J'ai galvaudé des étalons de démesure
à m'empresser vers ton regard
hallucinant,
vers cet éther dûment mêlé d'or et
d'azur,
aux lents reflets dont j'allais prêtre
en ruminant.
J'ai liquéfié dans leur formule un
peu de moi,
de la fée verte et Salomon sa
clavicule*,
aimant roder sur la verdeur de ton
émoi,
pour mieux sauter, là fallait-il que
je recule...
Un océan s'est écoulé de tes yeux
tristes,
un temps sans fin, sans foi ni loi ni
fond ni faim,
mais leur éclat d'obus de chlore et
d'améthyste
obtint raison de mon esprit dès lors
défunt.
L'aventurine a fait son job et l'ondée
chut
sur Toi mon ange implorescent de son
passé,
de ton parfum de fleur mouillée
l'odeur m'échut
telle une peau cousue sur le revers
d'abcès.
Des variétés de muscovite on sait la
tienne :
elle est sanguine à la façon
d'invertébrés
dont l'onde lymphe est au-delà de mes
antiennes,
et dont l'accord hémocyanine est
célébré.
J'ai cravaché ma peur servile en
t 'épousant,
comme la roche affronte l'onde et son
étreinte,
allant d'avant sans cesse et pourtant
s'épuisant,
cédant à la durée de la chandelle
éteinte.
Aussi, me suis-je dissolu dans tes
humeurs
infiniment amarinées par l'eau de tes
abysses
étouffant dans le fond, bien plus que
des rumeurs,
on garde alors en bouche un goût de
cannabis.
Ainsi charnu, fruit de l'oubli de soi,
il grouille en ma mémoire un flux de
vers épais
comme une lampe d'Aladin que je reçois
sans le génie qui m'aurait pu laisser
en paix.
La Poésie divague, alerte, écorne,
embrume,
houleuse et souple, à la façon de ton
bassin,
l'oscillation l'empresse et, pulpe de
l'agrume,
amoncelle en baisers la pluie de son
naissain.
Je me noie donc enfin dans ton vert
d'eau de mer ;
orange est le cheveu, si laiteuse est
la chair.
L'aventurine a tourné court et
l'âme amère
appelle en tous mes sens un désir en
jachère.
* "Selon une tradition juive, l'émeraude magique appelée Clavicule de Salomon, tombée du front de Lucifer lorsqu'il fut déchu sur terre, et symbolisant la Science Sacrée maudite parmi les hommes, fut un temps la propriété des Caïnites. Cette émeraude était le Bareket de Ruben Satanas, qui la donna à Lilith, première femme d'Adam avant de devenir celle de Caïn, lequel la lui reprit lorsqu'il voulut reconquérir le Paradis perdu par ses parents. Ce fut une des pierres précieuses du pectoral de Salomon, le "Urim et Thummim". Le Mage Simon la perdit contre Simon Pierre, qui la donna à Marc l’Évangéliste. Celui-ci ignorait que cette émeraude avait été donnée par Salomon à son architecte Hiram, en récompense de la construction du Temple de Dieu. C'est pour cette raison que l'émeraude était magique et qu'il y avait des caractères mystérieux gravés dessus : un message secret pour les initiés. Ces caractères, gravés comme des formules magiques, donnaient en réalité les indications pour retrouver l'un des trésors de Salomon et de la Reine de Saba. Ignorant tout cela, Marc partit en Égypte pour fonder l’Église d'Alexandrie, mais il fut étranglé par deux tueurs d'une secte gnostique, liée au Mage Simon, qui rapportèrent l'émeraude à Antioche. Plus tard, lorsque Basilide fut en possession de cette émeraude, il la transforma en gemme gnostique du genre Abrasax, et elle passa alors aux mains des hérétiques Caïnites, jusqu'à la conquête arabe d'Alexandrie en 641. Le chef arabe Amr ibn al-As donna l'émeraude à ses prêtres, qui en eurent la garde jusqu'au moment où deux commerçants vénitiens réussirent à s'en emparer, avec le corps de l'évangéliste Marc. Ils arrivèrent à Venise en 828. Puis on perdit la trace de la "Clavicule de Salomon", c'est-à-dire de l'émeraude magique... "(Wikipedia — https://fr.wikipedia.org/wiki/Caïnites)
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