dimanche 10 novembre 2019

L'âme aisée



Si nous ne gardons des baisers
que le goût d'un vin bouchonné,
c'est qu'un sentiment malaisé
s'est posé comme mouche au nez.

Perdu dans les parfums d'encens,
je cherche une aiguille à découdre,
afin de percer l'indécent
secret de la machine à moudre.

Il est peut-être en ton sourire
ou dans un poème où Prévert
hèle au féminin sans courir
et sans coup férir, un feu vert...

Et la fée verte ou la fée bleue,
faible Eugénie du mal en fleurs
irisée sur un fond sableux,
m'encoquille entre Ys et Barfleur.

Un cœur est un colimaçon ;
pour gravir un tel escalier
sans être un impoli maçon,
le poète est fantasque à lier !

Mais il t'y trouve en escargot,
toute en toi recroquevillée,
le cœur est refuge à l'ego
lorsque ailleurs est mal chevillé.

Quoi qu'on meuble en la vie sinon,
Légo nu de sa pièce absente,
on construit comme on peut ces noms
que l'on donne aux pluies collapsantes.

Or, nous ne gardons des baisers
que leur humidité latente,
alors espérons l'âme aisée
qui peut nous justifier de l'attente.

https://soundcloud.com/annaondu/lame-aisee

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