jeudi 31 août 2023

L'art d'aimer



L'amour est toujours à deux touches de pinceau

de la vérité car aimer c'est faire un choix

de ce que la beauté produit dans nos cerveaux


Parfois le grand secret se trouve dans la voix

dans le chœur bien qu’ailleurs on souffre et peu me chaut

de l’alchimie cachée car il faut être soi


J'ai gardé de notre art une idée d'idéal

et pourtant si violent jamais un lien n'est rien

comme au marché du cœur on établit des halles

on confond l'attirance et l'amour aérien


Nos relations sont le produit d'un seul baiser

dont on crève en pleurant c’est vrai qu’on en a faim

qu’on voudrait qu’il perdure et même malaisé

le secret de l'amour est de s'en foutre enfin

samedi 26 août 2023

Décomposition musicale

 


De la nuit soviétique on sort en mort-vivant

la liberté se joue sur des rives d'espoir

et la russie sordide un marasme éprouvant


La russie c’est le mal aujourd’hui sans mémoire

oubliant l’écrivain par hasard écrivant

la russie ne m’est plus qu’un vulgaire assommoir


Et si tu m'as quitté jamais ressuscité

tristesse ô mon amie ne me laisse pas seul

l'amour en vrac est ma quittance de loyer

l’appartement de tes baisers c’est mon linceul


L'amour est une décomposition musicale

une braise indécente en l'âme incandescente

un temps mort un silence abstrus juste une escale

et la beauté de ton bleu regard en descente

dimanche 20 août 2023

Amazoniaque





La nuit se pose ici tranquillement sur les eaux peu profondes du lac

écrire est un privilège absolu permettant d'imaginer un monde un peu moins laid

j'essaierai toujours de trouver par mon écriture

un passage atteignant votre instinct.

Tandis que l’émotion s’exilait

je découvrais l’existence improbable

et néanmoins véridique

en Amazonie

de Camille Monfort

accusée de vampirisme

après sa mort

raconter est un isthme

entre le mensonge et la vérité

passer de la gamme à la tessiture

aller du Styx au Léthé

mentir au moins sur son sort

afin d’en trouver le paroxysme

et la longueur de l’intestin.

La beauté d'une femme est un lever de soleil après la nuit du célibat

la beauté des amours est souvent dans leur amour de la beauté

le ridicule ne tue pas, sinon je serais mort depuis longtemps…

Nous ne sommes pas des enfants mais des orphelins que le temps bouscule

que le modernisme émascule

et néanmoins, de temps en temps

nous cédons aux vapeurs d’ammoniaque

infestant nos lits et nos ébats...

Le "Theatro da Paz" était le centre de la vie culturelle amazoniaque

et sa cantatrice à la voix d’or

à la beauté sulfureuse

était française

et se nommait Camille Monfort.

En suscitant des désirs inavouables auprès des riches seigneurs de la région

la jalousie de leurs épouses en raison de son rayonnement

Camille était l’épicentre assumé des tremblements de nerfs.

Elle osait danser nue dans les rues de Belém...

Elle attendait probablement de lire un jour abstrait qu’on l’aime

en traînant dans ses robes en fourreaux sous la lune enceinte

au cœur obscurci de l’encre inutilisée.

Sa pâleur aux reflets sélénites

accusaient son aspect mortifère

— impossible de s’en défaire —

et les vapeurs affirmées de l’absinthe

ajoutaient des fantasmes imbéciles à la vision débonnaire

attendue d’une amante hématophage incidemment.

Dans les sangs mal analysés

comme dans les menstrues

se trouve un infondé :

la haine des femmes et des vues qui s’obstruent

poussant les mâles au bout du mal

et de la femme aile amputée comme un doigt

par une violence animale

empêchant de voler ce qu’elle lui doit

pourtant depuis cette abominable contagion.

Ce que la colère a

se retrouve en chaque humain dominateur

et la belle emportée par le choléra

garde un mystère au sujet de son inhumation :

se trouve-t-elle sous ses stèles ?

On dit parfois qu’elle a 154 ans

qu’elle est toujours aussi belle et qu’elle est abreuvée du sang des vierges et des puceaux d’Europe

en troquant contre un peu de leur sang

l’éternité qui convient à sa magnificence.

Il faut fabriquer de la légende afin de trouver du sens

et faire d’une sainte une salope

il faut faire de Camille une Estelle

et d’Estelle une femme et son humiliation.

Les poésies — celle que je lis, celle que j'écris — m'ont permis de survivre au chaos d'une vie déchiquetée

mais je reste hanté

par ce fantôme et sa beauté

par ce vampire amazoniaque au regard odieux que l’on n’a pu m’ôter.

mardi 15 août 2023

À l'orée



J'imagine un bel avenir en ton sourire

un bel été futur et quelques papillons

l’éclat de tes jolies dents dans quelques fous rires


On rêve et sans soucis nous nous éparpillons

dans des arcs-en ciel où j’aimerais bien mourir

ivre des trésors absolus que nous pillons


J'embrasse sur ta bouche une idée du Bonheur

en posant sur ton sein la main de notre espoir

on chassera la guerre on fera de l’honneur

une valeur usée rangée dans une armoire


Au petit jour venu j’en ferai mon labour

et peuplerai ton rêve à coups d'idées nouvelles

un vrai désir est à l'orée d’un grand amour

et des forêts de pensées en nous s'entremêlent

dimanche 6 août 2023

La nuit



La nuit prioritairement s'offre aux rêveurs

et dans ce ciel entrain les wagons sont bondés

de ces constellations dont on tait la saveur


Hors de tout nos passions vont à vagabonder

nous cherchons l’être aimé nous cherchons le Sauveur

en masse en perdition nous voulons abonder


La rencontre est le fruit de la confiance en nous

j'aimerais bien mieux parler d'amour que de bombes

et les masses pourtant s’enfuient comme les gnous

poussés par les odieux prédateurs à leurs tombes


Et cependant la nuit je repense à l’essence

on repasse son linge et quelques souvenirs

écrire est insensé mais nous mène au bon sens

et quelque fois probablement à l’avenir

vendredi 4 août 2023

Adorations



Le fruit de nos adorations croqué sans faim

le désir est un spectre hantant nos solitudes

avide et vide avant qu’il ne faiblisse enfin


Je pensais trop souvent à ma pauvre attitude

et dans le vent soufflant je me courbais sans fin

je n'avais pour orgueil au moins que gratitude


Entre nos mains le temps s'écoule imprudemment

je suis un papillon dont l'aile est perforée

le sable la traverse ainsi qu’un prude amant

passant de cœur en cœur infeste ces forêts


De nos adorations nous ne gardons en vrai

que les notions que nous leurs avons attribuées

que les effets des sentiments ayant œuvré

la pluie chasse à nouveau tous les soleils embués

mercredi 2 août 2023

La recherche



Rien ne sera plus jamais pareil à ce jour

imaginer le bien ne chasse pas le mal

et l’éclat n’est parfois qu’un curieux contre-jour


Il n’est parfois que sur ton sourire animal

en retournant ma langue en violent abat-jour

on pourrait deviner ta mâchoire anormale


L'amour est une interception du temps passé

j'ai beaucoup plus plu comme on pleut que comme on plaît

mais j’ai fini souvent par tes dents dépecé

tu m’avais appelé pour que je sois ta plaie


Je suis mort à présent de t’avoir aimé tôt

ce grain de beauté sombre où s’emmêlent les mouches

a criblé mon regard à grands coups de marteau

l'horizon de mes yeux s'est posé sur ta bouche