jeudi 31 décembre 2020

Bon rêve ayons

 

Bon rêve ayons pour des lendemains qui t'enchantent
et pour des papillons qu'on démasque haut les cœurs
en oubliant la pandémie vile et méchante

Il faudra n'enterrer que les corps pas les mots
pas les morts essoufflés dont on fit la liqueur
en oubliant les liens qu'on sculpte au chalumeau

Le bruit s'entend des pas dont nous traînons les rôles
en étant sous la pluie des moments dégoûtés
mais que nous trépanons d'un cerveau sans mémoire
où les sentiments se sont trouvés déboutés

Je suis l'atome atone égrenant tes paroles
attentif à l'accent dont je sais l'entonnoir
et dont j'aime aussi bien l'ironie le cynisme
un rêve ayons dans un salvateur égoïsme

lundi 28 décembre 2020

Roxane


Je suis mort sur le chemin de la destinée
qui serpente entre tes reins comme une frontière
étant morsure et venin ton sang m'est inné

L'amour improbable est une ondée passagère
et certains contre lui déploient un parapluie
qui ne cache rien de ta beauté véligère

On t'appelle Roxane et ton cœur est celui
qu'alexandrins les grands de fantasmes nourrissent
alors qu'ils ne sont qu'un hymen en gestation
dans un ventre imagé que les années pourrissent

Et pourquoi Cyrano ? LA REPRÉSENTATION !
Nous sommes des poupées dans une maison close
et notre scène à nous, moins la prostitution
c'est de pondre en parlant la plus jolie des choses

dimanche 27 décembre 2020

L'écho du ciel

 

Parfois nous sommes inconscients
de notre attirance absolue
le temps de nos mœurs dissolues
filtre assez bien le subconscient

J'habite un endroit tempétueux
tout aux confins de notre monde
un endroit qu'aux vents impétueux
convie ma destinée féconde

Ermite un jour et barde nuit
j'ai nostalgié ces mélodies
confiées par les dieux de l'ennui
sans doutes aux bretons « Meuleudi »

J'ai pleuré des sons de piano
qui fendait l'âme au bois des luttes
et j'ai foré comme un anneau
l'aubier qu'un cœur électrocute

Enfin soucieux de t'entrevoir
enfin l'état d'être amoureux
— l'état totalitaire « avoir » —
usurpera l'idée d'heureux

Tout l'or que j'ai dans le regard
est le filon de tes cheveux
Mon ciel aussi sans crier gare
est dans la couleur de ces yeux

L'écho du ciel en tes mirettes
est donc un concerto pour harpe
et vers le Nord où Yeats s'arrête
en verset je tisse une écharpe

vendredi 18 décembre 2020

Femme univers

 

Je recherchais en toi la destinée fatale
le chemin que poursuit ma quête incontinente
au sein d'un interstice intercontinental

En ton monde infini dont la sphère aliénante
étirait dans l'instant mon espace vital
une étreinte assurait ma faillite imminente

En quelques tremblements qu'on enterre en des lits
j'ai volé dans des cieux dépourvus de verrous
de l'espèce en danger jusqu'en Terre Adélie
qu'en bon bandit manchot j'ai perdu « c'est vers ou ? »

C'est vers toi vois-tu que s'évertuent ces vertus
qu'on visse au crucifix de l'amour exclusif
et que ton univers — au moins t'en sers-tu ? —
sertit sa chaîne aux pieds d'un poème allusif

samedi 12 décembre 2020

La fonte déglace

 

Que serais-je et saurais-je en n'étant que vacant
si je ne sais de moi que des bribes d'émoi ?
Tout glacier qui s'effondre est un père abdiquant

Quand on fond que sait-on des névés qui larmoient ?
Dans le cycle de l'eau d'un dernier mohican
les fleuves de larme ont une source et c'est moi

Je tombe alors en pluie sur un saule pleureur
et mon chapeau de bras sur ton cou délicat
remet à la bonne heure un cœur en mal d'horreurs
et de la Poésie ta langue en reliquat

Je pépite en ta peau la rousseur attendue
pourléchant de ton sel une épice affadie
poursuivant d'arc en ciel l'écriture invaincue
la saveur ineffable où mon verbe est acquis

lundi 7 décembre 2020

Iroise

 

Je plonge en ton regard et dans son vert Iroise
immergeant mon désir au plus profond de toi
noyant mon âme usée que l'eau salée nettoie

Balançant des marées quand ces regards se croisent
on entend d'eux bruisser la mélodie des vagues
et l'écho de l'amour où la raison divague

À chaque épanchement tes sentiments m'inondent
à chacun ses récits dont les vents vagabondent
et dont les passagers fabricants de nos rêves
ont pris de notre espace un peu de ceux des grèves

Un embrun de liqueur extraite à tes beaux yeux
sans racine où l'absinthe amarine un reflet
s'est posé sur ma lèvre et son goût giroflée
m'intoxique agrément d'un navire audacieux

https://soundcloud.com/annaondu/iroise

samedi 28 novembre 2020

La ballade infidèle au sens

 

Dans les sous-bois bellifontains
le vert est bleu comme en breton
les ors et la belle y font teint
les deux trésors y font bon ton

Je vous trouvais incroyableue
mais vous étiez insensibleue
votre ligne des Vosges bleue
pareille à celle de vos yeux

Dressait des regards barbelés
face aux assauts que vers dégrisent
en uniforme Alma bleuet
d'un Mirabeau dans l'aube grise

Ainsi, restaient front dégarni
nécessité mes cécités
Mais sans citer de ce vernis
L'apprêt fait de mendicité

Ne vous en voulez pas d'aimer
tant va l'amour aux trahisons
qu'une âme amoureuse à damner
n'est qu'un trait mou sur la raison

Si sans emploi je suis en pluie
sans appui je ploie j'ai déplu
sans aplomb mon fil est rompu
je suis l'ouvrier sans son puits

Je ne suis qu'une pluie de feu
dans ton giron tout aquatique
et moi sans toi rien ne le veut
je ne suis qu'un anti-sceptique

Et je te veux sans vouvoiement
sans même une masturbation
l'essai n'est à l'écriture (on ment)
qu'un prétexte à sa transformation

Je te veux nue dans mon poème
offerte à tous mes paravents
la liberté n'est qu'un phonème
on la brade un peu trop souvent

La nuit de moi s'est désaisie
dans la blancheur de l'innocence
où l'on conduit à l'hérésie
le rêveur infidèle au sens

samedi 21 novembre 2020

Algérienne

 

Je revenais en pluie dans ta mémoire acqueuse
et mouillais mes pinceaux d'un clignement de cils
attendu de tes yeux comme on marque un essai

L'encre est un sang qui coule irriguant laiteuse
une presse avide et sa justice imbécile
es-tu le papillon de la mue que j'essaie ?

La lumière éperdue sur le grain de ta peau
révèle en pellicule un fantasme ébloui
par un bleu qui rougit quand on berne un drapeau
par un regard en bouche et sa trace évanouie

Nous étions bien planqués là de l'autre côté
De l'autre côté las de Méditerranée
Dix ans durant de cet aveuglement bourgeois
La décennie noire est à notre œil un non-choix

lundi 16 novembre 2020

Hermine

 

 

Ta beauté coule en moi viscosité d'un miel
et se fond au palais tout aussi lentement
dont la pièce a la face enrobée d'arc-en-ciel

Est-ce un premier hymen à la robe de sang
crois-moi mon bel amour est un long puits sans fond
dans lequel abonde une musique sans fin

Ce monde m'a meurtri d'éclats de Poésie
tant il s'était poudré sans fard abandonné
sans phare à surveiller dont la sourde amnésie
m'amène à faire un tri dans l'ombre des données

J'ai la plume bretonne et l'hermine irritée
j'ai l'histoire en otage et j'ai le sang bouillant
je suis un celte impur au cerveau résistant
pleurant ce que les pluies ont omis de mouiller

 

https://soundcloud.com/annaondu/hermine

dimanche 8 novembre 2020

Elle était de celles

 

Le soleil arrosait le balcon de mes vœux
(ramper en paix par un parapet rend peureux)
tandis qu'en se laissant aller à la paresse

— Était-ce la peau tendue de la poétesse ? —
elle étalait le parchemin de mes non-dits
du verbe en gestation d'un poème assourdi

J'aimerais dire un jour à l'écho de ma vie :
"me voici ton reflet je suis rien tu es belle"
et dans les clapotis de mon amour pour Elle
entendre un pépiement ludique inassouvi

Le soleil arrosait son visage en laissant
des éclats mordorés dont la rouille et le sel
éclairaient d'un grand feu les yeux opalescents
qui cherchaient à dénouer mes intimes ficelles

mercredi 28 octobre 2020

Daumesnil

 

J'essayais d'accrocher son bleu regard au mur
imperméable et froid de mes nuits cinéphiles
afin de n'en garder que la bobine et le fil

Et le film ainsi mu et la pièce ainsi tue
martelaient le beau rôle à l'actrice in situ
le choix moi me restait : la corde ou le bromure

On peut rêver de cieux peinturlurés d'azur
et pourtant rien ne vaut ce regard inédit
que tu me tendais comme une tasse en brisure
Oh non ! l'acquis n'est rien à ce que l'inné dit

Tout ce que le puits sans fond d'un amour éteint
fut à la volonté de vivre absolument
se trouve à la façon d'un service en étain
dans le volcan figé d'un ménage en tourment

 

mardi 13 octobre 2020

Brindille

 

J'épuise en vain ma mélodie
dans la clarté de ton regard
et sur ta lèvre en prosodie
l'entrain qui n'a su crier gare

Il reste de mon corps de rude
une corde raide et vocale
un sanglot dolent qui s'exsude
et qui se récolte en bocal

Un aquarium en aquarelle
en m'embrassant — crapaud martien —
ta bouche est un cœur et pour elle
on arracherait bien le sien

J'ai léché sur ta peau salée
les tâches de son silencieuses
et bu lentement de son lait
l'or et les pépites précieuses

À présent qu'il faut nous quitter
que tout élément du décor
au prix de notre identité
s'arrache à nos maillots de corps

Et qu'à celui des jolies filles
— au tien qu'à deux nous connaîtrons —
s'attache un lien sur les brindilles
en croyant que ce sont des troncs

samedi 10 octobre 2020

Pour Toi

 

 

J'arroserai de verbe un parterre en partant
pour te plaire emportant mes plus belles grimaces
et les deux mots d'amour que conserve le temps

J'araserai d'un trait les bleues fumigations
d'un cadavre embaumant l'écrit par contumace
où tout auteur absent s'encense et sans sanction

Chaque nuit me semble une absolue catharsis
et chaque rêve étrangle une vie mal apprise
à te chercher sans cesse au reflet des narcisses
et des printemps dénués des serments que l'on brise

Or bruissons doucement dans le feuillage ouvert
afin de grandir en paix sous les frondaisons
de notre arbrisseau généalogique offert
entre une ronce et l'objet de nos déraisons

mercredi 30 septembre 2020

Perle à rebours

 

 

Lorsqu'en t'écrivant l'encre afflue je sais qu'il pleut
qu'on pourra me maudire et que je n'en ai cure :
en ville on a jazzé sur nos comportements

Rien ne saurait mieux dire à mes pensées du Bleu
que l'infini profond de ton regard obscur
au sein duquel il est urgent de me plonger

Nous mouillons le maillot sans désir apparent
rejetant de nous deux l'idée fausse aux orties
mais en nage amoureux nous aimons le danger
— perle à rebours au doigt dont on fait le décompte

Où qu'on en soit de ma démunition sortie
d'une plume ou d'un flingue armé d'un silencieux
j'écrirai toujours afin que mes mots racontent
à ton cœur ce que ta beauté chante à mes yeux

dimanche 20 septembre 2020

Labyrinthique

 

 Au miroir de tes yeux je suis devenu gris
je me suis enivré du faux des faux-semblants
défait du vrai que l'on devrait avoir écrit 

Dans ton regard argent du noir allant au blanc
du sale allant au propre amour en quelques cris
j'ai recueilli ta bouche en pétale accablant

Dans sa caverne aiguë ma basse œuvrait sans tain
je n'en démordais pas ton cou de cygne indien
qu'un minotaure où la raison se dissimule
ait appelé deux fois comme un été anglais

Tout m'est futile et toute impasse une obsession
tout dégénère en somme et même en soustraction
tout est serpentiforme et prêt à m'étrangler
tes bras d'abord et le désir que j'accumule

jeudi 10 septembre 2020

En chair




Le pouvoir de nos mots confine au stupéfiant
désirer fait rêver mais aimer désespère
on s'enivre à vau-l'eau de billets lénifiants

Mon poème à propos de toi n'est qu'une fable
inventée tout de go par mes deux hémisphères
un voyage ineffable un mirage esthétique

Il est un puits d'ego naufragé dans les sables
une oasis enflée par ton souffle amoureux
vivre au point d'en mourir est vraiment poétique
et pourtant susciter c'est kiffer comme on crève

Un grand bleu dans tes yeux c'est un ciel dans mon rêve
éclairant sans nuage un garçon ténébreux
l'incarnat de ta lèvre est un sang dans ma chair
infusant l'indu âge à mon âme aux enchères

https://soundcloud.com/annaondu/en-chair

lundi 31 août 2020

Naïade



Quand au creux de ses vers un peu de ton essence
a d'un calice ouvert extrait la renaissance
on voit son cœur offert en guise de trophée

Quant à remettre aux fers une âme apostrophée
laisse au choix l'enfer ou l'infâme esclavage
et le chant possédé de la femme au rivage

Épanche aussi sec une intarissable soif
étanche à ce sexe inexpressif et rugueux
que ta beauté remplace irriguant de son bief
un moulin sur parole et mes mots de guingois

Vide enfin de la place un obscur importun
que déesse adorée tu n'aies plus qu'un seul homme
effeuillant ta corolle en te parlant d'amour
et des grains mordorés de ce sable incertain

https://soundcloud.com/annaondu/naiade

lundi 17 août 2020

Éléments



L'éclair griffait la nuit de ses doigts affectueux
mais l'accélération de sa lacération
te scarifiait la peau de son métal onctueux

Que l'orage à présent dépèce à l’hallali
le corps de notre amour et sa déréliction
mon cœur est en grisaille un nuage sali

Nous randonnions en rang d'oignons dans les égouts
de luxe où confinés les raffinements crûrent
infiniment plus vite et bien qu'un champignon
qui t'hallucine à t'incarner en ce qu'ils crurent

Et transpirant la terre exorcise une ondée
rigole un nom de ru dont je repars empli
dévale et puis démonte un plateau sans pignon
déchaîne et montre enfin tout mon retard en pluie

https://soundcloud.com/annaondu/elements

lundi 10 août 2020

L'émoi doute



Damnée somme d'années nos saisons se bousculent
empruntant vers l'hiver une route trop courte
allant de notre aurore à notre crépuscule

Entre les deux le corps balance et s'évertue
d'aimer trop aimant mal émancipé du temps
qui pourtant le rattrape autant que ces vers tuent

Vicieusement le jour avance en faux-fuyant
grattant les arpégés de son compte-à-rebours
au gré des traits tirés par l'archet de nos rides
et par l'épuisement des printemps s'effeuillant

Mais dans les moissons drues blondissant au soleil
il faut du coquelicot les tâches de sang
les floraisons d'été sont des cœurs endettés
le cri de désespoir et l'agonie d'amour

vendredi 7 août 2020

Asphalte



Fleur de pavot fleur de pavé fleur de pas vu
pas pris par la patrouille on te renifle on flaire
en ton parfum le doux poison de l'imprévu

Sur les chemins de croix sur les chemins de fer
et les décorations de ces apparats chics
on décalcomanie le verbe à peine offert

En le cueillant rosé sur ta bouche grenat
j'ai pu décomposer ton numéro d'artiste
et retirer la chevrotine et la grenaille
incrustées dans tes yeux comme des améthystes

En vérité je t'enlaidis tu es ma belle
expulsée de mes visions tu me descends balle
antimoine excommunié je t'ai rêvée svelte
en ce trèfle où butine un papillon d'asphalte

https://soundcloud.com/annaondu/asphalte

mardi 4 août 2020

Chiromancie



J'aime embrasser la nuit sur les Bouches du rêve
embarrasser d'idées le delta du désir
et bâtir un barrage aux confins de l'envie

Dans ces baisers de plomb le poison sert d’appât
ta langue est de mer et tes petits seins deux îles
ignorant d'un trait ce que ma pointe dura

Du pays de ta peau j'ai défait tout empire
étirant mes déliés sur ce doux palimpseste
évitant du bélier qui confine à l'inceste
une identité qui n'est que geôle où croupir

Aujourd'hui libéré de la carte en bataille
où sommeil est angoisse où la veille est défi
je m'inscris lentement dans ta ligne de cœur
Écrivain, ma plume est le fruit de vos entailles

https://soundcloud.com/annaondu/chiromancie

lundi 6 juillet 2020

Celluloïd



J'ai laissé ma dérive épuisée me guider
sur le chaud méridien de ta moelle épinière
et froissé sur ta nuque une belle orchidée

L'art a cinématographié ton réceptacle
où le nectar embaume et ta corolle enceinte
enferme enfin bien mieux qu'un noyau cellulaire

Il m'a suffit de ton regard afin de fondre
ainsi qu'une poupée de cire à l'horizon
qu'un ciel éclaire en ne pouvant que nous confondre
ensemble à l'océan de notre déraison

Le galbe délicat de ton mollet gainé
promet ton élégance au cœur de mon désir
et d'un feu minéral l'éclat de ton sourire
éclaire au plus profond le puits de mes années

https://soundcloud.com/annaondu/celluloid

mardi 9 juin 2020

Xylème



J'irai larguer les amarres des astres auxquels je me suis entravé
privé de voyages
encalminé
dans des havres de guerre
aux veilleurs marmoréens
qui font payer du passé le passage
et de l'avenir l'agrément
pour nos entrefilets et nos trop vieux gréements.
J'irai chercher l'éclatement
des bois les plus rares
et des automnes chatoyants
dans des regards brûlants
et des sèves de curare
issues des buissons d'euphorbe sauvage
ou des reliquats de sève aux essences enivrantes.
Et grisé par la mine au crayon du destin
je glisserai sur l'onde et ses interférences
écoutant les vibrations végétales
écoutant bruisser les feuillages
et grincer les tissus en croissance
écartelant les parois des alvéoles
et les fibres élastiques et turgescentes
élargissant les troncs puissants des grands ancêtres
Encore éminemment présents dans la coque
et dans l'âme inhérente au bâtiment.
Concentriques à la façon des ronds dans l'eau
le xylème a fait ses cernes
aux yeux des matelots
qu'il protège
une longue et détendue bouée
que l'on lit dans le fil du bois
comme une partition saisonnière
aux notes accrochées comme des tons de couleurs à la lignine
aux ligneurs et leurs thons pendus sous les gaules
à la ligne où le point s'est tendu pour laisser couler l'écriture
où l'encre et l'ancre ont pris la même ampleur
et la même profondeur.
Un élan vital emplit l'ensemble
un vent gonfle aussi les voiles
un sentiment d'inéluctable envie met ce corps en mouvement
je me sens repousser mes limites
on se sent repousser passée la taille
et forcir en largeur
en épaisseur
en consistance
en maturité
je ressens l'allégresse assagie de la sérénité rendue
mon vaisseau retrouvé conduit ma sève à l'état brut
élaborant des plans d'odyssées tardives essentielles
Ulysse irlandais qu'alimente un nouveau Xylème
écrivain breton sans papiers mais que l'exil aime.

dimanche 7 juin 2020

Flamme elle



Je convertirai les métaux
plutôt que les mauvais croyants
faisant des plombs des dents de l'or
et des prisons Casanova

De ces reflets carnavalesques
on extraira quelques grimaces
et de Venise entre deux eaux
quelques secrets insubmersibles

Ys est à présent sous les flots
Paris pareille est sous la scène
où l’on se joue la Comédie
du rire et du contrat social

À chaque endroit les eaux confluent
le cours du temps leur obéit
comme un Narcisse épileptique
aux soubresauts synchronisés

Le chorégraphe un alchimiste
a deviné que la flamme elle
était aussi produit d’un flux
que la lumière est la fusion

https://soundcloud.com/annaondu/flamme-elle

samedi 6 juin 2020

Éréthisme



M'étant laissé longtemps polluer
par les regards et les visages
et par les tâches de rousseur
enflammant les regards d'azur
il a fallu qu'un jour enfin
j'éteigne en moi la dictature
iconophile et féminine
assujettissant ma raison

Rêver ma muse ah ça m'amuse
et d'amour l'idée m'énamoure
en caracolant loin des corps
et loin des fleurs de chloroquine
on a bien cru m'avoir perdu
mais c'était sans me décompter
des morts-vivants de série B
s'abrutissant du sens commun

Je me retrouve enfin sans gants
dans l'brouhaha d'un cœur qui bat
tel un vieux fret entre les cordes
un drôl' de ring qui m'a sonné
me répercute un air à gares
un uppercut en pleine foi
qui me rappelle au sentiment
définissant mon éréthisme

mercredi 3 juin 2020

Précession



Petite plante annuelle il est temps de mourir
on fleurit au printemps mais la sève est fugace
et toute l'énergie s'est rangée dans nos graines
à présent parsemées sur les champs de demain

Monte un peu non sans mal au nadir un pauvre astre
et dans sa course folle une année chaque jour
un baiser du soleil a suffit pour t'ouvrir
a suffit pour tourner ta corolle à sa flamme

Un pistil est pastel ignorant la migraine
en partant l'état mien n'était pas un désastre
et pourtant l'étamine est un mot qui m'agace

À la fin me couchant sous l'horizon des mers
un public ébahi m'applaudit des deux mains
je m'achève en pluie tel un nuage essoré

https://soundcloud.com/annaondu/precession

vendredi 29 mai 2020

L'intrication quantique



Tes courbes délicates
et c'est l'hiver autour
ont du sourire en elles
à la façon Mayol

L'intrication quantique
entre nous deux s'affirme
et de ces particules
il reste nos deux noms

Il fait froid dans mon cœur
et ton étoile éclate
à la fois minuscule
et voilée de ses ailes

Or ton brasier sans viol
en ce qu'il me confirme
être un métal précieux
j'en connais le renom

Je retourne à tes yeux
quand leurs baisers m'écœurent
en janvier ces vautours
aux amours élastiques

https://soundcloud.com/annaondu/lintrication-quantique

dimanche 24 mai 2020

Le Chemin des Dames



Il pleut dans ma mémoire un soupçon d'arc-en-ciel
et le jour est bien pâle en reflet de ses teintes

Il peut se dépasser de couleurs au moins sept
et se perdre en tes yeux d'aquarelle ébahie

Lorsque la nuit s'effondre et le jour ne point plus,
nous sombrons lentement dans l'idée qu'il a plu.

La pluie s'abat comme un rideau ferme la scène
et dès lors on suspend ce théâtre essentiel

Oui l'essieu de la roue de la vie nous oblige
à rouvrir au public un champ de mine en mots

https://soundcloud.com/annaondu/le-chemin-des-dames

lundi 11 mai 2020

Le grain



Je plus aux femmes du passé
parfois averse en m'enfuyant
le tuyau se perce en amour
et les sentiments se dispersent

On se bat — Les moulins à vent
comme des moulins avant
de moudre enfin le mauvais grain
que son ivraie m'aurait livré

Je t'appelais souvent ma pluie
plus plausible adieu qu'en baisers
mais ta bouche était un brasier
d'où je ne sortais sans appui

Le poète est un postillon
qui transmet son virus aux gens
celui de la passion du vers
et du vent qui le dissémine

À force enfin de deviner
qui tu étais je t'ai touchée
ton sourire a la fluidité
d'un croissant de lune apaisée

https://soundcloud.com/annaondu/le-grain

mercredi 6 mai 2020

Lépidoptère




Papillon sur la fleur des mots
je la butine en m'ignorant
car en chaque grain de pollen
est mon histoire en morceaux

La Poésie sera toujours
une merde enveloppée d'or
et dont l'odeur éloigne et dont
l'image attire ainsi qu'un leurre

À la mouche on dépêchera
le messager de la merde et
sur ce fumier ma fleur unique
aura le parfum de la Rose

Elle aura sa grâce et son teint
son incorruptible énergie
son poison qui m'est un délice
et mon ultime idée de la Mort

Alors obsédé de survivre
et de l'aimer quelque peu plus
je lui ferai pleuvoir mes phrases

vendredi 24 avril 2020

SarsCoV2



Le virus est ici dans ta bouche où j'expire
on se rend dans la tombe où la peur nous convie
l'hôpital éperdu croule de lits perdus
je bégaie je bégaie ma béquille est en moi

J'ai mes mots dans la pluie qui s'abat sur l'epp'lé
j'ai mes maux dans la plaie qui s'abat sur la plèbe
et le sentiment se récolte au revolver
et les morts en caissons dans nos yeux s'accumulent

On dira du virus un paquet de conn'ries
mais en face de lui le riche est un mendiant
puissions-nous de concert oublier notre banque

On vivra survivra si les Dieux nous l'accordent
un jour un écrivain saisira mon poème
en fera son roman tout s'écrit par-dessus

https://soundcloud.com/annaondu/sarscov2

mercredi 22 avril 2020

La nuit de silence



Dans ma nuit de silence où passe ton fantôme,
où ta beauté se perd et le fil est rompu,
de toi je désespère et n'ai plus un atome
innocent de t'aimer tout autant qu'il ait pu.

Du puits de ton regard où la source est si claire,
au fruit charnu brûlant de ta bouche idéale,
il me faut t'espérer comme on passe en éclair,
et de t'attendre aussi la patience immorale.

Il me faut te l'écrire et rêver ta réponse,
un cri désespéré dans la nuit du silence ;
il me faut recueillir un baiser que tu lances...

À ma belle héroïne, à l'amour qui m'enfonce,
à la femme idéale entourée de murailles,
il me faut grafiter la paroi du sérail.

https://soundcloud.com/annaondu/la-nuit-de-silence

lundi 20 avril 2020

Poésie



Je me rêvais Borges et des fois Pessoa
m’imaginais serpent dans la mue d’un boa
je pensais qu’un faux-nom feraient mes écrits vrais
mais de ce faux espoir on est resté navré

Moi j’adorais Racine et Molière et Boileau
j’étais le végétal en beaux vers à vau-l’eau
je composais pour toi le bouquet le plus beau
je me croyais géant je n’étais qu’un nabot

J’ai beau vouloir m’en faire à force de t’aimer
La peau d’homme est panthère et sa tâche est semée
dans les sillons du verbe où je me perds à l’envi

J’ai beau vouloir m’enfuir rien ne peut résumer
la Poésie ce qui compte le plus dans ma vie
je la lis je l'écris la partage et la vis

https://soundcloud.com/annaondu/poesie

samedi 4 avril 2020

Transgression



J'ai déchiré devant
le public un rideau
de nos passions cachées

J'ai révélé l'intime
au cœur atomisé
de notre union fugace

Un regard a suffi
pour m'enchaîner à toi
comme un bateau coulé

Le Rimmel à tes cils
a bien su larmoyer
pour m'envoyer au fond

De ta mine d'aisselle
et des coins de ton corps
où se fourre un poème

À quoi bon composer
ces décompositions ?
L'Amour a fait des vers...

Et Toi magnifique
avec tes grands yeux verts
avalant mon désir

Et l'ayant digéré
je supplie ton sourire
et tes clignements d'yeux

Mais pour être poète
il faut être tombé
amoureux de tant d'autres

https://soundcloud.com/annaondu/transgression

jeudi 26 mars 2020

Crusoë



Il est minuit au square du temps
ma montre molle est indécente
à remonter l'écran du JE
Je ne sais plus mon score latent

Je suis sur mon île disserte
à te raconter mon récit
je suis un puits pour que mon eau
te rafraîchisse à moindre frais

L'isolement quoi qu'infernal
est cellulaire et biologique
une paroi chronologique
a mis plus d'espace entre nous

La pluie qui tombe à petits pas
Du coup respectant la mesure
Où la taille obscure est sévère
Oui manque en baisers répétés

Tu dis : « Robinson, je t'attends ! »
mais c'est un merveilleux mirage
éloignez-moi de la beauté
je veux mourir en gribouillant

https://soundcloud.com/annaondu/crusoe

dimanche 15 mars 2020

La grippe espagnole




Nous vivons dans la peur de mourir
Il n'y a pas de vraie vie sans mort
Il n'y a pas de répit sans remords
Il n'y a pas de remous sans amour

Il n'y a pas de récit sans secours
et quelque vérité qui s'écrive
est trop souvent gravée sous la peau
comme un parchemin sale et retors

On sait les décès financés
les décisions lues sans détour
et pourtant de ces pas cadencés
ma lecture est souvent sans retour

Il n'y a que des noms trop célèbres
Il n'y a qu'un virus et l'oubli
Donnez-moi la magie de la plèbe
et de boue je ferai patricie

Je ferai de mes poupées de glaise
à l'artiste un souvenir vaudou
le dégradé de marine anglaise
adapté pour un tour en cachette

On sait les cagibis dépeuplés
l'espace est leur déconcentration
tes jolis yeux bleus m'ont ignoré
mon ciel est bleu d'encre à dégueuler

Mon ciel est noir d'ancre à déplorer
dans le tôt décès de mes aînés
mon ciel est comme un catafalque
illuminé par les malades

Et dans la procession des morts
où la peste est la reine en l'arène
il me faut compter les matamores
et conter leur récit dans la peine

Il me faut repenser à mon frère
à celui qui fit les calligrammes
à mon cher Guillaume Apollinaire
il me faut relire Edmond Rostand

Qu'en paix campés dans l'alexandrin
la guerre entre eux ne m'ait concerné
qu'au niveau de la grippe espagnole
on pourrait parler de tous les autres

À commencer par Egon Schiele
et sa pauvre jolie femme enceinte
on en meurt en voulant enfanter
le virus est saint-barthélémyste

Ah ! Kafka finit par en mourir
aussi, la peine est réglementée
dans des dedans démantibulés
dans des dehors à peine apparents

Si la fleur du mal a fructifié
c'est qu'un virus a bien suivi
nous mourons tous en espérant
que nous survive un temps présent.

https://soundcloud.com/annaondu/la-grippe-espagnole

mercredi 4 mars 2020

Seul au restau'



Souvent j'allais au restau' seul
avant l'week-end le vendredi
quand j'étais bombardé sur Brest
en cours aux samedis matins

Je me faisais des chinois'ries
afin d'entortouiller mes nouilles
en plein potage asiatique et
ticket chic et sans détour

On y trouvait ces tristes couples
en train de célébrer ici
l'avant de leur séparation
face à des rouleaux de printemps

J'aime aller seul au restaurant
sans me payer d'une compagne
à satisfaire en condiments
d'un à-paraître en con dimanche

Et j'aime aussi me délecter
de bons plats égoïstement
d'un verre éclusé sans trinquer
sans calcul au plaisir présent

J'aime écouter le bruit des gens
leurs pas potages et leurs agapes
un bruit pareil est un refuge
à qui veut se nourrir de tout

https://soundcloud.com/annaondu/seul-au-restau

samedi 29 février 2020

Roman



Que l'on subisse ou que l'on faute
on vit sa vie comme un roman
la suite est ce que l'on écrit
que l'on compose ou que l'on tourne

Elle est l'écho de nos dérives
et le micro de nos angoisses
accumuler les ans qui passe
est cumuler les casseroles

À tout beau rôle est un mauvais
c'est le casting à dénoncer
c'est le choix qu'on donne à celui
de la victime ou du bourreau

C'est un pianiste à Varsovie
c'est Kinski violée par son père
une œuvre au noir et ses neuf portes
et la family de Manson

Il faut brûler les criminels
et se faire une inquisition
des bonnes paroles ânonnées
brûlons aussi leurs créations !

À tout beau rôle est un mauvais
n'endossons pas ce dernier-là
laissons la justice à ses juges
et la romance à ses poètes

Il advient lorsque l'on vieillit
de moins trier le vrai du faux
que l'on subisse ou que l'on faute
on vit sa vie comme un Roman

https://soundcloud.com/annaondu/roman

jeudi 27 février 2020

Premiers baisers



La vie recommence à chacun
des premiers baisers retrouvés
la vie redémarre au rencart
de tours de magie dans l'amour
et de nos vains doigts galopant
sur les peaux devins de nos sorts
et sur les oripeaux de vingt
doigts emmêlés sous le tissu

Le désir est un assassin
que l'on réclame à si grands cris
que mourir est si peu de chose
en comparaison du plaisir
et des déceptions en cohorte
à cultiver dans son jardin
que quoi qu'on en crève à la fin
c'est la fin voulue du début

Qu'on soit russe ou français — poète
ou qu'on soit belle ou merveilleuse
— on est le produit du hasard
on est le fruit de nos rencontres
et pas celui de nos entrailles
irritées par les faux-fuyants
des sentiments mal assumés
des premiers baisers retrouvés.

mardi 25 février 2020

Les smartiens




Ils ont l'extrémité
du bras la main greffée
sur l'outil autistique
où leur pensée s’abîme
en se vidant du sens
et du bidon royal
addictif constricteur
étouffant leurs méninges
ils sont les proies faciles
esclaves consentants
vissés sur leurs écrans
bruyants et impudiques
éructant dans leur langue
impropre à s'embraser
de banalités crasses
en un mot comme en cent
comme on sent l'incapable
effort à la fermer
des passagers polluent

lundi 24 février 2020

L'élixir



J'espère un soleil d'or
au fond d'un gouffre intime
où sourdrait singulière
essentielle et sublime
un peu de ta nature

Un soleil dont l'éclat
fragmentaire en tous points
mènerait à chercher
la pépite espérée
que tu cachais en Toi

Si la muse inspirante
en laquelle Aragon
puisait l'inextinguible
appétit de poème
était de cet or-là

Qu'envierait Maupassant
je peindrais ton étoile
au pinceau de ma feuille
et pousserais son germe
à planter ses racines

Aux mots s'enrouleraient
les gourmands du désir
où la sève élabore
un secret élixir
et l'or pur se dilue

https://soundcloud.com/annaondu/lelixir

dimanche 23 février 2020

Fontaine




Il faut croiser
Fontaine
et l'appeler Brigitte

Rue de Saint-Louis-en-l'île
chat noir
à caresser

Puis continuer
le long
du port de l'Arsenal

Du Faubourg Saint-Antoine
jusqu'à
La place des Vosges

Il n'faut pas dire
Fontaine
je n'boirai pas ton eau

Mais je fais mes adieux
je crois
à mon Paris

Paris perdu
longtemps
dans les brumes passées

Par la force des choses
issues
d'obligations

Un an durant
rejoint
mais la page est tournée

https://soundcloud.com/annaondu/fontaine

Paris classée



Le beau ciel est de retour
avec un air de printemps
sur Lutèce et ses arènes

À Jussieu le soleil couche
un vernis doré rutilant
les carreaux de la tour brillent

On klaxonne à la Mutu'
la place Maubert est sans bâches
et son bitume est sans tâches

En une nuit diluvienne
on a passé au passé
un savon décalcifiant

Les sentiments entartrés
dans les rues se sont dissouts
Paris l'affaire est classée.

https://soundcloud.com/annaondu/paris-classee

vendredi 21 février 2020

Quartier Latin


Au petit dej'
j'ai grignoté les patiss'ries
des Dames à la licorne

En tout honneur
à défaut de celle de Bayeux
je m'restaure à Paris

Près de Cluny
je couche ici rue du Somm'rard
où je dors assez peu

Je suis au treize
et ma cellule est monastique
à fenêtre sur cour

Quartier Latin
Je suis au cœur des battements
qui sans cesse l'animent

https://soundcloud.com/annaondu/quartier-latin

Paris sous les auvents



Paris sous les auvents
de part en part
des rues serrées de Saint-Michel

La pluie s'invite au bal
de nuit dimanche
esquive en zigzaguant les gouttes

Et malgré tout trempé
l'hôtel est là
sa chambre exiguë me renferme

Un instant je me couche
en moisissant
les perles de pluie qui m'obstruent

Le profil sinistré
De Nôtre-Dame
aperçu d'un échafaudage

Heurte en vain ma rétine
impératrice
en d'autres royaumes des cieux

Le cognac était bon
le comptoir sec
mais pas le boul'vard Saint-Germain

Dans le reflet des phares
et des liqueurs
un parisien se reconnaît

C'est un révélateur
en noir et blanc
sur pellicule existentielle

Et cependant la nuit
nous enveloppe
en son linceul humidifiant

https://soundcloud.com/annaondu/paris-sous-les-auvents

Le réchauffement climatique



Paris venteux dix huit degrés
j'écumais les apéritifs
à chaque averse pour prétexte
à chaq' bout d'texte à pré-écrire

Paris la bruine et puis la pluie
le pastis à l'eau sur le zinc
et les toits ruisselant de Toi
de ton image à quoi je tique

Ondée versée sur la Cité
c'est pour éteindre un incendie
mais Montparnasse est inondé
par un non-dit dans mes pensées

Paris Rimmel en février
coule d'un bleu d'eau minérale
au firmament de mon cafard
et de mon désespoir acide

Il pleut sur la belle aquarelle
où se délave une jeunesse
et le ciel être capital
habille Paris de son jus froid

J'attends que ton absence efface
absolument tous les glaçons
le réchauffement climatique
est dans tes yeux couleur absinthe

Il pleut sur Paris c'est si rare
on lave les délits des lais
qui de Villon jusque aujourd'hui
dévêtissaient la courtisane

Et dans la marche des degrés
sur l'escalier de l'effet d'serre
il serait bon qu'au cœur aussi
le climat chauffe à sa manière

https://soundcloud.com/annaondu/le-rechauffement-climatique

jeudi 20 février 2020

Le Passage



Chemisier blanc pantalon noir
avec sa gouaille parisienne
elle était la serveuse au bar
un juvénile ange et super bien

Ça c'était la serveuse au bar
œil argenté tablier gris
tandis que le ciel en pleurant
laissait le pouvoir à son rire

Elle était la fille au comptoir
avec un loufiat pour complice
un vieux serveur aux cheveux blancs
plein de malice et plein d'esprit

De ce contraste saisissant
mais nimbé de leur harmonie
naissait le sentiment subtil
où s'affichait sa différence

On sait la singularité
dans un regard où l'on échange
un éclatant sourire éclair
un univers en un rictus

Au coin de ce chemin de verres
en zinc enfin s'est envolé
le sourire un instant fugace
ouvrant le sens à l'existence

En m'arrêtant dans ce troquet
moi le clochard assez céleste
un truc en fait m'avait doublé :
dans mon passé, j'avais l'présent !

J'avais l'présent dans sa beauté
dans tout l'éclat que la jeunesse
offre aux êtres particuliers
lumineux comme un soir d'étoiles

https://soundcloud.com/annaondu/le-passage

Gésir à Paris



J'ai laissé gésir à Paris
les temps forts et les amours mortes
et ce vestige a ressurgi
mimant vertige et Tour Saint-Jacques

Odéon joue de mon hasard
et Saint-Lazare recueille enfin
de ce mot fin la part du lion
que garde Lyon mieux qu'Austerlitz

Que j'eusse eu Jussieu pour école
et de leur rue via la Sorbonne
un point de vue sur les deux îles
il devrait moins m'en souvenir

Pourtant j'éveille les fantômes
en arpentant le gris bitume
et dessous ces pavés sans plage
on sent l'écorché du métro

Les nerfs à vif on déambule
on perd son latin quelque part
en restant calme à Saint-Placide
et puis de marbre à Saint-Sulpice

À Vaugirard on longe encore
une échelle archéologique
où le temps grille au Luxembourg
un feu de paille un peu de poutres

Or, de la République on chambre
en descendant vers Saint-Michel
les souvenirs de '68

samedi 8 février 2020

Distilled in Brest



Non, je n'en peux plus de la pluie
qui tatoue la grisaille à l'âme
et qui découpe en filets d'eau
le temps perdu sans amour.

Et je n'en peux plus du Grand Ouest
où l'on prie l'astre évanescent
de ne pas se coucher si tard
en n'accouchant que de sourires.

Il me faudra peindre en violet
les sabords ouverts de tes yeux
retendre une corde vocale
au diapason de tes paroles.

Il me faudra te conter Brest
et ses remparts rempli de bruine
et de ruines d'amour aussi
dont le profil de fer rugit.

Sous les grues du port de commerce
on comptait les points de suture
en soupirant pour ses beautés
tâchées de rousseur aux yeux clairs.

Il me faudra te raconter
comment la rouille en Poésie
marrie Miossec à Segalen
divorce en récitant Corbière.

Il me faudra bien dessiner
sur toi les entrelacs celtiques
où nos promesses s'entremêlent
et nos baisers sanguins circulent.

Et je n'en peux plus de te perdre
à chaque instant qu'on ne crée pas
dans ce Ponant dont la cité
craquelle en l'absence de toits.

Non je n'en peux plus de l'appui
qui me manque en déséquilibre
au bout du Monde et de la vie
que je ne conçois plus sans Toi.

https://soundcloud.com/annaondu/distilled-in-brest

mercredi 5 février 2020

En "Me Too" fléau



Le froid de l'âme est de l'acier
ce qui perfore au mieux le cœur
et lorsque sur moi tu t'assieds
c'est entre plaisir et rancœur.

En tripotant le bout du Monde
on est souvent très près des femmes
on est souvent le porc immonde
auquel on pardonnait l'infâme.

On est pourtant dans ton regard
un prince infiniment charmant
le prince sans rire en quai de gare
et parfois même un peu l'amant...

La ritournelle a décompté
mes relations imaginaires
et dès lors on a raconté
l'idée que ces traumas génèrent.

À chanter des récits sommaires
On s'est pourri les amygdales
et tapissé de toile amère
un en-soi qu'on livre aux mygales.

Or l'araignée de nos pensées
fleure assez bien les illusions
les déceptions du temps passé
sur un canevas de visions.

La pluie tambourine à grands cris
sur le carreau de ma lunette
et ma vue basse encore écrit
l'éplorée plainte malhonnête.

Elle est cri, sourde et renchérit
ce que vaut chaque individu
car à chaque et perdue chérie
je sais très bien ce qu'il est du.

https://soundcloud.com/annaondu/en-me-too-fleau

mercredi 22 janvier 2020

Tisons



De paille ou bien de feu
J'ai le cheveu des femmes
enroulé sur le doigt
qui trace un entrelac

sachant des poésies
que l'on ânonnera
mais ma prière aussi
qu'Ana lai honora.

Puis tisonnant les braises
où l'on fait apparaître
un destin des falaises
on signera nos faims

le cœur a crevaison
que crevaison minore
et j'ai fait mettre au clou
mon désir éperdu.

Je veux crever debout
comme un pneu misérable
et joindre sans embout
ma valve à ton amour

afin de louvoyer
sous tes yeux si cléments
que ma mère oubliée
j'en vois le bleu profond.

https://soundcloud.com/annaondu/tisons

mardi 14 janvier 2020

Solaire



Nous ne sommes que de petits mouchards enrhumés
Pestant sur le déni de nos désirs abstrus
Tout en manifestant sur l'impossible acmé
Que nos contradictions dans l'avenir obstruent.

Parsemée d'éphélides et bleutée du regard,
à ta chair un éclair est venu s'imprégner,
sur ta lèvre en pétale il me faut le nectar
humecter, puis cueillir en mes serments pas niés.

Sans cela, le cocon dru de ma chrysalide
en tes bras qui se tisse, aura perdu le fil
où se dénouent les nœuds de mes passions invalides.

Et fixé sur Toi, tandis que les jours défilent
à ton soleil hypnotisé je me suicide
entier, tu es mon énergie, ma chlorophylle.

https://soundcloud.com/annaondu/solaire

vendredi 3 janvier 2020

L'hyper Noël



Mes brins d'ADN enguirlandent
un peu de gène en mes enfants ;
mais le plaisir et les cadeaux
sont sous la crèche et les santons.

L'encens parfume un sentiment
de plénitude à leurs sourires ;
on sent le sapin pubescent
perdre une épine à chaque éclat.

Restent les cendres après les veilles
et les onctions du nouvel an :
nous vomissons les plats trop gras.

J'ai persiflé la Création,
j'ai persillé ma poésie
d'un peu de piment littéraire.

https://soundcloud.com/annaondu/lhyper-noel