samedi 2 avril 2016

Coup de gueule de la nuit

Les discours lénifiants de L214 ou de cette pneumologue psychorigide qui porte plainte contre l'Education Nationale m'insupportent.
Qui sont ces intégristes moraux, ces Tartuffe d'un nouveau genre — pire encore parce qu'aussi bien convaincu de leur intolérance qu'un djihadiste patenté — qui viennent nous culpabiliser de consommer de la bonne bidoche et nous accuser d'être les responsables d'exactions menées par des malades mentaux dans des abattoirs, qui préfèrent voir des minots exposés aux attentats sur la voie publique à fumer, plutôt que de subir le risque d'une tabagie passive dans une cour d'école ?
Malraux écrivit que "le vingtième siècle serait religieux ou ne le serait pas". Concernant le vingt-et-unième, il n'y a aucun doute : c'est le siècle des dévots et des ayatollahs de tous ordres, le siècle de l'interdit, du jugement de valeur, de l'incrimination fascisante, des prosélytes d'un pseudo-bien-être qui ne ne recouvre que les névroses dont ils cherchent à se défier, à défaut de parvenir à les déféquer.
La culture, les arts et l'histoire de l'Homme sont étroitement liées à son mode nutritif et à l'invention de ses drogues, de ses gentils poisons. La liberté si chère à notre engeance est précisément liée au droit de l'individu de fixer son niveau de consommation de toutes ces choses dont il hérite avec l'éducation que lui confèrent ses aînés.
Je ne jugerai jamais un végétarien de faire ce choix de vie, que ce fût tant pour sa santé que par choix moral ; je ne jugerai jamais un fumeur — bien qu'ayant cessé de m'adonner à cette passion depuis cinq ans — quand bien même j'apprécierais de discuter avec lui de la dimension comportementale de cette addiction ; mais je refuse absolument que quiconque cherche à me dicter "ce qui est bien", cherche à m'imposer de façon totalitaire un mode de vie qu'on déciderait pour moi et à ma place.
Je trouve absolument normal de réagir aux atrocités commises envers des animaux d'élevage, et je suis le premier moi-même à réagir, mais je refuse obstinément que des guignols — auxquels il me scandalise que les média tendent un microphone écholalique — utilisent ce prétexte et pernicieusement diffusent leur dogme infiniment contestable.
D'ailleurs, je suis biologiste de formation, et je trouve à ce titre que l'on oublie bien trop vite qu'une plante, qu'un arbre, qu'un végétal auquel je m'attache aussi facilement en tant que botaniste convaincu, soit lui par contre considéré comme une source de vie négligeable. Qu'on oublie que le tabac est issu de la feuille d'une plante qu'on laisse vivre, à l'instar du haschich, de l'opium, du kat, et que les psilocybes poussent dans les sillons humides et frais de nos belles campagnes.

Je pleure sur la bêtise en train d'envahir le cerveau des rejetons de notre société grasse et bien nourrie, que ce soit de steacks aux hormones ou de graines certifiées "bonne conscience", car à l'heure des attentats qui nous frappent, elle a d'abord perdu de vue la faim. Il est vrai que ceux qui prennent la parole ici, ne sont pas ceux d'une nouvelle misère qui en a retrouvé le sens.

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