samedi 6 février 2010

Dure limite



J'en reparle à l'aune de cette chanson de Téléphone.
Il est étonnant de constater à quel point nous ne sommes que le produit de l'histoire que des "nous" vécurent, la Grande Histoire, celle précisément que nos enfants ne comprendront que si nous faisons l'effort de leur expliquer, et de savoir qu'à l'ombre d'un mur, "Die Mauer", résident les ferments de nos peurs et les conjonctions de nos hésitations.
Ceux qui grandirent dans le froid d'une guerre qui n'eut jamais lieu, ainsi que deux et deux font Troie, se souviennent à jamais du mur de Berlin.
Sa chute n'y changea rien. Nous avons grandi à l'ombre du mur, et nous sommes construits de briques importées des blocs de l'ouest et de l'est, ainsi que de toutes les transgressions qui en furent possibles. S'il fut une véritable déconstruction du mur, elle réside en toutes les parcelles de nos êtres fabriqués de morceaux volés ça et là, de brisures d'équilibre et de risques nucléaires.
Nous avons grandi dans le concept de frontière, de limite, d'affrontement, de binarité, de rupture, de schizophrénie, de choc, de bloc, de tauromachie, de Dure Limite... Nous avons été conditionné à la vision en noir et blanc -malgré le triomphe du Technicolor- et nous avons sucé les pissenlits par la racine de l'information que sans cesse on édulcore.
Les charniers de Timisoara furent une invention de la désinformation !
Les révolutions de velours ne furent jamais celles qui de nous voulurent !
Et nos amours sont à l'image de l'effondrement des châteaux de cartes stratégiques dont on nous gava durant notre adolescence. Entre nos hémisphères cérébraux où trop piquent, il est un "et quoi tueur" dont la ligne de suture , point par point, relie comme dans un jeu de journal d'enfant le dessein des œuvres qui nous échappent.
Une dure-mère.
Encéphalopathique...
Un coussin méningé tenu par des nerfs pas du tout sympathiques.
Une dure-mère entoilée par l’arachnoïde, actant sa Dure Limite
Une allégorie de l’Amour et des séparations qui en découlent
Un mur

Qui n'a pas de faim.

3 commentaires:

Morgan a dit…

J'aurais aimé écrire un texte pareil... continue de m'étonner, capitaine !

Seshet Noun a dit…

Je désire partager le lien suivant avec toi car je pense que cette forme d'écriture peut te parler, parler, oui, car elle s'écoute comme elle se lit... en musique. Et elle me touche beaucoup, j'espère qu'il en sera de même pour toi.

http://lehiboumyope.over-blog.com/article-34213135.html

Bises,
Seshet

Michel P a dit…

Merci à tous les deux, chers fidèles de mes ptites crottes ! :)
Je vais aller voir ton lien Seshet !