mercredi 31 mai 2017

Bruges (republication d'un texte de 2009)



J'abrège un peu, disant "j'ai Bruges
en mémoire, aux canaux gelés",
laissant figés ses bateaux-luges
attendant le premier janvier.
Et s'il fallait du vermifuge
pour les tirer encor du nez,
les souvenirs sont des transfuges
au bras d'amours abandonnées.

J'abroge un peu, disant "j'ébrèche
les vers que j'ai mis au service
des comblements de nos deux brèches
entre nos yeux, quoique ils les vissent...
Et s'il fallait qu'on soit moins rêches
à reprocher à l'un ses vices,
à l'autre sa passion trop fraîche,
sauvons l'or que les ans ravissent !

L'or d'un sourire à la volée,
deux mains serrées comme un refuge,
le diamant d'un baiser volé,
la phrase "après nous le déluge",
en quête d'arches de Noé,
une autre, "évitons les grabuges",
mais on finit le cœur blessé
sous les façades d'un froid Bruges.

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