jeudi 14 décembre 2017

L'apprentiss'âge



Les beautés mordorées des feuilles de l'automne
ont des mots la cambrure au vent qui les soulève,
et l'impression sépia d'un ancien scopitone
éveille en ma mémoire un vent mauvais élève.

Un fort mauvais sujet malgré sa majesté
posée sur le chevet des nuits que l'on dénoue
gordien, lorsque le temps scalpé, passé l'été,
noie son ambition fleuve au creux de nos genoux.

Plié, l'estampillé courrier du cœur moisi
s'est fait la malle et pire : il raconte une histoire
hantée par un fantôme aux sévices choisis,
conduisant les moutons du somme à l'abattoir.

Et l'automne hémophile alimente un vampire
accouché par le siège en égorgeant les jours ;
une amante aliénée ne vaut pas un empire,
un soleil en saignant m'apprend tout de l'amour.

On commence à mourir à la morte-saison,
lorsque les feux couverts indûment nous enivrent
avec un monoxyde et quelques déraisons
que le papier-carbone imprime en un mot : vivre.

Un mot fait de grands maux qu'il accumule en route,
et dont l'inéluctable et mortelle illusion
conduit tout un chacun sur les chemins du doute
où s'instille un cancer en deux, trois perfusions.

Si vivre est apprendre à souffrir en quelque sorte,
il est normal alors qu'on vieillisse en cynisme,
en regardant nos mues, continents qu'on emporte,
entre un jeune et un vieux le passage est un isthme.

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