jeudi 3 août 2006

Monocle d'Amérique

Au royaume du monocle, l’une est-elle reine ?
L’une de ces Amériques à moi, au secours !
Leur survis-tu, Amérique de mes amours ?
Aux trames démoniaques saupoudrées d’Amen ?
Aux financiers, aux rapaces et aux vautours ?
Aux politiques, aux vacuités de leurs discours ?
Leur survis-tu, Amérique, Toi que j’aime ?

Moi, j’ai rêvé de pléiades décapitées,
Aux faux rythmes, lent lait, de vos faucons maltais,
Et de vrais cons, semblant, qui se font embarquer
Dans les foudres splendides de vos chevreaux laids.
Au lit ou debout, s’il faut encor tourner,
Et que l’univers sale, s’il s’est retourné,
Hollywood en boue, de pellicule inversée,
Faite d’écran total à tous ces beaux drapés.

Mais cette Amérique que j’incendie sans cesse,
Celle qui m’effare de ses fards, de ses phares,
De ses drames tragiques mais de ses promesses,
Celle des conflits ethniques et des bagarres.

Celle des santiag’ et des cow-boys solitaires,
Celle des Marx brothers, à leur idée, ratée,
Celle de Kerouac et celle du rêv’-haut-l’verre,
Celle qui accueillit Chaplin sans le chasser.

Pas celle de Salem ni des femmes blessées,
Passerelle vers la haine et vers nos phobies,
Pas celle des sorcières qu’on voudrait brûler,
Ni de ce Maccarthisme qui voudrait son prix.

Mais celle de Capra et de ses libertés,
Acquise à des valeurs, une statue française
Qui garde son mystère en ses drapeaux froissés,
Qui d’un flambeau vengeur fait taire les foutaises.

Liquide Amérique que j’aime en ta faiblesse,
Ma fille et son p’tit frère et les pêcheurs de truites,
Quand monte Anna et ses rivières de caresses,
Quand les mots de son père en perceront la suite…

Comme à Missoulah,
---------------------Au croisement des colons,
D’intestins états,
-----------------Délicats quand ils s’en font
Des tonnes et tas
-----------------De taxis qui font station,
Loin des vendettas
-------------------De mafias en perdition.

Il était deux fois
-----------------L’Amérique en partition,
L’Amérique en bas,
--------------------Et puis l’autre en évasion,
Les vues de Kafka
-------------------En seraient une intuition,
Et de l’Alaska,
---------------La froide démonstration.

C’est sûr que je finirai
----------------------Par y débarquer,
A force de ne me fier
---------------------Qu’à mes ricochets,
Quand quelque Amérique hochait,
----------------------------------De son chef fauché
Dans Dallas, comme les blés
----------------------------De l’Amérique, okay…

Refaites-moi le portrait,
------------------------Endroits en trois D,
A mes risques espérés,
-----------------------A mes rixes grées,
Quand au combat succédaient,
-------------------------------Comme à des marées,
Des sécessions suicidées,
-------------------------Des succédanés…

Des succès d’années dont tout le monde se moque,
D’années passées comme le café,
---------------------------------Le rock,
La rock mountain et ses cons fédérés,
--------------------------------------En stock,
J’aime du rock américain l’âme univoque.

Et prendre ta main
--------------------Pour cet ultime choc,
Electrochoc humain
--------------------Et coque contre coque,
Ton cœur contre le mien,
-------------------------Ta main qui me provoque,
Le rêve américain,
-------------------Pour peu que tout débloque…

J’ai des rythmes indiens,
-----------------Des danses endiablées
----------------------------------------De saint Guy,
Des calmes olympiens
-----------------Et de grands lacs salés,
----------------------------------------L’eau de pluie,
Torrentielle vallée
-----------------N’évada nos Valdas
--------------------------------------Dans la gorge,
Qu’en canyons déchargées
-----------------Dans l’immense sierra
---------------------------------------Que l’on forge.

Et si monocle d’Amérique
Reste à mes songes illusoires,
Comme à des singes hystériques
Faisant tourner des balançoires,
Un va-et-vient hypothétique
Lui, s’atténue dans le grand soir,
Dans l’horizon du Pacifique
Où le soleil a son miroir.
La seule qui me soit unique,
La seule que je pourrai voir,
C’est bien monocle d’Amérique
Qui m’en a rapporté l’espoir.





Compte à rebours : Restent 7 textes à écrire.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Powerful the seduction of the unknown domain…often idolized, rarely realized. “Sensed,” for all but a few, never factors into the formula…ah, but therein lies the key. With monocles turned towards opposite shores, I ask myself which gaze, from West to East or sunrise to sunset, is mine? Specular above all and anything but monocular!

Michel P a dit…

Thank you for your presence, dear Anne !
Kisses

Anonyme a dit…

Micha

Bravo cet ecrit est fabuleux ,
tu ecris de mieux en mieux . franchement je suis stomacquée (oupss l'ortho.???)
Continue à grandir de cette manière là.
Tu donnes envie d'en savoir davantage....

Merci

Amicalement

Sacha