vendredi 28 novembre 2008

Raids de corps

Les centurions cloutés d’un régime en cadence,
Flagellaient les esprits de nos brouillons vécus ;
Que l’on ploie, que l’on prie, l’on est proie dans la danse
Où l’on est entraîné par les bras et les culs.

Les jattes assoiffées des fétides aigreurs,
Contiennent bien des cris qu’un honnête bâillon,
Sur un baiser repris, ô mortelle maigreur,
Fort, fait taire enchaînés, dont on sait les maillons.

Oh ! L’impassible mue des couloirs de l’autrui
Ne fait que dure Terre aux conquérants crédules,
Qui regardent émus les pourceaux et les truies…

Alors, voie délétère (on s’oriente au pendule),
Ils suivent des rébus dont le sens est construit
De suites de chimères, en flots qui ondulent.


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vendredi 21 novembre 2008

A nos cybériennes années

A nos cybériennes années
Dont on paie enfin la patente,
A tous nos mots entremêlés
Comme deux langues haletantes,
Je lève mes vers corrompus
Aux tessons des cordes vocales,
Qui m’ont laissé le corps rompu
Et l’âme ou le cœur en escale.

A cet écran dépeint total
Par les pains sots de chaque claque,
Par la piqûre au choix létal
D’avoir ses Rome en quelques flaques,
Je veux laisser succédané
De pisse au lit dans son silo,
D’avoir assez sucé d’années,
De pissenlits et de stylos.

Aux runes en ruine et aux mots,
Coalisés dans ce grand cirque,
Où tigres et fumeux pavots,
S’affrontent en cris cathartiques,
Je me relis, homotextuel,
A la limite, en autarcique,
Oubliant l’aspect contextuel,
De mes bêtises sémantiques.

A nos années en Cybérie
Dont on ne retient que le froid,
Dont on peut pleurer, dont on rit
De tout ce temps que l’on se doit,
Je lève une armée de zéros,
De uns, de touches et de doigts,
Regroupés dans le brasero
Des illusions et de l’effroi.

mardi 18 novembre 2008

A Olivier

Si les textes maudits sont au nombre de sept,
Ci-dessous celui-ci, s’ils le suivent du reste,
Mes mémoires brûlées de la rade de Brest,
Sont ces vers égarés à ta trace secrète.

Emu dépositaire en si pesantes années,
D’eux tu me libéras en me les remettant.
Symboles que j'enterre, ayant passés tant ans,
Qui de tes noces furent leg empoisonné.

Je sais que tu y tiens, peut-être plus que moi,
Comme je tiens à ceux que tu m'avais laissés,
Comme l'on tient l'un à l'autre et sans bien le montrer,
Je prends tes mots, tu en parles si mieux, si Toi :

"Les perceptions enfouies d'une vie antalgique,
Qui feraient oublier les fers chauds des passions,
Et témoins de nos peurs mêlées d'admiration,
Nous poussent à construire éloignés, nostalgiques."

Quelle corde et quelle vibration plus intime,
Sauraient à nos doigts qui écrivent, composer
Les partitions cardiaques et les notes nées
Des instruments bornés de nos quêtes infirmes ?

Quelle négritude saurait mieux enchaîner
Les compagnons de route, à leurs verves bancales,
Les compagnons de doute au fin fond de leurs cales,
Les compagnons du verbe à leurs mots échangés ?

Alors, vieux, n'oublie pas qu'aux confins du ponant,
Il y a moi qui, de ces rimes embrassées,
Te serre sur son coeur de profonde amitié,
Rentrant dans leurs mondes, deux amis s'embrassant.