dimanche 23 septembre 2018

La peau



La peau lecteur, la peau hésite à chaque mue
comme la poésie déchirée par trop d'amours,
et sa métamorphose aux jeux du PMU
n'est qu'une anamorphose en ses odieux labours.

Il me faut, toi lecteur, assurément t'ouvrir
au mystère absolu de la transmutation
que Nicolas Flamel eût su d'un sceau couvrir
et délivrer pourtant de toute inquisition.

La peau n'est que le masque affublant le visage
éteint de ceux dont le sourire est la grimace
ou la moue triste affichant sur ce paysage
un rictus amer et mou, d'un baiser de limace.

Et traînant — mollusque informé du triste sort
étrennant ma vie larvée sur le bord du rien —
de-ci de-là, me flétrissant sans ressort,
on me voyait compter, métronome aérien.

Compter le temps qui passe et la ride imprévue,
dont s'en suit la frayeur et la grande panique
où le Monde s'avance à perte de bévues
vers un iceberg à la façon du Titanic.

On pourrait balbutier des tas de poèmes
au sujet de cette élasticité perdue,
de la vergeture et de ce que la peau aime
indépendamment des lents jours et de leur dû.

Quoi qu'il en soit, sans passer par quatre chemins,
lorsque la mienne effleure un brin de son histoire,
à la peau de mon Amour est un Parchemin
gravé par la caresse infinie de l'espoir.

https://soundcloud.com/annaondu/la-peau

mercredi 19 septembre 2018

Tanka du 19/09/18



Marcher sur le sable
Et contre le vent nager
À contre-courant
D'air et d'embruns inondé
Flux marins impérissables

lundi 17 septembre 2018

Septembre



Lorsque le crépuscule étendant sur Septembre
une main délicate aux rousseurs étiolées,
se replie à son tour en ses nuits étoilées,
ma noirceur intimiste évaporée se cambre.

Écheveau de mon Verbe et passion de ma vie,
je me suis crucifié sur ses grilles de mots,
labyrinthes d'émois sur un grill où l'ego
bâtirait ma Babel au bois dormant d'envies.

Lorsque le crépuscule éteignant en Septembre
un été désiré comme un enfant de vair,
il nous faut distinguer de chaque endroit l'envers.

Il nous faut naviguer sur la Meuse et la Sambre
en oubliant le son de nos passions guerrières,
en oubliant le sang d'une aurore incendiaire.

https://soundcloud.com/annaondu/septembre

mercredi 12 septembre 2018

Chemin d'faire



Je t'ai pensée comme une plaie,
Passant des mois durant, l'ego
dans l'air d'un vent dont tu m'app'lais
tout en bottant dans mes légos.

Si ta beauté me statufie,
me stupéfie, me rend pas Loth,
on te voudrait comme un défi
sous mes baisers comme à Grav'lotte.

Et dans ces glauques embrassades
où l'eau fermée des grands poètes
inonde à l'encre aiguë de Sade
un désespoir anachorète,

Il me déplaît de m'oublier
sans ton fantôme envahissant,
sans ton fantasme à tout plier
de ton visage étourdissant.

Je te noierai dans mes prières
en donnant l'air d'savoir y faire,
Comme quand j'pissais après dix bières
Le long des rails du chemin d'fer.

Élongation des sentiments
— puisque la coke est un chemin
qui déraille au gré des gréements
d'un bateau ivre en parchemin.

dimanche 2 septembre 2018

Asphaltes



Je voyais du Désert une peau chamarrée,
la carapace émue d'une Terre épuisée,
dont les larmes taries par un flux trop puisé,
ruisselaient de leur sel attendant nos marées.

Là-bas, sous l'horizon des asphaltes brumeux,
J'ai cherché des raisons de prier l'inconscience
entourant de son voile un objet d'impatience
appartenant aux débris d'un fantasme écumeux.

Puis, creusant ma mémoire à la façon d'un trou,
j'ai fouillé dans son ventre un vestige amoureux
(l'ombre éclaircie de l'or en pépite en ses yeux),
je poursuis aujourd'hui de ce vice un écrou.

Je crois avoir posé sur le chemin du rêve,
un gravier fait de mots et de ressentiments,
dispersé par les roues d'un soleil véhément,
par des rayons d'enclume où se battre sans trêve.