samedi 22 janvier 2011

La peau



Je n'y couperai pas : la peau c'est la frontière
que l'on franchit d'un pas en changeant de couleur
à nos baisers – l'Evreux, normande lévrière –
tandis qu'à deux à Dreux, le front n'est que douleur...
Nos pauvres patois doux, d'aucuns nous les vrillèrent,
nos langues en saindoux furent saucissonnées,
mais quel que fut le joug m'abattant en prière,
je rendis l'autre joue d'import arraisonnée...

Je n'y couperai plus : la peau c'est notre bulle.
La caresse a déplu mais le corps a des plis :
plis de peaux en dépôts, pas de pot les globules,
de dépit sont les plots dont nos peaux sont remplies.
« Cela m'innerve un Pô, ce long conciliabule,
et ce trouble tableau dont la planche faiblit »,
me dit alors mon corps dont le tout déambule
sans se mettre en accord à nos plans établis...

Du coup la peau éclate ! En mil morts sceaux de Mü !
Qu'elle soit ronde ou plate, une Terre est femelle
et son enfant pisseux un continent ému ;
notre écorce est à ceux dont les peaux s'amoncellent,
nos bisons, nos bisous, enveloppent nos mues,
nos indiens, nos hindous, sont indus de nos sels,
notre route est rongée par les mots qu'on commue :
Cher Gandhi, j'ai rangé ta parole en missel.

Aphorisme lucide pour nuit blanche

"Dissimuler le fait ne peut le nier. C'est une frappante synthèse des puérilités de la condition humaine."

Michel P

samedi 15 janvier 2011

Aphorisme désabusé

"La dictature s'établit souvent de façon rampante, en instituant silencieusement des lois liberticides."

Michel P

mardi 11 janvier 2011

Militaire à terre



Fut-il atteint (de guerre lasse)
d'un trait d'heure où la bourse est molle ?
Fut-il baisé comme on enlace
la vierge à l'hôtel, qui s'immole ?
Futile était son bruit qu'on fuit
– crépis t'aimant dans son vacarme –
et ce qui fit d'un fruit conflit :
Le cœur de l'Homme où tant vaque arme !

Toujours est-il – genoux en sable –
priant, le militaire à terre,
de quelques mots qui nous accablent,
de ce que d'autres déblatèrent :
car il n'est guère un tant soit pire
que les batailles financières,
crise de foi d'un sombre empire
dont les nations sont grimacières.

Ce rêveur aux beautés vaincues
subit le front baissé, l'insulte,
il aurait bien botté vingt culs
à tant de cons qui sont incultes !
À tous ces suppôts de satin
vivant du culte de l'argent,
mais oubliant qu'un beau matin
un or sortira de l'art gens !