vendredi 22 novembre 2019

Poison



Si ton sourire est une braise
enlevée de l'œil d'un cyclope,
et que des mots que je te fraise
il me reste un charbon de clope,
incandescent de cette mine
écrivant d'un rouge éclatant
le trait de ta bouche carmine,
on taira tout avec le temps.

Qui taira les mots et leurs langues,
et qui taira ce qui s'infiltre ?
Entre les corps, entre les gangues,
on sculpte aussi parfois sans filtre :
on taille, on pétrit sans vergogne,
afin d'accoucher d'un vertige,
et plus on frappe et plus on cogne
et plus on redresse nos tiges.

Il ne me reste à deviner
que tes douceurs adultérines
et de tes tiédeurs avinées
par ton iris, l'eau vipérine ;
il ne me reste à déguster
que le poison d'une eau secrète
en ton regard, et dégoûté
des sentiments que lui sécrète.

https://soundcloud.com/annaondu/poison

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