samedi 5 janvier 2008

Coutances


Si l'horizon, entre ses draps
a pris Coutances
-----------------en un ciel bas,
c'est qu'aux va-et-vient en voiture,
à prix coûtant, soyons-en sûrs,
on met sutures aux enchères,
et quelque roublardise amère,
----------------monnaie de singe ou bien du pape,
------------------------------qu'on garde en tour-lanterne aussi,
le clocher, content, tinte aux mers
----------------qui de si près toujours s'attrapent,
------------------------------comme un bouquet de nos vessies.
Ici, le vert bocage a retroussé ses manches,
route par route, l'humide asphalte de Janvier
fait ressembler ces premiers jours à des dimanches,
qu'on passe au coin du feu où brûlent les pommiers.
Les ombres linéaires
---------------de ces couchers précoces
----------------------------en ces veillées tardives
----------------------------------------suivent deux doigts d'édit,
les deux flêches de pierre,
--------------deux arbres sans écorce,
---------------------------de deux lignes cursives.
---------------------------------------Mais dit ? Le nord ment, dit ?
Et de Coutances,
-----------l'écho transi
-------------------par les frimas
---------------------------d'un nouvel an,
---------------------------------des cloches denses
----------------------------------------------de Villedieu,
-----------------------------------------------------se met à poêle
-------------------------------------------------------------et à vapeurs,
des cloches, danse,
---------la côte aussi,
-----------------sous le verglas
--------------------------des sentiments
---------------------------------que l'on condense
--------------------------------------------sous les frileux
---------------------------------------------------chants de Noël
----------------------------------------------------------en Chandeleur.
Paisiblement, vaquent les vaches
en d'autres champs; croisant, croassant,
quelques corbeaux un peu bravaches,
des étourneaux étonnamment
re-dispersés, libres et laches,
et le vol d'un couple de buses,
près d'arbres d'où ne se détachent
que, sous quelques bruits d'arquebuses,
tout ce gui qui danse en leur sein,
je m'imprègne d'un vert d'espoir,
sans boules qui soient aux sapins,
ni semblants qui soient aux miroirs.
Le printemps revient à Coutances,
chaque fois que l'hiver s'en va,
en attendant, avec outrance,
on se répète que ça va...
Loin sont les enfants de Saint-Lô,
et roués Rohans de Rouen,
bretons qui, en normand allo,
changent chacun de mes enfants.
Comme une étape à moitié Ouest,
------------------------le hâvre de paix en chemin,
-----------------------------------près de la baie du Mont-Saint-moi,
je prends d'envie ce qu'il me reste,
-------------------------pour bâtir un beau destin,
-----------------------------------------négligeant mes anciens émois.
J'aime, là, le vent doux qui souffle sur Coutances,
depuis presque douze ans que j'y ai mis les pieds,
et lorsque j'aurai Mai pour belle recouvrance,
les souvenirs de Brest, oh, s'y sauront noyés.
Un jeune chêne y pousse en bordure d'un pré,
à quelques kilomètres des flêches de pierre,
car quoi que nous semions, ça finit par pousser,
dressant vers des demains, ce qu'on y mit hier.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Chapeaux bas! J'applaudis.

Anonyme a dit…

Je rempile. Publie! Publie!

Anonyme a dit…

Je me joins à la Miss : j'applaudis ! Et plutôt trois fois qu'une.
Belle chute.
Tellement vraie...

Anonyme a dit…

sacré voyage que tu offres ici-bas !

Hélégia a dit…

Sublime comme toujours. A lire, relire, encore et à l'infini. On se lasse pas de te lire ;)
Gros Poutou,
Gwladys (Hélégia)