dimanche 17 février 2019

ELENA




Je connais tant de flous :
de faux flous artistiques
aux défauts arthritiques
un flou myope acquis que les lunettes renflouent
des flous furieux
des flous curieux
des flous bleus
sur un grain plus sableux
des flous d'amour à la folie puis plus du tout
des flous y'en a vraiment partout !
Comment se faire alors une image assez juste
à laquelle on pourrait se fier
— confidence —
à laquelle alors on pourrait en l'occurrence
exposer sa version
des choses de la Vie
des adeptes et de leurs conversions
des horloges haletant à l'envi
du hoquet des souvenirs sacrifiés
sur l'autel incrusté de sentiments vétustes...
Expulsé d’une autre balançoire
un beau soir
égorgé
je vous abreuverai d'une littérature
inconsciente
un lait d'aînesse aux gros bonnets bien confisqué
la pluie blanche
illisible
autrement
que sur la flamme des bougies des ans passés
l'impatiente
orobanche
épuisant ma racine à force de ratures
appliquées
sur le tronc de mon arbre généalogique
indicibles
aliments
de mes prélèvements de sangsues compassées.
J'inventerai le Verbe idéal
— à savoir un écho de son profil élégant —
le Poème où la phrase est féale
aux mots qui l'édictent
ELENA
qui te vont comme un gant
sur les neiges d'Ukraine où se répand ta voix.

sans flous ni vindictes
là dans le miroir inversé des désirs oubliés
dans l'antre abdominal où le ventre est aux courbes
il me fallait écrire en pleins et déliés
les rues (du Commerce à Lecourbe)
et les Courbet de tes traits sur ma rétine
et les fins de mes guérillas intestines
au cœur intime et flou de ma littérature
il y a ta beauté soviétique
à chacun des écrits qui s'appuient des fractures
il y a ta beauté sans viatique
à ton joli visage et son architecture
ELENA je m'accroche et copie l'esthétique.

https://soundcloud.com/annaondu/elena

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