vendredi 6 décembre 2019

Jours tranquilles à Clichy



Faut-il des clichés pour survivre à Clichy ?
Faut-il déclencher la mécanique émue
naguère intestine et qui fait qu'on en chie ?
Chenille on était papillon dans la mue.

Chenille on rampait vers un corps désirable,
un je-ne-sais-quoi dont l'affect amoureux
— s'il pouvait parfois nous sembler secourable —
adoptait l'aspect d'un poison doucereux.

Chenille on roulait sous un Tank ivre-mort,
on roulait debout, d'emblée dessous des tables
et dans des bars, bars où tel un matamore,
on saoulait la fille aux vertus imputables.

On saoulait de mots les plus belles beautés
dans Paris sorti des tranchées de sa guerre,
et si la Gran'ville exposait sa fierté,
le lot de Clichy c'était d'être vulgaire.

Avec son lot de maq' et de putains divines,
elle était Babel où la langue inutile
est un attribut très doux qui se devine
au sein plantureux des liaisons mercantiles.

À Clichy, l'atour était de bas, belle aussi
ma fine Anaïs en sa roide guêpière
— un nid noir et jaune envenimé de « Si » —
la relation simple est un fard à paupières.

À Clichy passaient tranquillement les jours ;
au-dessus, Montmartre en ruisselant des Arts,
enivrait l'auteur en quête d'abat-jour
(enquête en bassesse où l'Amour est Bazar).

Aux clichés des clous désactivaient le clash :
à Clichy, j'étais ainsi qu'un Christ en croix.
Marie-Madeleine avait muni d'un flash
un serr'tête en ronce, afin que l'on nous croie.

Faut-il ces clichés pour survivre à Clichy ?
La ville est souvent le reflet d'une amante
et de son mensonge... Allez ! Quoi qu'on en chie,
chaque poésie justifie que l'on mente.

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