mercredi 11 novembre 2009

11 Novembre

"Le métier d'homme de guerre est une chose dure, pleine de cicatrices, comme la poésie."
Blaise Cendrars


Blaise Cendrars était suisse de nationalité originelle. Dès 1914, il fit parti des 88 000 combattants étrangers qui s'engagèrent dans la légion pour défendre les couleurs de la France. Il écrivit même et signa un manifeste incitatif à cet engagement, de son nom de poète : Blaise Cendrars.
Mais jamais, durant son service, engagé sous un faux nom anglais, il ne mit en avant sa stature littéraire hors norme.
Il perdit un bras, le droit.
Il survécut à cette boucherie sans précédent, parce qu'il avait perdu le bras par lequel il avait écrit de si belles poésies.
Il raconte, par la voix de Jacques Bonnaffé (dans la version dite de 4h que je possède en collector de 3 CD, de son roman "la main coupée, et que je me suis offert d'écouter à nouveau ce soir, pour le souvenir), comment se déroula cette apocalypse grégaire.
Nul témoignage n'est plus saisissant ni étoffé que le sien. Les archéologues de la guerre de 14, dont j'ai pu entendre cet après-midi sur France-culture, les explications de l'un d'entre eux, y font sans cesse référence.
Il y raconte aussi comment il écrivit pour la première fois de sa main gauche, les lettres aux femmes, fiancées ou amantes de ses copains perdus.
Après la guerre, Blaise Cendrars devint un romancier majeur. Il venait d'enterrer son maître, Guillaume Apollinaire, bêtement mort de la grippe espagnole -mais meurt-on intelligemment ?-, et je ne crois pas qu'il fit l'effort idiot de croire aux lendemains qui chantent d'internationales aujourd'hui désuètes...
Il perdit un fils aviateur en 1945. La description qu'il en fit ne peut susciter aucun commentaire, juste le silence à l'ombre de l'homme et l'admiration à la lumière du littérateur.

"Hélas !... Le 26 Novembre 1945, un cable de Meknès (Maroc) m'apprend que Rémy s'est tué dans un accident d'avion.
Mon pauvre Rémy, il était si heureux de survoler l'Atlas tous les matins, il était si heureux de vivre depuis son retour de captivité en Bochie.
C'est trop triste...
Mais un des privilèges de ce dangereux métier de pilote de chasse est de pouvoir se tuer en plein vol et de mourir jeune.
Mon fils repose, au milieu de ses camarades tombés comme lui, dans ce petit carré de sable du cimetière de Meknès réservé aux aviateurs et déjà surpeuplé,
chacun plié dans son parachute,
comme des momies ou des larves qui attendent chez les infidèles, pauvres gosses, le soleil de la résurrection."
Blaise Cendrars

1 commentaire:

Philippe a dit…

Ravi de te relire.
Je ne connais Blaise que de nom ( c'est dingue ce que je suis inculte tout de même).

Ce 11 novembre m'a bien inspiré aussi, passe voir sur mon space lorsque tu en auras le temps.

prospéridad y salud amigo