samedi 15 mai 2010

Les bouchers doubles

À mon oncle et à son père,


Que sont les métiers attisés ?
sinon la preuve qu'à part neufs,
nos vieux rouages à teaser
sont les rochers de Rothéneuf,
sculptés dans le granit à vif
et dans la veine immémoriale,
qui suinte à notre sueur de suif,
à notre force salariale ?

Si souvent l'on s'éprend, méprend,
les métiers qu'on a mélangés,
c'est que souvent, toujours s'apprend
le geste qui me mêle Angers,
le tournemain qu'un rien ausculte
à l'augure aigre des carrières,
mais dont le coup de pied au culte
n'est qu'un auvent dans le derrière !

Je sais qu'il est le boucher double !
dont la culture et l'instruction
doivent toujours semer le trouble
à nos futiles componctions.
Et Dieu que c'est un beau métier
que de trancher au cœur de l'art,
la belle viande en ses quartiers
comme une ville emplit ses gares !

Bien plus que maîtres du régal,
j'en sais philosophes discrets,
qui savent que la chair égale
les désirs qui nous sont secrets,
les trémolos de l'existence
et le drame à couteaux tirés,
partagez donc ma pénitence,
puisque nous sommes retirés...

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