jeudi 31 décembre 2020

Bon rêve ayons

 

Bon rêve ayons pour des lendemains qui t'enchantent
et pour des papillons qu'on démasque haut les cœurs
en oubliant la pandémie vile et méchante

Il faudra n'enterrer que les corps pas les mots
pas les morts essoufflés dont on fit la liqueur
en oubliant les liens qu'on sculpte au chalumeau

Le bruit s'entend des pas dont nous traînons les rôles
en étant sous la pluie des moments dégoûtés
mais que nous trépanons d'un cerveau sans mémoire
où les sentiments se sont trouvés déboutés

Je suis l'atome atone égrenant tes paroles
attentif à l'accent dont je sais l'entonnoir
et dont j'aime aussi bien l'ironie le cynisme
un rêve ayons dans un salvateur égoïsme

lundi 28 décembre 2020

Roxane


Je suis mort sur le chemin de la destinée
qui serpente entre tes reins comme une frontière
étant morsure et venin ton sang m'est inné

L'amour improbable est une ondée passagère
et certains contre lui déploient un parapluie
qui ne cache rien de ta beauté véligère

On t'appelle Roxane et ton cœur est celui
qu'alexandrins les grands de fantasmes nourrissent
alors qu'ils ne sont qu'un hymen en gestation
dans un ventre imagé que les années pourrissent

Et pourquoi Cyrano ? LA REPRÉSENTATION !
Nous sommes des poupées dans une maison close
et notre scène à nous, moins la prostitution
c'est de pondre en parlant la plus jolie des choses

dimanche 27 décembre 2020

L'écho du ciel

 

Parfois nous sommes inconscients
de notre attirance absolue
le temps de nos mœurs dissolues
filtre assez bien le subconscient

J'habite un endroit tempétueux
tout aux confins de notre monde
un endroit qu'aux vents impétueux
convie ma destinée féconde

Ermite un jour et barde nuit
j'ai nostalgié ces mélodies
confiées par les dieux de l'ennui
sans doutes aux bretons « Meuleudi »

J'ai pleuré des sons de piano
qui fendait l'âme au bois des luttes
et j'ai foré comme un anneau
l'aubier qu'un cœur électrocute

Enfin soucieux de t'entrevoir
enfin l'état d'être amoureux
— l'état totalitaire « avoir » —
usurpera l'idée d'heureux

Tout l'or que j'ai dans le regard
est le filon de tes cheveux
Mon ciel aussi sans crier gare
est dans la couleur de ces yeux

L'écho du ciel en tes mirettes
est donc un concerto pour harpe
et vers le Nord où Yeats s'arrête
en verset je tisse une écharpe

vendredi 18 décembre 2020

Femme univers

 

Je recherchais en toi la destinée fatale
le chemin que poursuit ma quête incontinente
au sein d'un interstice intercontinental

En ton monde infini dont la sphère aliénante
étirait dans l'instant mon espace vital
une étreinte assurait ma faillite imminente

En quelques tremblements qu'on enterre en des lits
j'ai volé dans des cieux dépourvus de verrous
de l'espèce en danger jusqu'en Terre Adélie
qu'en bon bandit manchot j'ai perdu « c'est vers ou ? »

C'est vers toi vois-tu que s'évertuent ces vertus
qu'on visse au crucifix de l'amour exclusif
et que ton univers — au moins t'en sers-tu ? —
sertit sa chaîne aux pieds d'un poème allusif

samedi 12 décembre 2020

La fonte déglace

 

Que serais-je et saurais-je en n'étant que vacant
si je ne sais de moi que des bribes d'émoi ?
Tout glacier qui s'effondre est un père abdiquant

Quand on fond que sait-on des névés qui larmoient ?
Dans le cycle de l'eau d'un dernier mohican
les fleuves de larme ont une source et c'est moi

Je tombe alors en pluie sur un saule pleureur
et mon chapeau de bras sur ton cou délicat
remet à la bonne heure un cœur en mal d'horreurs
et de la Poésie ta langue en reliquat

Je pépite en ta peau la rousseur attendue
pourléchant de ton sel une épice affadie
poursuivant d'arc en ciel l'écriture invaincue
la saveur ineffable où mon verbe est acquis

lundi 7 décembre 2020

Iroise

 

Je plonge en ton regard et dans son vert Iroise
immergeant mon désir au plus profond de toi
noyant mon âme usée que l'eau salée nettoie

Balançant des marées quand ces regards se croisent
on entend d'eux bruisser la mélodie des vagues
et l'écho de l'amour où la raison divague

À chaque épanchement tes sentiments m'inondent
à chacun ses récits dont les vents vagabondent
et dont les passagers fabricants de nos rêves
ont pris de notre espace un peu de ceux des grèves

Un embrun de liqueur extraite à tes beaux yeux
sans racine où l'absinthe amarine un reflet
s'est posé sur ma lèvre et son goût giroflée
m'intoxique agrément d'un navire audacieux

https://soundcloud.com/annaondu/iroise