mardi 28 novembre 2023

Dérive

 



Chaque instant de l'errance est un pas vers soi-même

et chaque amour est comme un bateau qui dérive

allant tant de l’avant que personne ne l’aime


Il fallait s’orienter rejoindre une autre rive

il fallait la porter comme on porte un emblème

et s’emporter pour elle afin que rien n’arrive


Il pleut dans ma carcasse et l'encre se dilue

la clarté d'un regard est l'éclaircie d'une âme

on la dit si fugace elle enfin se dit lue

dans ses nombreux reflets lus sur le macadam


En parlant du silence on le gâche un instant

je suis amoureux d'un idéal inconnu

je suis amoureux d’un grand amour inconstant

d’un silence absolu lorsque je la vois nue

mardi 21 novembre 2023

Château de cartes

 



Les yeux bleus sont pour moi comme un jour qui se lève

et chaque aurore éblouissante est un orgasme

un cri de joie retentissant qui se soulève


Alors en y cherchant parfois quelques sarcasmes

à coups de cauchemars ou bien à coups de rêves

on est bien seuls les prisonniers de nos fantasmes


Exister c'est penser sa vie sans dépendances

habiter sans frayeur un grand château de cartes

errer parfois sans cesse et rentrer dans la danse

enfin s’aventurer quand le rideau s’écarte


Il y a ta paupière ouverte et son présent

l’infini d’un azur inaccessible et beau

tous ces mots que j’écris ton regard écrasant

qui me ronge et qui me réduit comme un rabot

vendredi 17 novembre 2023

Au bout de tes doigts

 



Nous sommes des pays inconnus l'autre à l'un

dans notre exploration nous trouvons notre emphase

et la base à bâtir un désir alcalin


Fabriquer de l'amour avec un bout de phrase

est mon art habituel en bon petit malin

du poème en dix vers et divers en deux phases


Il faut aimer sans cesse et jamais se lasser

sur ton œil endormi j'ai touché la paupière

happé la liberté d’un corset délacé

l'amour est un tissu de sentiments contraires


Il intime à nous deux cette langue à saucer

j'ai décidé d'écrire et de marcher vers toi

chaque paragraphe est ma prière exaucée

j'ai dans un baiser l'empreinte au bout de tes doigts

dimanche 12 novembre 2023

Aux vents

 


J'ai pêché sur ta bouche un poison magnifique

et j’en ai délivré l’ultime solution

par un baiser sacré d’un suc honorifique


On s’est tant prosternés dans notre dévotion

l’un à l’autre en s’aimant qu’une épaule horrifique

a servi de leurre à mithridatisation


J'écris pour inventer l'oubli de nos pensées

l’oubli de notre amour et de sa marée basse

une vive a surgi sous nos pieds dépecés

pour enfoncer son aiguillon là dans la masse


Et nous gardons sa cicatrice inscrite en vrai

dans la chair et dans l’eau dans la vase où l’étang

paisiblement s’étend sans survivre à nos frais

nous sommes des objets livrés aux vents des temps

dimanche 5 novembre 2023

Planeur

 


J'aime assez l'altitude autant que l'attitude

et je plane albatros empêché de marcher

sur rhum ou brûle-gueule — on en a l’habitude


À deux nous sommes des tentations partagées

tandis qu’en restant seul et sans exactitudes

on n’est plus qu’un gros cœur échappé de l’archer


Ma nuisance amoureuse a des reflets d'opium

aimer c'est se lancer dans sa chute élastique

être en fait un légume adoptant Rhizobium

et tout ce qui nous pousse est un doigt qu’on mastique


Écrire en Poésie c'est s'arracher le cœur

écorcher le papier comme un vieux parchemin

palimpseste adoré si bien qu’on en meure

à force de planer jusqu’au bout du chemin


samedi 4 novembre 2023

Meilleurs

 


Le baiser ce moment d'extase auquel on rêve

(enfant déjà) quand les jeunes filles en fleur

ont le parfum si capiteux que l’on en crève


on se prend à frémir et les yeux parfois pleurent

— en effet c’est le vent qui nous pousse sans trêve

à chasser ce fantasme — il n’est rien qu’on n’effleure


Aimer c'est rêver en grand nos vies si petites

à ce point qu’on éteint ce qu’on nomme intuition

pour aboutir un soir en risquant l’hépatite

ô nuit ne t'étend pas en objet de passion


Je sais tu n’aimes pas ces mots de poète ivre

ils sont pourtant présents dans ton regard anxieux

dépérir en souffrant c'est oublier de vivre

inventons-nous ailleurs et sous de meilleurs cieux

vendredi 3 novembre 2023

Guerre et Paix

 


Se rendre aimable et beau dans la littérature

— et je sais que Tolstoï en avait abusé —

ne se fait pas sans bégaiements ni sans ratures


On voit en ce moment l’Union désabusée

se perdre en méandre et cette Europe immature

enfler les maux d’un dictateur russe amusé


Nous n’avons pas le droit d’abandonner l’Ukraine

en se battant pour Elle on a l’honnêteté

qu’a le juste à l’idée dont le fruit par ses graines

ira rendre aux champs martiaux la Liberté


La pluie tombe en un sens illusoire aux grands nés

l'Amour est d'un fracas dont le bruit nous poursuit

la guerre immonde aussi durera des années

la tempête est entrée dans nos cœurs noirs de suie