jeudi 8 octobre 2009

Lady Madeline


À Edgar Alan Poe (et à d'autres...),


I

Lorsque au bout de chemins nimbés de brouillards
qu'on écarte des mains (doigts sur leur mandoline),
on entend la ballade aux airs de corbillard,
c'est de l'étang malade où gémit Madeline.

Obsidienne est la teinte en cette onde fétide,
dont on souffre d'atteinte à son creux encéphale,
et que soutient Lady comme une cariatide
que la mort n'enlaidit pas autant qu'une Omphale...

Nulle vie, nulle fleur, n'éclot du vase clos
contenant tant de pleurs, réceptacle de l'ombre
et des infantes peurs dont on ouït l'écho,
lors des pires stupeurs sur les vaisseaux qui sombrent.

Nul oiseau ne survole un tel miroir sans tain,
craignant qu'on ne lui vole au passage son chant,
pour en vêtir Lady d'un dialecte latin,
d'une autre mélodie qu'un suaire de sang.


II

Madeline, qui fut un fantôme troublant,
avançant, pas menus, avant même ta mort,
puisqu'il t'a enfermée dans l'odieux faux-semblant
du lit capitonné d'un cercueil de remords,

puisqu'il te descendit dans cette crypte infâme,
laissant parler son dit à ma conscience sourde,
à ma paresse intime, à ma faiblesse d'âme,
je ne suis que le mime à tes râles qui sourdent !

Mais tu luttas féroce envers l'inique sort,
qui ne voulait que l'os à dompter ta beauté,
et soudain surgissant du caveau dont on sort,
morte vive de sang, tu la lui vins ôter !

Ton jumeau, lui ton frère, était-il toi en pire ?
Vous avez payé cher, vous la chair de vos chairs,
et parfois se lézardent les murs des empires,
comme chût le hasard de la maison Usher.


III

Quand on plonge ses yeux dans la flaque d'ébène,
nul reflet de nos cieux, ni de vues sibyllines,
mais nos propres passés de tristesse et de peine,
la silhouette évincée de Lady Madeline.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

En effet, on ressent Poe. La noirceur sublimée, la création d'une légende venue d'outretombe etc... Tu as de quoi être fier :-)

Le Bagnard

Michel P a dit…

Serais-je enfin devenu un Poe-être ? ;-)