vendredi 16 octobre 2009

Hypérion





I

Que nous reste-t-il donc, à nous dieux éphémères,
que nous ne sûmes d'onc ni d'avenirs incertains,
si de nos cendres d'Homme un odieux Evhémère
saupoudre un Te Deum dont l'histoire en sert Un ?

Que nous fûmes Achille ou encor plus anciens,
de quelque langue agile aux légendes propices,
nous naquîmes enfin sous les traits parnassiens
de visages divins riant des aruspisces.

Et tant de dieux naîtront de nouveau de l'humain,
qui n'est moins que le tronc de ses théogonies,
qu'il me faut à ces voix qui me guident la main,
rendre un peu de nos fois d'un songe à l'agonie.

Il était dit de Lui, "au-dessus", Hypérion,
car de tout ce qui luit, on se trouve ébloui.
Il est aussi "l'Horus" de civilisations
décédées, quoique j'eusse été pris par l'oubli.


II

On la nomme Atlantide, et parfois aussi MÛ,
mais d'une carotide arrachée nous saignons,
simples plaignants geigneurs d'un continent perdu,
dont était le seigneur le puissant Hypérion.

S'il fallut de ce monde aux millions d'auréoles
(des colères qui grondent dans les jalousies),
dépeindre l'émerveillement en paraboles,
il n'est que le soleil en pleine parousie !

Mais rien n'est éternel, et les châteaux de cartes
s'effondrent en dentelle effilochée par l'age
des roches versatiles aux mœurs acariâtres,
qui ne laissent aux villes que ruine en partage.

Il marcha dans sa nuit comme un soleil couché.
Il marcha comme on fuit sa splendeur quiescente,
autour de lui-même sans jamais se lasser,
omettant qu'on s'aime dans sa voie qui est sente.


III

Qu'on en fit un Titan, quelque Divinité,
ce ne fut que le temps qui le mit en mémoire,
et de la Poésie qui lui fut éditée,
je garde la magie dans quelques vieux grimoires.


IV

Le regard m'interpelle aussi souvent qu'il faut :
comme on pique un rappel, il darde de lumière,
il vient de l'au-delà, sortant le vrai du faux,
et remplaçant parfois le feu d'une chaumière.

J'ai connu un désert torride et embrasé,
les soifs de la misère et le baiser du sel,
une obscurité froide et des fers au brasier,
mais dans ma marche roide il me restait le ciel...

Alors, je repensai la course d'Hypérion :
ce qui fut, était, peut, doit, va ressurgir !
Dans sa beauté d'onyx aux prismes en millions,
en lever de Phénix, un Soleil va rugir !

Que nous soyons enfants de Dieu ou d'Osiris,
tel Hypérion, qui fend d'un regard aquilin
le cyclone et la trombe, accouchés d'un iris,
l'œil n'est pas dans la tombe et regarde chacun.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Quand bien même je serais un Achille, je n'aurai jamais ton talon.
La musique elle aussi est belle.
Faut que j'écrive "purde" maintenant (je me demande bien pourquoi). Des fois que je sois bourré ... mais pas de talon.
...... gorille sauvage