dimanche 28 février 2021

Bergerac

 


 

Quand la statue de Cyrano me rit au nez,
je ne pris ombrage en fait que de sa stature,
en Bergerac où ses maisons encorbellées
m'ont laissé juste une heure à leur villégiature.

Et la rivière écoule un peu de ce bon vin
qu'on vide en se lâchant parfois d'un Pécharmant,
d'un triste sire anneau, l'aîné s'est cru devin,
mais de ses crues le fleuve est bien le vil amant.

Le Sud est seul et maître et le soleil arrive
avé l'accent qui cogne aux cadets de Gascogne
avé l'art oratoire enjambant l'autre rive.

On est bien né dans le berceau de la Dordogne
et peu que passé le pont sur la berge on raque,
il vaudrait mieux cracher que renier Bergerac.

Lusignan


 

 

Si j'ai cherché sa trace aux confins de l'Histoire,
aux confins d'un Poitou plus que mystérieux,
c'est pour offrir à la page un saut périlleux
qu'en poème on traduit par ses vers transitoires.

Anguipède à l'envi, Mélusine en bouquet,
ma fleur de la beauté tatoue son cœur au mien,
j'ai la fée serpentine et ses rois arméniens
pour emblème au blason de mon amour à quai.

Le voyage a repris, je m'en vais vers la mer
et pourtant ce matin je m'arrête en ces lieux
visités par deux fois, c'est ma voie du milieu.

Mélusine a pour moi le parfum des fées mères
et Lusignan me berce au hasard de la route,
aux hasards édifiants ces cités qui déroutent.

Saint-Pierre-des-corps

 

Ce qu'il reste en mémoire et que Saint Pierre décore
- autant de paradis perdus pareils aux clefs -
n'est plus dans notre esprit qu'un douteux Paraclet,
que cet air oublié fait de quelques accords.

Incidemment l'otage en ces mornes instants
d'un nœud ferroviaire imitant Karimskoïé
je me repêchais à la façon d'un noyé
dans les anneaux fluviaux d'un lieu déconcertant.

Quand le présent ressemble à la page arrachée,
quand la Loire à chercher telle une intraveineuse
offre en repentance un reflet d'une Eve haineuse,

On rêve alors à Loreleï et son rocher,
fantasme inhérent à de si semblants décors,
aux amours écoulées depuis Saint-Pierre-des-corps.

Périgueux

 

Badin, je poserai des lettres sur ta peau,
tatouant ta toux en postillons de poème
et démasquant ta bouche en baissant le drapeau
brandit par le tison des feux que mes mots aiment.

J'épancherai décent ta sournoise impudeur
qui se relève empire au moindre de mes sens,
épellerai jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'heures
à compter au cadran de notre incandescence.

Alors, effervescents, remuant Ciel et Terre,
en baisers comprimés je boirai ton parfum
tout encore embrumé des vapeurs de l'éther.

Et sonnant l'aube effroi, de la nuit c'est la fin,
la bâtisse encor belle : on rêve à Périgueux ;
qu'on est beau quand on aime et que l'on périt gueux.