dimanche 31 décembre 2023

Vivre en paix

 



Je m’offre à la peinture afin de vivre en paix

(vos créations amies sont de vrais mécanos)

m’abreuvant comme un chat du bon lait qu’il lapait


La vie commence et l'eau circule en des canaux

que l’amertume honore et que le dédain paie

que la beauté perdue transporte en vieux canots


Ne me réveillez pas je rêve un nouveau texte

aimer c'est résister à l'échec annoncé

tout dépend du danger tout dépend du contexte

en tout effondrement fragilité cassée


De travaux souterrains parfois la nuit m'emploie

je purifie mes mots en renouant des tresses

aux cheveux de la vie sans en faire un exploit

la nuit se tâche d'huile et dilue nos détresses

Rêver (3)

 



Rêver sert à survivre et dormir sert à vivre

afin de voir il faut monter dans la mâture

en se couchant il faut regarder dans les livres


Un accident pâlit mais salit tes ratures

un petit bout de crayon mais ce reste m’enivre

Il faut répondre à ça par la littérature


En goûtant un baiser chacun trouve un empire

il est bâti de nos projections malhonnêtes

à chaque fois ce monstre est notre clone en pire

à chaque humiliation son profil est plus net


Ta bouche est la fontaine où ma soif est penchée

si ma mémoire oublie la saison des labours

assaisonnée d’un geste et de ton déhanché

l'illusion de l'amour est déjà de l'amour

Rêver (2)




Rêver c'est vivre un peu plus loin que la limite

écrire en prédateur affamé d’infinis

penser sa vie sans que jamais rien ne l’imite


À l’entrée du sommeil est posté l’impuni

du manteau d’un récit dépecé par les mythes

et dévêtu de force à force de déni


La voix de mon amour est un essaim d'idées

mêlant luxure orgueil attirance et plaisir

et mes alexandrins je te les sais dédiés

chaque phrase est un pont franchissant nos désirs


Rien ne dira plus rien de l'espoir avorté

qui comme un fruit grossit mais se refuse en bouche

au contraire un beau songe inventif à porter

bourdonne sagement comme les bateaux-mouches 

samedi 30 décembre 2023

Célibataire

 



Lorsque la solitude est une garantie

l'amour est un désir absolu mais freiné

c’est l’extinction programmée du moindre appétit


L’envie s’éteint sans feu qui n’est plus bien frais né

mais pépie ma pépite un soleil irradie

quand survient sous ma plume un sens irréfréné


Bon j'aime écrire en alexandrins mes pensées

je pourrais les écrire autrement mais ça vient

comme un torrent sauvage et qui s'est dépensé

dans les pas de Racine où mon verbe revient


Ce que j'écris ici se rapporte sans cesse

et l'ondulation vague à laquelle on s'accroche

est comme issue d'un célibat sans confesse

où l'on attrape en vrac et la note et sa croche

La Belle au bois dormant

 



Ta bouche a le dessin d'une hirondelle en vol

et ton sourire ainsi se pose en mon esprit

mais ton corps est couché comme un chien qu’on immole


Et dans ce sacrifice à l’odieux que l’on prie

ton sommeil est un poison lent qui nous isole

la Belle au bois dormant n’est qu’à son juste prix


J'ai tout perdu depuis que je t'ai rencontrée

j'ai tout hypothéqué pensant me racheter

mais chez toi je suis seul à manquer mes entrées

rigole au caniveau la hyène est achetée


Ton sommeil est un poisson-volant de bohème

un futur amoureux se conjugue au présent

pour écrire il faut un horizon de poèmes

et le soleil occis dans sa mare de sang

vendredi 29 décembre 2023

Comme on sait

 



Finir est la jolie façon de commencer

j’ai pris plaisir à vivre en évitant demain

sans projet trop factice en vivant comme on sait


Des mots calligraphiés sur un vieux parchemin

comme on sait comme on sait car évidemment c’est

l’aboutissement révolu d’un grand chemin


L'effort est à bien peu de frais quand il fait froid

mais il s'avère affreux si l'on effraie son fruit

d’un fantasme oublié qui survit dans l’effroi

d’un espoir obsolète au lointain qui s’enfuit


Le désir est l'espace où s'épanouit l'idée

que l'on est immortel en vain nous mourrons

pourtant reste de nous la faim de liberté

qu’on nourrit savamment comme un nègre marron

mercredi 27 décembre 2023

L'intention

 



L'attirance est une anicroche entre deux notes

échanger ses regards est déjà s’embrasser

c’est un début d’accord un sourire en dénote


En poursuivant le pas des ombres empressées

le passé dépassé nous passe les menottes

il faut s’en libérer pour ne pas s’oppresser


L'idée de vie commune est-elle une hérésie ?

le couple est une option que le désir évite

on tombe avec envie dans la grande amnésie

qui nous commande enfin d’aller toujours plus vite


En tout nous sommes héritiers de nos aînés

de leurs comportements mais quoi que l’on s’enivre

aux couleurs de nos yeux au poids de nos années

l'amour se mesure à l'intention de le vivre

lundi 25 décembre 2023

Desseins

 



J’ai tant pesté sur moi tant humilié mon cœur

et me suis négligé détournant l’eau des larmes

afin d’arroser mieux cette improbable fleur


Afin de croire enfin que les lots de ces charmes

avaient des raisons d’être à ces peaux qu’on effleure

et des raisins de colère agrippés aux vacarmes


Assez de ce boucan qui pourrit mon esprit

qui peuple en peu de mots mon vide existentiel

en laissant de côté le périple entrepris

pour rejoindre à tout prix du signe un meilleur ciel


La solitude en fait c’est une garantie

de n’être pas victime en se sentant moqueur

un instant de soi-même en fait anéanti

les desseins du désir ont les traits de nos cœurs

samedi 23 décembre 2023

Adorée


Ma parabole à tes courbes hyperboliques
au creusets de tes reins d’un sourire et tes seins
me rend ivre de toi fou d’amour alcoolique

Aussi belle en photo que tu l’es en dessin
mes versets sont pour toi ma peinture acrylique
et t’écrire en portrait le plus beau des desseins

Te caresser le dos tout en tenant tes hanches
une amoureuse est belle et se livre à toute heure
et ton corps est l’essence absolue des nuits blanches
il y a trop de vies pour en garder l'odeur

Il y a ce désir incessant sans ennui
j’imagine aussi bien tes cheveux mordorés
je n'ai plus qu'un fantasme à présent qui me nuit
rien n'atteint la beauté d'une femme adorée

vendredi 22 décembre 2023

Croisée des chemins

 



L'Amour est un chemin de croisée des chemins

quand on s’y croise — hasard heureux — l’été s’éclaire

et généralement on se prend par la main


Ce n’est pas le contrat d’un notaire et ses clercs

on vit au jour le jour et c’est déjà demain

chaque automne arrive un peu trop vite et c’est clair


On oublie les serments des enfants de la chance

en reprenant chacun sa route à l’opposé

la rencontre est stupide est la mémoire est rance

on divague à l’envi de s’être un temps posé


Le désir est un tout petit bout de nos peaux

qu'on voudrait arracher — une sale étiquette

et qui nous colle aux doigts quand revient le drapeau

du souvenir important qui résume une quête

mercredi 20 décembre 2023

55 ans

 


Nous nous armons souvent de faibles ustensiles

en s'en servant comme un rempart à la Vauban

(je n'aurais jamais du t'agiter tant les cils


Les clignements des yeux quand ils publient les bans

sont des baisers fiévreux des serments imbéciles

et la mise à genou fait du mal en tombant)


J'oblitère en marchant nos battements de cœur

rare impression vêtu de mes 55 ans

l’horloge en tictaquant ne nous rend pas vainqueurs

au contraire elle ignore un peu le quoi du quand


L'attirance est question de temporalité

j'écris j'écris j'écris mais ces mots sont des cris

l’horloge est arrêtée quand c’est le temps du thé

Joyce en bon irlandais savait ce qu’on décrit

samedi 16 décembre 2023

L'esquif

 


L'Amour et le Poème en étant aussi liés

n'ont pas su raconter nos vies papillonnant

n'ont pas vu le problème et l'espace oublié


Qui se trouve à l’orée d’un regard étonnant

d’un lever de paupière en tes beaux yeux ciliés

tel un ciel éclairé de feux tourbillonnants


L’esquive est attendue mais est irrémédiable

il faut se débattre afin d'inventer toujours

en t'embrassant je signe un pacte avec le diable

en t’embarrassant non je m’ouvre un nouveau jour


En découvrant soudain le satin d’un corps nu

nous roucoulons à pic unique condition

quand s'endormir est un grand saut dans l'inconnu

notre attirance est un esquif en perdition

vendredi 15 décembre 2023

L’instant d’hésitation




Puisque l'Amour est un instant d'hésitation

le fruit de nos pensées se courbe vers la terre

arrosant d’un regard un plan de citations


Dans ce grand plat de danse et de vers grabataires

on patauge on s’y perd au gré de ses stations

la dépêche à la ligne à ce point délétère


On entend le clairon dans d’insensées batailles

au paradis de Bosch en son enfer aussi

tous les bruits de la nuit sont des épouvantails

et ceux de ses parents sont une prophétie


L’instant d’hésitation nous vient de ce lointain

chaque amour est un choix chaque abandon sa suite

il est si transparent (comme un miroir sans tain)

qu’on peut s’y lire en l’autre et tout le reste ensuite

mardi 12 décembre 2023

Cache-amarres




Je zieute une écrivaine ou deux observe-les

de loin battant des « L » et des « M » et du « Q »

de cette impression qui nous colle au cervelet


De ce spectacle inouï qui vaut d’avoir vécu

du beau tableau de nous pourtant que je veux laid

mais qui finalement nous trouve enfin vaincus


Le coup de foudre en Art est pareil à l’Amour

il est dans le désastre annoncé l’art de vivre

et crûment la façon dépecée du labour

écrire est aujourd'hui ma façon de survivre


Un rêve irréalisé n'est qu'un cauchemar

en créant nous songeons notre esprit déchaîné

chaque aussière ainsi larguée cache amarre

oubliée qui retient notre cœur enchaîné

samedi 9 décembre 2023

Clair-obscur

 


Le désir intense est un passage à tabac

quand on s’y confie trop ce sont des coups de points

des phrases arrêtées dans des eaux et débats


Ce sont ma couleuvre et ma vipère au poing

les serpents de ma vie ratée que je combats

ce clair-obscur étrange et dont je fais l’appoint


J'ai vécu trop de temps pour en garder l'odeur

et ma chair a pourri loin de la sainteté

la vieillesse est honnie qui porte la laideur

à plus de cinquante ans c’est mon honnêteté


Notre attirance est une passion passagère

ayant l’aspect bourru d’un livre envahissant

pourtant quand on y pense en forme d’étagère

aimer c'est produire un soleil éblouissant

vendredi 8 décembre 2023

Entre chats chiens et loups




« Il est plus facile à un chameau de passer par le chas d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu. » — (La Bible, « Évangile selon Matthieu »)


I -

En quelque pas de danse et quelques entrechats
j’ai vu la décadence où sombre un état
de GUERRE
oublieux de ses populations parfois
de sa jeunesse et de sa vitalité
de ses pauvres animaux de compagnie
de ces victimes innocentes de la GUERRE
et son signe premier
des cadavres de vaches
au beau milieu des champs
les loups sont lâchés.


II -

J’ai vu cette indécence où sombrent les éclats
d’OBUS
les corps violés des femmes
les corps déchiquetés des hommes
et des chevaux
des animaux
des animaux de compagnie perdus sans leurs maîtres
aux corps violés et déchiquetés
des animaux estropiés comme autant de « gueules cassées »
mais passant au second plan
comme ces millions d’équidés
— je les ai quittés —
sacrifiés par la « grande » GUERRE
et par la folie des hommes.


III -

Dans les ruines
errent les petits chiens les petits chats
sans boussole et sans logis
que ce soit en Ukraine
en Syrie
sur la Bande de Gaza
quoique ils urinent
ils n’ont plus de territoire
et leur errance est le signe évident
de notre déshérence
et du mépris de l’humain pour ces espèces amies
du mépris de nous singes absolument sanguinaires
œuvrant à notre destruction mutuelle
œuvrant à l’extermination
parachevant les génocides
espèce abominable et géniale à la fois
(je songe à De Vinci).


IV -

Ce petit chat borgne me regarde
d’un œil interrogateur
et ce chien sur ses trois pattes
essaie désespérément de me suivre
en claudiquant courageusement
des canaris sont morts
au zoo
Madame rhinocéros est éventrée
Monsieur l’éléphant gémit
les gazelles affolées ont franchi le parapet
le Roi lion n’est plus qu’une bouillie de chairs
le tigre a peur et se terre
une girafe a le coup brisé
son girafon la lèche
un hippopotame est en train de flotter le ventre à l’air
et l’air est chargé de soufre
et de souffrances aussi.


V -

Nous nous entourons de nos petits amis
mais nous les abandonnons quand il en va de notre vie
c’est normal
et pourtant
ceux-là n’ont rien demandé
rien provoqué
parfois même on les dresse afin de déposer des mines
(en mer un dauphin, le chien sur terre)
et des pigeons voyageurs
ont même des décorations d’honneur
alors si loin de ces scènes d’horreur
on mêle à nos chaos ces enfants de la Nature
ainsi que nos propres enfants
cette innocence est la victime inouïe
de tant de barbarie.


VI -

Nous égorgeons le cochon
nous tondons nos moutons en bouffant leurs petits agneaux
(délicieux quand ils sont élevés sur les prés-salés de Normandie
près du Mont-Saint-Michel)
on élève en batterie les poulets
les bœufs sont électrocutés
le monde est devenu le produit de nos folies
qui résultent du profit
la GUERRE enfin
détruit l’ultime lien que nous avons scellé
dans le monde animal
en dispersant nos pauvres compagnons
dans la ville ou la campagne.


Épilogue -

Humain qui que tu sois
Repense à la détresse
à l’ami que tu laisses
à lui que tu déçois

jeudi 7 décembre 2023

Les enfants des combats

 


Les enfants des combats n'ont décidé de rien

ce sont des pantins qui n'ont dit ni oui ni non

dont le sort est au cul de ce raid aérien


Les enfants des combats sont la chair à canons

ce sont les numéros de chaque galérien

d’un matricule affreux qui ne sait plus son nom


Les enfants des combats ce sont les sacrifiés

l'envahisseur est fourbe utilisant les corps

et chaque enfant ne sachant plus à qui se fier

tue son vilain prochain qui lui ressemble encore


À chaque mère un enfant mort et la douleur

à chaque monument sa liste de prénoms

qu’importe la nation qu’importe la couleur

un enfant du combat s’est éteint avant l’heure


mardi 5 décembre 2023

Rêver

 


Dormir est la façon de quitter le présent

rêver c'est s'échapper à notre pesanteur

et songer aux années passées en se taisant


C’est aussi s’émouvoir écrire avec lenteur

imaginer de se mouvoir en malfaisant

serpenter de bonheur en outre en bon menteur


Il y a dans ce cas la grande altercation

du réel et de l’imaginaire en nos nuits

le sommeil est une longue interrogation

nous nous entendons bien dans nos cacophonies


Le temps est élastique et la mémoire aussi

le besoin de dormir est l'envie de rêver

le présent dépassé n’est plus qu’un pain rassis

mais mon désir entier n’est pas prêt de crever

samedi 2 décembre 2023

Tranchées

 Pardonnez-moi d'écrire au milieu de la nuit

je vous dis ta beauté qui te fit mon ressort

et le double langage éloigné de l’ennui


Ton regard a creusé la tranchée de mon sort

englué dans ma boue jusque autour de minuit

l'infini c'est l'idée que l'on a de la mort


En voulant t’imiter je n’étais plus qu’un cancre

un nullard engoncé dans de très beaux apprêts

chaque bouée relâchée s'écoule comme une encre

et l'Amour un doux leurre et nous courrons après


L'espace entre nous deux c'est l'oubli d'un baiser

j’ai tranché ces tranchées de ce qui nous déçoit

ce temps perdu qui nous a tant amusé

créer c'est se détruire en petits bouts de soi

mardi 28 novembre 2023

Dérive

 



Chaque instant de l'errance est un pas vers soi-même

et chaque amour est comme un bateau qui dérive

allant tant de l’avant que personne ne l’aime


Il fallait s’orienter rejoindre une autre rive

il fallait la porter comme on porte un emblème

et s’emporter pour elle afin que rien n’arrive


Il pleut dans ma carcasse et l'encre se dilue

la clarté d'un regard est l'éclaircie d'une âme

on la dit si fugace elle enfin se dit lue

dans ses nombreux reflets lus sur le macadam


En parlant du silence on le gâche un instant

je suis amoureux d'un idéal inconnu

je suis amoureux d’un grand amour inconstant

d’un silence absolu lorsque je la vois nue

mardi 21 novembre 2023

Château de cartes

 



Les yeux bleus sont pour moi comme un jour qui se lève

et chaque aurore éblouissante est un orgasme

un cri de joie retentissant qui se soulève


Alors en y cherchant parfois quelques sarcasmes

à coups de cauchemars ou bien à coups de rêves

on est bien seuls les prisonniers de nos fantasmes


Exister c'est penser sa vie sans dépendances

habiter sans frayeur un grand château de cartes

errer parfois sans cesse et rentrer dans la danse

enfin s’aventurer quand le rideau s’écarte


Il y a ta paupière ouverte et son présent

l’infini d’un azur inaccessible et beau

tous ces mots que j’écris ton regard écrasant

qui me ronge et qui me réduit comme un rabot

vendredi 17 novembre 2023

Au bout de tes doigts

 



Nous sommes des pays inconnus l'autre à l'un

dans notre exploration nous trouvons notre emphase

et la base à bâtir un désir alcalin


Fabriquer de l'amour avec un bout de phrase

est mon art habituel en bon petit malin

du poème en dix vers et divers en deux phases


Il faut aimer sans cesse et jamais se lasser

sur ton œil endormi j'ai touché la paupière

happé la liberté d’un corset délacé

l'amour est un tissu de sentiments contraires


Il intime à nous deux cette langue à saucer

j'ai décidé d'écrire et de marcher vers toi

chaque paragraphe est ma prière exaucée

j'ai dans un baiser l'empreinte au bout de tes doigts

dimanche 12 novembre 2023

Aux vents

 


J'ai pêché sur ta bouche un poison magnifique

et j’en ai délivré l’ultime solution

par un baiser sacré d’un suc honorifique


On s’est tant prosternés dans notre dévotion

l’un à l’autre en s’aimant qu’une épaule horrifique

a servi de leurre à mithridatisation


J'écris pour inventer l'oubli de nos pensées

l’oubli de notre amour et de sa marée basse

une vive a surgi sous nos pieds dépecés

pour enfoncer son aiguillon là dans la masse


Et nous gardons sa cicatrice inscrite en vrai

dans la chair et dans l’eau dans la vase où l’étang

paisiblement s’étend sans survivre à nos frais

nous sommes des objets livrés aux vents des temps

dimanche 5 novembre 2023

Planeur

 


J'aime assez l'altitude autant que l'attitude

et je plane albatros empêché de marcher

sur rhum ou brûle-gueule — on en a l’habitude


À deux nous sommes des tentations partagées

tandis qu’en restant seul et sans exactitudes

on n’est plus qu’un gros cœur échappé de l’archer


Ma nuisance amoureuse a des reflets d'opium

aimer c'est se lancer dans sa chute élastique

être en fait un légume adoptant Rhizobium

et tout ce qui nous pousse est un doigt qu’on mastique


Écrire en Poésie c'est s'arracher le cœur

écorcher le papier comme un vieux parchemin

palimpseste adoré si bien qu’on en meure

à force de planer jusqu’au bout du chemin


samedi 4 novembre 2023

Meilleurs

 


Le baiser ce moment d'extase auquel on rêve

(enfant déjà) quand les jeunes filles en fleur

ont le parfum si capiteux que l’on en crève


on se prend à frémir et les yeux parfois pleurent

— en effet c’est le vent qui nous pousse sans trêve

à chasser ce fantasme — il n’est rien qu’on n’effleure


Aimer c'est rêver en grand nos vies si petites

à ce point qu’on éteint ce qu’on nomme intuition

pour aboutir un soir en risquant l’hépatite

ô nuit ne t'étend pas en objet de passion


Je sais tu n’aimes pas ces mots de poète ivre

ils sont pourtant présents dans ton regard anxieux

dépérir en souffrant c'est oublier de vivre

inventons-nous ailleurs et sous de meilleurs cieux

vendredi 3 novembre 2023

Guerre et Paix

 


Se rendre aimable et beau dans la littérature

— et je sais que Tolstoï en avait abusé —

ne se fait pas sans bégaiements ni sans ratures


On voit en ce moment l’Union désabusée

se perdre en méandre et cette Europe immature

enfler les maux d’un dictateur russe amusé


Nous n’avons pas le droit d’abandonner l’Ukraine

en se battant pour Elle on a l’honnêteté

qu’a le juste à l’idée dont le fruit par ses graines

ira rendre aux champs martiaux la Liberté


La pluie tombe en un sens illusoire aux grands nés

l'Amour est d'un fracas dont le bruit nous poursuit

la guerre immonde aussi durera des années

la tempête est entrée dans nos cœurs noirs de suie

dimanche 29 octobre 2023

Infinie

 


D'infinis univers ont hanté nos mémoires

on écrit pour les dire en quelques mots succincts

sur les feuillets ridés de nos plus vieux grimoires


il y a du désir — on n’était pas des saints —

quelque peu de plaisirs et ce grand entonnoir

évacuant nos dessins sans le moindre dessein


L'inspiration n'est plus qu'un fantôme invoqué

le Poème n’est plus qu’un reflet douloureux

de tout ce temps perdu qu’on voudrait convoquer

dans l’espace étroit du souvenir amoureux


Posons-nous la question du pourquoi nous vivons

précisément lorsque la relation finie

nous dicte en tremblotant le peu que nous savons

quoi qu’il en soit mon écriture est infinie

vendredi 27 octobre 2023

Transfuge

 


Toute attirance en fait n'est qu'un élan sans fin

ce feu qu’on étouffe et qu’un désir ignifuge

a fait son âtre au cœur âpre inné de nos faims


Dans ce jeu de dupés je ne suis qu’un transfuge

un vivant qui parfois n’est plus rien qu’un défunt

l'Amour est un transfert il n'est pas un refuge


À la psychologie qui se trouve en échec

on répond par un poème éveillant l’intérêt

mais quoique l’on angoisse ou que l’on signe un chèque

en blanc-seing de sa peur on en reste atterré


C’est en pompier bon œil enfin qu’à l’exhumer

le souvenir ultime à nouveau dans nous rentre

en fragilité d'être est l'hésitation d'aimer

la passion se résume à des mots qu'on éventre

mercredi 25 octobre 2023

L'automne au bout du Monde

 


L’automne est arrivé muni d’un parapluie

la saison de la boue tendre et des feuilles mortes

aussi de la mélancolie collant à lui


J’imperméabilise et de tout ce qu’il porte

inondant mes pensées l’étincelle a lui

comme un feu rougeoyant d’un brasier qu’il apporte


Il faudra bien deviner un jour à quel point

l'acte amoureux suffit dans notre perception

de l'existence et dans l'oubli de l'embonpoint

qui nous guette aux croisées de notre déception


Mon âge et ma laideur en feront fuir encore

et pourtant je devine une issue moins cruelle

en lisant mon délire à propos de ton corps

en octobre à mes mots mon poème est truelle

dimanche 22 octobre 2023

Les poètes maudits

 


Toute attirance est comme une irruption d'acné

comme un besoin physique irrépressible et fort

où toute la pulsion se transforme en acmé


Je te désire enfin mais sans le moindre effort

et face à ta beauté je ne suis qu’un pygmée

j’écris tout ton portrait que je crie haut et fort


Enfin je me dissous pour dix sous éperdus

le désert — quel qu'il soit — est émancipateur

et l'avenir est fait des illusions perdues

mais je t’adore encore écrivant à cette heure


Un regard à ton corps est l’écho qu’on en dit

quand la Poésie peint les belles amoureuses

on se régale au son des poètes maudits

de leurs chansons traitant de ces heures heureuses


samedi 21 octobre 2023

Transnations

 


Dicte-moi tes désirs et j'en ferai des vers

ondulant dans nos corps en nous décomposant

la musique abrutie dont l’essor est sévère


Et dont le sort abstrus qu’on croyait supposant

menait à l’écriture et la tête à l’envers

à l’amour infini sur nous se déposant


Ta chair est attendue ton corps est Poésie

je n'ai que le toucher pour te faire sentir

à quel point je te veux pour te l'écrire ainsi

quelle est la partition juste à se ressentir


En effleurant de mots la douceur de ta peau

comme ma plume avide écorche le papier

j’égratigne amoureux la couleur des drapeaux

dans l’étang de la vie sans Toi je n’ai pas pied

Thérèse

 


La nuit comme un fantôme a recouvert mes yeux

ce n’est pas un miracle et néanmoins je suis

en Normandie mais je ne suis pas à Lisieux


Thérèse en diérèse est l’esprit que je suis

petite sainte enceinte en l’Esprit facétieux

ton image envolée commande à qui je suis


Tout est flou j’imagine un peu de repentance

un air de rien saisi par le froid de l’image

une jolie femme amoureuse en résidence

et de la Poésie sortant de mon plumage


Et si l’écriture est à ce point volatile

un seuil en chaque nuit se franchit dans nos rêves

on sait profondément ce qui nous est utile

les yeux bleus sont pour moi comme un jour qui se lève

lundi 16 octobre 2023

Toi l'inconnue

 


Mon esprit transpercé de pancartes fléchées

cherche un chemin pour te trouver Toi l’inconnue

mais il reste terré comme un ours mal léché


Je te rêve en parlant Toi ma belle ingénue

tu devrais m’interdire et pourtant m’allécher

puisque ce qu’on se dit c’est une mise à nu


La solitude est une compagne exclusive

écrire est la façon de s'y mettre à la place

en pensant de mon âme à ton âme adhésives

un espoir impossible un fantasme de glace


Et dans le « j’en ai marre » où je n’avais plus pied

tu mûrissais bien avant que je ne te touche

aimer charmer mourir en laissant des papiers

le fruit de nos passions pourrira sur nos bouches

samedi 14 octobre 2023

Pont Alexandre III

 




Je me souviens de toi Pont Alexandre III

l’eau de la Seine avait le vert de ton regard

et ton galbe sublime affirmait mon détroit


Que pouvais-je franchir en ayant l’air hagard ?

Ayant l’air apeuré d’être trop à l’étroit

d’oublier ta beauté comme un train mis en gare


En te voyant marcher ma princesse en ces ombres

ignorant les fossés de Saint Germain ma place

on eut dit que tu fus au plus clair au plus sombre

une idée du parfait né que rien ne remplace


On eut dit que tes pas laissant de l’or en trace

éblouissaient ma vue mais c’était vagabond

car je n’ai plus l’adresse et je n’ai plus l’audace

afin de te séduire et de t’aimer pour de bon

vendredi 13 octobre 2023

L'été 2019





Nous étions à la charnière

entre le mois de Juillet

le mois doute

et mon père étant grabataire

avait donné les clefs de sa maison

non sans quelque éclats de voix

mes enfants restant chez moi

— dans la précarité de ses gestes —

à son fils.


Alors, en laissant mes gamins adolescents libres

en m’envolant seul en direction de Paris

j’entrais dans le train normand

qui m’emmènerait Gare Saint Lazare

et par le Météor (un métro sans conducteur et nommé « la 14 »)

à la Gare de Lyon

Sous une indicible effroyable et folle canicule

(en sortant du train climatisé

je croyais mettre au four un corps entier !)

Paris crépitant comme un barbecue

Paris fait de braises et de souvenirs

une chaleur écrasante

un météore en combustion

puis le RER en direction de Maisons-Alfort

de France

un gentil monsieur noir offrant un mouchoir à mon front dégoulinant

la sueur réunie d’un peuple entier laborieux

dans une rame à 40°C

Paris température extrême

et sa plage à la crème

en forme de tarte aux opinions

Je revenais dans les lieux de ma jeunesse amoureuse

un peu comme on revient poète à Moscou.


Je ne me suis pas endormi ce soir-là

puis l’orage éclata

le matin c’était vêtu de vingt degrés de moins

raccourcissant l’escalier des émotions

dans la maison de mon enfance

au fond du jardin l’annexe avait tenté d’être forcée

mais ma résidence adolescente avait résisté

trente ans passés

j’étais de nouveau maître des lieux

je retrouvais toutes les traces de ma mère

un parfum de sa présence évaporée

trente ans passés

l’orage a toujours effacé la température et le temps

parenthèse enfin fermée

le jardin de mon enfance

où je m’imaginais champion de foot ou de rugby

recordman du monde au saut à la perche

— avec le squelette du sapin de Noël —

il me fallait néanmoins revenir au cœur de Paris.


Nôtre-Dame avait brûlé lors de ma venue précédente

et l’odeur était persistante

il faut que vous sachiez que mon cœur hybride

est autant de celui de Paris

que de celui du bout du Monde en Finistère

un cœur écartelé depuis le début de mon existence

entre un pôle existentiel

et l’autre un peu plus fantasmagorique

on est dans notre étendualité

J’étais dans le chez-moi du quartier Latin

des îles de Paris

de ces endroits que j’aime à partager

la Place Saint-Michel

et ses amoureux qui s’y rencontrent en mon nom

la Place Maubert

et son marché dont persiste le squelette en semaine

la Place Dauphine

et le bon vin blanc qu’on y consomme

et le jardin du Luxembourg où je me dorais la pilule en séchant mes cours

à côté

Place de la Sorbonne

où ma mère enceinte allait me promener durant les évènements de 1968

où ma mère arrivée du bout du Monde

apprivoisait Paris

faisant de son fœtus un enfant naturel issu de l’endroit

viscéralement

me partageant de fait entre un Finistère inéluctable

et la capitale en lettres ainsi nommées.


J’ai beaucoup écrit durant cette semaine à Paris

j’allais dans les bars

assis au comptoir

et de bar en bar

en buvant un verre à chaque endroit

j’écrivais un nouveau poème

évitant les pluies d’été

(bon prétexte à se réfugier)

j’écrivais ma vision du Monde en kaléidoscope

en prisme en arc-en-ciel

il fallait beaucoup d’inspiration

mais ainsi que Maïakovski

je ne crois pas en l’inspiration

je ne crois qu’au travail

à l’observation

je fais mon boulot dans mon coin

résistant aux influences

il est protéiforme et tant mieux

c’est le reflet du fonctionnement de mon cerveau

qui se refermait en rentrant le long des quai de Seine

en passant par le square Tino Rossi

par les fêtes dansantes de l’été battant son plein

croisant le sourire éblouissant d’une beauté

qui s’était rasé le crane

affrontant l’avenir au soleil égorgé dans le fleuve

et la Saint-Barthélémy de l’existence.


Il est bien temps que que je réécrive en escalier

pour les marches de Paris.


Mais je suis retourné rejoindre mes enfants.


Je ne suis revenu qu’en octobre

après la vente de la maison proposée

pour la vider

les enfants m’accompagnaient

Nous avons honoré le lieu par le boulot

c’est commun pour nous tous

et mon père est mort un peu plus tard.


En février 2020

juste avant le Grand Confinement

je suis venu rendre les dernières clefs

logeant à l’hôtel

rue de Sommerard (où l’on dort peu)

près du musée de Cluny.


Je repense à l’été 2019 où tout s’est décidé.

lundi 9 octobre 2023

Le voyage



Chaque amour est un grand voyage inabouti

rien ne tient dans nos vies quand on est submergé

par cette heure en passant qui demeure engloutie


C’est notre vague-à-l’âme et sa source immergée

qui nous pousse en avant vers bien d’autres outils

et nous chavire enfin mais nous laisse allongés


Je voulais t'aimer sur le rebord de ton ongle

et peindre ta beauté du vernis de ton âme

en usant de mes mots avec lesquels je jongle

en baisant sous tes doigts l’éclat doux de la femme


À chaque hésitation nous aimons mois qu'avant

à chaque instant ta main m’échappe et me rend seul

il me faudrait ton corps abreuvé par les vents

ta beauté dégoûtée me servant de linceul

samedi 30 septembre 2023

Miroir

 



Tout désir est un leurre et tout leurre un appât

je l’apprends si souvent que rien ne me remplace

en le sachant pourtant je le sais pas à pas


Chacun de mes alexandrins pense à ma place

où rien ne me retrouve avant chaque repas

le dessert est divin quand on voit dans la glace


Accroche au fil à linge un amour éperdu

son sourire anonyme est un enfant sauvage

il se sauve à la course en se croyant perdu

pourtant chaque abandon n’est jamais qu’un naufrage


Une nuit cannibale à nous deux bientôt s'ouvre

une bouche agrandie que le jour ignorait

qui nous avale — une pyramide du Louvre

à mon âme entrouverte — et toi que j’espérais

mardi 26 septembre 2023

Vieillir

 



L'âge en amour est difficile à convertir

on le dirait reflet d’impressions vaporeuses

un miroir est la porte ouverte aux désirs


Elle y plonge en se regardant double amoureuse

"on est bien tous les deux" lui répond son plaisir

on est bien seule aussi quand on est malheureuse


Être un peu fou j'assume autrement m’abaisser

sa bouche est comme un cœur rouge et chaud palpitant

j'ai gardé des années le goût de ses baisers

j’ai gardé ce signe indélébile éclatant


Je suis à toi je suis tatoué comme un vieux cuir

un vieux ballon déformé par les coups du sort

un vieux con maltraité je suis un dur à cuire

et vieillir est l'art de s’approcher de la mort

mardi 19 septembre 2023

Les routes de l'à soi

 



Je me mets à écrire ainsi qu'une machine

et dans la bakélite et dans ce cœur d’airain

je trouve un de ces chemins de la soie de la Chine


Il est sur la dune infinie courbe en tes reins

qui remonte étonnamment jusqu’à ton échine

et laisse ainsi trembler les gestes de ma main


L'AZERTY de mes doigts sur ton corps digital

est le double-poison d'une fleur à clochettes

on dirait l’abandon de coupe sagittale

où le dessin dans l’herbier par là se rachète


Un amour est en sorte un accident de vie

le désir est parfois bien trop envahissant

mais brusquement lorsque notre destin dévie

nous sommes sourds à tout et tout est dans le sang

samedi 16 septembre 2023

La mare au diable

 



Quand le soir à moi s'accapare il faut écrire

un rêve irréalisé n'est qu'un cauchemar

et sans bien le comprendre on ne peut que s’aigrir


Il faudrait surpleurer quand tant d’autres se marrent

il faut changer de régime afin de maigrir

et repeindre en bleu-nuit les reflets de l’ammare


Une femme amoureuse est un havre de vie

le fruit de nos pensées se courbe vers la terre

à chacun des instants notre ligne dévie

sans penser son appui nous sommes grabataires


On est un artefact à l'idée de l'union

la nuit n'est que ce drap qu'on tend sur la mémoire

et dans la mare au diable en plongeant son moignon

chacun voit son destin comme on ferme une armoire

vendredi 15 septembre 2023

Rubber

 



J'aimerais crever comme un pneu

sur la route du bonheur

et maquiller de bleu

ta paupière hallucinée

de rouge un peu ta bouche aux traits enlumineurs

un peu ton petit nez

tes tâches de rousseur

et tout ton charme apnée que je ne peux

désirer que de tout mon cœur

ouvert

à tes propositions

comme une aorte heurtée

clampée

dont les jets de sang

depuis trop longtemps

sont stoppés.

Tout ce que j'écris n'est qu'au fil de l'eau

le sombre reflet de notre noyade

et pourtant — Titanic à part —

on pourrait se rouler des pelles au fond du lac...

On dirait que tu es ma naïade

et moi ton monstre où les logs naissent

à coups de réseaux sociaux

de sites de rencontre absolument stériles

et de chemins qui ne se croisent jamais

sur ces routes où je m’use

où l’on me dégomme

où j’ai trop cherché mes muses.

Il me fallait néanmoins m’en trouver

la pauvreté s'habille aussi parfois de richesses intellectuelles

et de sentiments à fleur de peau

parfums de femme idéale

à présent ça sent le caoutchouc brûlé

la manif’ à dix balles

un abandon de son rêve initial

un air atrocement vicié

la pneumonie du baiser.

Les seuls gens dignes d'intérêt s'intéressent à vous

si vous vous intéressez à eux

mais le miroir est pauvre

en s’y cherchant si l’on trouve

un diable au garde-à-vous salue

d’un réflexe hitlérien.

J'aime les femmes qui n'ont pas d'avenir

elles ont le talent de chasser mon passé

sans projet tu n’es plus à punir

au présent plus simple à se conjuguer.

Les pneus se remplacent à chaque fois par paire

et je suis seul à rouler ma bosse

à moitié crevé

mais pour un échange

il faut trouver son semblable

et ce n’est pas gagné

c’est l’extension du domaine de la lutte

un capitalisme abstrus du sexe et de l’âme

œuvrant à la production de profils Internet

internés dans l’usine où rechapés

le rebus les menace

où dégonflés plus rien ne leur est plus net

ils sont pris dans la nasse

emportés dépréciés

les sentiments sont trop sérieux pour être laissés aux romanciers

mardi 12 septembre 2023

Paris sous la pluie

 



La grisaille à Paris s’est posée sur les toits

— le zinc a l'art abstrait des reflets amoureux —

s’est posée dans tes yeux je me souviens de toi


Le zinc et ses bistrots qui nous rendaient heureux

ces bistrots parisiens dont le charme au patois

parigaud résonnait des éclats vaporeux


De ton rire ébloui par le bris de mes verres

et de mes vers pilés par ta jolie beauté

de mon poème idiot quoi que je persévère

il me faudrait d’un saut rendre un sourire ôté


D’un saut de paragraphe et d’un enjambement

te parler de Paris sous la pluie dans le vent

provoquer tes frissons lorsque ta jambe ment

d’une nuit de désir et d’un soleil levant

samedi 9 septembre 2023

Chaos

 



Je suis le chevalier adoubé du Chaos

dont l’écriture infâme est l’objet du désordre

et plus loin j’écrirai plus j’irai au K-O


Je voudrais vous choquer désobéir aux ordres

heurter la Chine et l’Occident de Macao

jusqu’à Paris la poudre est bien sans en démordre


Amoureux sans issue j’ai cultivé le vide

en mon esprit floué les mots se précipitent

et se culbutant je les gère au CoViD

aggloméré sans cesse au sein d’un incipit


À l’anticorps abstrus qui l’a déterminé

il m’a fallu faucher chacun de tes sarcasmes

et de mes champs sémantiques déminés

J’ai gardé la violence un peu de ton orgasme

mercredi 6 septembre 2023

Coup de foudre





Quand une femme un homme ont envie de s'unir

il n'y a pas de force à pouvoir les contrer

la foudre s’abat sur deux arbres à punir


On pourrait s’étaler sur l’art à démontrer

mais rien n’est rationnel on ne peut prémunir

aucun d’entre nous jamais de se rencontrer


L'Amour est l'instant déchiré du Noir au Blanc

le moment fulgurant du passage improbable

où l'on vit sans gène où l'on ne fait plus semblant

le moment fugace où l'on trouve son semblable


Alors en fulgurés aux feuilles de fougères

aux figures de Lichtenberg ainsi tatouées

nous subsistons marqués par ce que l’on digère

un peu de sa décharge inouïe d’intensité

dimanche 3 septembre 2023

Sabre au clair

 





L'Amour au Mont-Saint-Michel un soir d'équinoxe

au moment du jusant lorsque la lune éclaire

une étendue d’eau mue de manière orthodoxe


On pourrait tout attendre et puis juste un éclair

un coup de foudre immense et menant à l’intox’

inonde infiniment nos esprits sabre au clair


Aimer c'est se projeter vers un avenir

et la brune aux yeux verts revient peupler mes rêves

on ne saura jamais ce qu’on peut devenir

et les jeux de l’amour ont aussi peu de trêves


Écrire écrire écrire afin de chasser tout

je veux nous inventer des destins merveilleux

tisser mon jeu de carte en gros c’est un atout

tant bien que je te fasse est l’ennemi du mieux

samedi 2 septembre 2023

La belle ingénue

 



Quand je repense aux vaines pensées à maudire

à ces postillons mêlés de morve et de glaires

il est difficile à présent de nous prédire


À cours de mots soudain j'ai tenté de te plaire

avec une assonance embrassée — c’est tout dire —

un baiser volé c'est l'escroquerie qu'on flaire


Il y a tant de vers et de rimes à taire

en gardant de tes yeux l'éclat qui m'a tranché

la veine littéraire et mon artère à terre

aujourd’hui que je ne peux avancer sans flancher


La nuit consomme en vain ma conscience égarée

qu'un volatile espoir emporte dans les nues

quoi qu'il en soit pourtant ma mémoire est carrée

colorée de rondeur à ma belle ingénue

vendredi 1 septembre 2023

Le bateau vivre

 



Soumis aux courants comme un voilier sans mâture

— le destin se décide à pile ou face aussi —

j’écrivais spontanément jamais sans ratures


Un peu de travers en récitant mes récits

la sensualité n'est qu'un échange immature

et la raconter bien souvent nous déprécie


Survivre est vivre mieux mais beaucoup plus longtemps

ne pas s’accrocher tel une abeille à son dard

à moins de finir éventré car en gros taon

l'amour imaginé c'est juste une œuvre d'art


Il te suce le sang c’est un buvard avide

et ta coque percée se verse à son calame

écrivons tant qu’on peut pour évacuer le vide

un désir est tombé dans les égouts de l'âme*


https://soundcloud.com/annaondu/le-bateau-vivre


jeudi 31 août 2023

L'art d'aimer



L'amour est toujours à deux touches de pinceau

de la vérité car aimer c'est faire un choix

de ce que la beauté produit dans nos cerveaux


Parfois le grand secret se trouve dans la voix

dans le chœur bien qu’ailleurs on souffre et peu me chaut

de l’alchimie cachée car il faut être soi


J'ai gardé de notre art une idée d'idéal

et pourtant si violent jamais un lien n'est rien

comme au marché du cœur on établit des halles

on confond l'attirance et l'amour aérien


Nos relations sont le produit d'un seul baiser

dont on crève en pleurant c’est vrai qu’on en a faim

qu’on voudrait qu’il perdure et même malaisé

le secret de l'amour est de s'en foutre enfin

samedi 26 août 2023

Décomposition musicale

 


De la nuit soviétique on sort en mort-vivant

la liberté se joue sur des rives d'espoir

et la russie sordide un marasme éprouvant


La russie c’est le mal aujourd’hui sans mémoire

oubliant l’écrivain par hasard écrivant

la russie ne m’est plus qu’un vulgaire assommoir


Et si tu m'as quitté jamais ressuscité

tristesse ô mon amie ne me laisse pas seul

l'amour en vrac est ma quittance de loyer

l’appartement de tes baisers c’est mon linceul


L'amour est une décomposition musicale

une braise indécente en l'âme incandescente

un temps mort un silence abstrus juste une escale

et la beauté de ton bleu regard en descente

dimanche 20 août 2023

Amazoniaque





La nuit se pose ici tranquillement sur les eaux peu profondes du lac

écrire est un privilège absolu permettant d'imaginer un monde un peu moins laid

j'essaierai toujours de trouver par mon écriture

un passage atteignant votre instinct.

Tandis que l’émotion s’exilait

je découvrais l’existence improbable

et néanmoins véridique

en Amazonie

de Camille Monfort

accusée de vampirisme

après sa mort

raconter est un isthme

entre le mensonge et la vérité

passer de la gamme à la tessiture

aller du Styx au Léthé

mentir au moins sur son sort

afin d’en trouver le paroxysme

et la longueur de l’intestin.

La beauté d'une femme est un lever de soleil après la nuit du célibat

la beauté des amours est souvent dans leur amour de la beauté

le ridicule ne tue pas, sinon je serais mort depuis longtemps…

Nous ne sommes pas des enfants mais des orphelins que le temps bouscule

que le modernisme émascule

et néanmoins, de temps en temps

nous cédons aux vapeurs d’ammoniaque

infestant nos lits et nos ébats...

Le "Theatro da Paz" était le centre de la vie culturelle amazoniaque

et sa cantatrice à la voix d’or

à la beauté sulfureuse

était française

et se nommait Camille Monfort.

En suscitant des désirs inavouables auprès des riches seigneurs de la région

la jalousie de leurs épouses en raison de son rayonnement

Camille était l’épicentre assumé des tremblements de nerfs.

Elle osait danser nue dans les rues de Belém...

Elle attendait probablement de lire un jour abstrait qu’on l’aime

en traînant dans ses robes en fourreaux sous la lune enceinte

au cœur obscurci de l’encre inutilisée.

Sa pâleur aux reflets sélénites

accusaient son aspect mortifère

— impossible de s’en défaire —

et les vapeurs affirmées de l’absinthe

ajoutaient des fantasmes imbéciles à la vision débonnaire

attendue d’une amante hématophage incidemment.

Dans les sangs mal analysés

comme dans les menstrues

se trouve un infondé :

la haine des femmes et des vues qui s’obstruent

poussant les mâles au bout du mal

et de la femme aile amputée comme un doigt

par une violence animale

empêchant de voler ce qu’elle lui doit

pourtant depuis cette abominable contagion.

Ce que la colère a

se retrouve en chaque humain dominateur

et la belle emportée par le choléra

garde un mystère au sujet de son inhumation :

se trouve-t-elle sous ses stèles ?

On dit parfois qu’elle a 154 ans

qu’elle est toujours aussi belle et qu’elle est abreuvée du sang des vierges et des puceaux d’Europe

en troquant contre un peu de leur sang

l’éternité qui convient à sa magnificence.

Il faut fabriquer de la légende afin de trouver du sens

et faire d’une sainte une salope

il faut faire de Camille une Estelle

et d’Estelle une femme et son humiliation.

Les poésies — celle que je lis, celle que j'écris — m'ont permis de survivre au chaos d'une vie déchiquetée

mais je reste hanté

par ce fantôme et sa beauté

par ce vampire amazoniaque au regard odieux que l’on n’a pu m’ôter.

mardi 15 août 2023

À l'orée



J'imagine un bel avenir en ton sourire

un bel été futur et quelques papillons

l’éclat de tes jolies dents dans quelques fous rires


On rêve et sans soucis nous nous éparpillons

dans des arcs-en ciel où j’aimerais bien mourir

ivre des trésors absolus que nous pillons


J'embrasse sur ta bouche une idée du Bonheur

en posant sur ton sein la main de notre espoir

on chassera la guerre on fera de l’honneur

une valeur usée rangée dans une armoire


Au petit jour venu j’en ferai mon labour

et peuplerai ton rêve à coups d'idées nouvelles

un vrai désir est à l'orée d’un grand amour

et des forêts de pensées en nous s'entremêlent

dimanche 6 août 2023

La nuit



La nuit prioritairement s'offre aux rêveurs

et dans ce ciel entrain les wagons sont bondés

de ces constellations dont on tait la saveur


Hors de tout nos passions vont à vagabonder

nous cherchons l’être aimé nous cherchons le Sauveur

en masse en perdition nous voulons abonder


La rencontre est le fruit de la confiance en nous

j'aimerais bien mieux parler d'amour que de bombes

et les masses pourtant s’enfuient comme les gnous

poussés par les odieux prédateurs à leurs tombes


Et cependant la nuit je repense à l’essence

on repasse son linge et quelques souvenirs

écrire est insensé mais nous mène au bon sens

et quelque fois probablement à l’avenir

vendredi 4 août 2023

Adorations



Le fruit de nos adorations croqué sans faim

le désir est un spectre hantant nos solitudes

avide et vide avant qu’il ne faiblisse enfin


Je pensais trop souvent à ma pauvre attitude

et dans le vent soufflant je me courbais sans fin

je n'avais pour orgueil au moins que gratitude


Entre nos mains le temps s'écoule imprudemment

je suis un papillon dont l'aile est perforée

le sable la traverse ainsi qu’un prude amant

passant de cœur en cœur infeste ces forêts


De nos adorations nous ne gardons en vrai

que les notions que nous leurs avons attribuées

que les effets des sentiments ayant œuvré

la pluie chasse à nouveau tous les soleils embués

mercredi 2 août 2023

La recherche



Rien ne sera plus jamais pareil à ce jour

imaginer le bien ne chasse pas le mal

et l’éclat n’est parfois qu’un curieux contre-jour


Il n’est parfois que sur ton sourire animal

en retournant ma langue en violent abat-jour

on pourrait deviner ta mâchoire anormale


L'amour est une interception du temps passé

j'ai beaucoup plus plu comme on pleut que comme on plaît

mais j’ai fini souvent par tes dents dépecé

tu m’avais appelé pour que je sois ta plaie


Je suis mort à présent de t’avoir aimé tôt

ce grain de beauté sombre où s’emmêlent les mouches

a criblé mon regard à grands coups de marteau

l'horizon de mes yeux s'est posé sur ta bouche

jeudi 27 juillet 2023

Mort d'un Dieu

 


Tous ces humains qui se voient au téléphone

oublient de se regarder les yeux dans les yeux

leur pauvre langue est sèche et leur regard aphone


Un rien mélancolique et d’un rien pernicieux

font de leur ressenti l’improbable interphone

un sentiment d'amour un objet facétieux


Le récit de tous les gens n'est fait que de mots

ces mots que je tricote et que je manipule

avec ma poésie dans de courtes démos

qui nous voient tout nus mais qui nous servent de pulls


Il n’y a pas de talent mais quelques ratures

un peu d’envie de sueur un peu d’encre à diluer

je remercie sans cesse un Dieu de l'écriture

ayant su me laisser la plume pour le tuer

mercredi 19 juillet 2023

Enclume

 


Fabriquer du rêve est devenu difficile

il paraît cependant que je forge les mots

pour une poésie la ficelle est facile


Il suffit de couver comme on cuit des émaux

ses pensées dans un four au marteau des faux-cils

aux clignements des yeux nous sommes animaux


Je regarde les cieux le lac au crépuscule

un puzzle agencé de morceaux en nuages

au soleil effondré que la lune émascule

on soustrait la lumière on détache un image


Un univers abstrait sous le vent de ma plume

envole un papillon de vers et quelques rimes

en ayant le grand poids d'où l'on bat son enclume

en ayant l’apparence allégée qui s’arrime

dimanche 9 juillet 2023

Métronome

 


Il faut savoir aimer bien quand on est un homme

en respectant tout autant le fond que les formes

en débâtant du cœur autant qu’un métronome


Il faut savoir aussi s’échapper de ces normes

abrutissant ce muscle en gonflant son sternum

un peu comme un ballon de son désir énorme


Il faut de la musique à toute relation

de l’harmonie du contrepoint quelques temps forts

et du temps faible un calme plat de la passion

pour édifier à notre histoire un contrefort


Avant que l’on s’effondre il faut la poésie

du vacarme affectif interne à endurer

toute attirance est un chemin que l'on choisit

l'amour est sans durée mais souvent sans durer

mardi 4 juillet 2023

Oubliance

 


À Victoria Amelina,


Je suis le triste héros de ma propre oubliance

entre la glace et le feu je suis morfondu

je ne suis que le fruit de cette pauvre alliance


Où les promesses d’union trop souvent font du

font l’iceberg où s’écrase une résilience

un titanique échec où l’âme est pourfendue


Quand on est à Bakhmut à deux doigts de mourir

entre les mains salies d’un boucher animal

on oublie qu’entre temps sous l’image à nourrir

on nous tue nos artistes on est au fond du Mal


Amelina Victoria morte en déjeunant

ta Poésie restera notre arche d’alliance

et dans les commandements de ce restaurant

je suis le triste héros de ma propre oubliance

dimanche 2 juillet 2023

Chien de fusil

 


J'ai rêvé d'une vie que je n'ai pas vécue

d'un avenir floral et d'un lierre étouffant

d'un passé dépecé mais qui nous troue le cul


J’ai rêvé d’un présent comme un petit enfant

le matin de Noël au pair et sans accus

sans pile et faisant face à ce qui s’en défend


De foi j'ai mis la vérité sous le tapis

j'entrelaçais les vers un peu comme un souffleur

essoufflé par un bout de chandelle et tant pis

je n’étais plus qu’un chien de fusil en ta fleur


Au fond d'un gouffre obscur on a la Poésie

garante à chaque fois d’une grande indécence

on lui doit le salut quand on est tout moisi

la constriction de l'âme est l'abandon du sens

dimanche 25 juin 2023

Fantasme

 


L'idée d'écrire est un fantasme universel

où l’on trouve à loisir à manger et à boire

où souvent le prétexte littéraire excelle


Une histoire amoureuse est un bateau-lavoir

une ancre délavée posée sous un missel

un espoir amoureux nous mène au désespoir


Écrire est la façon de fabriquer l’ailleurs

ou l’autre en fin de compte (on veut toujours changer

de posture ou d’amante — on voudrait la meilleure)

est un piège entrouvert et nous met en danger


Tout coule et tout s’enfuit comme un stylo percé

dans notre vie nous n'avançons qu'à coups de rames

à coups de boutoir inscrits qui prouvent assez

qu’on n'est bien souvent que d'horribles amalgames

lundi 19 juin 2023

Pensées



Souvent en écrivant je m'invente autrement

mon papillon de nuit s'ébat de tes paupières

et ma plume invasive à tes yeux m’est tourment


J’ai cumulé des vers en empilant des pierres

à la façon des murs entrelacés serments

que l’on prononce à la légère à la guêpière


On subit le désir en attendant l'amour

on aime bien les hauts mais les bas sont l’atout

la jarretelle inouïe qui m’est une tour

un homme n’est plus rien sans femme qui soit tout


Nos passions sont l'écho des idées passagères

on ne peut jamais tout abandonner je sais

ta beauté géniale est ma douce messagère

on n’écrit jamais rien qui ne soit nos pensées

samedi 3 juin 2023

La veille



L'amour est passager, c'est un grand voyageur

il erre assez souvent du côté de l’acmé

ce sentiment stérile en faisant sa gageure


Il est mal embouché mais aussi mal famé

le désir est truand le sentiment majeur

et la nuit ne s'étend que sur les affamés


Je veux trouver des mots qui bannissent la guerre

et des sonnets qui tranchent la gorge des ogres

un peu de son dans l’orge inouï de naguère

en tâches de rousseur en pluie du chant des orgues


Un peu de ta beauté que je ramasse en douce

un peu comme on ramasse un rêve à son réveil

avec un peu d’oublis mais l’envie qui nous pousse

à repenser le Monde autrement qu’on surveille

dimanche 28 mai 2023

Contradictions

 


Nous ne serions plus rien si nous comptions vraiment

sur les doigts défaits par les lignes de nos mains

sur un oracle idiomatique et qui nous ment


Nous aurions oublié le supplice inhumain

de ces moments où nous patientons vainement

dans la grande attente abstraite où l’on en nomme un


Qui deviendrais-je alors un prince un peu truand

la nuit n'appartient qu'aux voleurs assermentés

comme les nuits de Paris du temps de Bruant

peuplées de beautés qui nous avaient aimantés


L'envie de vivre est un poison récalcitrant

le citron récurrent de ma sombre addiction

l’acide absolument fait pour être un intrans

nous nous perdons au creux de nos contradictions

vendredi 26 mai 2023

À coups d'Poe

 


De chaque alexandrin parfait que je t'écris

je voudrais ressentir un écho désirable

et de ta musique un morceau fait de tes cris


La plume est alourdie l’envol est misérable

je rêvasse au corbeau puis soudain je m’écrie

mais qu’ai-je abandonné pour l’avoir sur le râble


Il me croasse à l’oreille et mon encre est noircie

je suis de ceux perdus que le Spleen envahit

mon âme est une éponge elle en est bien farcie

je t’aime et néanmoins tu m’as déjà trahi


Je suis dans la prison d’Oscar Wilde à Reading

et sous les quais de Dublin la Liffey s’écoule

un peu comme une larme et ta joue me rend dingue

Edgar Alan a dit ma maison qui s’écroule

mercredi 24 mai 2023

Plus ne m'est rien

 


Plus ne m'est rien mais le désir est incertain

c’est un enduit parti d’un très mauvais lavis

plus rien ne tient sur les volets de nos yeux teints


Mais dans les miens rougis dont on voudrait l’avis

je me raconte un peu des nuits jusqu’aux matins

nous écrivons pour boucher les trous de la vie


Le désir est une question de circonstances

ôté de toi je suis l'enfant de tes menstrues

l'amour commence avec la fin des espérances

et les afflux sanguins sont une grande crue


Chaque instant du passé se décline en image

on est son propre père on est son propre fils

on chevauche une vague écrasée sur la plage

aimer est bien par contre un jeu de sacrifices

mercredi 10 mai 2023

Fugace

 


La vie s'écoule en sentiments son bateau coule

un Rimmel une alarme une encre indélébile

un maquillage envahissant mais rien n’est cool


On rameute à grands cris les vauriens les débiles

un slogan m’a suffit ces deux mots qui roucoulent

à ton oreille en mes paroles malhabiles


Il est hasardeux de penser à l'avenir

alors que le présent n'est qu'un fœtus affreux

je n’ai maintenant plus personne à prévenir

il me reste en couleur un corbeau noir au freux


Ce charognard est mon image il se nourrit

d’un souvenir obsessionnel et qui m’agace

et tout s’oublie pourtant quand rien ne nous sourit

nos relations ne sont que des instants fugaces

samedi 6 mai 2023

Retour au front

 


La lumière en l'art en retirant l'abat-jour

a fermé la frontière à mon dernier baiser

la nuit n'est l'ennemie que de nos mauvais jours


En écrivant ces mots d’un stylo malaisé

je repense à la guerre envahissant toujours

il m’en cuira j’en garderai le cœur braisé


Créer c'est apprendre à s'oublier pour renaître

on prend au goutte à goutte un peu d'amour on meurt

on résiste on subsiste on se fond dans un être

et si l’âme est notre arme elle est mise à demeure


Alors une question lorsqu’on retourne au front

se pose à nous soldats qui figurons dans leurs rangs

ce qui compte est l'inspiration que nous offrons

la sensibilité s'exacerbe en pleurant

lundi 1 mai 2023

La trilogie du paradoxe à Paris

 



L'intristesse


On n'est pas vraiment triste en n'étant pas joyeux
mais la neutralité de nos tempéraments
nous intime au silence en étant sourcilleux

C'est la fatalité de ces vieux sentiments
qui nous guide à présent vers tant d'autres beaux cieux
qu'on se risque à s'avouer tous les maux qu'on se ment

L'intristesse est en nous comme un calme marin
de l'âme un pot-au-noir à repris possession
les nuages pesants pissant de leurs bas reins
sont les marques gravées de nos compromissions

Ne reste plus dès lors qu'un morceau de rancœur
un petit peu brisé par cette déception
qu'on retrouve en doutant des syndromes du cœur
et du verre abîmé d'une montre acception




Rançon


Nous trainons les miasmes de nos réminiscences
en chaque endroit d'où nos vies se sont relancées
souliers percés dont la chaussette est quintessence

On fait des ronds de jambe en vers et contre pieds
Cherchant un lieu d'aisance et même de naissance
et nous ne marchons pourtant que comme un crustacé

De travers et chemin faisant nous avançons
nous reculons aussi vers un passé meilleur
en reconvertissant notre âme en rançon
que le diable en profite à sa façon d'ailleurs

À chaque pas dévisse un flot d'incertitudes
et pourtant j'étais venu clarifier les choses
elles le sont du clairon d'une sale habitude
où s'abandonne une idée que maintenant j'ose




Au Colibri (suite et fin)


Juste avant l'orage éclatant soleil occis
je suis retourné m'asseoir au Colibri pour boire
un verre de Pouilly regardant les taxis

Sous l'ondée ruisselante en dégustant pour voir
à quel point le bon vin mène à l'ataraxie
Je me demandais si j'en avais le pouvoir

Songeant au paradoxe issu de ces moments
sachant qu'en sentiments je suis chasseur de prime
il me fallait vraiment rétablir un Roman
ma plume est le reflet de ce que l'âme exprime

Au Colibri j'ai vu l'éclaircie revenir
au temps d'un ver'de blanc posé sur la mémoire
et Proust et sa Mad'leine en place d'avenir
ont délavé de pluie les mots des vieux grimoires