vendredi 19 octobre 2012

Le drame de Pygmalion

Only You by Portishead on Grooveshark



I

Puisque l'art est au leurre et la manière à la main,
nul n'est jamais sculpteur que de ses illusions,
alors sache – Ô lecteur – qu'il n'est de lendemain
chantant sans le malheur de quelque Pygmalion...

II

Jamais beauté terrestre à ses yeux n'eut l'hommage
où l'âme amphotère extraordinaire exulte :
quand l'anneau de la dextre a tout sinistre mage,
dit l'héréditaire estran d'un corps nu pour insulte.

Jamais sinon d'un songe – aveu d'ultime ego –
il ne sut ce qui ronge en la passion d'amour :
elle était fausse-oronge, annamite en mégot,
pipe, opium et mensonge, où tout art s'énamoure.

Elle était en volute, en rayons de fumets,
en parfums-parachute – odeurs de sainteté –
en concierge osant « Chut ! » à son étage humé,
elle était à sa lutte un laiteux sein tété...

III

Sculptant cet Idéal, il conçut Galatée.
Dieu restait son féal et le Génie son esclave ;
d'une femme une fée alarmée mal hâtée,
naquit d'une idée alambiquée, d'une enclave.

Ô démiurge, il fondit de larmes de tungstène,
les beaux yeux des non-dits et les cils de l'ampoule,
la courbure inondée par tant de chair humaine
de la gloire infondée croisant l’œuf à la poule.

Il se fit un miroir inversé dans la terre,
succombant à l'en croire, aux mystères divins,
mais de ses bras en croix ramenés, délétères,
Galatée son mouroir m'en ferait l'écrivain.

IV

Car sitôt née, fut tue la question de l'espèce,
et l'enfant qui fut mue par cet étrange inceste
– papillon de sa mue sortie de gangue épaisse –
ignorât ce qui tue d'un simple palimpseste...

Elle aimât, elle aimât, et les mâts de Cocagne
furent dressés d'ébats dont les sens échappèrent
à ces amples débats que certains parfois gagnent,
aux échecs et aux mats dont se pendent nos pères.

Elle vécut une vie de statue métamorphe,
elle aimât, elle amie de tout homme amoureux,
lui ne sut rien hormis que tailler est amorphe,
et qu'il n'est nulle envie rendant un homme heureux.

V

Il s'était cru meilleur et plus fin que le sel,
tant les sanglots d'ailleurs vous rappellent qu'un lion
n'est qu'un faux-monnayeur, un voleur de vaisselle,
un petit pinailleur du nom de Pygmalion.  

samedi 13 octobre 2012

D'arc en ciel

Strangers by Portishead on Grooveshark


Petite fleur d'azur au chant délice,
vagabonde hirondelle au vol plénier,
j ai goûté les pigments de ton iris
sur le pinceau des amours dépeignées.

Et ta langue s'est alors assortie
du baiser vipérin que je vénère,
du dieu désir, de la déesse ortie,
spasme utérin dont j'ai fourbi mes nerfs.

J'ai posé mes phalanges sur tes cils
et cherché les saveurs de l'arc-en-ciel,
mais je ne suis jamais qu'un imbécile
dans l'océan de tout ton essentiel.

mercredi 3 octobre 2012

La théorie des cordes

Train by Cibelle on Grooveshark





Il pleut des cordes sur Coutances
et ma mémoire est en dessous,
mes versets soudain sont sous stance
à n'en plus valoir que deux sous...
Le gris des nuages ruisselle
comme un khôl or il dégouline,
effaçant maquillage à celle
au cul posé sur sa colline.

Il pleut des cordes sur Coutances
et ses pendus sont hideux saouls,
leur mise en bière est inconstance
aux pardessus mis par-dessous !
Je songe aux années qui s'envolent,
aux amours, murs de tant d'amis,
où n'est de liberté sans viols
ni d'ossements qui soient démis...

Il pleut des cordes sur Coutances
comme des gestes imprécis
ou des chansons de circonstance
que le contexte déprécie ;
il pleut des cordes sur nos feux
pour éteindre nos mélodies
et des pompiers paragrapheux
s'essaient à noyer nos non-dits.

Il pleut des cordes sur Coutances.
Des religions, l'athée, oh, rit
des cordes mal en subsistance,
s'adonne aux signes maoris.