samedi 21 novembre 2009

Alchimie

Exodus by Bob Marley & The Wailers on Grooveshark


(1330-1418) : Nicolas Flamel
Quel joli patronyme !
que la flamme, elle,
induite par l'athanor de la passion humaine
- la vasque femelle -
où brûlent encore les fantômes de nos jeunesses détestées
par les dents qui se cassent
les cheveux que l'on ramasse
dans les conduits d'évacuation des douches roides
de lustres écossés
haricots magiques de notre alchimie.

« Changer le plomb en or »
me dis-tu ?
Convertir le mal pour un bien
les soldats pour des dents de raccroc
et quelques crocs de rats
plantés
au cœur de l'œuvre en trois temps
trois mouvements
couleur couleuvre
trois couleurs
trois coups leurrent
l'étroit cou-leurre de l'athanor
col
planté entre deux monts devenus
des frontières de paternité
la passe de Khaïber
où tout hindou couche
pour devenir roi
pour devenir père
pour mourir aussi puisque l'on tue le père
et que quand le roi est mort
on crie « Vive le Roi ! »
sur le cadavre de Kipling
« God save the King ! »
et « tu seras un Homme mon Fils ! »
départi d'artifices
départi de hoquets
dans la glace
du toit du monde où je t'ai placé...
Transmuter
mieux que muer
transmuter le plomb en or
et le verbe en pléthore
de vers
arrosant le jardin de l'avenir
de nos canaux qu'irrigue
la sève de la vie
d'un monstrueux lavis
qui devient un être entier.

« Changer le plomb en or »
d'un subterfuge

la Pierre philosophale
use
ponce
les rugosités de l'existence
les va-et-viens inutiles de tant d'hésitations
de tant de refus ou d'acceptations
de temps perdus à chercher à gagner du temps
alors que nous ne sommes voués qu'à le dépenser du mieux possible
et que chaque étreinte
chaque procréation
ne peut nous ramener
qu'à notre humaine condition
ni dieux
ni maîtres
du temps qui se rit de nous
hermétique
tel un récipient dont on ne peut contenir
la fuite intérieure
de notre contention
vase clos
- vasque femelle -
vaste fumisterie du Nous
dont il faut un jour prendre conscience
si l'on veut avancer
sur la voie de la science
sur la voie du bien-être
et du savoir de ce pourquoi l'on naît.
Subterfuge ?
Quelle curieuse étymologie !
Elle sent le brûlé
le soufre
l'Alchimie
Ignifuge est plus rassurant !
Un monde ignifugé
qui ne craint plus les incendies
qui est froid, isolé des tortures à la tête de cigarette
un monde différent du père Popieluszko
un monde sans souffrances
ni solidarité
ni bourreaux
ni tortionnaires
bref !
une vue de l'esprit pour amateurs de séries télévisuelles à l'eau de rose
pour négationnistes de guerre en ex-Yougoslavie
pour aplanir les conséquences de cinq cents ans de haine en Irlande
et planer
d'une Europe idéale
presque masturbatoire
alors qu'il s'agit de s'accoupler.

« Changer le plomb en or »
à quoi bon jouer les Gilles de Rais ?
À quoi bon se faire passer pour Barbe-bleue ou pour un violeur d'Outreau ?
Dutrou ?
Dutrou, d'Outreau, ce contrepet m'a toujours amusé...
Il résume nos confusions :
un juge
comme un coussin péteur
a du juger en fonction d'une musique des mots
influencé par son air malsain à base d'hydrogène sulfuré
œufs pourris
une odeur de soufre
Alchimie
Je ne crois pas vivre dans un monde moderne :
la torture a changé de forme
mais elle est omniprésente !
Les coupables sont toujours ceux que le peuple souhaite voir pendus
comme un cigare au bord des lèvres d'une pute des bordels de Djibouti
je n'ai pas vu
on m'a dit
mais un cigare est toujours coupable
d'une petite guillotine
juste pour fumer
le feu
d'une pointe rouge
dont on tatoue les martyrs de la Terre.

« Changer le plomb en or »
Mon Amour,
il est simple de dire les choses, de les écrire, plus difficilement de les faire, pourtant je m'y efforce
il s'agit de respecter les temps
comme en musique
de marquer de cette pointe rouge
comme d'un stick à ta bouche suave
l'heur des confluences incongrues et des perspectives bataves
les trois temps de l'Alchimie :
l'œuvre première est au noir.
On conduit l'être à sa putréfaction
que ne résiste nulle impureté !
Sont tant de souvenirs en faction
qu'il faut cette matrice cureter !
La seconde est au blanc :
petit magistère
Lune de miel
Lune de fiel
l'une m'est à l'autre ce que l'autre ne sut être à mon ciel
l'éclaircie.
Les cieux de pluie me sont si communs
ici
la pluie est un élément de composition poétique
lorsque l'on omet de se laver
on devient vert comme l'Irlande
les algues se mettent à nous pousser sur la peau
on devient de la couleur de nos pays
on fructifie
les cadeaux empoisonnés des vasques caténaires
- vases féminins -
déployant l'immensité de leur onction thuriféraire
pour un tout petit peu
de douceur débonnaire
et la couleur des yeux
qu'on croit toujours première.

Vert
de loin ou d'un pré
je rumine l'herbe du regard.
Quant à l'œuvre au rouge et à son arbre solaire
hagard
je ne sais qu'en penser.
L'air
de rien ou de près
qui ne laisse au hasard
que tant de miettes épistolaires
qui me font écrire enfin
l'Alchimie des mes vers incertains
qui se fondent en toi pour je ne sais quel matin.

2 commentaires:

Morgan a dit…

J'en ressors tout transformé !
Comme tu vas loin dans ton écriture qui s'accommode fort bien du vers libre, non ?

Michel P a dit…

Je crois, mon pote, qu'il faut travailler en ce sens sans oublier l'écriture d'avant : un style ne peut chasser l'autre, c'est une lente transition. Je suis heureux que cela te plaise.