vendredi 29 février 2008

Correspondances en papier de vers



Dedicated to an improbable Sinéad O'Connor,


D'une photo, de quelques mots d'une inconnue,

j'ai dé-tressé des nids, là-haut, tout près des nues.

Des nids de papier, et de phrases sybillines,

où les vers de cristal se brisent sur leurs lignes.

Des nids dénués de haine et faits de longs cils,

où traine encor, sessile, le prénom de Cécile...

Lorsque s'en iront d'Elle, en quelque froissement

d'aile, ou en un clin d'oeil, sans même un croassement,

mais juste un croisement de plumes et d'épées,

les feulements de page, incidemment gravés,

comme à l'auxiliaire s'ajoute l'épithète,

les "je" d'égo ne seront plus que maux de tête.

A reconnaître mon image en ce miroir,

touchant du doigt le tain, liquide à la mémoire,

nous déformant de ronds dans l'eau, tout concentriques,

J'ouvrai la porte de citadelles toriques :

--------------------------------------------------------de l'eau secrète !

--------------------------------------------------------De la salée !

Des vasques de larmes enfouies,

----------------------------------------------en fuite perpétuelle,

-----------------------------------transies...

--------------------------------------------Mais tellement belles !

-----------------------------------La nuit,

lorsque le reflet des astres rayonne,

--------------------------un autre bruit

que celui de nos âmes qui crayonnent.

J'ai suivi la main de Camille

sur les muscles de ses statues,

laissé mon coeur partir en vrille,

lorsque mari fut mon statut...

Mais les maris, Cécile,

---------------------------------vibrionnent !

les fleurs et les idylles,

-----------------potentilles

---------------tormentilles,

-------------------------s'embrouillonnent

en dehors de l'hermétisme de nos poèmes,

de nos correspondances en papier de vers,

et que, mêmes de papier, ta peau, ma peau, aiment,

sur les bordures, les borders, et leurs dévers...

Dans une vie passée, j'ai rêvé de Rimbaud,

et de ses verts tilleuls, je fis l'infusion,

mais, jamais d'autres mots, émasculant le "beau",

ne me concédèrent, de l'autre à l'un, fusion.


Tout mirage est un miracle à nos horizons,

car de nos soifs, il fait couler les oraisons.


free music

samedi 23 février 2008

Suis un cap sizun !

J'ai le souvenir d'une église,
le croassement des corbeaux freux,
sur la pierre où l'on mit en guise
de duc, l'effraie au cri affreux.

Oiseaux de jour, oiseaux de nuit,
à l'oiseau-lyre est malheur bon,
car dans ce qui, parfois, nous nuit,
nait l'instrument d'où sort le son...

La larme à l'oeil est alarmiste :
les mimosas peuplent d'odeurs
les frais vrillés jardins capistes,
qui n'en ont cure, du malheur...

Ne coule en moi que la rivière,
plongeant mes doigts comme les branches
d'un vieux chêne enserré de lierre,
dans l'onde lente qui l'épanche.

Tantôt si fou, tantôt si calme,
Il est tant enserré de mers,
que lui poussent aussi des palmes,
frondaisons inaccoutumières,

le Cap est un pays d'extrêmes,
entre sa lande et ses bruyères,
ses bois profonds, ses plages blêmes,
en secret, coule son estuaire.

Qui saura un jour nos mystères ?
qui s'intéressera enfin ?
Les vies écrites dans la pierre,
Oh ! Seule Toi en sait la fin !

vendredi 22 février 2008

Tendresse

Je me rends compte que cet endroit est le weblog qui dure : bientôt deux ans.
Il s'en est passé des choses, durant tout ce temps.
Lui, m'a surtout servi de grenier à grains.
Je l'avais créé lorsque les pubs ont débarquées sur MSN.
Je l'ai souvent délaissé.
Mais je n'ai jamais songé à le supprimer.
C'est peut-être lui mon "jardin secret pas si secret puisque public"...
Je l'avais créé sous l'emprise d'une drogue dure, 1m61, brune aux yeux "menthe à l'eau".
Comme quoi, on peut survivre à l'opalescence de l'absinthe et de l'absente !
J'ai de la tendresse pour cet endroit. Il est un refuge. Peu nombreux sont ceux à le visiter. Peu importe !
C'est mon antre !
C'est moi le patron ici ! Et je sers la limonade ! Et même les bocks ! Et ses bords sont verts comme les tilleuls !

Gardien de soirs

J'entendais rêver si fort un gardien de square,
le pauvre, enchainé aux arènes de Lutèce,
qu'à vouloir enfin devenir gardien de phare,
il perdait les notions de parisienne adresse...

Timbré, sous les lilas, sans être poinçonneur,
il ne percevait plus que lumières de nuit,
et ne s'imaginait pas mieux qu'en ce sauveur,
pour lutter, en lutin, contre ses insomnies.

Mais dans sa tour d'ivoire, il était solitude,
et ses fantasmes d'y voir des mers déchainées,
n'étaient que ces lumières qu'on tente à dresser,
comme des naufrageurs dont les feus sont Bermudes.

Treize ors

Des sept cités de Cibola,
d'Eldorado en fiêvre inquiête,
du Kafiristan aux incas,
le mythe errant, partout s'émiette.

Mais les trésors que je n'ai pas,
sont ceux qui animent mes quêtes,
dont les rêves guident mes pas,
aucun grand or ne vaut l'enquête !

Aucune carte ne décrit
mieux son chemin, mieux sa présence,
que cette succession d'écrits,
frôlant si près la déchéance.

Le lien qu'indique cette croix,
d'un parchemin imaginaire,
n'est pas toujours, comme on le croit,
plus riche que l'itinéraire.

A chaque vers, c'est une pièce,
ou un bijou, ou une gemme,
qui s'ajoute lorsqu'une liesse,
ou un soupir, me dit qu'on aime.

Avoir un peu d'or dans la main,
ne pas s'oublier à le taire,
vaut plus que tous les trésors vains,
s'il faut finir au cimetière.

mercredi 13 février 2008

Les fleurs du bien

Mais toujours dans l'apprêt, pleurissent les cols chics,
amidonnées forêts aux fronts de ces Omphales,
qui s'accrochent au cou d'Hercules anarchiques,
dont les sexes sont mous quand l'euphorie s'installe.

Pleurissent, pleurissent, les fleurs de ces toisons,
comme de l'oeil l'iris, les larmes à foison,
les crocs qu'au deal, de Lerne, en spécula Jason,
et sa peur subalterne, en unique oraison.

Sentir la mandragore et son parfum de fin,
qui comme un fond s'honore, habille le destin,
ces perceptions, ersatz, me sont à la pensée.

Hors le poids de cent heurts, qu'il me faille encaisser,
et les Postdamer Platz, qu'il me faille poster,
les fleurs du bien en leurre, en sont des maquillées.

mercredi 6 février 2008

La prose du transcybérien ou de la petite Cécile de France

Texte inédit non publié lors de sa rédaction

Mais l'algarade
-----------------entre ces coeurs fiévreux,
C'est l'esplanade
-------------------emplie de leurs fonds creux,
Des désespoirs
------------------aux amours éconduites
Et des miroirs,
-----------------des zéros de conduite...
Blâme !
Blâme !
Blâme !
La machine à broyer les âmes
Entre en action
Pour nos dérélictions.
L'incertitude,
Le doute,
La solitude
Et toutes ses redoutes,
Nos vaines fortifications,
Ô Jéricho !
S'effondrent au moindre horizon,
Dès le premier bateau.
Les usines
------------poussent,
-----------------------atomiques,
------------------------------------comme autant de champignons,
Mélusine
-----------tousse,
--------------------impudique,
---------------------------------Des fées, défait la Sion,
Ô Jerusalem !
Serpentine et céleste incantation,
Oh ! Jet russe à l'aine,
Tout près de ces plaies, les passions,
Les indicibles "je t'aime",
De ceux qu'on sert à profusion,
Les indices de vies vaines
Et de nos scarifications.
Rhume !
Rhume !
Rhume !
La machine à gratte-bitume
Refait de ses dents des chaussées,
Sur l'avenue des amertûmes
Dont l'on ne peut se défausser...
Ne nous restent donc que des failles,
Sismiques cités des deux sexes,
Où poussent nos bouquets d'entrailles
Comme une fleur mise à l'index.
Ainsi, quoique mon coeur défaille
Quand se révolte mon cortex,
J'ai tant de trains, d'infinis rails,
Que vient Novonikolaïevsk.
Transe
--------cybérienne,
----------------------volutes
-------------------------------envoutantes,
Danses
---------caucasiennes,
-------------------------vos luttes,
-------------------------------------on vous tente.
Nous roulons vers les fûmeries d'opium
Et des fins parfums de femmes fatales
Et d'aussi fatals que leurs sont les hommes
Quand ils se donnent en doses létales.
Nous glissons sur l'huile de parachine,
Nous filons des colliers de perles fines
Sur les défilés des gorges mandchoues,
Des cols ténors qui mènent à Bakou.
Alors,
-------sur nos lignes
---------------------télégraphiques,
J'ignore
---------quel insigne
-----------------------électronique
Arbore
--------cette ondine
-----------------------pan-magnétique,
Eclore !
---------Eglantine
--------------------Où rien ne pique.
L'ourlet d'une rose, ses lèvres,
Et des creusets brulants d'un or fondu,
Lorsque sa main, vers moi, s'élève,
Soudain, les heures de ce temps font dû.

samedi 2 février 2008

Les terres creuses

J'ai posé sur mes cervicales
un hémisphère cerbèral,
et la demi-coque de noix
aux gravités sans foi ni loi.

Quoique des deux, je pusse faire,
l'une à l'autre, elles se soudèrent
en planète à tête chercheuse,
quand s'immisce île en terres creuses.

Comment y nait un océan,
sinon de larmes en céans ?
De quel soleil voit-on le jour,
sinon d'un sourire à l'amour ?

J'étais dépité des pitiés
que m'accordaient les amities,
au rang floué d'un instrument,
le passé arrangeait présent;

mes bas de laine, aux moues pleureuses,
s'effilochaient, mes terres creuses
se remplissaient des autochtones,
des habitants des voies atones,

et les rigoles des césures,
de vers en fleuve, oh, si, c'est sûr,
de verres en pluie, des vins remplirent
les prédictions de mes plus noirs désirs.

les terres creuses connaissent aussi,
leurs conflits généreux en appétit,
leurs généraux confits et leurs zéros,
et leurs huns, transigeant à l'apéro.

On les retrouve morts aux vins d'honneur,
et quelques chants de nos stupeurs
marquent ces lieux de leurs croix blanches,
liquides mots dont on s'épanche.

Pour quelques-uns d'entre nous tous,
chassant fûmées dont d'autres toussent,
les terres poussent à l'envers,
le monde n'est que fourmilière.

Dans l'infini des galleries,
de tout ce qui n'est pas écrit,
les portraits sont encor vivants,
malgré les heures et les ans.

La lumière entre rarement,
spectrales sont les voix des gens,
mais les éponges des cerveaux
essuient les platres de seuls mots...

J'ai connu un monde inconnu,
une jungle et pas d'indiens nus :
la terre creuse que j'explore,
cherchant toujours ma cité d'or.