lundi 29 juin 2015

Bief de Vie


KATE BUSH Hello Earth from Sky Vibes on Vimeo.



Glissant d'azur en gris, mu par la force obscure,
ce long gouffre illumine autant qu'il éclaire,
c'est un puits géniteur que d'odieux forceps curent,
et rempli par l'amnios est bordé par des glaires.

C'est le tunnel étroit qui mène aux renaissances,
quand l'Hideux qu'on écarte offre à voir une issue,
que de l'Hydre et du Sphinx on acquiert connaissance
en nos troubles profonds, nos abysses déçus.

Remontant lentement l'écrasant poids du vide,
les barreaux de l'échelle infinie s'amoncellent
où la Lune est la Vie, d'une clarté livide.

Je savais que j'avais laissé mon âme en celle(s)
dont l'aura juvénile inondait mon linceul ;
j'apporterai dès lors, l'eau de mon moulin seul.

jeudi 25 juin 2015

Des cons, fusion




Demain, j'ai eu la trouille en n'y jamais pensant,
tant et si bien qu'hier, j'irai le mettre en sons
dans un Poème enfreint par un caprice enfant
sans foi ni loi, sans freins, précipice sans fond.

Je dirai l'inutile et les miroitements
de l'eau sur les piliers du pont, comme un poumon
fluctuant, d'un reflet de courbes et de ronds,
de la parfaite illusion de mon Mythe errant.

J'y dirai les secrets de notre Préhistoire,
ceux d'acteurs qui, muets, forgent nos caractères,
et sur lesquels sans cesse et toujours on s'enferre,
et sans lesquels aucun ne sait sa place en foire !

Je disais trop souvent nos futurs illusoires...
Je prédisais vraiment les beaux culs qu'ils usèrent,
et pourtant, dans mes mots je ne suis pas notaire...
Je n'ai besoins en vrai que d'un pauvre écritoire.

mercredi 24 juin 2015

Dame Nation




Chacun dit : « si j'étais à l'état de nature,
baignant dans le Larousse, ou peignant Rousseau
de l'encre rouge où trempe enfin mon fin pinceau,
j'étalerais rupestre, un lit de mes ratures. »

Mais l'État dénature un peu ses citoyens :
c'est ainsi que lorsque ceux-ci se révoltèrent,
ils n'obtinrent plus rien de cet après-Voltaire
et mirent au panier leurs crânes mitoyens.

C'est un pays qui brûle aux tréfonds de nous-mêmes,
il est peuplé de fées en luttes intestines,
il est perclus des feux qui seuls nous prédestinent.

En ce cachot qui crame, il faudrait que je m'aime ?
Je n'ai plus d'horizons autrement qu'en faïence
et ma frontière ouverte embouche leur vaillance.

mardi 23 juin 2015

Harmonie dulcicole




J'aime ainsi paresser le long des berges vertes
où le saule aux cheveux d'ombre chlorophylle,
embrasse au sol les clefs d'où mes partitions filent,
comme de mes carnets aux feuilles recouvertes.

Le vent le fait bruisser d'un son de tourne-page
et le marque, écornant ses rameaux musiciens ;
la mélodie de l'onde est mêlée – dalmatien –
d'un clapotis contraste et contraire aux tapages.

J'y ressens l'Harmonie que souvent l'on me nie,
les entrées en courant dont je suis la logique
et les flux pénitents dits généalogiques.

Puis, entre les roseaux, la toison d'Ophélie
siphonnée par le saule et rendue dans l'extase,
exhibe enfin le chant d'infinies métastases.

jeudi 11 juin 2015

Parfumeur





J'ai souvent rebondi de Charybde en Scylla
sans que la moindre volontaire naufrageuse
ose froncer l'accent dont ma vue sourcilla,
se sachant sûr complexe à tresse ravageuse.

J'ai rarement trempé dans les sources d'ébène
et faiblement pleuré pour les alimenter,
mais des pots débottés de ces plantes d'aubaine,
j'extrayais l'essentiel pour m'en agrémenter.

Et toujours j'ai creusé ces rides innocentes,
avec la conviction que leur odeur tenace
ourlait la mer d'encens et d'innombrables sentes.

Avec la componction de l'éclair qui menace
et l'âpre densité du doseur de l'humeur ;
j'ai l'âme d'un poète armée d'un parfumeur.

mardi 9 juin 2015

L'iris au bord de l'au-delà




Qui donc me garde et qui donc me re-garde
au fin fond de son cœur épique ?
Quelle élevée sur le pinacle
où l'on renâcle et l'on renâcle
épine et couronnes portuaires
à chaque époque et mise en garde
voudrait m'embrasser pleine bouche
dégoût
m'entrouvrir une part de son estuaire
débâcle
afin de louvoyer, de loups voyous
en Charybde et syllogismes
d'évidence en illogismes
et de Micha jusqu'en π ?
Quelle absolue féminité
oserait braver l'ouragan délictueux de mon indépendance ?
Quel authentique débotté
pourvu des ombres rousses de l'automne
et de la brune écorce d'un Amour arborescent
qui m'enlace au point de m'étouffer
qui me conquiert en m'étranglant – fruit déhiscent –
m'amène à dire Amen à mon versant ébouriffé
à ma triste Femen atone ?
Le monde actuel devint à l'image des amours déconfites
déconvenues
dès qu'on vint à vendanger les belles occasions
de se taire
à propos des tenants des amants nus
de ce cathéter
au goutte-à goutte dont sont des confettis
de sang sur la belle bouche à fellation
sur les joues
les pommettes
le front
sur la ligne de vie guerrière dont s'orne en en faisant des tonnes
l'illusion de l'être idéale
(Baudelaire)
qui nous passe le joug
(Baudelaire)
qui nous vient des Baumettes
(Verlaine)
et qui n'est qu'un affront
(bas d'laine
blanche et féale
aux intoxications communes de notre société vénéneusement consumériste)
à notre liberté délibérément plus communiste
à notre espoir totalement inconscient
ainsi le monde, devin
(Rimbaud – « La lettre dite du Voyant »).
Les chaînes que l'on sent
des liens que l'on se tisse
sont le reflet exact
des codes indécents
d'un univers factice
où nul n'est plus intact.
Les poupées de porcelaine se sont fêlées
les Don Juan de verre en plomb se sont fait laids
ils sont soldats lépreux de la banalité
et leur vers de contact touche à la nullité.
J'exhorte alors la horde aux mœurs éparpillés
à rassembler tous ses débris à part pillés
en un immense et triste et meuble maëllström
où s'enliserait sans liseré menstruum.
Je goûte au gouttes des liquides de la vie
en rêvant de ta langue en s'en faisant gouttière
j'imagine un désert où pousse une ombre altière
et quelques quarts de vin pour m'en donner l'envie.
J'imagine un chaos
de ton épaule la courbure
et l'hydromel en elle où longs cours, burent
les marins ton miel unique et tes cacaos.
Planté là
je déguste l'onde de tes cheveux dans l'eau
mes racines s'infiltrent jusqu'à ton intimité
Toi l'Ophélie de mon bégain
calice et corolle, hallali se referment
je goûte à goutte la beauté tel un être affamé de sans-pitié
dans une Amour sans gain
et dans l'arc-en-ciel de tes draps qui m'enferment
je m'imprègne de ton iris comme une terre au bord de l'au-delà.

vendredi 5 juin 2015

Cosma Shiva





Je n'ai d'étroit que l'isthme où de ton île usions
de ce méat cool pas et de ton air frigide,
afin de tout confondre en une dilution,
ton grand sourire et tes doux baisers rigides.

Or, si plus rien ne bouge à part ta deutsche langue,
je voudrais composer en touchant sur tes dents,
l'ivoire et l'alphabet sans défense et Fritz Lang,
et Micha le Maudit te serait dépendant.

Mon temps composerait celui de tes silences ;
Montand regarderait sortir de son placard
les abominations de minuit moins le quart.

Et du bonheur coupé en quatre et bivalence,
on puiserait la source infiniment pérenne
où larvée ta Beauté s'hexagone enfin reine.