sirène :
jamais je n'aurais d'une autre autant dépendu.

jeudi 11 septembre 2014

Haut Cyprès

One Tree Hill by U2 on Grooveshark



Je ne t'ai jamais vue Lumière d'aussi près
qu'en cette fin d'été, ce début d'équinoxe,
qu'en ce reflet sur le rameau d'un haut cyprès,
qu'une rousseur incendie de ce paradoxe.

Tu as pris racine en mon corps, Lumière indue,
pareille à l'arbre à l'ombre étendue sur la dune
enceinte en son étranglement jusqu'à la rue,
et dont les enchevêtrements me sont des runes.

Je les décrypte avec patience et sensations,
insoucieux de tous les vains chargements de sable
emportés par les vents des dimensions passables.

Je les décode ainsi, les incrémentations,
qui poussent des bourgeons jusqu'à ses radicules,
un géant impotent à fuir le ridicule.

mercredi 3 septembre 2014

Les amants du Pont-Neuf (republication)




Combien d'aveugles et combien de dissidents,
S'aimeront comme eux de cet amour sans serments,
Et combien d'époques suffiront au présent
Pour ensevelir leurs peines et leurs tourments ?
Combien de clochardises et de camisoles
Devront enfiler les spectres de nos toquades,
Pour que chacun se dise, au nom de leur symbole,
Qu'au Pont Neuf, il est Seine qui coule en cascade :

Et de ces gerbes d'eau,
                                  Par leur cœurs soulevées,
Gerbes de feux nouveaux,
                                 Tous ces pétards mouillés,
Et des gerbes de rots,
                                            Des amants avinés,
Ne restent que les mots,
                                    Qu'ils ont su prononcer !

Leurs mots d'amour,
                           Si évidents,
                                          Si simplissimes...
Pour que « toujours »,
              Oui ! Par moments,
                                    avec « nous » rime...
Fruits d'autres jours,
                   D'autres néants,
                                         De pantomimes,
Dans des atours,
              Des haillons blancs,
                                           Sublimissimes !

A cheval, Henri IV !
                           Et nous, dessus, derrière !
En l'air, de ses fers, quatre !
                            Fouettons-lui le derrière !
Sa monture acariâtre,
                       Nous prend en croupe fière,
Pour d'autres feux dont l'âtre
                               Et l'être sont des frères.

Chevauchons fous !
                       D'incertitudes,
                                        D'incohérences !
Tuons en nous,
                       Les habitudes,
                                      Les dépendances...
Agrippons-nous,
                       Aux solitudes,
                                          Et à la chance,
Près du pont mou,
                    Sur le bras Sud,
                                     La vie commence !

Quai des grands augustins,
                           Les bouquinistes pleurent,
Et dans ses draps de lin,
                                     Enveloppé de peur,
Le Pont Neuf se contient,
                                De Seine et de vapeurs,
De fontaine et de seins,
                              Michel est tout en sueurs...

Combien d'aveugles et combien de décédants,
Mourront encore au pieds de ses quelques segments ?
Nourriront encor de rêves évanescents,
Le Pont Neuf dont le fleuve coule impénitent ?

J'aime tant ces amants dont on croit, dont on rêve,
Que de leur ressembler, s'il fallait qu'on en crève,
Je te dirais "banco", pour que tu sois ma loi,
Et que l'arche du pont soit celle de tes bras...

samedi 30 août 2014

Peter Pan

L'Absente by Yann Tiersen on Grooveshark


Lorsque je me pose ainsi
devant le rectangle imaginaire
d'une feuille qui n'a pas pied
j'essaie de rêver de visions enfantines
où l'adulte hypocrisie n'a papier
que de pointillés et de lignes à franchir
et de marges au bord de la crise de nerfs
qui viennent affranchir
les dents des timbres dont l'émail et la dentine
absorbent les traits de la Joconde de Vinci.
Rien ne doit plus ressembler à cet environnement mesquin :
le ciel gris se doit d'être bleu
et le ciel bleu de pouvoir s'effondrer
des dragons chassent des dragonnes aux bras des militaires
lorsque le ciel est couleur d'opium
et que fumante
ma gitane maïs
mon ananas, mon Anaïs
explore un peu les rues de Guerlesquin
aux frontières de mon Finistère
si loin de l'Orient dont les consortiums
conçoivent des amantes
religieuses
rencontrées
par des saints sans soutien – Georges -
dont les destriers aux chemins sableux
marquent le pas de façon contagieuse
attirés par des pains de sucre d'orge.
Si mon pays de Cocagne est une Utopie
c'est qu'à Troie, en quatorze-cent-seize
je découvris les suites de Fibonacci
qui mènent au Nombre d'Or
c'était avec l'ancêtre d'Heinrich Schliemann
- un autre rêveur pour lequel les esprits très étroits foncent
aise -
en rêvant, bon nombre dort -
mais Schliemann rêvait les yeux ouverts
comme j'ai souvent rêvé de vos yeux verts
depuis les miens couleur de ronces
ou de ceux si noirs d'une Anaïs tant ottomane.
Ainsi vont mes Anathèmes et mes Anatolies
mes sites isolés où les guerres n'ont jamais lieu
mes muses manchotes dont la Milo n'est pas la plus jolie
mes absurdités qui font de mon point cardinal un Richelieu
et ma propension certaine à l'incongru
qui laisse la douleur à la porte de la raison
comme une migraine qu'un congre eut
pour une murène en panne d'oraison.

Quitter le plancher des vaches
qui rient
de leurs vacheries
et extirper d'un geste un peu bravache
la moelle de l'existence
de l'os inhérent à chaque épreuve.
Voler au plafond des crânes
les toiles de maîtres
dont l'étoile d'art est née
dont les doigts, le dard aîné
manipulent les pinceaux à mettre
entre les pinces crocodiles pleurant les filigranes
des courts-circuits aux résistances
éprouvés par le manque de preuves.
Plonger au plus profond
des eaux fermées par les belles toilettes
et par les beaux miroirs dont le tain se fond
aux abysses ultramarines où gisent les fines goélettes.

Donnez moi votre attention l'espace d'un rectangle blanc
qu'il soit de papier ou de pixels
l'encre n'y fait pas semblant
mais y mêle la poudre au sel
et vos enfances à vos néants
vos multitudes
vos solitudes
vos mises en scène haïes
vos déserts du Sinaï
et vos pays de Canaan
l'encre y coule comme le Fleuve Jourdain
et comme le Bourgeois de Jean-Baptiste Poquelin
la prose y coule à grand recours de vers
que vous garderez par devers.
Souvent je songe à Dewaere
à son suicide inexplicable
à cet affreux papier de verre
qui gratte aux coins de ce qui nous accable
et contre lequel il faut créer des ponts fictifs
et parfois des souliers de vair
et toujours des gréements affectifs
de Calais à Dover.
Je possède entre mes mains
le vœu d'une flottille en glaise
je m'efforce à la pétrir au mieux
afin de vous mener en bateau
au gré des mots qui peu ou prou vous plaisent
quoique le gré mentisse auparavant
quoique le gréement tisse aussi nos lendemains
quoique l'on laisse à part au vent
ce sont autant de tous ces ex-voto
que l'on retrouve agrippés à nos pieux
dans les longues nuits qui nous évadent du réel
lorsqu'ils s'en vont voguer tout près de l'arc-en-ciel
à des années-lumière du jour
dans l'espace-temps que je digère
aux battements du cœur-tambour
qui dans ma plume protubère.

mardi 26 août 2014

Larron dit

Cargo culte by Serge Gainsbourg on Grooveshark



Les nuages roses ont embarbapapé
le suc indélicat de mes fleurs carnassières,
et je me suis senti tel un barbare happé
par l'eau de la civilisation vacancière.

Flottant dans le couchant d'un tiède soir d'été,
mon esprit divaguait sur une Montgolfière
gonflée comme l'art - sein que je voulais téter -
volant à tire-d'aile où l'étalage est fier.

Car, escrocs débouchés, nous écoutons, poètes,
le tintement des cloches des couleurs des cieux
et du trésor du char solaire en son essieu.

Alors, Seigneur, je me demande qui vous êtes,
car je ne suis chrétien qu'en fonction de mes plaies ;
sans nom, ne prenez pas la peine de m'ép'ler.

dimanche 24 août 2014

Carnaval

Seamus by Juli4ns Pink Floyd on Grooveshark


S'il faut changer, comment renaître ?
S'il faut des vides au néant
passer des chaînes à un être
et des essences au néon,
comment tailler d'un bois de hêtre
une entaille en un corps béant,
pour soudain enfin apparaître
avec un cœur accordéon ?

De mes hivers accumulés
en blancs moutons accro' d'un lourd
passé qui m'est au cul mulet,
je garde en un gant de velours
les doigts d'acier sur mes artères
et les faux angles incarnés
par les tranchées qui font d'art taire
un peu des trous d'où regard naît.

Car nos visages sont des masques
incrémentés par nos pensées,
des champignons ayant même asque
à revendiquer insensés,
au ciel pluvieux, mélancolique,
où nous puisons notre encre émue
par les misères alcooliques
d'un cocu boulanger : Raimu.

Ressac

A Pillow of Winds by Juli4ns Pink Floyd on Grooveshark



J'aime bien le son du ressac
sur d'acérés rocs en rescousse
aux dunes suant sec au sac
quand l'onde les pille en secousses.
J'aime - remontant des abysses -
la profonde respiration
de l'enfumeur de cannabis
qu'est l'Océan. Fascination.

J'erre au long cours des promenades,
sous l'ardeur d'un soleil marin,
sur un estran de limonade
ourlé de thym, de romarin.

Et je rebondis sur des mots
comme sur des galets de jade,
qui peuplent ma plage d'émaux,
de lys, de soufre et d'orangeades.

Le suc des sèves onctueuses
- pins parasols, tamariniers,
cyprès, et l'if aux baies tueuses -
met Baudelaire en marinier
(et beaux délais en marinière,
ô l'écrivain plein de manières !)

La jeune femme aux jolis seins,
mûrs sont ses fruits : concupiscence !
À chaque abeille habile essaim,
la couleur miel peint l'indécence.


Ainsi vont les flots de la Manche
et leurs fins sables irisés,
les maillots de bain du dimanche
et de l'écume les risées.

J'erre au grand cœur de ma saison :
l'été brûlant des phylactères
œuvrant avec ma déraison
sur le métier des caractères.

Dune

San Tropez by Juli4ns Pink Floyd on Grooveshark



Je l'ai cherchée sans fin ma planète de sable,
dont j'ai senti la faim mais dont j'avais la soif,
dont l'envie que je nie m'est indéfinissable,
dont mon pauvre génie m'est encore en carafe.

Puis je me suis penché sur le balcon d'azur
où ma langue épanchée but les mots sur-marins,
pour laisser ma main droite à la si lisse usure
qu'en une plage étroite on me brisa les reins.

Lors, ver nu, vers boiteux, j'ai rampé dans la rime,
dans l'art calamiteux du désert littéraire,
puis dans l'anonymat du désert éponyme
on mit un cinéma sur mon itinéraire...

Ici, je suis l'ami des chats fous des rochers,
mes phrases sont la mie des pains de glace ignée
sur laquelle j'alunis, ayant décroché :
oublié sur ma Dune je me sens moins niais.

samedi 23 août 2014

Didon

New Year’s Day by U2 on Grooveshark



"...This is the golden age,
And gold is the reason
For the wars we wage..."
Bono Vox


Les régimes et les murailles,
quoique serpentines murènes
dans leurs agressifs de corail,
s'effondrent comme les arènes
des vains empires tyranniques
qui les conduisent aux extrêmes,
des vaccins antitétaniques
aux parasites monotrèmes.

Alors, Beauté, vous vous levâtes
tel un soleil énucléé,
et me nouant comme cravate
la corde au clou dont la clé est,
J'ouvris les yeux sur les accords
des partitions de territoire,
et sur le galbe de ce corps
dont un pays m'est l'écritoire.

Je sais entre nous l'écart d'age,
réincarnation trop unique
en fait, d'Elyssa de Carthage
et d'autres princesses puniques ;
je sais le vert des émeraudes,
des couleurs de la Tunisie,
et d'ors qui comme j'aime rodent
en Didon dont j'ai l'hérésie.