mardi 16 avril 2019

Semis parisiens



Puisque nous sommes partagés
de droite à gauche, en haut, en bas,
j'ai de Paris les émotions,
la passion vraie d'arts même âgés
qui vivants lorsque l'on tomba,
garderont tout d'une impression.

Comme les deux valves d'un cœur
écoulant le sang de la Seine
écartelée par ses deux bras,
l'île Saint-Louis d'un air moqueur
accueille en mélodie malsaine
un vers qu'un chevalet cabra.

L'arrêt cardiaque en souvenir,
on a mordu sur quelques planches !
On aime, on m'aime, on me déteste,
et tous mes papiers à venir
(abusant d'encre noire ou blanche)
ont un théâtre entre mes textes.

On se tient coi du côté cour ;
et par la main côté jardin
— les quais d'Orléans et Bourbon
gravant les voies de nos recours —
on se perçoit presque anodin
sur les genoux de « l'à-quoi-bon ».

La rue Saint-Louis — petite artère —
enobscurcit cette vision
d'un Paris-proie, d'un parti-pris
dont l'âme est la chose à retaire,
au corps en transsubstantiation
dont les loyers n'ont plus de prix.

De guerre on se prélasse enfin,
Là où naguère on fit la paix ;
les tangos longs n'ont plus l'accord
au suave et capiteux parfum
de ces gouttières qu'on lapait
timide, et qu'on regrette encore...

Or, ton sourire est le fer blanc
de l'alchimie de mon désir :
il faut je crois me le tatouer
sans jamais plus de faux-semblant,
sans jamais plus de faux plaisirs,
sans plus jamais vivre à moitié.

https://soundcloud.com/annaondu/semis-parisiens

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