vendredi 23 mai 2008

Fleur de pavé

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Coquelicots au vent, mes secondes s'effeuillent,
et mes lettres d'amant, en mots dits, s'emmerveillent,
lorsque ta main se pose ainsi sur mon cercueil,
et que ma quille explose en ta bouche vermeille.

De la pointe d'un sein comme il est d'un pistil,
d'étamines enceint par la douce aréole,
j'effleure le parfum que ta peau me distille,
quand de tes bras, enfin, je ressens la corolle.

Et la rue, salissure, au doux soleil de mai,
seule issue, s'il est sûr que poussent dans la merde
les idées et les plants, dont elle est seul engrais,
nous a faits survivants pour autant qu'on s'y perde.

De nos corps allongés, nous faisons barricades,
révolutions manquées de nos deux dictatures,
nous n'avons que baisers et fébriles saccades,
pour nous mettre en danger de ce que rien ne dure.

Si, de mes poésies, en nos beaux draps froissés,
tout comme l'est le lit où je lui lis les lais,
nous croquons la cerise de lèvres blessées,
nos belles aubes grises, Verlaine m'en parlait...

Mais le rêve, aux fluxions de nos intimités,
me laisse l'émotion de ma fleur de pavot,
de ma fleur de pavé, de ma fleur pavacée,
la rue qu'on pave assez m'en a fait le cadeau !