jeudi 27 juillet 2023

Mort d'un Dieu

 


Tous ces humains qui se voient au téléphone

oublient de se regarder les yeux dans les yeux

leur pauvre langue est sèche et leur regard aphone


Un rien mélancolique et d’un rien pernicieux

font de leur ressenti l’improbable interphone

un sentiment d'amour un objet facétieux


Le récit de tous les gens n'est fait que de mots

ces mots que je tricote et que je manipule

avec ma poésie dans de courtes démos

qui nous voient tout nus mais qui nous servent de pulls


Il n’y a pas de talent mais quelques ratures

un peu d’envie de sueur un peu d’encre à diluer

je remercie sans cesse un Dieu de l'écriture

ayant su me laisser la plume pour le tuer

mercredi 19 juillet 2023

Enclume

 


Fabriquer du rêve est devenu difficile

il paraît cependant que je forge les mots

pour une poésie la ficelle est facile


Il suffit de couver comme on cuit des émaux

ses pensées dans un four au marteau des faux-cils

aux clignements des yeux nous sommes animaux


Je regarde les cieux le lac au crépuscule

un puzzle agencé de morceaux en nuages

au soleil effondré que la lune émascule

on soustrait la lumière on détache un image


Un univers abstrait sous le vent de ma plume

envole un papillon de vers et quelques rimes

en ayant le grand poids d'où l'on bat son enclume

en ayant l’apparence allégée qui s’arrime

dimanche 9 juillet 2023

Métronome

 


Il faut savoir aimer bien quand on est un homme

en respectant tout autant le fond que les formes

en débâtant du cœur autant qu’un métronome


Il faut savoir aussi s’échapper de ces normes

abrutissant ce muscle en gonflant son sternum

un peu comme un ballon de son désir énorme


Il faut de la musique à toute relation

de l’harmonie du contrepoint quelques temps forts

et du temps faible un calme plat de la passion

pour édifier à notre histoire un contrefort


Avant que l’on s’effondre il faut la poésie

du vacarme affectif interne à endurer

toute attirance est un chemin que l'on choisit

l'amour est sans durée mais souvent sans durer

mardi 4 juillet 2023

Oubliance

 


À Victoria Amelina,


Je suis le triste héros de ma propre oubliance

entre la glace et le feu je suis morfondu

je ne suis que le fruit de cette pauvre alliance


Où les promesses d’union trop souvent font du

font l’iceberg où s’écrase une résilience

un titanique échec où l’âme est pourfendue


Quand on est à Bakhmut à deux doigts de mourir

entre les mains salies d’un boucher animal

on oublie qu’entre temps sous l’image à nourrir

on nous tue nos artistes on est au fond du Mal


Amelina Victoria morte en déjeunant

ta Poésie restera notre arche d’alliance

et dans les commandements de ce restaurant

je suis le triste héros de ma propre oubliance

dimanche 2 juillet 2023

Chien de fusil

 


J'ai rêvé d'une vie que je n'ai pas vécue

d'un avenir floral et d'un lierre étouffant

d'un passé dépecé mais qui nous troue le cul


J’ai rêvé d’un présent comme un petit enfant

le matin de Noël au pair et sans accus

sans pile et faisant face à ce qui s’en défend


De foi j'ai mis la vérité sous le tapis

j'entrelaçais les vers un peu comme un souffleur

essoufflé par un bout de chandelle et tant pis

je n’étais plus qu’un chien de fusil en ta fleur


Au fond d'un gouffre obscur on a la Poésie

garante à chaque fois d’une grande indécence

on lui doit le salut quand on est tout moisi

la constriction de l'âme est l'abandon du sens