jeudi 20 juin 2013

Menez Are (texte de 2007)

Rince Briotanach by Clannad on Grooveshark


Monde à raies qui est à cran,
A crins, à craintes et à cran d'arrêt,
Spectral dans les couleurs d'un rayon blanc,
Arc-en-ciel lorsqu'il pleut, monts d'Arrée,
Comme un soleil qui fait ce qu'il peut
Pour y survivre un tant soit peu...
C'est un désert triangulé par trois lieux-dits,
Où les landes ont des airs de malappris,
C'est une Irlande sans dessert, sans cerisiers,
Sans autres arbres qui de Brocéliande sont restés...
On en trouve à Huelgoat,
Plantés un peu comme à la hâte
Sur des chaos de rochers décombrants,
Et de mes œuvres, en lettres, fantasmant.
J'ai aimé écrire,
                       Jusque dans son café littéraire,
                                                                     Pour qui ?
Puisque de mourir,
                    Restent tous nos mots funéraires,
                                                                      Écrits...
Et tout ce que l'on brasse part !
Des monts d'Arrée, j'aime le dénuement laxatif.
Je suis un traîneur des Connemara de Brasparts,
Je fuis les plaisirs faciles et le luxe hâtif.
C'est en pauvre cowboy solitaire
Que je voulais vous parler de mon Far West,
De ses légendes et de ses mystères
Dont ses bruyères odorantes empestent.
Sous la grande antenne du Roc'h Tregudon,
Sous son odeur de plastic brûlé,
Puisque enfant, privé de télé, enfant breton,
Je me souviens encor de l'attentat du FLB,
Puisque nous ne sommes pas français dans l'âme,
Puisque c'est ici que je travaille aujourd'hui,
Laissez-moi rallumer cette flamme
Pour que brillent aux cieux les hermines affranchies !
Nous ne sommes pas un peuple mineur.
Nous avons les plus vieilles montagnes du monde !
D'un monde à raies qui peut faire peur,
De nos profils indiens que d'aucuns sondent,
Et de cette infinie douceur

Dont mes bras sont l'attendue fronde.

mardi 18 juin 2013

La presqu'île de Rhuys (texte de 2007)

Irish Jig by Gwendal on Grooveshark


à toutes celles et à tous ceux qui en sont,


Aux dresseurs de décors marins,
au Dreyer de ce cinéma triste,
aux draisines du transcybérien,
au très bleu de tes yeux s'il existe,
aux dreyfusards de mes procès vains,
je dédierai ces mots qui subsistent
et s'agencent en un doux refrain,
d'un soir de Mai, mémoire persiste...

C'était au croustillant Crouesty,
joli port en escale impudique,
jolis corps, moless' cale à tout prix
deux amants sur un seul banc public,
sous soleil accouchant d'un esprit
qui, laissant de côté la critique,
laissait là deux p'tits coeurs tout épris
se bercer à la même musique...

Puis vint la Lune turque à la nuit,
croissant menteur qui croît en son D,
coinçant entre ses pointes, sans bruit,
l'éclatante étoile du berger ;
voulait-on échapper à l'ennui
quand sous elle l'on s'est embrassés ?
A Port Navalo, quand s'est enfuie
la Lune, on était encor scellés...

Laissant la cale à l'amer, l'amour
nous conduisit près du moulin mer,
et des moteurs qui prennent des tours
réchauffaient notre nid éphémère,
où je crus que c'était pour toujours
comme on cuit de soleils nécessaires,
où tu sus me donner, sans détours,
le doux rêve d'une vie entière...

Des promesses que l'on se faisait
peu après la rencontre fatale,
de nos amours qui en découlaient
comme coulent deux sources étales,
des attentions, si tu te défiais,
comme de mes craintes animales,
Audrey, quand bien même j'eus mal fait,
tu sais bien, je n'ai pas fait le mal...

Alors, de la presqu'île de Rhuys,
je garde le souvenir fiévreux
d'un beau visage tel une esquisse
qui la reflète en tes grands yeux bleus,
comme un miroir de ces mers qui bruissent
d'un Golfe et d'un océan radieux,
de tes taches que les sels roussissent
sur ton sourire, aux larmes d'adieux.

jeudi 6 juin 2013

mon dernier contrepet foireux


"la qualité de deux calicots."


un indice :


lundi 3 juin 2013

Le bon Grain

Get Out of My House by Kate Bush on Grooveshark


J'étais le scarabée de Cléopâtre infirme,
le berger bouche bée de puissants hiéroglyphes,
lui tendant le serpent de deux mots qu'on infirme
dans la langue bifide errant d'arabe en juif...

Une fois ma carapace d'opprobre ôtée,
Je me sentis serti de deux ongles d'acier,
fuyant d'une encre imprégnant le grain débotté
de notre page blanche aux dix traits émaciés.

J'en ai moulu des baux, « Ta » belle en Revolver
louée dans des beaux bals, mû des mille et des cents,
sans démentir l'adage où l'on écrit des vers
verts des cris d'age las quand le tourment descend...

J'en ai voulu des bas sur des cuisses altières,
des bas-fonds sulfureux où le stupre est faction !
Les femmes sont l'essence absolue de la Pierre
qui roule en écrasant les grains de notre action.

Ma Cléopâtre infirme avait perdu les bras
(qui lui étaient tombés de tant d'absurdités),
je lui avais meulé d'un Abracadabra,
les courbes de Milo dans mes vers édités...

J'étais un Pygmalion mais n'avais rien d'un Tigre,
je sculptais mon ego dans le miroir de l'Autre,
à présent s'il s'en va, en le suivant j'émigre :
le fleuve à mon image est un ruisseau d'épeautre.