vendredi 27 décembre 2019

La fille aux tâches de rousseur




La fille aux tâches de rousseur
un peu planquée sous ses cheveux
dont m'éditèrent années passées
les signifiants de son sourire,

a conquis toute ma mémoire
afin d'en faire un fruit confit
que mange un vers octosyllabe
à l'ombre enflée de mon Amour.

Et parsemée de mon désir
au parchemin que liront d'elle
odieux, ses amants fallacieux,

Melody traduira l'émoi
de sa vie défaite à l'envers

jeudi 26 décembre 2019

Le chant de la pluie sur le Vélux



La pluie s'abat sur la toiture
en pianotant sur le Vélux
une mélodie sans parole
où des voix sourdent au creux de moi.

C'est la chanson du mal-aimé
qu'Apollinaire a composé
pour moi tout seul — on croit que ça
n'arrive à chaque fois qu'à nous...

De l'autre côté du miroir
il y a pourtant l'univers
inversé du tir dans l'Alice
où tout le monde est importun.

Désunis vers où mon Poème
est vers sa désintégration,
glace assez malpolie, j'écris
suspendu sous mon faux con.

Là, vain de l'épopée gonflable
et du terrier du lapin blanc,
je m'efforce enfin d'uriner
sur le terreau de l'avenir.

Il en faudra du foutre
afin de rebâtir humainement
ce grand gâchis mal dégauchi,
masse populaire et contrariée.

Du grand charnier consumériste,
en pétrissant nos amours mortes
on sortira les bas-morceaux
comme on démoule un bronze hideux.

Je repeuplerai d'animaux
les reliefs humains mortifères
issus des civilisations
dont on aura pu se repaître.

En attendant sur la toiture,
en pluie s'abat le con damné ;
le souvenir est « attaché »,
c'est que la mémoire emprisonne.

Et dans le rythme alternatif
où j'imagine ma femelle
— entêté par ses éphélides —
un futur et le passé s'emmêlent.

https://soundcloud.com/annaondu/le-chant-de-la-pluie-sur-le-velux

vendredi 20 décembre 2019

Hexagone



L'angevine est diabolique et ses coteaux
portent du Layon les cornes de l'Aubance ;
on confond trop souvent ce que le corps niche
avec une illusion qui nous téléguide.

On pourrait discuter de la lorraine
ayant cassé ses dents sur une couronne,
ou de l'alsacienne à la beauté létale,
or les mots à la mer dictent ma pensée.

J'écrirai la marseillaise en mini-jupe
et son vieux port obsédé par le grand bleu
de son regard absorbant comme un tampon,
bouille à baise et corps de rêve à l'horizon.

Je chanterai (finistérien) la capiste
et la bigoudène ultime en déshérence,
en quête de semence et de chairs loques Holmes,
élémentaire en sa passion pour le sexe.

Et de la parisienne en fanfare à Pigalle
il ne me faudra pas tisser le bordel :
la mygale est à ce point perfectionnée
que sa digestion se fait en dehors d'Elle.

samedi 14 décembre 2019

L'étoile aînée



Lentement, coquille ouverte,
on entend l'écho des flots,
l'aller-retour où la vie
se décline en postulats.

Je rêve après la beauté
mais la beauté se délave
en laissant la marée basse
à mi-chemin du désir.

Et rongé par deux missels
inscrits d'un cercle oculaire
azuréen, je t'écris
mon formulaire amoureux.

Les gouttes de pluie diluent
son écriture éperdue
par un emprunt littéraire
aux moins mauvais des poètes...

Or, il sont bien incapables
à décrire absolument
le précieux métal en tes yeux
qui se fond dans mon espace.

Ô ma belle étoile aînée,
registre impromptu du temps,
j'ai composé cet aria
pour filer ta promenade.

Incidemment, m'écrasant
sur la mer de tes silences,
il me faudra supporter
le poids de l'âme interdite.

Il me faudra, moi planète,
aussi me satelliser
près de toi, soleil ardent,
toi ma dépendance absolue.

Je rêve après la beauté
mais la beauté se révèle
en déportant son regard
au plus près de ma laideur.

https://soundcloud.com/annaondu/letoile-ainee

vendredi 6 décembre 2019

Jours tranquilles à Clichy



Faut-il des clichés pour survivre à Clichy ?
Faut-il déclencher la mécanique émue
naguère intestine et qui fait qu'on en chie ?
Chenille on était papillon dans la mue.

Chenille on rampait vers un corps désirable,
un je-ne-sais-quoi dont l'affect amoureux
— s'il pouvait parfois nous sembler secourable —
adoptait l'aspect d'un poison doucereux.

Chenille on roulait sous un Tank ivre-mort,
on roulait debout, d'emblée dessous des tables
et dans des bars, bars où tel un matamore,
on saoulait la fille aux vertus imputables.

On saoulait de mots les plus belles beautés
dans Paris sorti des tranchées de sa guerre,
et si la Gran'ville exposait sa fierté,
le lot de Clichy c'était d'être vulgaire.

Avec son lot de maq' et de putains divines,
elle était Babel où la langue inutile
est un attribut très doux qui se devine
au sein plantureux des liaisons mercantiles.

À Clichy, l'atour était de bas, belle aussi
ma fine Anaïs en sa roide guêpière
— un nid noir et jaune envenimé de « Si » —
la relation simple est un fard à paupières.

À Clichy passaient tranquillement les jours ;
au-dessus, Montmartre en ruisselant des Arts,
enivrait l'auteur en quête d'abat-jour
(enquête en bassesse où l'Amour est Bazar).

Aux clichés des clous désactivaient le clash :
à Clichy, j'étais ainsi qu'un Christ en croix.
Marie-Madeleine avait muni d'un flash
un serr'tête en ronce, afin que l'on nous croie.

Faut-il ces clichés pour survivre à Clichy ?
La ville est souvent le reflet d'une amante
et de son mensonge... Allez ! Quoi qu'on en chie,
chaque poésie justifie que l'on mente.