samedi 30 mars 2024

L'équilibristre



L'Amour est un équilibriste allant chuter

bien trop souvent il est marteau sans ses faux-cils

et nous savons d’un funambule où culbuter


Ce petit fil est faible et le trancher facile

il est ligne devis facture azimutée

c’est le prix à payer pour un parfait fossile


Or en argent content j’ai besoin de témoins

pour assumer le fait que l’on accepte fuite

un prix de l'existence est au creux de ta main

je compose à deux doigts d'arrêter cette suite


Écrire est ma façon d'offrir une émotion

j'ai trop rêvé ma vie dont le film est redondant

l'attirance est une étrange et trouble invention

qui me fait inventer un espace évident 

mercredi 27 mars 2024

Le paravent des rêves

 


Chaque instant de nos vies marque un pas merveilleux

qui nous entraîne ainsi loin d’un monde inhumain

dans les contrées du rêve et des cieux sourcilleux


Puis suivant le destin cherchant ce dénuement

de la guerre à la Tapisserie de Bayeux

tout s'achève en chemin dans le creux de nos mains


Je suis le fruit du froid de ceux qui ont eu chaud

je n’ai plus que du bleu pour parler de mes lieux

je n’ai plus que du rouge en guise de cachot

je vois du bord de l’eau qu’un blanc sombre au milieu


J’écris ces mots qui sonnent comme un oxymore

alors en vérité j’y travaille sans trêve

exister c'est parier contre un instinct de mort

où la nuit n'est que le paravent de nos rêves

vendredi 22 mars 2024

Un instant d'hésitation



La pluie qui tombe est une horloge des retards

et de tous les maux dont nous avions débattu

de la morale humide et de ses avatars


Elle est la source inouïe qui nous a revêtus

d’alexandrins coulant dans un courant bâtard

à nos divagations reste un chemin battu


L'obscurité s'étend quand plus rien ne s'entend

s’aimer c'est partager en grand des convictions

mais peut-on bien s’aimer sans jamais s’aimer tant

chaque attirance est un instant d'hésitation


La Poésie c'est condenser dans un seul vers

un infini brillant de possibilités

d’un sentiment construire un immense univers

en le départageant d’invincibilité

lundi 18 mars 2024

Le concert des nations

 


Si la beauté se cueille à la main du regard

elle est le fruit charnu de l'imagination

d’un cerveau qui mûrit sans trucage et sans fard


Et l’écriture inclut dans sa pagination

les notes de musique alimentant le phare

illuminé guidant le concert des nations


J'écris sans fin j'écris sans faim j'écris sans feindre

il y a mon amoureuse au bout de ma ligne

et par ces mots je veux parvenir à la peindre

elle est ce dont je ne sais pas me montrer digne


En pêcheur éternel on joint son humble chant

méthodique aux papiers des autres partitions

les portraits d’inconnues au miracle alléchant

d’une ultime rencontre en pleine inanition

samedi 16 mars 2024

Un autre monde

 


L'amour est l'illusion dont nous nous nourrissons

la glu dont nous collons la source et son empois

qui nous appesantisse et dont nous nous passons


Le présent fou nous conduira quoi qu'il en soit

jusqu'aux extrémités que nous anticipons

la Terre est morte et son fantôme est dans la soie


Parfois nous restons à ce point coupés du monde

exclus que nous rêvons d'en inventer un autre

éloigné de sa boue qui nous le rend immonde

en oubliant parfois qu’il est pourtant le nôtre


Embrasse moi sans cesse au creux de ma faiblesse

à chaque escale on est des bateaux-mouche à merde

essayant de chasser les scories qui nous blessent

et les humiliations s’il fallait qu’on en perde

vendredi 15 mars 2024

Cet instant d'impatience

 


L'existence est un brin d'espoir offert au vent

l’écho de la mémoire où sont nos vieux ébats

de ces passions dont nous rêvions auparavant


La nuit le désert est froid comme un célibat

tant la rose du sable inscrite au paravent

de notre nudité s’acharne à ces combats


Bien trop souvent l'amour est un balbutiement

sa fourrure arrachée comme au loup dépecé

ce présent que l’on fait comme un remerciement

l'avenir est un pointillé sur le passé


Le désir est en nous comme un instant passager

qui nous enrhume aussi — dis-moi pourquoi tu tousses —

il nous reste une trace un témoin messager

cet instant d'impatience où nous nous perdons tous

dimanche 10 mars 2024

Déchu de lit



Un ange énamouré m'a fait don de sa plume

il est tombé très bas le vol est un délit

c’était un ange inné mais c’était une enclume


Il volait dans ma tête en ma terre Adélie

sur ce pôle opposé que sans cesse on allume

à sa face caché j’étais déchu de lit


J'ai lu son beau visage et ses courbes sublimes

en écrivant son nom par dépit d'être aimé

mais dans ma Poésie les barreaux on les lime

on écrit en prison pour mieux se sublimer


Je m'interroge à son propos plus de cent fois

n'étant qu'un mécréant suis-je à ce point mauvais

je n'ai plus de croyance et n'ai plus ni loi sans foi

ni dix commandements que je puisse observer

vendredi 8 mars 2024

Navalny



Tout est la fabrication de l'Imaginaire

y compris dans le cœur au pouvoir au départ

une réécriture et qui joue sur nos nerfs


une Histoire inventée qu’un seul geste accapare

afin de nous conduire un peu plus à la guerre

afin d’orner d’un Z un anti-Léopard


On cessera d'écrire en quittant vos lectures

on cessera d’aimer sous le joug du Kremlin

la mort est bien le sceau de cette dictature

et son vampire et ses faucons sont ses Gremlins


Notre destin se livre à la puissance d'état

comme un cou condamné par une lame experte

et des têtes tranchées tout en faisant des tas

nous calculons en vain le bilan de nos pertes

mardi 5 mars 2024

Ressemblances

 


Laisse-moi t’épouser des courbes que je touche

et marier tes couleurs à ma grisaille unie

la nuit se pose ici comme un doigt sur la bouche


On est dans des états si souvent démunis

que trop tard on s’éprend que trop vite on se couche

on est bien trop naïf et si souvent puni


La nuit n'est qu'un écran qui projette nos rêves

— en esprit le désir est une interjection —

mais ou et donc or ni car au point qu’on en crève

en voulant exister de nos interactions


Ne rien dire est une façon de s'exprimer

le parti-pris de l'émotion c'est l'attirance

alors je te l’écris sur un miroir imprimé

le souvenir est fait de douces ressemblances