jeudi 26 décembre 2019

Le chant de la pluie sur le Vélux



La pluie s'abat sur la toiture
en pianotant sur le Vélux
une mélodie sans parole
où des voix sourdent au creux de moi.

C'est la chanson du mal-aimé
qu'Apollinaire a composé
pour moi tout seul — on croit que ça
n'arrive à chaque fois qu'à nous...

De l'autre côté du miroir
il y a pourtant l'univers
inversé du tir dans l'Alice
où tout le monde est importun.

Désunis vers où mon Poème
est vers sa désintégration,
glace assez malpolie, j'écris
suspendu sous mon faux con.

Là, vain de l'épopée gonflable
et du terrier du lapin blanc,
je m'efforce enfin d'uriner
sur le terreau de l'avenir.

Il en faudra du foutre
afin de rebâtir humainement
ce grand gâchis mal dégauchi,
masse populaire et contrariée.

Du grand charnier consumériste,
en pétrissant nos amours mortes
on sortira les bas-morceaux
comme on démoule un bronze hideux.

Je repeuplerai d'animaux
les reliefs humains mortifères
issus des civilisations
dont on aura pu se repaître.

En attendant sur la toiture,
en pluie s'abat le con damné ;
le souvenir est « attaché »,
c'est que la mémoire emprisonne.

Et dans le rythme alternatif
où j'imagine ma femelle
— entêté par ses éphélides —
un futur et le passé s'emmêlent.

https://soundcloud.com/annaondu/le-chant-de-la-pluie-sur-le-velux

2 commentaires:

Ove Madn a dit…

Ô le chant de la pluie !

Michel P a dit…

Inimitable