vendredi 29 septembre 2017

Pygmée




En essuyant de ma vareuse
un coin de ma narine nationale
un peu comme on colle une photo
dans un album de souvenirs
J'essuyai les grains passés avec les couleurs
les douleurs
les humiliations
les torpeurs cataclysmiques
auxquelles on promet cent ans de sommeil
aux bois verts de cerfs-volant
dont on fait des pipes à casser,
J'essuyai les plâtres esquissés
par les sculptrices de mon existence
auxquelles en me soumettant
bien plus qu'elles à ma main — Pygmalion
d'enfer (Rochereuil) —
il m'advenait de perdre mes modèles à suivre.
On est bien moins qu'un faiseur de tour
à pots cassés
lorsque l'ostracisme
a raison de vos racines
et vous a mis à pied de biche
en s'introduisant par effraction
dans les recoins de votre cerveau
dans votre intimité miteuse
et dans votre grenier créatif où peignent les araignées
d'un pinceau du temps qui dérobe les cheveux des hommes,
Lorsque les vents sont des râteaux
de merlans frits par la patrouille
à dix-sept ans
(les yeux dans l'potache)
d'huile
à défaut de terre glaise
à défaut d'amour et d'inspiration
bouche pleine de promesses absconses
en essuyant de ma vareuse
une commissure d'Elles
obsédantes ainsi que la Vie qui nous échappe
ainsi que le cinéma primitif où notre existence existe
entre deux images et sur le côté de la pellicule
un peu comme une bande son
comme une bande de cons mais à soi tout seul.
Le Pygmalion est mort ce soir.
Et pas le Capitaine !
Un capitaine est un cavalier céphalophore :
on la lui coupe — autant la chique, autant la tête —
et sous le bras s'en fait la grande aisselle
et le ménage qu'il prétend
dans les vestiges des assiettes cassées,
Car nous sommes chacun des civilisations
dont certaines sont effondrées
mais dont la splendeur des ruines n'autorise pourtant
personne à les saccager !
Regardez le Monde et ses turpitudes :
il ressemble à ses petites fourmis humaines
un peu comme une fractale
invariance d'échelle
chaos
jeunesse (« les tilleuls sentent bon sur la promenade »)
mûrissement
sénescence
(saine essence)
pourrissement
(« la forme et l'essence divine de nos amours décomposés »)
La Poésie verse une eau claire au creux d'un bénitier païen
pour célébrer ses prédictions
tandis que vivant de diction
Le tigre a tué son pygmée lion
La griffe a déchiré les petits papiers-cul
sur l'autel de la déréliction
de l'amour de ce que l'on croit beau
sur un démon ceint Michel
et sur l'abandon des prétentions tyranniques.
La vie devient belle en cessant de la violer.

mardi 19 septembre 2017

Nihilisme




Ne plus rêver, ne croire en rien,
ne plus penser ni désirer,
le grand marasme vénérien
s'est imposé, Dies Irae !
Mais dans le ventre adultérin
de ma maison mise aux arrêts,
j'ai su forger l'anneau d'airain
brisant la chaîne où son Art est.

Ne plus sculpter les effigies
des dieux humains mondialisés,
sachant leur fin car ici gît
l'anneau des reins non dialysés,
ne plus conclure à la vigie
la trajectoire à mépriser,
ni l'incroyable hémiplégie
qui nous conduit à tout briser.

Ne plus céder au moindre espoir
et cesser là de s'en bercer !
S'imaginer c'est comme boire :
on est comme un panier percé
qui, bonne pomme ou pauvre poire,
aura bon dos sous des versets
— tant qu'on s'attend à nos déboires —
aura bon dos d'en reverser.

Le Titanic
         est notre état
                       de société,
                            nous coulons sûr
et la panique
          en petits tas,
                         à satiété,
                                 sa moisissure.
Le nihilisme
        est de rigueur
                 et de coutume
                        lorsque l'on sombre.
Un fatalisme
      et son aigreur
              ont son costume
                           empli des ombres.

Ne plus générer de projets,
ni de vastes fumisteries
dont l'on rature un premier jet,
puis que l'on jette et dont on rit ;
ne plus mentir et sans objet,
se fondre en des épiceries
qui sont la ruine des gadjé
d'un Monde en sa carrosserie.

jeudi 7 septembre 2017

The indian summer's air



When fall the autumn's leaves
I could sing your beauty
But their melody leaves
In a red unity
The branch of common tree
Relapsing on your hair
Blowing in Poetry
The indian summer's air.