lundi 11 janvier 2010

Quand l'imminence grise






A Charles Ives,
Fantastique musicien découvert après sa mort...


Rester tel un sapin, cercueil qu'on électrise,
à s'émietter le pain, le vin, de neige et d'âme,
un vigilant sapeur épris du macadam :
qu'importerait sa peur si l'imminence grise ?

Rester œuvrer dans l'ombre, aux soleils du secret,
dont le triomphe sombre est un vaisseau fantôme,
est une sinécure instillée d'hématomes,
mais point n'est de piqure à guérir le discret...

Il sait de la patience une leçon fortuite :
la mort est une science où tant sont ignorants,
que de notre existence en faibles rats errants,
ne reste que la stance en prix de nos conduites.

Il sait que son travail n'est pas du quotidien,
et qu'il n'est rien que vaille une tranche de l'art,
crevant la gueule ouverte, ô trouble vicelard,
si lui travaille à perte, un monde est rimbaldien...

Mais nul ne peut l'entendre, il sert ses harmonies
à sa carte du tendre où git un signe indien,
et des notes – globule en sphère, rimbaldien –,
se fabrique une bulle où m'est toute arme honnie.

Alors, si décéder est la voie que l'on prise
pour pouvoir exister sur ces chemins obscurs,
ne soyons pas inquiets, la mort est le plus sûr !
Ceux de l'art restent quiets : car l'imminence grise.

18 commentaires:

Anonyme a dit…

Victor HUGO (1802-1885)

Conclusion

Il est ! Mais nul cri d'homme ou d'ange, nul effroi,
Nul amour, nulle bouche, humble, tendre ou superbe,
Ne peut balbutier distinctement ce verbe !
Il est ! il est ! il est ! il est éperdument !
Tout, les feux, les clartés, les cieux, l'immense aimant,
Les jours, les nuits, tout est le chiffre ; il est la somme.
Plénitude pour lui, c'est l'infini pour l'homme.
Faire un dogme, et l'y mettre ! ô rêve ! inventer Dieu !
Il est ! Contentez-vous du monde, cet aveu !
Quoi ! des religions, c'est ce que tu veux faire,
Toi, l'homme ! ouvrir les yeux suffit ; je le préfère.
Contente-toi de croire en Lui ; contente-toi
De l'espérance avec sa grande aile, la foi ;
Contente-toi de boire, altéré, ce dictame ;
Contente-toi de dire : - Il est, puisque la femme
Berce l'enfant avec un chant mystérieux ;
Il est, puisque l'esprit frissonne curieux ;
Il est, puisque je vais le front haut ; puisqu'un maître
Qui n'est pas lui, m'indigne, et n'a pas le droit d'être ;
Il est, puisque César tremble devant Patmos ;
Il est, puisque c'est lui que je sens sous ces mots :
Idéal, Absolu, Devoir, Raison, Science ;
Il est, puisqu'à ma faute il faut sa patience,
Puisque l'âme me sert quand l'appétit me nuit,
Puisqu'il faut un grand jour sur ma profonde nuit! -
La pensée en montant vers lui devient géante.
Homme, contente-toi de cette soif béante ;
Mais ne dirige pas vers Dieu ta faculté
D'inventer de la peur et de l'iniquité,
Tes catéchismes fous, tes korans, tes grammaires,
Et ton outil sinistre à forger des chimères.
Vis, et fais ta journée ; aime et fais ton sommeil.
Vois au-dessus de toi le firmament vermeil ;
Regarde en toi ce ciel profond qu'on nomme l'âme ;
Dans ce gouffre, au zénith, resplendit une flamme.
Un centre de lumière inaccessible est là.
Hors de toi comme en toi cela brille et brilla ;
C'est là-bas, tout au fond, en haut du précipice.
Cette clarté toujours jeune, toujours propice,
Jamais ne s'interrompt et ne pâlit jamais ;
Elle sort des noirceurs, elle éclate aux sommets ;
La haine est de la nuit, l'ombre est de la colère !
Elle fait cette chose inouïe, elle éclaire.
Tu ne l'éteindrais pas si tu la blasphémais ;
Elle inspirait Orphée, elle échauffait Hermès ;
Elle est le formidable et tranquille prodige ;
L'oiseau l'a dans son nid, l'arbre l'a dans sa tige ;
Tout la possède, et rien ne pourrait la saisir ;
Elle s'offre immobile à l'éternel désir,
Et toujours se refuse et sans cesse se donne ;
C'est l'évidence énorme et simple qui pardonne ;
C'est l'inondation des rayons, s'épanchant
En astres dans un ciel, en roses dans un champ ;
C'est, ici, là, partout, en haut, en bas, sans trêve,
Hier, aujourd'hui, demain, sur le fait, sur le rêve,
Sur le fourmillement des lueurs et des voix,
Sur tous les horizons de l'abîme à la fois,
Sur le firmament bleu, sur l'ombre inassouvie,
Sur l'être, le déluge immense de la vie !
C'est l'éblouissement auquel le regard croit.
De ce flamboiement naît le vrai, le bien, le droit ;
Il luit mystérieux dans un tourbillon d'astres ;
Les brumes, les noirceurs, les fléaux, les désastres
Fondent à sa chaleur démesurée, en tout
En sève, en joie, en gloire, en amour, se dissout ;
S'il est des coeurs puissants, s'il est des âmes fermes,
Cela vient du torrent des souffles et des germes
Qui tombe à flots, jaillit, coule, et, de toutes parts,
Sort de ce feu vivant sur nos têtes épars.
Il est ! il est ! Regarde, âme. Il a son solstice,
La Conscience ; il a son axe, la Justice ;
Il a son équinoxe, et c'est l'Egalité ;
Il a sa vaste aurore, et c'est la Liberté.
Son rayon dore en nous ce que l'âme imagine.
Il est ! il est ! il est ! sans fin, sans origine,
Sans éclipse, sans nuit, sans repos, sans sommeil.

Renonce, ver de terre, à créer le soleil.

Michel P a dit…

Il eut été bon que M. Hugo dédie ces vers à Charles Baudelaire qu'il connut et négligea... J'ai lu. Ferenc Liszt découvrit en Baudelaire un génie immanent. Charles Baudelaire... Qui se croit capable d'écrire de la poésie ? M. Hugo a compris mais négligé Charles Baudelaire. Rien ! Non rien, ne s'est jamais remis de cette négligence : aucune horloge n'affiche plus la bonne heure, aucun poète n'a plus pied, tout le monde se noît sauf un seul : Rimbaud. Peux-tu comprendre cela ?
La poésie est un combat de tranchées, une guerre de positions, battre Hugo est l'objectif !

Anonyme a dit…

Pourquoi abattre Hugo encore aujourd'hui? Rimbaud s'en est inspiré malgré lui en l'abattant de son vivant ensuite....quelle drôle de guerre. L'élève tue le maître....l'ombre de lui même, poète "voyant"

Michel P a dit…

Il faut exister, et exister c'est tuer le père !

Anonyme a dit…

TU ES cela suffit, tu n'as rien compris........ TU ES

Anonyme a dit…

Ah bon mais tu es le père et tuer le père c'est pareil. Le roi est mort vive le roi ?

Michel P a dit…

C'est exactement cela, et pourtant on ne peut faire autrement pour qu'avance le schmillblick ! Le roi mort cède sa place au fils, nouveau roi et père a son tour. Mais certains rois refusent de mourir...
Pour ceux et celles qui liraient cet échange, précisons tout de même qu'il s'agit ici de propos au 48ème degré, c'est à dire à lire dans le ton de l'hyperbole, de la métaphore et de l'image littéraires. ;-)

Anonyme a dit…

Je ne peux tuer....j'ai visionnée C hier et j'en tremble encore....
C ne peux mourir pour MOI, mais je sais qu'on l'a tué. PARIS ASSASSIN
Entre mourir et tuer il y a une grande nuance NON?

Michel P a dit…

Alors là, je dois avouer que c'est au 49ème degré et qu'à ce stade je ne pige plus rien... D'autant que je ne sais toujours pas à qui j'écris... :)

Anonyme a dit…

C... C... C... Célimène...

Anonyme a dit…

plusieurs anonymes....C C C évident

on arrive au 50ème degré

Anonyme a dit…

Coyez vous Mr Michel qu'il faille mourir pour exister ENFIN?

Michel P a dit…

C l'hymen ? :-P

Michel P a dit…

Je ne "cois" 'ien du tout didon ! :)
Plus sérieusement, je ne sais pas, et c'est cette ignorance qui me pousse à écrire, car le miracle de l'écriture est d'être une recherche tant pour soi que pour ceux qui vous lisent. La preuve : regardez toutes ces questions qui vous viennent à me poser, et ces émotions qui vous agitent intérieurement.
Mon rôle n'est pas tant de savoir répondre à la question de ma mort pour exister, que de m'amener à vous la faire vous la poser.

Anonyme a dit…

Parler de la mort ne sert à rien, à mon avis, elle arrivera bien assez vite et nous sommes tous dans cette ignorance. L'important c'est de VIVRE aujourd'hui, profiter de ce que la vie t'apporte de plus beau, ne pas passer à côté et d'écrire, oui écris encore et encore, aujourd'hui, car demain ce sera trop tard.
un ami
au plaisir de te lire

Anonyme a dit…

S'il fallait tendre au parricide pour devenir soi, la terre deviendrait la mer !

Michel P a dit…

Merci de laisser votre identité après un tel commentaire lapidaire. Sinon ça fait un peu corbeau !
Moi ? Mon père est malade. Je n'ai aucune envie de le tuer. Au contraire, depuis qu'il est malade, je crois que nous avons moins de pudeur à nous dire nos liens. Lorsque je parle de "tuer le père", je parle de cette pesante torpeur qu'inspire Hugo -que j'admire- à la littérature et à la poésie en particulier...
Rimbaud fut le seul à y parvenir, mais il est mort jeune, lui.

Anonyme a dit…

Visiblement, le 50ième degré possède des limites.

Point d'importance.

Bonne continuation à vous.