vendredi 26 octobre 2018

Dissidence



On aura beau philosopher
dans les boudoirs des ambassades,
et s'échiner à parapher
le bel envers de nos glissades,

on restera — pauvre Socrate —
addict', esclave et dépendant
de notre aparté démocrate
où je vécus en dissident.

J'étais comme un poison dans l'eau
le verbe abstrait que l'on dilue
pour en larguer d'un pédalo
la caisse usée qui nous pollue.

Le corps est creux des résonances
oubliées par de vains artistes,
et de leurs faibles assonances
on ne retient que leur air triste...

Où sont les sons de vos poèmes
et les baisers de vous groupies ?
Les illusions de vos bohèmes
ont accouché des mes harpies.

De ces arceaux dans les arts pires,
où notre cerveau reptilien
songe à nicher tous ces empires,
il me reste un réflexe îlien :

celui d'un gars du bout du Monde
inondé de sa Baie des âmes,
et qu'un réel en fait immonde
à tout moment volé désarme.

Unissons les chants de nos vents
dans les tuyaux de l'espérance,
et souffrons même en nos boyaux
qu'elle ait parfois cet aspect rance...

Empoisonneuse et fugitive
est ma passion pour la ciguë
que l'on consomme impérative
au moment de la crise aiguë.

https://soundcloud.com/annaondu/dissidence

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