mardi 28 février 2012

1992

Si loin de Bora-Bora, vingt ans dépecés,
j'ai croisé bord à bord avec les caravelles
de Colomb l'hérétique aux rêves insensés,
qui s'offrit l'Amérique en vache à lait qui vêle.

J'ai vu ces cinq cents ans aux gréements orgueilleux,
gonflés et séduisants d'un hoquet atlantique,
croiser mon bateau gris sous les cieux sourcilleux
d'un Abel amaigri par le cancer tropique.

J'ai croisé notre histoire en voiles déployées,
impudique et notoirement télescopique :
j'avais beau me pincer, j'avais beau m'employer,

le fruit de mes pensées était au point critique,
au point de non-retour où la mémoire émue
s'effondre à mon contour telle une peau de mue.

dimanche 19 février 2012

Le sommeil de l'Amen est loir

Sugar Sugar by Diving With Andy on Grooveshark


Ils me manquent parfois l'air doux, le vent d'Angers,
la procession de fois face à nos surdités,
ces sentiments qu'il faut que je revende en jets
de vers d'un vert qui faux, traduit leur nudité...

Sur la corne d'Aubance et l'aqueux mou Layon,
en joue feu ma bombance a mû d'où le corps niche,
et la mémoire aussi se retrouve en haillons,
tant ma pendule oscille entre deux hémistiches.

J'étais entre les mains d'un génie statuaire,
mais les après-demains sont privés en désir,
comme du séneçon le grain : le statut erre...

Des raisins ce ne sont pas des jus traits des ires,
mon passé - l'adipeux - crie : "chaud devant ! Danger !"
d'amours floues qu'en dits, peu me chaut de vendanger.

mercredi 15 février 2012

Agon-Coutainville

Words by The Christians on Grooveshark


Ton vent souffle le son d'un corps de harpe Agon,
et ta langue leçon d'un sable impermanent
au gré d'un havre épais renfermé sans un gond,
la Sienne en est l'épée dans mes mains de manant.

Si ton écharpe Agon coûte un vil appendice
à la côte où lagons font Geffosses commune,
je t'aurai de Blainville un câlin lapant dix,
la cale, ô Coutainville, où l'auto m'est immune.

Et dans l'emperlement des maisons biscornues,
aux céans perle ment, bourgeoisie frondemer,
il me reste ton sable entre tes plages nues.

Puis j'ai pris sur le râble un amour éphémère,
une bleue promenade où le cœur est hier
et de l'algue en salade où l'Agon sert pierres.

dimanche 5 février 2012

Quinzième round



Je suis le sable du désert,
l'enclume où frappe le soleil,
les poings de plomb d'un adversaire
qu'escompte à dix un grand sommeil.

Je suis les grains de l'océan,
les dépressions du pot-au-noir,
l'effondrement sur son séant
d'ogre affamant l'Afrique noire.

Je compte
                les grains de sable
                                            aux yeux
des machineries stables
                                     d'essieux
d’acomptes
d’étrennes regrettables
                                   qu'envieux
les jeunes font jetables
                                   au mieux...

Si je suis BUMAYE ALI
que mon combat semble perdu,
c'est que j'encaisse et que je plie
comme un roseau l'indéfendu !

Je sonne la révolte humaine
aux grandes ouïes d'un continent
à l'extensible supr-hymen
où mon coeur bat depuis vingt ans.

BUMAYE ALI
                    BUMAYE ALI
                                     BUMAYE ALI
                                                    BUMAYE ALI

Le géant tombera sous les coups répétés
de la voix de ton peuple en ton poing ravageur,
tout ogre chutera parce qu'il peut chuter !
C'est la loi de nos poings et de nos mots lutteurs.

AFRIQUE ! Souviens-toi de MUHAMMAD ALI !
Le colosse a chuté sous les coups du danseur,
et la pluie s'est mise à tomber sur l'accompli
de notre prophétie distillée dans la sueur.