mardi 9 juin 2015

L'iris au bord de l'au-delà




Qui donc me garde et qui donc me re-garde
au fin fond de son cœur épique ?
Quelle élevée sur le pinacle
où l'on renâcle et l'on renâcle
épine et couronnes portuaires
à chaque époque et mise en garde
voudrait m'embrasser pleine bouche
dégoût
m'entrouvrir une part de son estuaire
débâcle
afin de louvoyer, de loups voyous
en Charybde et syllogismes
d'évidence en illogismes
et de Micha jusqu'en π ?
Quelle absolue féminité
oserait braver l'ouragan délictueux de mon indépendance ?
Quel authentique débotté
pourvu des ombres rousses de l'automne
et de la brune écorce d'un Amour arborescent
qui m'enlace au point de m'étouffer
qui me conquiert en m'étranglant – fruit déhiscent –
m'amène à dire Amen à mon versant ébouriffé
à ma triste Femen atone ?
Le monde actuel devint à l'image des amours déconfites
déconvenues
dès qu'on vint à vendanger les belles occasions
de se taire
à propos des tenants des amants nus
de ce cathéter
au goutte-à goutte dont sont des confettis
de sang sur la belle bouche à fellation
sur les joues
les pommettes
le front
sur la ligne de vie guerrière dont s'orne en en faisant des tonnes
l'illusion de l'être idéale
(Baudelaire)
qui nous passe le joug
(Baudelaire)
qui nous vient des Baumettes
(Verlaine)
et qui n'est qu'un affront
(bas d'laine
blanche et féale
aux intoxications communes de notre société vénéneusement consumériste)
à notre liberté délibérément plus communiste
à notre espoir totalement inconscient
ainsi le monde, devin
(Rimbaud – « La lettre dite du Voyant »).
Les chaînes que l'on sent
des liens que l'on se tisse
sont le reflet exact
des codes indécents
d'un univers factice
où nul n'est plus intact.
Les poupées de porcelaine se sont fêlées
les Don Juan de verre en plomb se sont fait laids
ils sont soldats lépreux de la banalité
et leur vers de contact touche à la nullité.
J'exhorte alors la horde aux mœurs éparpillés
à rassembler tous ses débris à part pillés
en un immense et triste et meuble maëllström
où s'enliserait sans liseré menstruum.
Je goûte au gouttes des liquides de la vie
en rêvant de ta langue en s'en faisant gouttière
j'imagine un désert où pousse une ombre altière
et quelques quarts de vin pour m'en donner l'envie.
J'imagine un chaos
de ton épaule la courbure
et l'hydromel en elle où longs cours, burent
les marins ton miel unique et tes cacaos.
Planté là
je déguste l'onde de tes cheveux dans l'eau
mes racines s'infiltrent jusqu'à ton intimité
Toi l'Ophélie de mon bégain
calice et corolle, hallali se referment
je goûte à goutte la beauté tel un être affamé de sans-pitié
dans une Amour sans gain
et dans l'arc-en-ciel de tes draps qui m'enferment
je m'imprègne de ton iris comme une terre au bord de l'au-delà.

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