mardi 20 avril 2010

Tu m'as dope ?





Petite Mignonne
Le jour où la poésie s'émancipe du regard de l'autre
du regard porté sur l'autre
ce jour est un grand jour :
il est le nôtre
et dessine des jardins en forme de labyrinthes
Nous
Toi
Moi
Versailles !
Des fontaines de larmes
sucrées comme des raisins de Corinthe
des statues de sel
dédiées à celles
qui palpitent d'alarmes
et pèsent mes cœurs
sur les balances du son
du blé battu par nos contraintes
molles
d'où nos vers saillent
mous
comme des leçons
apprises par corps
et cédées au vent du hasard
et des lendemains qui chantent à tue-tête
la cacophonie des rencontres carambolées
dont s'égosillent nos luettes
dans le vol circulaire des busards
et dans l'absence des accords
d'un rossignol que des bolées
ont soulé de Jurançon
et de liqueurs de nones.

Petite Mignonne
il est un devenir dans le présent
et nos passés sont aux secondes dont il s'échappe comme d'un pot
des flatulences ineptes affligées à l'atmosphère
de nos sentiments
dont elles sont l'impôt
dont elles sont l'asphyxie
dont elles sont la mélodie des « si »
et dont nous restons fats
pétrifiés par des fontaines de rancœur
et d'ignorance
de stupeur
d'incapacité de vivre pleinement les instants magiques de l'existence
par peur
et parce que l'on étouffa
d'un trop-plein de désirs
sans laisser sa place à la palette de la surprise
ni plus au trépied du chevalet du cœur
ni plus aux arçons d'un chevalier sur crise
d'un Lancelot en forme d'incendie
ne noyant qu'un poison, mais momentanément
car ne reste qu'un sans-dit
des feux fugaces de nos sentiments
et des « je t'aime » qu'on ânonne.

Petite Mignonne
nous possédons au creux de nos paumes
des carrefours multiples à bien négocier
des embranchements qu'il ne faut pas scier
à coups de haches
à coups de prières
à coups de psaumes
coupés de hasch'
coupés de bières
et de téléphériques de la Lune à la Terre
de vilains rails qui ne sont pas les vraies lignes de nos partitions
– si les poètes ont fait les drogues
les drogues n'ont jamais fait les poètes –
Ta Beauté
C'est la Respiration qui soulève ta poitrine en naissance
pareille à l'arbre qui croît vers le ciel éternel
le WM de ta bouche
et les baisers au goût de la simplicité de tes gènes
dans le joli parterre
que guettent des chiens en position
et les baves à tes lèvres pour ces dogues
tes cris ne t'envoleront pas comme la mouette
hébétée
et nulle de tes évanescences
ne te rendra sempiternelle
les champignons où tu te couches
sont le début de ta géhenne
ta punition sine qua non.

3 commentaires:

Murièle Modély a dit…

il est très beau ce poeme Michel !

Morgan a dit…

Petite
mignonne,
allons voir si l'art
ose... ( c'est à cause du mot "Mignonne"... j'ai pas pu m'en empêcher...)
Trêve de piètre plaisanterie, très bon, ton poème, amigo !

Michel P a dit…

Merci mes "fidèles" ! :)
Oui, Morgan ! il y a une volonté ronsardienne transposé au monde moderne là-dedans - outre le fait que "mignonne" est un terme générique de mon pays. J'ai terminé d'écrire ce texte après le reportage sur l'expansion des drogues par leur banalisation dans la jeunesse.