dimanche 15 novembre 2009

CHAOS

J'ai Érythrée des os de Lucy
En travers du nez
comme d'une maison friable
suspendue à des nerfs de bœufs...

Le monde est un juge castrateur :
Nos bâtisses sont l'objet de contensions
écartelées entre les yeux d'observateurs engoncés de bon droit,
et les oreilles d'un peuple sourd à nos supplications.

Il y a quelques millions d'années,
quand elle s'endormit dans un lit de vase,
Nul ne fut à planter des fleurs sur sa dépouille indivise :
de petits os,
tels ceux qu'il ne faut pas donner aux chiens de peur qu'ils ne s'éventrent,
des os de lapins posés par les écueils de l'histoire,
et que reconstituent les apôtres d'une science illusoire.
J'ai irrité mon encéphale du squelette de Lucy,
à me gratter l'épithète avant la phrase
et l'emphase avant le verbe,
avant l'adverbe,
avant l'Eve,
pour ne rien sortir d'autre du tombeau
que l'Evidence d'un pomme pourrie au chaud
de mes mains qui lacèrent sa peau virginale
de traits de ressemblance.

Il ne faut pas laisser le pouvoir aux phrases
de rendre un quelconque écho
de ces sentiments dont l'extase
dissèque chaque os
chaque tendon
chaque artère
Il ne faut pas
Il faut laisser le scalpel des prédations modernes
Ouvrir un saignement que l'on déteste
Aux paupières d'un monde en quête d'exhibitions.

Il faut écrire et attendre
le heurt de gauches et de droites insécantes
et nos arcs à tendre
une parousie inconséquente.

1 commentaire:

Morgan a dit…

En attendant un come back hypothétique du Christ, laisse-moi te souhaiter la bienvenue sur le chemin de joie du vers librisme et sa liturgie chaque fois neuve, ou presque.